Sommaire des motifs de décision portant sur Champix

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.
Champix

Tartrate de varénicline, 0,5 mg et 1,0 mg, Comprimés, Orale

Pfizer Canada Inc.

No de contrôle de la présentation : 104007

Émis le : 2008-01-30

Avant-propos

Le Sommaire des motifs de décision (SMD) de Santé Canada expose les motifs d'ordre scientifique et réglementaire sur lesquels reposent les décisions de Santé Canada concernant la réglementation des médicaments et des instruments médicaux. Les SMD sont rédigés en langage technique à l'intention des personnes et groupes intéressés aux décisions de Santé Canada portant sur un produit donné et sont le reflet des observations consignées dans les rapports d'évaluation. À ce titre, les SMD servent à compléter et non à répéter l'information contenue dans la monographie de produit.

Nous invitons les lecteurs à consulter le « Guide du lecteur sur le Sommaire des motifs de décision - Médicaments au sujet de l'interprétation des termes et des acronymes utilisés ici. Ils trouveront également dans ce guide un aperçu du processus d'examen des présentations de drogue dans le feuillet intitulé « Comment les médicaments sont examinés au Canada », qui décrit les facteurs pris en considération par Santé Canada au cours du processus d'examen et d'autorisation d'une présentation de drogue. Les lecteurs devraient aussi consulter le document intitulé « Initiative du sommaire des motifs de décision - Foire aux questions ».

Le SMD correspond à l'information dont disposent les autorités de réglementation de Santé Canada au moment de prendre une décision. Les présentations subséquentes examinées à d'autres fins ne sont pas incluses dans la Phase I de la stratégie de mise en oeuvre des SMD. Pour obtenir de l'information à jour sur un produit en particulier, les lecteurs sont priés de consulter la monographie la plus récente de ce produit. Santé Canada fournit également l'information au sujet mises en garde diffusées après la commercialisation ou d'avis émis à la suite d'effets indésirables (EI).

Pour de plus amples renseignements sur un produit en particulier, les lecteurs peuvent également se rendre sur les sites Web des organismes de réglementation d'autres pays. L'information reçue à l'appui d'une présentation de drogue au Canada peut cependant ne pas être identique à celle reçue par d'autres gouvernements.

Autres politiques et lignes directrices

Les lecteurs sont invités à consulter le site Web de Santé Canada, où ils trouveront d'autres politiques et lignes directrices au sujet des médicaments, notamment le document intitulé «Gestion des présentations de drogues ».

1 Information sur le produit et la présentation

Marque nominative :

Champix

Fabricant/promoteur :

Pfizer Canada Inc.

Ingrédient médicinal :

Tartrate de varénicline

Dénomination commune internationale :

Tartrate de varénicline

Concentration :

0,5 mg et 1,0 mg

Forme posologique :

Comprimés

Voie d'administration :

Orale

Identification numérique de drogue (DIN) :

  • 02291177 0,5 mg/comprimé
  • 02291185 1,0 mg/comprimé

Classe pharmaco-thérapeutique (classe ATC) :

Aide antitabagique

Ingrédients non médicinaux :

Noyau : Cellulose microcristalline, phosphate dibasique de calcium anhydre, croscarmellose sodique, silice colloïdale anhydre et stéarate de magnésium.
Pelliculage : Hypromellose, dioxyde de titane, polyéthylèneglycol et triacétine. Les comprimés de 1,0 mg contiennent également le colorant FD&C bleu nº 2 (carmin d'indigo sur substrat d'aluminium).

Type et numéro de présentation :

Présentation de drogue nouvelle, nº de contrôle 104007

Date de la présentation :

2006-02-03

Date de l'autorisation :

2007-01-24

*MC Pfizer Products Inc.
Titulaire de licence - Pfizer Canada Inc.

2 Avis de décision

Le 24 janvier 2007, Santé Canada a émis à l'intention de Pfizer Canada Inc. un avis de conformité du produit pharmaceutique Champix.

Champix contient du tartrate de varénicline, un ingrédient médicinal classé comme une aide pour cesser de fumer.

Champix est indiqué pour le traitement de désaccoutumance au tabac chez les adultes en association avec un programme de counselling antitabagique. Le mécanisme d'action proposé est la liaison de la varénicline au sous-type α4β2 du récepteur de l'acétylcholine nicotinique (sous-type vraisemblablement associé à la dépendance à la nicotine). Comme agoniste partiel, la varénicline active le récepteur et entraîne une réponse physiologique plus faible que celle produite par la nicotine tout en empêchant la liaison de la nicotine au récepteur. On ne sait pas comment cette activité au niveau du récepteur entraîne un effet de désaccoutumance au tabac.

L'autorisation de commercialisation s'appuie sur des données issues d'études sur la qualité (chimie et fabrication) et d'études non cliniques et cliniques. On a vérifié l'efficacité et l'innocuité de Champix dans le traitement de désaccoutumance au tabac dans cinq essais cliniques à double insu contrôlés contre placebo portant sur 4 190 fumeurs chroniques (≥ 10 cigarettes par jour) traités par la varénicline. Dans toutes les études, le taux d'arrêt du tabac a été plus élevé chez les sujets traités par Champix que chez les sujets traités par un placebo. Les résultats des études ont démontré que Champix ne présente aucun danger et qu'il est bien toléré lorsqu'il est utilisé conformément à la monographie de produit.

Champix (tartrate de varénicline, 0,5 mg et 1,0 mg) est offert en comprimés. Pour favoriser la réussite du traitement, les patients devraient recevoir des doses croissantes, jusqu'à la dose maximale recommandée de 1,0 mg deux fois par jour, conformément au schéma posologique de 1 semaine présenté dans la monographie de produit. On peut réduire la posologie chez les patients qui ne tolèrent pas les effets indésirables de Champix. Les recommandations concernant la posologie sont décrites dans la monographie de produit.

Champix est contre-indiqué chez les patients souffrant d'une hypersensibilité connue au médicament, à ses ingrédients ou à tout composant du contenant. Champix devrait être administré selon les conditions décrites dans la monographie de produit, en tenant compte des risques potentiels associés à l'administration de ce produit pharmaceutique. Les conditions détaillées relatives à l'usage de Champix sont décrites dans la monographie de produit.

Conformément à son examen des données portant sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité du produit, Santé Canada juge que le rapport entre les avantages et les risques de Champix est favorable au traitement de désaccoutumance au tabac chez les adultes en association avec un programme de counselling antitabagique.

3 Motifs d'ordre scientifique et réglementaire

3.1 Motifs d'ordre qualitatif

3.1.1 Substance médicamenteuse (Ingrédient médicinal)

La varénicline (tartrate de varénicline), ingrédient médicinal de Champix, est un médicament utilisé comme aide antitabagique. Le mécanisme d'action proposé est la liaison de la varénicline au sous-type α4β2 du récepteur de l'acétylcholine nicotinique, récepteur vraisemblablement associé à la dépendance à la nicotine. La varénicline active le récepteur et entraîne une réponse physiologique plus faible que celle produite par la nicotine tout en empêchant la liaison de la nicotine au récepteur.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Le tartrate de varénicline est un produit de synthèse. Chaque étape du procédé de fabrication est considérée comme étant contrôlée dans des limites acceptables :

  • Le promoteur a fourni de l'information sur la qualité et les contrôles pour toutes les matières qui entrent dans la fabrication de la substance médicamenteuse.
  • Les spécifications de la substance médicamenteuse sont jugées satisfaisantes. Les valeurs limites des impuretés sont conformes aux exigences de l'ICH.
  • Les étapes de traitement ont été évaluées, et des intervalles appropriés ont été établis relativement aux paramètres des procédés.
Caractérisation

Des études de caractérisation détaillées ont été effectuées pour garantir que le tartrate de varénicline présente systématiquement la structure désirée. Il a été démontré que la synthèse commerciale produit systématiquement le polymorphe désiré. Les résultats des études de validation du procédé indiquent également que les méthodes utilisées permettent de contrôler adéquatement les quantités d'impuretés liées au produit et au procédé. Les impuretés qui ont été signalées et caractérisées ne dépassaient pas les limites établies.

Contrôle de la substance médicamenteuse

Les méthodes d'analyse et, lorsque nécessaire, les rapports de validation de toutes les méthodes qui ont servi à l'analyse de la substance médicamenteuse finie (le tartrate de varénicline) ainsi qu'aux essais de stabilité ont été jugés acceptables.

Les spécifications sont jugées acceptables pour la substance médicamenteuse. Les résultats des analyses finales de lots ont été examinés, et ils se sont situés à l'intérieur des critères d'acceptation prévus.

Le conditionnement de la substance médicamenteuse est jugé acceptable.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais accélérés et de longue durée, la durée de conservation et les conditions d'entreposage et d'expédition de la substance médicamenteuse sont bien étayées et sont jugées satisfaisantes.

3.1.2 Produit pharmaceutique

Description et composition

Les comprimés pelliculés à libération immédiate de Champix sont offerts en deux concentrations, soit 0,5 et 1,0 mg de varénicline (tartrate de varénicline) par comprimé. Les deux concentrations sont présentées dans des comprimés en forme de capsule qui diffèrent au chapitre de la couleur et de l'inscription.

  • Les comprimés de 0,5 mg sont pelliculés et de couleur blanche à blanc cassé; ils portent l'inscription « Pfizer » sur une face et « CHX 0.5 » sur l'autre.
  • Les comprimés de 1,0 mg sont pelliculés et de couleur bleu pâle; ils portent l'inscription « Pfizer » sur une face et « CHX 1.0 » sur l'autre.

Les ingrédients non médicinaux de Champix sont les suivants : cellulose microcristalline, phosphate dibasique de calcium anhydre, croscarmellose sodique, silice colloïdale anhydre et stéarate de magnésium. Le pelliculage est constitué d'hypromellose, de dioxyde de titane, de polyéthylèneglycol et de triacétine. Les comprimés de 1,0 mg contiennent également le colorant FD&C bleu nº 2 (carmin d'indigo sur substrat d'aluminium).

Les comprimés de Champix sont conditionnés dans des flacons de polyéthylène haute densité dotés d'un opercule scellé par induction et dans des plaquettes alvéolaires avec fond d'aluminium.

Tous les excipients (ingrédients non médicinaux) contenus dans le produit pharmaceutique sont autorisés par le Règlement sur les aliments et drogues du Canada. Les données sur la stabilité présentées à l'appui de la formulation commerciale proposée attestent la compatibilité du tartrate de varénicline avec les excipients.

Élaboration du produit pharmaceutique

Les modifications apportées au procédé de fabrication et à la formulation tout au long de l'élaboration du produit pharmaceutique sont jugées acceptables.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

La méthode de fabrication est jugée acceptable et le procédé est considéré comme dûment contrôlé à l'intérieur de limites justifiées.

Contrôle du produit pharmaceutique

Les comprimés de Champix sont analysés et mis en circulation en fonction des spécifications approuvées pour garantir que le produit satisfait à toutes les normes de qualité prédéfinies. Les spécifications des tests et les méthodes d'analyse sont jugées acceptables.

Les méthodes d'analyse et, lorsque nécessaire, les rapports de validation de toutes les méthodes qui ont servi à l'analyse de Champix fini ainsi qu'aux essais de stabilité ont été jugés acceptables.

Les résultats des analyses finales de lots ont été examinés, et ils ont été jugés conformes aux spécifications du produit pharmaceutique.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité présentées, la durée de conservation proposée à une température de 15-30 °C pour Champix est jugée acceptable.

La compatibilité du produit pharmaceutique avec le système de fermeture du contenant a été établie au moyen de tests officinaux et d'études de stabilité. Le système de fermeture du contenant satisfait à tous les critères d'acceptation des tests de validation.

3.1.3 Installations et équipement

L'aménagement, le fonctionnement et les mécanismes de contrôle des installations et de l'équipement servant à la production sont jugés acceptables pour les activités et les produits fabriqués. Toutes les installations de fabrication proposées sont conformes aux exigences du titre 2 du Règlement sur les aliments et drogues.

3.1.4 Évaluation de l'innocuité des agents adventices

S.O.

3.1.5 Conclusion

L'information soumise sur les caractéristiques chimiques et la fabrication de Champix montre que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications approuvées. Des études appropriées sur l'élaboration et la validation ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour la commercialisation.

3.2 Motifs non cliniques de la décision

Un programme conventionnel d'essais non cliniques à l'appui de Champix a été élaboré conformément aux lignes directrices de l'ICH et de la FDA. Le programme comprenait des études pharmacodynamiques, pharmacocinétiques et toxicologiques chez la souris, le rat, le furet, le lapin, le chien et le singe. Toutes les études pivots étaient conformes aux bonnes pratiques de laboratoire (BPL).

3.2.1 Pharmacodynamique

Des études de liaison aux récepteurs in vitro ont montré que des quatre sous-types de récepteurs nicotiniques analysés (α4β2, α 3β4,α7 et α1β1γδ), la varénicline se lie spécifiquement avec une grande affinité au sous-type α4β2 du récepteur neuronal de l'acétylcholine nicotinique chez l'humain et chez le rat. Les études fonctionnelles in vitro ont montré que la varénicline se comporte comme un agoniste partiel du sous-type α4β2. La varénicline agit aussi comme un agoniste partiel du sous-type nicotinique α3β4 et comme un agoniste complet du sous-type nicotinique α7 (récepteur présynaptique central), pour lequel elle présente une très faible affinité de liaison. On croit que le sous-type α4β2 assure la médiation des effets de renforcement du comportement de la nicotine. La nicotine est reconnue pour avoir des effets complexes sur le système nerveux central (SNC), sur le comportement, sur l'appareil neuromusculaire, sur le système endocrinien, sur les reins, sur le métabolisme et sur l'appareil cardiovasculaire chez l'humain, effets qui sont dus à une variété de sous-types de récepteurs périphériques et centraux. Il est impossible de savoir dans quelle mesure la varénicline entraîne des effets semblables, mais la varénicline n'a pas eu d'interactions importantes avec les sous-types nicotiniques périphériques α3β4 et α1β1γδ.

La varénicline se lie modérément aux récepteurs sérotoninergiques 5-HT3, qui sont associés à des nausées, à des vomissements et à des modifications du transit intestinal.

Aucune interaction notable n'a été observée avec 56 autres récepteurs de neurotransmetteurs, des canaux ioniques ni des sites d'absorption des neurotransmetteurs.

On a observé une activité fonctionnelle in vitro dans les ovocytes et dans les cellules rénales embryonnaires humaines (HEK) exprimant les récepteurs neuronaux nicotiniques α4β2, où les courants maximaux obtenus représentaient moins de la moitié de ceux associés à la nicotine, ce qui évoque une action agoniste partielle. Dans les modèles in vitro et in vivo de la fonction dopaminergique mésolimbique, l'activation par la varénicline correspondait à environ 50 % de celle induite par la nicotine, ce qui est compatible avec un mécanisme d'action agoniste partielle.

Tel que prévu, si l'on remplaçait la nicotine par de la varénicline dans les études de discrimination de médicaments, il se produisait une généralisation reliée à la dose de la réponse nicotinique; les rats ont réagi à la dose maximale de 1 mg/kg de varénicline comme s'il s'agissait de nicotine. Dans les études d'auto-administration, la varénicline a réduit l'absorption de nicotine ainsi que le taux d'auto-administration de nicotine chez le rat. La varénicline a eu un effet de renforcement inférieur à celui de la nicotine, puisque les rats travaillaient davantage pour obtenir la nicotine que la varénicline. De plus, la varénicline (contrairement à la nicotine, tel qu'indiqué par la documentation) n'a pas produit d'effets notables dans un modèle de sevrage chez le rat.

Les effets observés sur le comportement et sur l'ionogramme urinaire ont été faibles dans les études pharmacologiques d'innocuité ainsi qu'en général, aux doses et aux expositions élevées, ce qui porte à croire que le produit ne pose aucun risque notable pour l'humain. Les études non cliniques in vitro et in vivo ont montré que la varénicline se comporte tel que prévu pour un agoniste partiel du sous-type de récepteur nicotinique α4β2, et les données sont compatibles avec l'utilisation comme médicament contre la dépendance à la nicotine.

3.2.2 Pharmacocinétique

De façon générale, la varé nicline est caractérisée par une forte absorption, par un effet de premier passage négligeable, par une distribution modérée dans de nombreux tissus et par une demi-vie modérée. Elle est principalement excrétée par voie rénale.

Absorption

Le degré d'exposition médicamenteuse mesuré par les paramètres pharmacocinétiques (Cmax et ASC) dans des études à dose unique et à doses multiples était lié à la dose chez toutes les espèces (souris, rat, furet, lapin, chien et singe), sans différence notable selon le sexe.

Distribution

La liaison aux protéines plasmatiques a été faible chez toutes les espèces à l'étude, s'établissant à 18 %, 45 %, 19 %, 41 % et 20 % chez la souris, le rat, le chien, le singe et l'humain, respectivement. Chez le rat, l'administration orale de varénicline radiomarquée a révélé que la substance liée au médicament était distribuée dans tous les tissus et organes de l'organisme, sauf le cristallin et l'humeur vitrée de l'oeil. Les concentrations radioactives les plus élevées ont été mesurées au premier point d'échantillonnage (1 heure après la dose) dans le tube digestif et dans d'autres tissus de l'oeil. La varénicline a présenté une affinité accrue, mais réversible, pour les tissus contenant de la mélanine : la substance liée au médicament était présente dans l'oeil et la peau 168 heures après l'administration. Les concentrations radiomarquées étaient beaucoup plus élevées (jusqu'à 18 fois) dans les peaux pigmentées que dans les peaux non pigmentées, et elles se sont accumulées entre le jour 1 et le jour 3 du traitement. Dans les études de toxicité pour l'appareil reproducteur, on a détecté de la varénicline dans le sérum foetal de rat et de lapin ainsi que dans le sérum de ratons allaités par des mères ayant reçu de la varénicline.

Métabolisme

On a identifié en tout 13 métabolites de la varénicline dans la circulation et dans l'urine des animaux de laboratoire et des humains bien portants à l'étude. Tous ces métabolites étaient des produits de voies d'oxydation et de conjugaison. Chez la souris, le rat, le singe et l'humain, la principale substance liée au médicament dans la circulation et dans les excreta était le médicament inchangé (75-93 %), ce qui indique que le métabolisme n'est pas une voie importante de clairance de la varénicline chez ces espèces. Aucun métabolite n'était présent dans les excreta dans une proportion supérieure à 4,6 % chez ces espèces. Tous les métabolites observés chez l'humain étaient également présents chez une ou plusieurs autres espèces à l'étude. Chez le lapin, deux métabolites étaient présents à des concentrations plus élevées que la varénicline dans la circulation.

Élimination

La principale voie d'élimination de la varénicline chez la souris, le rat, le singe et l'humain a été l'urine. Les données in vitro laissent croire que l'excrétion rénale de la varénicline se fait à la fois par filtration passive et par transport actif (vraisemblablement par l'intermédiaire du transporteur de cations organiques OCT2). Le pourcentage de la dose totale récupérée dans l'urine a été de 83 %, 68 %, 75 % et 87 %, respectivement, chez ces espèces, contre 11 %, 22 %, 6,5 % et 0,9 %, respectivement, dans les fèces.

Interactions médicamenteuses

Médicaments éliminés par les isoenzymes du cytochrome P450 ou agissant sur celles-ci

Les études in vitro montrent que la varénicline n'inhibe pas les isoenzymes du cytochrome P450 suivantes : 1A2, 2A6, 2B6, 2C8, 2C9, 2C19, 2D6, 2E1 et 3A4/5. Par ailleurs, la varénicline n'a pas stimulé l'activité des isoenzymes CYP1A2 et CYP3A4 sur des hépatocytes humains in vitro. Par conséquent, il est peu probable que la varénicline modifie les paramètres pharmacocinétiques des composés essentiellement métabolisés par les isoenzymes du cytochrome P450. Puisque la biotransformation de la varénicline contribue en outre à moins de 10 % de sa clairance, il est peu probable que les principes actifs reconnus pour avoir un effet sur le système enzymatique du cytochrome P450 modifient les paramètres pharmacocinétiques de la varénicline. Un réglage posologique de Champix n'est donc pas nécessaire en principe.

Médicaments éliminés par sécrétion rénale ou agissant sur celle-ci

D'après les essais in vitro, la varénicline n'inhibe pas les protéines de transport rénal humaines aux concentrations thérapeutiques. Elle risque donc peu d'affecter les médicaments éliminés par sécrétion rénale (p. ex., metformine).

Les essais in vitro ont démontré que le transporteur de cations organiques OCT2 humain assure la médiation de la sécrétion rénale active de la varénicline. Bien que la varénicline soit un substrat et un faible inhibiteur du transporteur de cations organiques OCT2 humain et que la cimétidine et le probénécide (inhibiteurs de l'OCT2 humain) réduisent la clairance de la varénicline, les interactions entre ces médicaments n'ont produit que de faibles effets, et ce à des concentrations beaucoup plus élevées que celles atteintes chez l'humain. Dans les cas d'insuffisance rénale grave, il est possible que l'augmentation de l'exposition systémique à la varé nicline en concomitance avec un inhibiteur de l'OCT2 humain, tel que la cimétidine, soit cliniquement significative. La monographie de produit fait état de cette possibilité.

3.2.3 Toxicologie

Toxicité à dose unique

On a mené des études de toxicité orale aiguë chez le rat (30, 100, 200 et 300 mg/kg) et le singe (3 mg/kg) et des études de toxicité par voie intraveineuse chez le singe (0,08-0,3 mg/kg).

Les rats ayant reçu par voie orale des doses de varénicline ≥ 200 mg/kg (environ 235-300 fois plus élevées que l'exposition prévue chez l'humain) ont présenté des troubles de coordination, des convulsions, des tremblements, une perte de poids et des selles molles. Un rat ayant reçu 300 mg/kg est mort. Les effets observés étaient généralement d'apparition rapides (survenus dans les 2,5 heures suivant l'administration) et transitoires (disparus à la fin de la période d'observation de 14 jours). La dose unique sans effet nocif observé (DSENO), qui était ≤ 100 mg/kg, est environ 100-120 fois supérieure à l'exposition prévue chez l'humain.

L'appareil digestif (vomissements) et le système nerveux central (tremblements) ont aussi été touchés chez les singes exposés à une dose de 3 mg/kg (environ 2-4 fois plus élevée que l'exposition prévue chez l'humain). Cette dose a aussi été associée à une baisse de l'activité et de la prise alimentaire, de même qu'à une diminution de la fréquence cardiaque et de l'intervalle QT, à une augmentation de l'intervalle PRQ et à un élargissement de l'onde P à l'électrocardiogramme (ECG). Tous ces effets étaient disparus le lendemain de l'administration. La DSENO a été établie à 0,2 mg/kg, soit environ 1,3 fois l'exposition prévue chez l'humain. Aucune modification de l'ECG n'a été notée dans les études subséquentes à doses multiples chez le singe ni dans l'étude pharmacologique d'innocuité cardiaque. À la lumière de ces données, il est donc raisonnable de conclure que le produit ne pose pas de risque cardiaque important chez l'humain.

Toxicité à doses multiples

Onze études de toxicité orale à doses multiples ont été effectuées chez le rat et le singe. Les études chez le rat ont duré 6 semaines, 3 mois et 6 mois. Les études chez le singe, elles, ont duré 6 semaines, 3 mois et 9 mois.

La DSENO pour les doses multiples était de 10 mg/kg/jour dans les études de 3 et de 6 mois chez le rat, ce qui correspond à environ 40 à 65 fois l'exposition maximale recommandée chez l'humain.

La baisse de la prise alimentaire observée chez les rats ayant reçu des doses de 10 mg/kg était vraisemblablement due à une diminution du transit intestinal. Les rats ayant reçu des doses de 30 mg/kg de varénicline (environ 75 à 140 fois l'exposition prévue chez l'humain) ont présenté des modifications cliniques au niveau du système nerveux et du tube digestif : baisse de la prise alimentaire, diminution du poids corporel, selles molles, déshydratation, signes microscopiques et macroscopiques de dilatation intestinale (iléon, jéjunum, caecum, côlon). Ces modifications sont vraisemblablement liées aux effets pharmacologiques de la varénicline sur la vidange gastrique et sur le transit intestinal chez le rat. On a aussi noté une baisse de la température corporelle - la perturbation de la température corporelle est un effet bien connu de la nicotine.

De légères élévations de l'alanine-aminotransférase (ALT), de la phosphatase alcaline (PA) et de la bilirubine totale (BT), évoquant une altération hépatobiliaire sans lésions hépatiques microscopiques, ont été signalées chez les rats ayant reçu des doses de ≥ 10 mg/kg de varénicline. La signification des augmentations signalées du poids absolu du foie chez les femelles ayant reçu ≥ 10 mg/kg n'est pas claire, puisque ces augmentations n'avaient pas été observées lors des études antérieures. Des modifications hépatiques sont survenues à la dose la plus élevée dans les études de 10 jours et de 6 semaines (c.-à-d. 100 mg/kg/jour et 30 mg/kg/jour, respectivement), mais non dans l'étude de 6 mois. Ces modifications consistaient en de légères élévations de l'ALT, de l'ALP, de l'aspartate-aminotransférase (AST) et/ou de la BT, et dans certains cas, en des signes microscopiques de nécrose hépatocellulaire. Ces modifications sont mentionnées dans la monographie de produit.

La DSENO pour les doses multiples chez le singe a été établie à 0,2 mg/kg/jour dans les études de 3 et de 6 mois, ce qui correspond à environ 3 fois l'exposition maximale recommandée chez l'humain.

Les singes ayant reçu des doses de 1,2 mg/kg de varénicline (environ 10 à 12 fois l'exposition maximale recommandée chez l'humain) ont tous été sacrifiés prématurément en raison de la gravité de la baisse de la prise alimentaire, de la chute du poids corporel et de la déshydratation sévère/prolongée. Cette dose a provoqué la mort d'une femelle à la suite d'un mégacôlon secondaire à une torsion du côlon et à une nécrose ischémique. Le mégacôlon est une manifestation spontanée rare chez le singe. Dans ce cas précis, il découlait vraisemblablement d'un dysfonctionnement gastro-intestinal (selles molles) manifeste avant et pendant le traitement, bien qu'on ne puisse exclure un lien de cause à effet avec le traitement médicamenteux.

De légères élévations du taux de fibrinogène chez les singes mâles et femelles ont été observées à la dose de 1,2 mg/kg. Des élévations du taux de fibrine, accompagnées d'élévations des taux de neutrophiles et de monocytes, avaient aussi été notées antérieurement chez les singes à 1,2 mg/kg (0,6 mg deux fois par jour). Ces observations évoquent une inflammation, mais leur signification n'est toutefois pas claire. Des baisses de la température corporelle ont aussi été signalées à cette dose ainsi qu'à la dose de 0,6 mg/kg/jour.

Génotoxicité

La varénicline ne s'est pas révélée génotoxique dans une série d'essais de génotoxicité in vitro et in vivo.

Cancérogénicité

Deux études pivots de deux ans, l'une chez la souris et l'autre chez le rat, ont porté sur le potentiel cancérogène de la varénicline. Ces études étaient conformes aux BPL.

L'étude chez la souris n'a fait ressortir aucun signe de cancérogénicité associé à l'administration orale du tartrate de varénicline. Les souris ont reçu des doses pouvant atteindre 20 mg/kg. L'exposition à 20 mg/kg équivalait à environ 120 fois l'exposition maximale recommandée chez l'humain.

L'incidence des néoplasmes associés à la varénicline a augmenté dans les études chez le rat, mais les résultats n'étaient pas statistiquement significatifs. Les rats ont reçu des doses de 1, 5 et 15 mg/kg. Un mâle ayant reçu 5 mg/kg a présenté un hibernome bénin (tumeur développé aux dépens du tissu adipeux brun dans le médiastin) et deux mâles ayant reçu 15 mg/kg ont présenté un hibernome malin qui a entraîné leur mort. L'exposition aux doses de 1, 5 et 15 mg/kg équivalait à environ 15, 30 et 50 fois, respectivement, l'exposition maximale prévue chez l'humain.

Comme les hibernomes sont des néoplasmes rares, on a analysé quelques cas survenus chez des animaux témoins figurant dans des rapports publiés. Les analyses ont porté sur les différences pertinentes sur le plan physiologique entre le tissu adipeux brun des rongeurs et celui de l'humain. On a avancé qu'en raison des différences physiologiques entre le tissu adipeux brun des rongeurs et de l'humain, le risque pour l'humain est théorique et probablement inexistant. La varénicline n'est pas génotoxique. De plus, les études de 3 et de 6 mois chez le rat n'ont révélé aucun signe d'anomalie histopathologique caractérisée par la prolifération du tissu adipeux brun aux doses de 30 mg/kg. Aucun hibernome ne s'est développé chez les rats femelles ni chez les souris, mâles ou femelles. La force probante de la preuve indique que le risque est extrêmement faible, mais que son importance chez l'humain est incertaine. La présence d'hibernomes bénins et malins est reconnue comme étant liée au traitement dans la monographie de produit.

Toxicité pour l'appareil reproducteur et le développement

Cinq études destinées à évaluer la toxicité de la varénicline pour l'appareil reproducteur ont été menées chez le rat (segments I, II et III) et le lapin (segment II).

Les rats des études de segment I ont reçu des doses de 0,3, 3 et 15 mg/kg. On n'a observé aucun effet sur la fertilité, sur les paramètres de la reproduction chez les mâles et les femelles ni sur les premiers stades du développement embryonnaire. Par conséquent, la DSENO pour la fertilité et les premiers stades du développement embryonnaire a été établie à 15 mg/kg, ce qui correspond à environ 37 à 43 fois l'exposition prévue chez l'humain. La DSENO chez les mâles et les femelles de la génération F0 a été établie à 3 mg/kg, soit environ 16 fois l'exposition prévue chez l'humain.

Les études de segment II ont porté sur le rat et le lapin. Les lapins auxquels on avait administré des doses de 30 mg/kg ont présenté des baisses importantes du poids foetal et du poids placentaire. Chez le lapin, les DSENO chez les mères F0 et chez les foetus F1 a été établie à 10 mg/kg, soit environ 15 à 28 fois l'exposition prévue chez l'humain. Les concentrations sériques maternelles et foetales de varénicline augmentaient avec la dose, tant chez le rat que chez le lapin. Les concentrations foetales étaient supérieures aux concentrations maternelles, ce qui confirme que les foetus ont été exposés in utero à la varénicline ayant été administrée à la mère. Dans la monographie de produit, on reconnaît cette foetotoxicité et on déconseille aux femmes enceintes de prendre de la varénicline.

Les études de segment III chez le rat, qui concernaient des doses de 0, 0,3, 3 et 15 mg/kg, n'ont fait ressortir aucun effet sur les paramètres de la reproduction. La DSENO pour l'appareil reproducteur des mères F0 a été établie à 15 mg/kg/jour, ce qui correspond à environ 39 fois l'exposition prévue chez l'humain. La progéniture mâle et femelle F1 du groupe traité par 15 mg/kg/jour a présenté une diminution du poids corporel ainsi que certaines altérations du développement fonctionnel. Une augmentation liée au traitement de l'amplitude moyenne du réflexe de sursaut auditif a été observée chez les mâles du groupe traité par 15 mg/kg/jour; cette augmentation a été attribuée au traitement. Les études chez le rat ont aussi fait ressortir une diminution de la fertilité de la progéniture F1 du groupe traité par 15 mg/kg/jour. Ces observations liées au développement postnatal, de même qu'une recommandation déconseillant aux femmes enceintes et allaitantes de prendre de la varénicline, sont présentées dans la monographie de produit.

Les concentrations sériques du médicament chez les femelles F0 et les petits F1 indiquent que les petits ont été exposés par le lait maternel à la varénicline administrée par voie orale à leur mère. La monographie de produit contient un énoncé indiquant aux femmes allaitantes de cesser d'allaiter ou de prendre de la varénicline.

Toxicité locale

La varénicline a été classée comme un irritant oculaire et cutané léger chez le lapin. Cependant, aucun décès ni aucun signe de toxicité systémique n'ont été signalés chez le rat à la suite de l'application d'un timbre semi-occlusif renfermant une dose de 2 000 mg/kg pendant 24 heures sur la peau intacte. La varénicline ne s'est pas révélée sensibilisante dans un essai de provocation cutanée chez le cobaye. L'administration orale de 100 mg/kg/jour de varénicline pendant trois jours n'a pas causé de phototoxicité chez le rat.

3.2.4 Résumé et conclusion

Dans l'ensemble, les études pharmacologiques et toxicologiques sont favorables à l'utilisation de Champix pour l'indication proposée. Les signes cliniques et les modifications de la prise alimentaire et du poids corporel associés au traitement chez toutes les espèces animales, qui étaient prévisibles compte tenu des propriétés pharmacologiques de la varénicline, sont généralement survenus à des doses et à des expositions systémiques supérieures à l'exposition prévue chez l'humain. Les observations pathologiques liées au traitement dans le tube digestif des rats se sont produites à des doses découlant d'une exposition à des concentrations importantes supérieures à l'exposition prévue chez l'humain. Les études de cancérogénicité chez la souris n'ont pas révélé de potentiel cancérogène. Cependant, la présence d'hibernomes chez le rat est mentionnée dans la monographie de produit, puisqu'on n'en connaît pas la signification pour l'humain. Des effets indésirables ont été observés dans les études sur l'appareil reproducteur chez l'animal. Il est indiqué dans la monographie de produit que Champix n'est pas recommandé pour les femmes enceintes et que les femmes allaitantes devraient cesser de prendre ce produit ou d'allaiter.

3.3 Motifs cliniques de la décision

3.3.1 Pharmacodynamique

La varénicline, ingrédient médicinal de Champix, se lie aux récepteurs nicotiniques neuronaux α4β2, considérés comme les plus étroitement associés à la dépendance à la nicotine. On croit que les récepteurs nicotiniques α4β2 assurent la médiation de la libération de dopamine dans le noyau accumbens et que, par conséquent, ils participent aux effets de renforcement du tabagisme.

La nicotine et la varénicline se lient toutes deux de façon réversible au même site de liaison des récepteurs. Bien que la varé nicline diffère de la nicotine, le médicament agit comme la nicotine au niveau des récepteurs nicotiniques α4β2, mais de façon moins efficace. La varénicline est un agoniste partiel, c'est-à-dire qu'elle se lie plus fortement que la nicotine aux récepteurs nicotiniques α4β2, mais qu'elle les active moins efficacement. Elle empêche donc la liaison de la nicotine au récepteur tout en stimulant partiellement celui-ci. L'affinité de la varénicline pour trois autres sous-types nicotiniques est de 500 à 20 000 fois moins élevée que celle pour le sous-type α4β2.

Il est établi que la nicotine a des effets complexes sur le SNC, sur le comportement, sur l'appareil neuromusculaire, sur le système endocrinien, sur les reins, sur le métabolisme et sur l'appareil cardiovasculaire chez l'humain, effets qui sont dus à une variété de sous-types de récepteurs périphériques et centraux. Il est impossible de savoir dans quelle mesure la varénicline entraîne des effets semblables.

La liaison de la varénicline aux récepteurs nicotiniques α4β2 a été démontrée dans des études non cliniques et sur des cellules humaines cultivées. Bien que ces données concordent avec l'activité agoniste partielle de la varénicline sur les récepteurs observée dans les modèles précliniques, il n'existe encore aucune méthode pour démontrer que c'est ce mécanisme qui entraîne les effets pharmacodynamiques connus chez l'humain (c.-à-d. taux d'abstinence supérieur à celui associé au placebo, réduction des envies impérieuses de fumer et des symptômes de sevrage par rapport au placebo). Il importe de noter que ces effets pharmacodynamiques chez l'humain ont aussi été produits à un certain degré par des médicaments qui n'agissent pas comme des agonistes partiels des récepteurs α4β2.

La varénicline se lie aussi aux récepteurs sérotoninergiques 5-HT3, dont la stimulation est associée aux effets digestifs (p. ex., nausées, vomissements, ralentissement du transit intestinal) correspondant au profil pharmacologique du médicament.

3.3.2 Pharmacocinétique

Absorption

La varénicline administrée par voie orale a été pratiquement toute absorbée et sa biodisponibilité générale était élevée. La varénicline a présenté une pharmacocinétique linéaire lorsqu'elle était administrée à des doses uniques ou multiples comprises dans l'intervalle posologique recommandé. Les concentrations plasmatiques maximales associées à une dose unique ont été atteintes environ trois heures après l'administration, et l'état d'équilibre a été atteint en environ quatre jours après l'administration de doses multiples.

Distribution

La liaison de la varénicline aux protéines plasmatiques était faible. La fraction non liée moyenne chez les adultes bien portants a varié entre 87,9 % et 93,5 %. Des résultats semblables ont été obtenus chez des sujets présentant différents degrés d'insuffisance rénale et chez des sujets âgés. Il a été établi que le poids influait sur le volume de distribution, ce qui veut dire que les concentrations plasmatiques fluctuent selon le poids corporel.

Métabolisme

La varénicline est peu métabolisée. Une étude clinique du bilan de masse a montré que la varénicline ne subit pas de métabolisme oxydatif dans le foie; elle est plutôt excrétée sous forme inchangée dans l'urine. La varénicline inchangée a constitué la principale substance liée au médicament dans la circulation (90,8 %) et dans l'urine (91,6 %); moins de 10 % de la dose de varénicline a été excrétée sous forme de métabolites. Les métabolites mineurs ont été obtenus par glucuronidation (N-carbomyl), par N-formylation et par conjugaison avec un hexose.

Élimination

La varénicline a été presque entièrement éliminée dans l'urine, principalement par filtration glomérulaire, ainsi que par sécrétion tubulaire active par l'intermédiaire du transporteur de cations organiques OCT2 humain. La demi-vie d'élimination de la varé nicline est d'environ 24 heures.

Populations spéciales

Les résultats d'une analyse pharmacocinétique en population ont montré que la fonction rénale et le poids corporel (qui influent sur la clairance systémique et sur le volume de distribution, respectivement) ont été les principaux facteurs responsables de la variabilité interindividuelle de la pharmacocinétique de la varénicline. De plus, aucun différence pharmacocinétique cliniquement pertinente n'a été relevée en fonction de l'âge, de l'origine ethnique ni du sexe. Il a été établi que le poids influait sur le volume de distribution, ce qui veut dire que les concentrations plasmatiques fluctuent selon le poids corporel. La clairance de la varénicline est en relation linéaire avec le taux de filtration glomérulaire (TFG), et l'exposition a été accrue chez les sujets atteints d'insuffisance rénale. Par conséquent, il est indiqué de réduire de moitié la dose recommandée chez les patients atteints d'insuffisance rénale grave (c.-à-d. TFG < 30 mL/min).

Interactions médicamenteuses

La varénicline ne devrait pas influer sur la pharmacocinétique des composés administrés en concomitance qui sont métabolisés par les isoformes du cytochrome P450 (CYP3A4 ou CYP1A2). On ne s'attend pas non plus à ce que les médicaments qui inhibent/stimulent les enzymes P450 influent sur l'exposition systémique à la varénicline.

Aucune interaction médicamenteuse cliniquement pertinente n'a été observée dans les cas où la varénicline a été administrée en concomitance avec de la digoxine ou de la warfarine, qui sont des médicaments à index thérapeutique étroit.

Les patients atteints d'insuffisance rénale grave devraient éviter d'utiliser de la varénicline en concomitance avec d'autres inhibiteurs de l' OCT2.

Risque d'abus

Chez les fumeurs, les résultats indiquent une faible tendance à l'abus. Chez les non-fumeurs, la sensation d'avoir reçu un médicament actif était évidente; cette sensation a été perçue comme différente de celle procurée par l'amphétamine.

Les données sur le risque d'abus ont fait ressortir peu d'effets de renforcement, mais elles sont limitées quant aux aspects examinés.

3.3.3 Efficacité clinique

Cinq études bien conçues, à double insu et contrôlées contre placebo, ont démontré l'efficacité de Champix ( tartrate de varénicline) comme médicament contre la dépendance à la nicotine. Les doses de 0,5 mg deux fois par jour et de 1,0 mg deux fois par jour ont été jugées efficaces. Au total, cinq essais de varé nicline ont été effectués auprès de 3  282 fumeurs chroniques. Les doses supérieures à 1,0 mg deux fois par jour ont généralement causé des nausées et des vomissements, au point où les doses les plus élevées n'ont pas pu être étudiées adéquatement.

Dans quatre des études, la période de traitement a duré 12 semaines. Les patients ont pu continuer de participer à l'étude et ils ont été considérés comme des répondants même s'ils avaient abandonné le traitement avant la douzième semaine. Dans deux des études de 12 semaines, la dose maximale recommandée de Champix, soit 1,0 mg deux fois par jour, a été comparée au bupropion. (REMARQUE : Cette comparaison a été faite en l'absence d'un traitement concomitant de remplacement de la nicotine, et il en a été de même pour les autres groupes dans ces études.) Les 12 semaines de traitement étaient suivies d'une évaluation à double insu de 40 semaines. Le paramètre primaire a été le taux d'abstinence des répondants (pourcentage de patients ayant déclaré 4 semaines d'abstinence continue, de la semaine 9 à la semaine 12). Le taux d'abstinence (l'abstinence étant définie comme le fait de ne pas fumer, pas même une bouffée), a été évalué par autodéclaration et par mesure du monoxyde de carbone exhalé (un taux #  10 ppm était nécessaire pour corroborer la déclaration d'abstinence). Le principal paramètre secondaire a été le taux d'abstinence continue (TAC), défini comme le pourcentage de patients s'étant abstenus de fumer de la semaine 9 à la semaine 52.

Dans les quatre études de 12 semaines, Champix s'est avéré significativement supérieur au placebo à l'égard du paramètre primaire, et dans les deux études comportant un groupe de comparaison, Champix s'est avéré significativement supérieur au médicament de comparaison, en l'occurrence le bupropion. Les taux d'abstinence des répondants après 12 semaines de traitement ont été de 44-50 %, 45 %, 12-18 % et environ 30 % pour Champix 1,0 mg deux fois par jour, Champix 0,5 mg deux fois par jour, le placebo et le bupropion, respectivement.

Champix s'est aussi avéré supérieur au placebo à l'égard des paramètres secondaires. Les TAC après 52 semaines ont été d'environ 23 % et environ 9 % pour Champix 1,0 mg deux fois par jour et le placebo, respectivement. Champix 0,5 mg deux fois par jour a été supérieur au placebo, avec un TAC d'environ 19 % contre environ 4 %. Dans les études de comparaison avec le bupropion, Champix 1,0 mg deux fois par jour a été supérieur au bupropion dans seulement une des deux études.

Parmi les autres paramètres secondaires, notons la mesure des envies impérieuses de fumer et les symptômes de sevrage. D'après les réponses fournies au questionnaire abrégé sur les envies impérieuses de fumer (QSU-Brief) et au questionnaire MNWS (Minnesota Nicotine Withdrawal Scale), les envies impérieuses et les rages de tabac ont été significativement moins nombreuses chez les patients affectés aléatoirement au groupe traité par Champix que chez ceux du groupe témoin. Il en va de même pour les symptômes de sevrage (humeur dépressive; irritabilité, frustration, ou colère; anxiété; difficulté à se concentrer).

En général, toutes les doses de Champix à l'essai dans les études pivots ont donné des résultats supérieurs à ceux du placebo (TAC de 40-51 % pour les semaines 9 à 12 et de 19-23 % pour les semaines 9 à 52).La dose de 1,0 mg deux fois par jour a présenté une efficacité légèrement supérieure à celle de la dose de 0,5 mg deux fois par jour.

On sait encore peu de choses sur la dose de 0,5 mg deux fois par jour, puisque la seule étude à avoir porté sur celle-ci ne visait pas à établir une comparaison statistique des taux d'abstinence obtenus avec les doses de 1,0 mg deux fois par jour et de 0,5 mg deux fois par jour. L'étude visait plutôt à comparer chaque dose à un placebo. Les taux d'abstinence des répondants ont semblé être essentiellement les mêmes pour les deux doses, mais il aurait été pertinent de faire une comparaison statistique entre les deux doses ainsi qu'une comparaison entre la dose de 0,5 mg deux fois par jour et le bupropion.

La cinquième étude portait sur l'effet d'un traitement additionnel de 12 semaines sur le maintien de l'abstinence. La première partie de l'étude consistait en une période de traitement de 12 semaines avec étiquetage en clair où tous les sujets étaient traités par Champix 1,0 mg deux fois par jour; la seconde partie était une période de traitement de 12 semaines à double insu où tous les sujets abstinents ont été répartis aléatoirement en deux groupes, l'un traité par Champix 1,0 mg deux fois par jour et l'autre par un placebo. Des évaluations mensuelles à double insu de l'abstinence ont été effectuées jusqu'à 52 semaines après la fin du traitement. Le paramètre primaire de l'étude a été les TAC confirmés par mesure du monoxyde de carbone exhalé de la semaine 13 à la semaine 24. Le principal paramètre secondaire a été les TAC de la semaine 13 à la semaine 52.

Dans la cinquième étude, la supériorité de Champix par rapport au placebo a été démontrée, à l'égard tant du paramètre primaire que du paramètre secondaire, chez les patients traités pendant 24 semaines. Les TAC de la semaine 13 à la semaine 24 ont été plus élevés chez les patients ayant poursuivi le traitement par Champix (environ 70 %) que chez les patients dont on avait remplacé le traitement par un placebo (environ 50 %). À la semaine 52, les TAC associés à Champix et au placebo se sont établis à environ 44 % et 37 %, respectivement. Cependant, il importe de noter que les données portant sur les TAC de la semaine 13 à la semaine 52 ont soulevé des questions, à savoir : a) la pertinence de comparer un groupe ayant cessé de recevoir le médicament avec un groupe ayant continué de le recevoir; b) les données indiquant un certain nombre de rechutes soudaines/accélérées dans les deux groupes au moment où le traitement a été interrompu, c'est-à-dire à la semaine 12 dans le groupe témoin et à la semaine 24 dans le groupe de traitement; c) la possibilité que la différence entre le groupe traité par le médicament et le groupe placebo finisse par disparaître au fil du temps.

3.3.4 Innocuité clinique

Le profil d'innocuité de Champix (tartrate de varénicline) a été évalué par un programme exhaustif d'études cliniques. Les études sur les doses thérapeutiques (avec étiquetage en clair et à double insu) ont porté en tout sur environ 2 300 patients traités pendant au moins 12 semaines, environ 700 traités pendant 6 mois et environ 100 traités pendant un an. La dose maximale administrée a été de 1,0 mg deux fois par jour en raison des nausées et des vomissements qui empêchaient l'administration de doses plus élevées. Le programme d'innocuité a été jugé acceptable.

Les effets indésirables associés à Champix observés le plus fréquemment (> 5 % et deux fois plus fréquents que chez les patients traités par un placebo) ont été les suivants : nausées, rêves anormaux, constipation, flatulence et vomissements.

L'incidence des nausées, des rêves anormaux et de la constipation, qui a augmenté proportionnellement à la dose, était plus élevée dans le groupe de traitement que dans le groupe témoin. L'incidence des nausées était de 30 % dans le groupe traité par 1,0 mg deux fois par jour comparativement à 16 % dans le groupe traité par 0,5  mg deux fois par jour et à environ 10 % dans le groupe témoin. Les nausées, d'une durée médiane de 10 jours, ont généralement commencé durant la première semaine de traitement. L'incidence des nausées dans le groupe de traitement est devenue semblable à celle déclarée dans le groupe témoin vers la semaine 4. Dans certains cas, les nausées ont duré des mois.

Le taux d'abandon dû à des effets indésirables dans les études de 3 mois s'est établi à environ 12 % dans le groupe traité par Champix 1,0 mg deux fois par jour, contre 10 % dans le groupe témoin. Les effets indésirables ayant mené le plus souvent à l'interruption du traitement ont été les suivants : nausées (3 %), insomnie (1,2 %), céphalées (0,6 %) et rêves anormaux (0,3 %).

Les données sur l'innocuité ont porté sur des appareils, des systèmes, des organes et des affections spécifiques, à savoir : appareil cardiovasculaire, système nerveux, troubles psychiatriques, appareil digestif, oeil, fonction rénale, éruptions cutanées et démangeaisons. Ces données n'ont fait ressortir aucun problème d'innocuité grave en rapport avec la varénicline.

Les effets indésirables graves signalés n'ont fait ressortir aucun problème ni aucune tendance notables. Tout comme dans l'évaluation de la vanénicline par la FDA, on a calculé les valeurs de l'incidence des effets indésirables graves par année-patient d'exposition (ajustée selon la durée du traitement de chaque patient) : 0,086 pour la varénicline, 0,131 pour le bupropion et 0,075 pour le placebo. Les principales catégories d'effets indésirables graves ont été les troubles cardiaques, les néoplasmes, les infections, les troubles du système nerveux central (SNC) et les troubles digestifs. La plupart des patients ayant présenté des effets indésirables graves avaient des antécédents cardiaques importants.

Deux décès sont survenus au cours de la période de 30 jours suivant le traitement. Dans les deux cas, le patient avait été traité par Champix, mais le décès n'était pas lié au traitement. La cause du premier décès était un suicide (un homme dont les idées suicidaires n'avaient pas été divulguées) et celle du deuxième était un cancer du poumon.

Une étude à double insu d'un an portant sur Champix 1,0 mg deux fois par jour (n = 251) et sur un placebo (n = 126) a fait ressortir un profil d'innocuité semblable à celui obtenu dans les études concernant u ne exposition de 12 semaines, sauf en ce qui concerne la fréquence accrue de certains effets indésirables dans le groupe de traitement par rapport au groupe témoin, à savoir : nausées (40 % dans le groupe de traitement contre 8 % dans le groupe témoin), toute forme de malaise abdominal (16 % c. 2 %) et pression artérielle accrue (11 % c. 6 %).

Comme on n'a pas encore déterminé l'ensemble des effets de Champix chez les patients atteints d'une affection concomitante, la prudence est de mise. L'utilisation de Champix n'a pas été étudiée auprès de patients psychiatriques, de patients atteints d'épilepsie, de patients suivant une chimiothérapie ni de patients atteints de troubles digestifs tels que le côlon irritable. La monographie de produit contient des mises en garde à l'intention des populations non étudiées. En ce qui a trait à la schizophrénie, il est reconnu que les agents cholinergiques causent des psychoses, et deux cas de psychose liée au traitement ont été signalés. Cette observation ne constitue pas un problème important, mais comme la schizophrénie est associée au tabagisme, tout médicament contre la dépendance à la nicotine qui bloque l'accès de la nicotine à un ou plusieurs sous-types de récepteurs peut avoir des effets chez ces patients.

Champix ne devrait pas être utilisé en association avec un traitement de remplacement de la nicotine. Étant donné l'action agoniste partielle de la varénicline sur les récepteurs nicotiniques, l'association avec un traitement de remplacement de la nicotine est peu susceptible de présenter des avantages par rapport à l'utilisation de Champix seul; au contraire, le risque d'effets secondaires pourrait s'en trouver accru. Dans une étude d'innocuité de 12 jours, l'incidence des nausées, des céphalées, des vomissements, des étourdissements, de la dyspepsie et de la fatigue a été plus élevée chez les patients traités par de la varénicline en association avec un traitement de remplacement de la nicotine que chez les patients suivant seulement un traitement de remplacement de la nicotine.

3.4 Évaluation des avantages / risques et recommandation

3.4.1 Évaluation des avantages / risques

Champix s'est révélé efficace comme médicament contre la dépendance à la nicotine. Les patients traités par Champix pendant 12 semaines ont été statistiquement plus nombreux à cesser de fumer que les patients traités par un placebo. Le taux de succès a été sensiblement le même avec 0,5 mg deux fois par jour et 1,0 mg deux fois par jour. Une fois toutes les mesures de l'efficacité prises en compte, l'efficacité de la dose de 1,0 mg deux fois par jour est légèrement supérieure à celle de 0,5 mg deux fois par jour. Étant donné l'importance de réduire au minimum les rechutes pour avoir le plus grand impact possible sur la santé publique et la facilité pour les patients de réduire leur dose s'ils souffrent d'effets secondaires, la dose maximale de 1,0 mg deux fois par jour est la dose recommandée. Celle-ci peut être réduite si le patient présente des effets secondaires intolérables.

Dans les études à doses fixes contrôlées contre placebo, les effets indésirables le plus souvent signalés par les patients traités par Champix touchaient l'appareil digestif (p. ex., nausées, constipation, dyspepsie, vomissements) et le SNC (p. ex., insomnie, rêves anormaux). Les nausées ont constitué l'effet indésirable le plus souvent déclaré. La plupart des patients atteints de nausées ont fini par les tolérer et ils n'ont pas cessé d'utiliser le médicament. Une réduction de la dose devrait être considérée pour les patients dont les nausées sont intolérables.

À la lumière des données soumises, les risques potentiels de Champix sont jugés acceptables dans les conditions d'emploi indiquées. À l'heure actuelle, on considère que les problèmes d'innocuité liés au traitement par Champix peuvent être prévus par les mises en garde figurant sur l'étiquetage. Le promoteur fournira, à intervalles réguliers, des mises à jour et des rapports concernant les questions d'innocuité soulevées dans le cadre du présent document. À la suite de l'examen de ces données, des mises en garde appropriées seront ajoutées à la monographie de produit et/ou des mesures seront prises, au besoin.

3.4.2 Recommandation

Après avoir examiné les données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de ce produit, Santé Canada estime que Champix est indiqué pour le traitement de désaccoutumance au tabac chez les adultes en association avec un programme de counselling antitabagique. La présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1 et, par conséquent, Santé Canada a émis l'Avis de conformité prévu par l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues.

4 Étapes importantes de la présentation

Étapes importantes de la présentation: Champix

Étape importante de la présentationDate
Dépôt de la présentation2006-02-03
Examen préliminaire 1
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2006-03-31
Examen 1
Évaluation biopharmaceutique terminée2006-10-30
Évaluation de la qualité terminée2007-01-19
Évaluation clinique terminée2007-01-23
Examen de l'étiquetage terminé2007-01-18
Délivrance de l'AC par le directeur général2007-01-24