Sommaire des motifs de décision portant sur Emend ™

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.
EmendMD

Aprépitant, 80 mg et 125 mg, Capsule, Orale

Merck Frosst Canada Ltée.

No de contrôle de la présentation : 108483

Émis le : 2008-03-12

Direction générale des produits de santé et des aliments

Notre mission est d'aider les Canadiennes et les Canadiens à maintenir et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada

Le mandat de la DGPSA est d'adopter une approche intégrée à la gestion des risques et des avantages pour la santé liés aux produits de santé et aux aliments:

  • en réduisant les facteurs de risque pour la santé des Canadiens et Canadiennes tout en maximisant la protection offerte par le système réglementaire des produits de la santé et des aliments  et
  • en favorisant des conditions qui permettent aux Canadiens et Canadiennes de faire des choix sains ainsi qu'en leur donnant des renseignements afin qu'ils ou qu'elles puissent prendre des décisions éclairées en ce qui a trait à leur santé.

Direction générale des produits de santé et des aliments

Also available in English under the following title: Summary Basis of Decision (SBD), PrEMEND™, Aprepitant, 80 mg and 125 mg capsules, Merck Frosst Canada Ltd., Submission Control No. 108483

Avant-propos

Le Sommaire des motifs de décision (SMD) de Santé Canada expose les motifs d'ordre scientifique et réglementaire sur lesquels reposent les décisions de Santé Canada concernant la réglementation des médicaments et des instruments médicaux. Les SMD sont rédigés en langage technique à l'intention des personnes et groupes intéressés aux décisions de Santé Canada portant sur un produit donné et sont le reflet des observations consignées dans les rapports d'évaluation. À ce titre, les SMD servent à compléter et non à répéter l'information contenue dans la monographie de produit.

Nous invitons les lecteurs à consulter le « Guide du lecteur sur le Sommaire des motifs de décision - Médicaments au sujet de l'interprétation des termes et des acronymes utilisés ici. Ils trouveront également dans ce guide un aperçu du processus d'examen des présentations de drogue dans le feuillet intitulé « Comment les médicaments sont examinés au Canada », qui décrit les facteurs pris en considération par Santé Canada au cours du processus d'examen et d'autorisation d'une présentation de drogue. Les lecteurs devraient aussi consulter le document intitulé « Initiative du sommaire des motifs de décision - Foire aux questions ».

Le SMD correspond à l'information dont disposent les autorités de réglementation de Santé Canada au moment de prendre une décision. Les présentations subséquentes examinées à d'autres fins ne sont pas incluses dans la Phase I de la stratégie de mise en oeuvre des SMD. Pour obtenir de l'information à jour sur un produit en particulier, les lecteurs sont priés de consulter la monographie la plus récente de ce produit. Santé Canada fournit également l'information au sujet mises en garde diffusées après la commercialisation ou d'avis émis à la suite d'effets indésirables (EI).

Pour de plus amples renseignements sur un produit en particulier, les lecteurs peuvent également se rendre sur les sites Web des organismes de réglementation d'autres pays. L'information reçue à l'appui d'une présentation de drogue au Canada peut cependant ne pas être identique à celle reçue par d'autres gouvernements.

Autres politiques et lignes directrices

Les lecteurs sont invités à consulter le site Web de Santé Canada, où ils trouveront d'autres politiques et lignes directrices au sujet des médicaments, notamment le document intitulé «Gestion des présentations de drogues ».

1 Information sur le produit et la présentation

Marque nominative :

EmendMD

Fabricant/promoteur :

Merck Frosst Canada Ltée.

Ingrédient médicinal :

Aprépitant

Dénomination commune internationale :

Aprépitant

Concentration :

80 mg et 125 mg

Forme posologique :

Capsule

Voie d'administration :

Orale

Identification numérique de drogue (DIN) :

  • 02298791 - capsule de 80 mg
  • 02298805 - capsule de 125 mg
  • 02298813 - Tri-Pack (80 mg [2 capsule] et 125 mg [1 capsule])

Classe pharmaco-thérapeutique (classe ATC) :

Antagoniste des récepteurs de la neurokinine 1 (NK1)

Ingrédients non médicinaux :

Sucrose, cellulose microcristalline, hydroxypropylcellulose, eau purifiée et laurylsulfate de sodium

Enveloppe de la capsule : gélatine et dioxyde de titane. L'enveloppe de la capsule de 125 mg contient également de l'oxyde de fer rouge et de l'oxyde de fer jaune.

Type et numéro de présentation :

Présentation de drogue nouvelle, n° de contrôle 108483

Date de la présentation :

2006-09-12

Date de l'autorisation :

2007-08-24

EMENDMD est une marque de commerce de Merck & Co., Inc. utilisée sous licence.

2 Avis de décision

Le 24 août 2007, Santé Canada a émis à l'intention de Merck Frosst Canada Ltée un avis de conformité du produit pharmaceutique EmendMD.

EmendMD contient l'ingrédient médicinal aprépitant, un antagoniste des récepteurs de la neurokinine 1 (NK1).

Administré en association avec un antiémétique de la classe des antagonistes des récepteurs 5-HT3 et la dexaméthasone, EmendMD (aprépitant) est indiqué pour :

  1. la prévention des nausées et des vomissements aigus et retardés associés aux chimiothérapies anticancéreuses hautement émétisantes;
  2. la prévention, chez les femmes, des nausées et des vomissements associés aux chimiothérapies anticancéreuses moyennement émétisantes consistant en une association de cyclophosphamide et d'anthracycline.

Les études non cliniques ont montré que l'aprépitant pénètre dans le cerveau et qu'il se lie aux récepteurs NK1. Son action centrale de longue durée inhibe les phases aigüe et retardée des vomissements induits par le cisplatine et augmente l'activité antiémétique de l'ondansétron, un antagoniste des récepteurs 5-HT3, et de la dexaméthasone, un corticostéroïde, contre les vomissements induits par le cisplatine.

L'autorisation de commercialisation s'appuie sur des données issues d'études sur la qualité et d'études non cliniques et cliniques. Deux études cliniques ont évalué EmendMD chez 1 103 patients suivant une chimiothérapie hautement émétisante. Tous les patients ont été traités par un schéma chimiothérapeutique comprenant du cisplatine >70 mg/m2 et certains d'entre eux ont reçu d'autres agents chimiothérapeutiques. Dans les deux études, tant collectivement qu'individuellement, les patients traités par le schéma à base d'aprépitant ont été plus nombreux, de façon statistiquement significative, que les patients recevant le traitement standard à présenter une réponse complète ainsi qu'une protection complète contre les nausées et les vomissements induits par la chimiothérapie. Des résultats semblables ont été observés dans l'étude portant sur 866 patientes atteintes du cancer du sein suivant une chimiothérapie moyennement émétisante. Dans les trois études, l'administration d'EmendMD par voie orale en association avec l'ondansétron et la dexaméthasone a prévenu les nausées et les vomissements aigus et retardés associés aux chimiothérapies anticancéreuses hautement et moyennement émétisantes.

EmendMD (80 mg et 125 mg, aprépitant) est offert en capsules. EmendMD est administré pendant 3 jours dans le cadre d'un schéma comprenant un corticostéroïde et un antagoniste des récepteurs 5-HT3. La dose recommandée est de 125 mg par voie orale une heure avant le traitement de chimiothérapie (jour 1), puis 80 mg une fois par jour le matin les jours 2 et 3.

Les recommandations concernant la posologie sont décrites dans la monographie de produit. EmendMD est contre indiqué chez les patients présentant une hypersensibilité à ce médicament ou à ses ingrédients. Il ne devrait pas être utilisé en concomitance avec la pimozide, la terfénadine, l'astémizole ou le cisapride. Il faut prendre des précautions particulières chez les patients prenant a) des produits médicinaux métabolisés par le CYP3A4, b) de la warfarine et c) des contraceptifs hormonaux. EmendMD devrait être administré selon les conditions décrites dans la monographie de produit, en tenant compte des risques potentiels associés à l'administration de ce produit pharmaceutique. Les conditions détaillées relatives à l'usage d'EmendMD sont décrites dans la monographie de produit.

Conformément à son examen des données portant sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité du produit, Santé Canada juge que le rapport entre les avantages et les risques d'EmendMD en association avec un antiémétique de la classe des antagonistes des récepteurs 5-HT3 et la dexaméthasone est favorable à l'indication ci dessus.

3 Motifs d'ordre scientifique et réglementaire

EmendMD a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) des États Unis le 26 mars 2003 et par l'Agence européenne du médicament (EMEA) le 12 novembre 2003. Au moment de l'autorisation, les deux organismes de réglementation ont exigé des engagements supplémentaires. La FDA a notamment demandé des études sur les interactions médicamenteuses avec le docétaxel et la vinorelbine (agents de chimiothérapie) ainsi que le dolasétron.

Le 15 mars 2004, Santé Canada a émis un avis de non conformité (ANC) à l'égard d' EmendMD en raison de lacunes dans la caractérisation de son efficacité en regard des pratiques canadiennes standard et de lacunes également dans les études sur l'innocuité du produit. La présentation n'était pas admissible à un avis de conformité conditionnel (ACC). Le promoteur a soumis une réponse à l'ANC en juin 2004. Une réunion précédant le retrait a eu lieu en décembre 2004 à la demande du promoteur.

À la suite de l'examen, soit le 12 janvier 2005, un ANC Lettre de retrait (ANC-LR) a été émis. Le promoteur a déposé un appel de niveau 1 le 11 avril 2005. Une lettre autorisant l'appel a été envoyée au promoteur le 16 septembre 2005, et un deuxième examen a débuté le 27 septembre 2005. À la suite de ce deuxième examen, en l'absence de commentaires ou d'un accord de la part du promoteur, on a de nouveau émis un ANC-LR.

Cette présentation de drogue nouvelle portant sur EmendMD fait suite à la délivrance de l'ANC-LR visant la présentation précédente. Elle comporte une nouvelle étude clinique sur les nausées et les vomissements associés aux chimiothérapies modérément émétisantes et des données approfondies sur l'innocuité.

3.1 Motifs d'ordre qualitatif

3.1.1 Substance médicamenteuse (Ingrédient médicinal)

Renseignements généraux

L'ingrédient médicinal d' EmendMD est l'aprépitant, un antagoniste des récepteurs de la substance P/neurokinine 1 (NK1) de structure inédite qui, administré en association avec un antiémétique de la classe des antagonistes des récepteurs 5-HT3 et la dexaméthasone, est indiqué pour la prévention des nausées et des vomissements associés aux chimiothérapies anticancéreuses émétisantes. Il a été démontré que l'aprépitant est au moins 3 000 fois plus sélectif pour les récepteurs NK1 que tout autre enzyme, transporteur, canal ionique et site récepteur, y compris les récepteurs de la dopamine et de la sérotonine qui sont ciblés par les traitements actuels contre les nausées et vomissements induits par la chimiothérapie (NVIC). Les antagonistes des récepteurs de la neurokinine 1 (NK1) inhibent les vomissements par une action sur le système nerveux central. L'action centrale de longue durée de l'aprépitant inhibe les phases immédiate et retardée des NVIC et augmente l'activité antiémétique de l'ondansétron, un antagoniste des récepteurs 5-HT3, et de la dexaméthasone, un corticostéroïde, contre les NVIC.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

L'aprépitant est fabriqué par un procédé de synthèse à plusieurs étapes. Chaque étape du procédé de fabrication est considérée comme contrôlée dans des limites acceptables :

  • Le promoteur a fourni de l'information sur la qualité et les contrôles pour toutes les matières qui entrent dans la fabrication de la substance médicamenteuse.
  • Les spécifications de la substance médicamenteuse sont jugées satisfaisantes. Les valeurs limites des impuretés sont conformes aux exigences de l'ICH.
  • Les étapes de traitement ont été évaluées, et des intervalles appropriés ont été établis relativement aux paramètres du procédé.
Caractérisation

L'aprépitant est une poudre blanche ou blanc cassé. La structure de l'aprépitant a été adéquatement caractérisée et les spectres représentatifs ont été fournis. Les propriétés physiques et chimiques ont été décrites et jugées satisfaisantes.

Le promoteur a présenté un sommaire de toutes les impuretés liées au médicament. Les impuretés résultant de la fabrication ont été signalées, caractérisées et jugées conformes aux normes établies par l'ICH, et elles sont par conséquent acceptables.

Contrôle de la substance médicamenteuse

L'aprépitant est pratiquement insoluble dans l'eau.

Les rapports de validation de toutes les méthodes qui ont servi à l'analyse de la substance médicamenteuse demi finie et finie et à la justification des spécifications de la substance médicamenteuse ont été jugés satisfaisants.

Les résultats des analyses finales de lots ont été examinés; tous les résultats sont conformes aux spécifications et démontrent que les lots produits sont systématiquement de bonne qualité.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais accélérés et en temps réel, la durée de conservation ainsi que les conditions d'entreposage et d'expédition prévues pour la substance médicamenteuse ont étaient bien étayées et ont été jugées satisfaisantes.

3.1.2 Produit pharmaceutique

Description et composition

EmendMD est offert en deux concentrations, soit 80 mg et 125 mg. La capsule de 80 mg est blanche, en gélatine dure opaque, et porte l'inscription 461 et 80 mg à l'encre noire sur le pourtour. La capsule de 125 mg est en gélatine dure opaque, avec un corps blanc et une coiffe rose, et porte l'inscription 462 et 125 mg à l'encre noire sur le pourtour.

Les deux concentrations sont offertes dans des flacons de 30, 100 et 250 capsules ainsi que dans des plaquettes alvéolées renfermant deux capsules de 80 mg et une ou six capsules de 125 mg. Des emballages de trois plaquettes alvéolées (Tri Pack) renfermant deux capsules de 80 mg et une capsule de 125 mg sont aussi offerts. Les capsules sont conditionnées dans des flacons de polyéthylène haute densité (PEHD) dotés d'un opercule scellé par induction, d'un capuchon en plastique qui n'est pas à l'épreuve des enfants et d'une capsule déshydratante. Les plaquettes alvéolées, qui sont en aluminium, sont protégées par une pellicule détachable ou enfonçable. Il se peut que les différents formats de conditionnement ne soient pas tous commercialisés.

Chaque capsule contient les ingrédients non médicinaux (excipients) suivants : sucrose, cellulose microcristalline, hydroxypropylcellulose, eau purifiée et laurylsulfate de sodium. Les excipients de l'enveloppe des capsules sont la gélatine et le dioxyde de titane. L'enveloppe de la capsule de 125 mg contient également de l'oxyde de fer rouge et de l'oxyde de fer jaune. Tous les excipients contenus dans le produit pharmaceutique sont des ingrédients médicinaux bien connus qui sont autorisés par le Règlement sur les aliments et drogues. Les données sur la stabilité présentées à l'appui de la formulation commerciale proposée attestent la compatibilité de l'aprépitant avec les excipients.

Élaboration du produit pharmaceutique

Les modifications apportées au procédé de fabrication et à la formulation tout au long de l'élaboration du produit pharmaceutique ont été examinées et sont jugées acceptables.

Les données sur l'élaboration du produit pharmaceutique, y compris celles sur l'élaboration du système récipient fermeture, ont été jugées acceptables. Les données présentées dans cette section décrivent la composition d' EmendMD, la justification du choix de la formulation, le procédé de fabrication du produit, y compris le conditionnement, et les lots ayant fait l'objet d'une caractérisation in vitro. Les études justifiant la nature et la concentration proposée des excipients utilisés dans le produit pharmaceutique ont été examinées et jugées acceptables.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Le produit pharmaceutique est préparé, broyé, pelliculé, tamisé, mélangé et encapsulé au moyen d'équipement et d'installations pharmaceutiques classiques.

Le procédé validé permet de fabriquer le produit de façon à répondre systématiquement aux spécifications en matière de libération.

Tout l'équipement, les étapes de fabrication, les paramètres de fonctionnement détaillés sont dûment décrits dans la documentation fournie et sont jugés acceptables. Le procédé de fabrication a été validé et il est considéré comme bien contrôlé à l'intérieur de limites justifiées.

Contrôle du produit pharmaceutique

EmendMD a été soumis à des tests visant à en vérifier l'identité, l'apparence, la pureté, l'uniformité de contenu, la dissolution, les inscriptions sur les capsules, et les concentrations de produits de dégradation se sont situées dans les critères d'acceptation. Les spécifications des tests et les méthodes d'analyse sont jugées acceptables. La durée de conservation ainsi que les limites de libération des produits de dégradation, individuellement et dans leur ensemble, se situent à l'intérieur de limites acceptables.

Le processus de validation est jugé complet. Des rapports de validation concernant les essais sur le produit demi fini et fini ont été présentés, et aucune anomalie n'a été constatée. Les résultats d'analyse de tous les lots étaient conformes aux limites des spécifications proposées.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais accélérés et en temps réel, la durée de conservation prévue de 48 mois à une température de 15 à 30°C pour EmendMD est jugée acceptée.

La compatibilité du produit pharmaceutique avec le système récipient fermeture a été établie au moyen de tests officinaux et d'études de stabilité. Le système récipient fermeture satisfait à tous les critères d'acceptation des tests de validation.

3.1.3 Installations et équipement

L'aménagement, le fonctionnement et les mécanismes de contrôle des installations et de l'équipement servant à la production sont jugés acceptables pour les activités et les produits fabriqués. Toutes les installations de fabrication proposées sont conformes aux exigences du titre 2 du Règlement sur les aliments et drogues.

3.1.4 Évaluation de l'innocuité des agents adventices

La gélatine dans l'enveloppe des capsules est d'origine animale. Une lettre d'attestation confirmant que le produit ne vient pas d'une région ou d'un pays affecté par l'ESB/EST a été fournie afin d'indiquer que ce produit peut être utilisé sans danger pour les humains.

3.1.5 Conclusion

L'information soumise sur la qualité (caractéristiques chimiques et la fabrication) d'EmendMD montre que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications approuvées. Des études appropriées sur l'élaboration et la validation ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour la commercialisation.

3.2 Motifs non cliniques de la décision

3.2.1 Pharmacodynamique

L'activité pharmacodynamique de l'aprépitant a été mesurée au moyen de récepteurs NK1 humains ainsi que par une série d'évaluations in vitro et in vivo chez l'animal.

Liaison des radioligands in vitro
  • L'aprépitant inhibe la liaison de la substance P aux récepteurs NK1 humains, ce qui produit une Kd apparente de 86 ± 20 pM et un coefficient de Hill de 1,1 ± 0,1. La liaison aux protéines plasmatiques n'a qu'un faible impact fonctionnel sur l'activité.
  • L'aprépitant se lie aux récepteurs NK1 humains avec une haute affinité, semblable à celle des autres antagonistes compétitifs des récepteurs NK1, et présente une faible vitesse de dissociation du récepteur.
  • L'aprépitant présente une sélectivité accrue pour les récepteurs NK1 humains par rapport aux récepteurs NK2 et NK3, aux autres récepteurs couplés aux protéines G et aux canaux ioniques.
  • L'aprépitant ne montre aucun signe d'activité hors cible.
Pharmacologie fonctionnelle

In vitro

  • L'aprépitant présente une forte activité fonctionnelle à l'égard des récepteurs NK1 natifs dans les tissus de cobayes.
  • L'aprépitant présente une bonne sélectivité fonctionnelle pour les récepteurs NK1 des muscles lisses par rapport aux canaux calciques des muscles lisses.

In vivo

  • L'aprépitant exerce une action sur le système nerveux central qui pourrait durer assez longtemps pour que l'administration d'une dose par jour soit suffisante.
  • Le rôle des métabolites dans l'activité antiémétique de l'aprépitant est relativement mineur.
  • L'aprépitant et son promédicament se sont avérés efficaces pour prévenir les vomissements immédiats chez les furets traités par l'agent chimiothérapeutique cisplatine.
  • L'aprépitant pourrait être efficace contre les vomissements retardés induits par la chimiothérapie ainsi que comme médicament de secours.
  • L'activité antiémétique pourrait être rehaussée par l'utilisation concomitante d'ondansétron ou de dexaméthasone.
  • L'aprépitant est efficace contre la morphine et l'apomorphine, qui sont des émétisants à action centrale.
  • L'aprépitant inhibe fortement et sélectivement les effets médiés par les récepteurs NK1 périphériques s'il est administré par voie entérale ou parentérale in vivo.
  • L'aprépitant est un antagoniste des effets médiés par les récepteurs NK1 périphériques de la substance P.
  • On a observé une relation entre les concentrations plasmatiques d'aprépitant et l'occupation des récepteurs NK1.
Pharmacologie complémentaire
  • L'aprépitant a entraîné une légère diminution de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque et une légère augmentation de l'amplitude de l'onde R de l'ECG ainsi que de l'intervalle QTc. Bien que les variations observées aient été faibles, les paramètres cardiovasculaires devraient être étroitement surveillés dans les études chez l'humain. L'intervalle QTc doit faire l'objet d'études de phase 1, conformément aux lignes directrices de l'EMEA (1997). Une étude exhaustive sur l'intervalle QTc a été menée.
  • L'aprépitant a entraîné une légère diminution de la fréquence respiratoire et des ventilations minutes. Bien que les variations observées aient été faibles, il est établi que les antagonistes des récepteurs NK1 diminuent les réponses chimiosensorielles hypoxiques; la fonction respiratoire devrait donc être étroitement surveillée dans les études cliniques.
  • L'aprépitant n'a entraîné aucun effet biologique notable sur la sécrétion basale d'acide gastrique, sur la sécrétion d'acide gastrique stimulée par la gastrine, sur la fonction rénale, sur l'excrétion d'électrolytes, sur la motilité gastro intestinale (GI), sur le comportement ni sur le système nerveux central (SNC).
  • L'aprépitant n'a montré aucun signe d'activité anticholinergique, adrénolytique ni ganglioplégique.

On a mené une expérience visant à déterminer, d'une part, si les antagonistes des récepteurs NK1 perturbent l'inhibition provoquée par le cisplatine ou la croissance d'une lignée de cancer pulmonaire humain chez des souris nude et, de l'autre, si les antagonistes NK1 ont une activité antitumorale lorsqu'ils sont utilisés seuls. Aucune inhibition de la croissance tumorale n'a été observée lorsqu'un ou l'autre des composés à l'essai était utilisé seul. On n'a pas non plus noté d'inhibition des effets du cisplatine, ce qui indique que les antagonistes de la substance P sont peu susceptibles de réduire l'efficacité de cet agent chimiothérapeutique. Cependant, comme ni l'aprépitant ni son promédicament n'ont été utilisés dans le cadre de cette étude, il n'a pas été démontré de façon concluante que l'aprépitant n'influera pas sur les effets du cisplatine.

Le promoteur n'a pas présenté d'autres études sur les interactions avec des agents chimiothérapeutiques.

3.2.2 Pharmacocinétique

Absorption

Des études pharmacocinétiques générales ont été effectuées chez le rat, le chien, la souris et le furet. L'aprépitant a présenté une cinétique linéaire. L'absorption orale était saturable dans l'intervalle de doses de 2 à 32 mg/kg. La biodisponibilité s'est située à environ 36 % à 58 % chez toutes les espèces, mis à part le chien, qui a présenté une biodisponibilité orale de seulement 16 % à 2 mg/kg. Les valeurs de la demi vie finale ont varié entre 2,6 heures chez la souris et 10 heures chez le furet. Le pic plasmatique a été atteint en 1 à 2 heures chez le rat.

Distribution

L'aprépitant s'est diffusé rapidement dans l'ensemble de l'organisme. Il s'est lié fortement aux protéines plasmatiques du rat, du chien et de l'humain (à 99,0 %, 99,3 % et 99,7 %, respectivement). Le rapport des concentrations sang plasma a été de 0,74, 0,55 et 0,62 chez ces trois espèces, respectivement. Cinq minutes après la dose, la surrénale, le foie, les poumons et le coeur ont présenté les concentrations les plus élevées, et les testicules, le cerveau et les graisses, les concentrations les moins élevées. Les concentrations maximales ont été mesurées entre 5 minutes et 4 heures après la dose dans tous les tissus. Les concentrations dans le cerveau indiquent que l'aprépitant a bien traversé la barrière hémato encéphalique.

Métabolisme

Le profil métabolique de l'aprépitant a été sensiblement le même chez le rat, le chien et l'humain. Les principales voies métaboliques ont été la N-désalkylation et l'O désalkylation. Des métabolites non polaires, polaires et fortement polaires ont été observés; plusieurs glucuronides étaient aussi présents. On a déterminé qu'un glucuronide de l'aprépitant était le principal métabolite présent dans la bile du rat. L'abondance et l'instabilité de ce conjugué évoquent l'existence potentielle d'un cycle entérohépatique ainsi que d'une réabsorption du composé mère après déconjugaison. Chez le rat et le furet, l'aprépitant et les métabolites non polaires ont rapidement atteint le cerveau, tandis que les métabolites polaires et fortement polaires sont demeurés dans la circulation générale. Toutefois, après 48 heures, l'aprépitant était le principal élément encore présent tant dans le cerveau que dans le plasma. Tous les métabolites polaires et non polaires identifiés dans les études de métabolisme in vitro ont été détectés dans les selles humaines. Les métabolites ont tous présenté une capacité réduite d'antagonisation des récepteurs NK1 comparativement à l'aprépitant. Ils sont peu susceptibles de contribuer de façon notable à l'activité biologique de l'aprépitant. Les résultats indiquent aussi que l'aprépitant est principalement métabolisé par le CYP3A4 et que l'aprépitant agit comme un inhibiteur modéré du CYP3A4 et comme un faible inhibiteur des autres réactions médiées par les isoenzymes CYP dans les microsomes hépatiques humains.

Élimination

La principale voie d'élimination chez toutes les espèces à l'étude (y compris l'humain) a été l'urine et la bile. La majorité de la dose (50-75 %) a été récupérée dans les 48 heures et le taux de récupération de la radioactivité dans l'urine était indépendant de la voie d'administration, ce qui porte à croire que l'absorption a été presque complète.

3.2.3 Toxicologie

Toxicité aiguë

La toxicité aiguë de l'aprépitant a été évaluée chez des souris et des rats femelles. La DL50 approximative d'une dose orale unique a été de > 2 000 mg/kg chez la souris et le rat. La DL50 approximative d'une dose intrapéritonéale unique par injection a aussi été de > 2 000 mg/kg chez la souris, mais de > 800 mg/kg et de < 2 000 mg/kg chez le rat. L'aprépitant présente un faible potentiel de toxicité aiguë aux concentrations thérapeutiques prévues.

Toxicité à doses multiples

La toxicité subchronique et chronique de l'aprépitant a été évaluée chez le rat, le chien et le singe. L'aprépitant a été bien toléré chez toutes les espèces. Les principales modifications liées au traitement notées dans les études de toxicité à doses multiples chez le rat ont été les suivantes : augmentation du poids du foie et hypertrophie hépatocellulaire, augmentation du poids de la thyroïde, hyperplasie des cellules folliculaires de la thyroïde, vacuolisation hépatocellulaire et des cellules hypophysaires, diminution des triglycérides, augmentation du cholestérol, élévation des concentrations de protéines et d'albumine sériques et augmentation du rapport albumine globuline et, enfin, augmentation du calcium. Les chiens ont présenté les effets suivants : augmentation du cholestérol et de la phosphatase alcaline sérique, diminution du poids corporel, diminution du poids de la prostate et des ovaires, atrophie du thymus et de la prostate, diminution du poids des testicules, dégénérescence testiculaire et légère modification des paramètres hématologiques. Aucune différence constante n'a été relevée entre les sexes chez le chien, tandis que chez le rat, les femelles ont présenté une exposition systématique plus élevée que les mâles aux doses entre 5 et 250 mg/kg. Aucun effet lié au traitement n'a été observé chez le singe.

Cancérogénicité

Le potentiel cancérogène de l'aprépitant a été évalué chez la souris et le rat après ingestion par voie orale, qui est la voie d'administration clinique prévue. Comme on n'avait pas fixé de dose maximale tolérée (DMT), la dose la plus élevée administrée aux deux espèces a été fondée sur un plateau de l'exposition systémique au composé mère et aux métabolites en circulation. Les souris n'ont présenté aucun signe de taux accru de quelque type de tumeur que ce soit. Chez le rat, on a noté une augmentation des adénomes hépatocellulaires, des adénomes folliculaires de la thyroïde et des carcinomes des cellules folliculaires de la thyroïde. Les modifications non néoplasiques se sont limitées à l'hypertrophie centrolobulaire, qui a été attribuée à l'induction des enzymes hépatiques CYP450. Bien que les composés qui induisent les enzymes CYP450 chez le rat aient le potentiel de produire des tumeurs du foie et de la thyroïde, aucun signe de stimulation tumorale n'a été observé chez l'humain.

Mutagénicité

L'aprépitant n'a pas causé de cassures de brins d'ADN ni d'aberrations chromosomiques et il ne s'est pas révélé mutagène dans les essais de mutagénicité microbienne et mammalienne. L'aprépitant n'a entraîné aucune mutagénicité dans un test in vivo du micronoyau de la moelle osseuse chez la souris allant jusqu'à 500 mg/kg.

Toxicité pour l'appareil reproducteur et tératogénicité

Dans les études de toxicité pour l'appareil reproducteur et de tératogénicité, l'aprépitant n'a entraîné aucun signe de toxicité pour la mère, pour l'appareil reproducteur ni pour le développement; cependant, des expositions transplacentaires et des expositions pendant la lactation sont survenues chez le rat et le lapin.

Irritation et tolérance locale

Des études ont porté sur l'administration cutanée et oculaire de l'aprépitant afin d'évaluer la tolérance locale à la substance médicamenteuse et son innocuité pour l'utilisateur. L'aprépitant a été bien toléré et il est considéré comme non irritant.

3.2.4 Résumé et conclusion

Des études non cliniques sur l'aprépitant ont montré qu'il inhibe la liaison de la substance P aux récepteurs NK1 humains et qu'il se lie lui même aux récepteurs NK1 avec une haute affinité. Aucun signe d'activité hors cible n'a été noté. L'aprépitant et son promédicament se sont avérés efficaces pour prévenir les vomissements immédiats chez les furets traités par l'agent chimiothérapeutique cisplatine. Il pourrait aussi être efficace contre les vomissements retardés induits par la chimiothérapie ainsi que comme médicament de secours. L'aprépitant a entraîné une légère diminution de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque et une légère augmentation de l'amplitude de l'onde R de l'ECG ainsi que de l'intervalle QTc, ce qui porte à croire que les paramètres cardiovasculaires devraient être étroitement surveillés dans les études chez l'humain. L'aprépitant a aussi entraîné une légère diminution de la fréquence respiratoire et des ventilations minutes, ce qui fait ressortir la nécessité d'une surveillance dans les études cliniques.

On n'a noté aucune inhibition de la croissance tumorale dans les essais menés sur les antagonistes des récepteurs NK1 utilisés seuls, ni aucune inhibition des effets du cisplatine, ce qui indique que les antagonistes de la substance P sont peu susceptibles de réduire l'efficacité du cisplatine.

Les résultats indiquent que l'aprépitant est principalement métabolisé par le CYP3A4 et qu'il agit comme un inhibiteur modéré du CYP3A4 et comme un faible inhibiteur des autres réactions médiées par les isoenzymes CYP dans les microsomes hépatiques humains. Des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l'effet de l'aprépitant sur la pharmacocinétique d'autres agents chimiothérapeutiques qui sont des substrats de ces enzymes ou qui sont activés par celles-ci.

L'aprépitant présente un faible potentiel de toxicité aiguë aux concentrations thérapeutiques prévues et il a été bien toléré chez toutes les espèces dans les études à long terme. On n'a noté aucun signe de potentiel cancérogène ni mutagène. Aucun signe de toxicité pour la mère, pour l'appareil reproducteur ni pour le développement n'a été observé, mais des expositions transplacentaires et des expositions pendant la lactation sont survenues chez le rat et le lapin. Les essais topiques visant à évaluer l'innocuité pour les utilisateurs ont montré que l'aprépitant est bien toléré et qu'il n'est pas un irritant.

3.3 Motifs cliniques de la décision

3.3.1 Pharmacodynamique et pharmacocinétique

Au total, 3 études pharmacodynamiques et 27 études pharmacocinétiques ont été effectuées chez l'humain sur l'aprépitant et/ou son promédicament. Aucune des études pharmacodynamiques n'a porté sur la formulation commerciale finale des capsules, et seulement 16 des 27 études pharmacocinétiques l'ont évalué. Les résultats pertinents des études pharmacodynamiques et pharmacocinétiques sont les suivants :

  • La formulation commerciale de l'aprépitant a une bonne biodisponibilité (60 65 %), qui est peu influencée par la prise d'aliments (augmentation de 1,2 fois).
  • À la dose orale proposée (concentration plasmatique > 75 ng/mL à 80 et à 125 mg), l'occupation des récepteurs NK1 est > 90 %.
  • La demi vie finale observée (11-11,5 h) penche en faveur de l'administration d'une seule dose par jour.
  • L'aprépitant est principalement métabolisé par le cytochrome P450 (CYP3A4).
  • Il n'est pas nécessaire d'ajuster la dose pour les personnes âgées, l'un ou l'autre des sexes, les personnes atteintes d'insuffisance hépatique légère ou modérée ni les personnes atteintes d'insuffisance rénale grave.
  • Il faut diminuer la dose de dexaméthasone d'environ 50 % lorsque ce produit est administré en concomitance avec l'aprépitant.
  • Aucun ajustement posologique n'est nécessaire pour l'ondansétron ni le granisétron lorsque ces produits sont administrés en concomitance avec l'aprépitant.
  • Il est possible que les patients qui prennent également de la warfarine présentent une diminution du RIN après l'interruption du traitement par l'aprépitant.
  • L'administration concomitante d'aprépitant peut réduire l'efficacité des contraceptifs oraux.
  • Il n'est pas nécessaire d'ajuster la posologie du diltiazam lorsque ce produit est administré en concomitance avec l'aprépitant (125, 80 et 80 mg).
  • L'aprépitant n'influe pas sur la pharmacocinétique des substrats de la pompe P glycoprotéine tels que la digoxine.
  • Il peut être nécessaire de diminuer la dose du midazolam lorsque ce produit est administré en concomitance avec l'aprépitant.
  • Il faut éviter d'utiliser l'aprépitant avec des inhibiteurs puissants du CYP3A4 (p. ex., rifampicine).
  • De façon générale, la toxicité de l'ensemble des doses des formulations d'aprépitant employées dans les études pharmacocinétiques était faible.

En réponse à l'ANC, en ce qui concerne les interactions médicament médicament potentielles, le promoteur a soumis une étude démontrant qu'il n'existe aucune interaction cliniquement pertinente entre l'aprépitant et le dolasétron, un antagoniste des récepteurs 5-HT3. Le promoteur a aussi soumis des études sur les interactions médicamenteuses avec deux agents chimiothérapeutiques, à savoir le docétaxel et la vinorelbine (substrats du CYP3A4), qui ont permis d'écarter la possibilité d'une interaction. L'étude demandée sur l'étoposide n'a pas été fournie; une mention appropriée indiquant ce risque figure dans la monographie de produit.

3.3.2 Efficacité clinique

Dans la présentation originale, le promoteur a décrit six études de phase II, dont quatre étaient considérées comme non pivotales. Seule une étude non pivotale de phase II (P040Cl) et deux études pivotales de phase III (P052 et P054) ont mis à l'épreuve la formulation commerciale finale des capsules en association avec de l'ondansétron (administré par voie intraveineuse) et de la dexaméthasone (administrée par voie intraveineuse ou orale) chez des patients suivant une chimiothérapie hautement émétisante. Une autre étude (P071) a été menée auprès de patients suivant une chimiothérapie modérément émétisante comprenant du cyclophosphamide et peut être de la doxorubicine ou de l'épirubicine.

Dans les études P052 et P054, 544 patients ont reçu du cisplatine à forte dose. Environ 95 % d'entre eux ont reçu un agent chimiothérapeutique en concomitance (étoposide, fluorouracile, gemcitabine, vinorelbine, paclitaxel, cyclophosphamide, doxorubicine, docétaxel). Dans les deux études, la proportion de sujets à avoir présenté une réponse complète (absence de vomissements et prise d'aucun médicament de secours) a été plus élevée de façon statistiquement significative chez les patients traités par l'aprépitant que chez ceux ayant fait l'objet du traitement standard. Le groupe traité par l'aprépitant a reçu cet agent à raison de 125 mg le jour 1 et 80 mg par jour les jours 2 et 3 en association avec de l'ondansétron (32 mg par voie intraveineuse) et de la dexaméthasone (12 mg le jour 1 et 8 mg une fois par jour les jours 2 à 4). Le traitement standard consistait en un placebo en association avec de l'ondansétron (32 mg par voie intraveineuse) et de la dexaméthasone (20 mg le jour 1 et 8 mg par voie orale deux fois par jour les jours 2 à 4).

Dans les deux études, le moment estimé des premiers vomissements après la mise en route du traitement par le cisplatine a été retardé dans le groupe traité par l'aprépitant; la fréquence des premiers vomissements a aussi été réduite dans ce groupe. L'impact des nausées et des vomissements sur les activités quotidiennes a été évalué à l'aide du questionnaire FLIE («  Functional Living Index Emesis  »), et dans chacune des deux études, les patients traités par l'aprépitant ont été plus nombreux à déclarer que les nausées et les vomissements avaient eu peu ou pas d'impact sur leur vie quotidienne (74 % vs 64 %). L'efficacité de l'aprépitant s'est maintenue pendant jusqu'à six cycles de chimiothérapie.

Dans l'étude P071, qui portait sur les chimiothérapies modérément émétisantes (CME), 438 sujets (99 % étant des femmes atteintes d'un cancer du sein) ont reçu de l'aprépitant avec un schéma chimiothérapeutique comprenant du cyclophosphamide et peut être de la doxorubicine ou de l'épirubicine. Certains patients ont aussi reçu du fluorouracile, du méthotrexate, du docétaxel et du paclitaxel. Le nombre total de participants s'est élevé à 866. Comme dans les deux études décrites ci dessus, l'aprépitant en association avec l'ondansétron et la dexaméthasone a été comparé à un placebo administré avec de l'ondansétron et de la dexaméthasone. Dans les chimiothérapies modérément émétisantes, la proportion de sujets à avoir présenté une réponse complète (absence de vomissements et prise d'aucun médicament de secours) a été légèrement plus élevée de façon statistiquement significative chez les patients traités par l'aprépitant (51 %) que chez ceux ayant fait l'objet du traitement standard (42 %). La différence entre les groupes de traitement reposait essentiellement sur l'absence de vomissements.

On a eu recours à de l'ondansétron administré par voie intraveineuse dans les deux études pivotales de phase III, et toutes les études de phase II sauf une ont fait appel à des antagonistes des récepteurs 5-HT3 administrés par voie intraveineuse. Dans l'étude de phase II portant sur EmendMD en association avec de l'ondansétron administré par voie orale, l'efficacité du schéma d'association n'a pu être démontrée. Comme la principale voie d'administration des antagonistes des récepteurs 5-HT3 dans les centres anticancéreux du Canada est la voie orale, l'efficacité par rapport aux pratiques standard n'a pu être démontrée.

Dans la nouvelle présentation, le promoteur a soumis de nouvelles données pour répondre aux inquiétudes quant à l'efficacité. L'étude P071 a été mise à jour sous forme d'étude de phase III, où les patients ont reçu de l'ondansétron par voie orale à raison de 8 mg deux fois par jour et de la dexaméthasone par voie orale à raison de 12 mg une fois le jour 1. Une nouvelle étude postcommercialisation (P801) a porté sur l'innocuité et l'efficacité de l'aprépitant chez les patients suivant une chimiothérapie hautement émétisante (CHE), plus précisément à base de cisplatine à forte dose (> 70 mg/m2). L'utilisation de l'ondansétron a été prolongée jusqu'au jour 4 dans le groupe ayant fait l'objet du traitement standard. L'étude visait en tout 489 patients.

Dans l'étude P071, EmendMD a été associé à de l'ondansétron administré par voie orale, mais comme les patients subissaient une CME, plus précisément à base de cyclophosphamide associé à une anthracycline, et que les nausées et les vomissements causés par ces agents relèvent d'un mécanisme différent de celui des chimiothérapies à base de cisplatine, il n'est pas possible d'extrapoler les résultats en matière d'efficacité aux chimiothérapies hautement émétisantes. Les résultats des patients suivant une CME montrent que l'aprépitant a considérablement réduit le risque de vomissements. On a observé un effet positif, bien que non statistiquement significatif, de l'aprépitant sur la survenue des nausées et sur la nécessité de recourir à des médicaments de secours chez les personnes suivant une CME. Les avantages de l'aprépitant se sont maintenus pendant plusieurs cycles (4) de CME chez plus de 300 patients. Le maintien de l'efficacité de l'aprépitant sur plusieurs cycles de traitement penche en faveur de l'administration de ce médicament aussi longtemps que la CME est nécessaire. Les résultats de cette étude sont limités par le fait que la population à l'étude ne comptait que deux hommes; par conséquent, toute recommandation relative à l'utilisation de l'aprépitant chez des patients suivant une CME devrait se limiter aux femmes.

L'étude P801 n'a pu étayer l'allégation d'efficacité, même si les sujets avaient suivi une chimiothérapie hautement émétisante, car le groupe traité par EmendMD n'avait pas reçu d'ondansétron par voie orale en association. Dans cette étude, le promoteur avait pour principal objectif de comparer une «  trithérapie  » au traitement standard, qui prévoit l'administration prolongée d'antagonistes 5-HT3, parfois employés par les médecins pour tenter de réduire les nausées et les vomissements retardés.

La nouvelle présentation portant sur EmendMD seul ne contenait pas suffisamment d'information pour faire changer la position de Santé Canada au sujet de l'efficacité. Cependant, un examen des lignes directrices internationales et des examens menés par d'autres autorités de réglementation ont permis de répondre à la plupart des préoccupations de Santé Canada concernant l'efficacité. Les lignes directrices examinées étaient celles des associations suivantes : la Multinational Association of Supportive Care in Cancer, le National Comprehensive Cancer Network, l'American Society of Clinical Oncology, Action Cancer Ontario, l'Agence du cancer de la Colombie Britannique et Action Cancer Nouvelle Écosse. Bien que Santé Canada maintienne que l'efficacité devrait être démontrée par des essais cliniques adéquats et bien contrôlés, il est prêt à accepter, dans le présent cas, le vaste soutien de la communauté internationale des chercheurs en oncologie en faveur de l'utilisation d' EmendMD pour prévenir les nausées et les vomissements induits par les chimiothérapies hautement émétisantes.

En résumé, bien que Santé Canada exige des preuves de l'efficacité et de l'innocuité applicables au Canada, dans le cas d' EmendMD, il accepte le consensus scientifique général sur l'efficacité probable de l'aprépitant administré en association avec de l'ondansétron par voie orale. La monographie de produit contient un énoncé indiquant qu'on ne dispose que de données limitées sur l'efficacité d' EmendMD.

3.3.3 Innocuité clinique

L'aprépitant est un antagoniste sélectif des récepteurs NK1, qui assurent la régulation du système neuro immunitaire par la voie de la substance P. Cela veut dire que l'aprépitant peut avoir un effet immunosuppresseur. Le potentiel d'interaction médicamenteuse d'EmendMD peut aussi augmenter le risque d'immunosuppression. Cependant, aucune étude d'immunotoxicité n'a été effectuée, vraisemblablement parce qu' EmendMD est seulement destiné à être utilisé sur une courte période.

Selon les résultats combinés des deux études pivotales décrites dans la présentation initiale (P052 et P054), les infections graves ont été un peu plus nombreuses dans le groupe traité par l'aprépitant (3,7 %) que dans le groupe témoin (2,4 %). Cependant, une augmentation plus marquée du nombre d'infections a été observée chez les patients traités par l'aprépitant auxquels on avait administré des agents chimiothérapeutiques métabolisés par le CYP3A4, en l'occurrence l'étoposide (18 % vs 9 % chez les témoins) et la vinorelbine (18 % vs 12 %). De plus, des cas d'insuffisance respiratoire ont été observés dans le sous groupe des patients ayant reçu de la vinorelbine (4,9 % vs 0 %). À la lumière de cette observation, le promoteur a mené une étude, P101, et démontré l'absence d'interactions cliniquement pertinentes entre l'aprépitant et la vinorelbine. Le promoteur n'a pas mené d'étude sur les interactions avec l'étoposide, en alléguant que le risque d'interactions avec ce produit était faible. Après avoir examiné les sous groupes de patients auxquels on avait administré de la vinorelbine ou de l'étoposide en concomitance dans le cadre du P801, le promoteur a conclu qu'il n'y avait eu aucune hausse des infections, y compris de l'insuffisance respiratoire, dans ces sous groupes. Malheureusement, ces données n'ont pu être vérifiées, car le promoteur n'a pas soumis de rapport complet. Bien qu'on ait demandé à voir ces données, le promoteur n'a pas été en mesure de fournir de plus amples renseignements.

On a examiné les données disponibles concernant l'étude P801. Ces données montrent une augmentation des cas d'infection dans le groupe traité par l'aprépitant par rapport au groupe témoin (13,7 % vs. 7,0 %). Une évaluation médicamenteuse a permis de conclure que la fréquence des infections dans le groupe traité par l'aprépitant était de 0,8 % comparativement à 0 % dans le groupe témoin. La fréquence des infections graves a été semblable dans les deux groupes, et aucun décès n'a été attribué à une infection.

Aucune augmentation du nombre d'infections n'a été observée dans le groupe traité par l'aprépitant dans l'étude P071 sur les CME, peut être en raison de l'utilisation limitée de la dexaméthasone en concomitance (1 jour dans le schéma chimiothérapeutique modérément émétisant contre 4 jours dans le schéma chimiothérapeutique hautement émétisant), étant donné que les corticostéroïdes ont aussi un effet immunosuppresseur.

Depuis le lancement de l'aprépitant sur le marché mondial en mars 2003, seuls 11 cas d'infection ont été signalés dans le cadre de la surveillance postcommercialisation et décrits dans des rapports périodiques de pharmacovigilance (RPPV). Les nausées et les vomissements ont constitué les principaux effets indésirables du médicament, ce qui indique qu'EmendMD n'est peut être pas efficace chez tous les patients.

En résumé, la faible augmentation du nombre d'infections associée à l'utilisation d'EmendMD pourait être attribuable à l'antagonisation du rôle des récepteurs NK1 par rapport au système immunitaire. L'immunosuppression pourrait être intensifiée par l'utilisation concomitante d'agents chimiothérapeutiques métabolisés par le CYP3A4 (à savoir la vinorelbine et l'étoposide), tel qu'observé dans les études P052 et P054 mais non dans l'étude P801, quoique les données n'aient pu être vérifiées. Aucune augmentation du nombre d'infections n'est survenue dans l'étude P071 sur les CME, et les cas d'infection ont été très rares dans les six RPPV des trois dernières années. Il est difficile d'interpréter ces données, car un grand nombre de patients cancéreux prennent plusieurs médicaments potentiellement immunosuppresseurs à la fois. À l'heure actuelle, EmendMD est indiqué à court terme seulement et l'augmentation de la fréquence des infections a été minime. Le rôle de l'aprépitant dans l'immunosuppression devrait être exploré en plus grand détail avant qu' EmendMD puisse être indiqué pour un usage prolongé. La surveillance continue des infections postcommercialisation est aussi recommandée.

3.4 Évaluation des avantages / risques et recommandation

3.4.1 Évaluation des avantages / risques

Les nausées et les vomissements induits par les chimiothérapies hautement émétisantes peuvent être débilitants pour les patients cancéreux et considérablement affecter leur qualité de vie. En l'absence de médicaments antiémétiques, plus de 99 % des patients suivant un schéma chimiothérapeutique à base de cisplatine souffrent de nausées et de vomissements. Si l'on administre le traitement standard consistant en un antagoniste 5-HT3 et de la dexaméthasone, 25 % des patients éprouvent des nausées et des vomissements et 50 % présentent des symptômes tardifs jusqu'à 5 jours après la chimiothérapie. Il ne fait aucun doute que des antiémétiques plus efficaces sont nécessaires pour les patients cancéreux.

Dans les deux études pivots soumises dans la présentation originale, on a obtenu une augmentation absolue de 20 % du paramètre primaire (réponse systémique complète), défini comme l'absence de vomissements et la prise d'aucun médicament de secours pendant 5 jours. On a aussi observé une amélioration statistiquement significative des paramètres secondaires, c'est à dire l'absence de vomissements, de nausées et de nausées intenses, bien que les paramètres concernant les nausées n'aient pas été aussi robustes.

Il est clair qu' EmendMD est efficace contre les nausées et les vomissements induits par les chimiothérapies hautement émétisantes, quoique pas chez tous les patients. Il prévient plus efficacement les vomissements que les nausées.

Les risques liés à l'utilisation d'EmendMD sont essentiellement liés au potentiel d'interactions médicamenteuses. EmendMD est un substrat, un inhibiteur et un inducteur du CYP3A4 et un inducteur du CYP2C9. Comme les patients cancéreux prennent généralement plusieurs médicaments à la fois, l'utilisation concomitante d'EmendMD accroît le risque d'interactions médicamenteuses. Heureusement, EmendMD est seulement utilisé 3 jours par cycle de chimiothérapie, généralement à des intervalles de 3 à 4 semaines. Cela réduit clairement le risque, pourvu que le médecin traitant respecte les indications relatives à la posologie et à la durée du traitement. Des mises en garde concernant les interactions médicament médicament ont été clairement énoncées dans la monographie de produit.

EmendMD peut aussi avoir un effet immunosuppresseur chez les patients, bien que les données recueillies à ce jour portent à croire que cet effet est peu important. À l'instar du risque d'interactions médicament médicament, si l'aprépitant est indiqué à long terme, le potentiel immunosuppresseur pourrait s'accroître. Des études d'immunotoxicité devraient alors être effectuées.

De façon générale, l'évaluation des avantages/risques d'EmendMD est considérée comme acceptable en ce qui concerne la prévention des nausées et des vomissements induits par les chimiothérapies hautement émétisantes.

3.4.2 Recommandation

Après avoir examiné les données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de ce produit, Santé Canada estime qu'EmendMD a un profil avantages/risques favorable à la prévention des nausées et des vomissements immédiats et retardés associés aux chimiothérapies anticancéreuses hautement émétisantes et à la prévention, chez les femmes, des nausées et des vomissements associés aux chimiothérapies anticancéreuses modérément émétisantes consistant en une association de cyclophosphamide et d'anthracycline. La présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1 et, par conséquent, Santé Canada a émis l'Avis de conformité prévu par l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues.

4 Étapes importantes de la présentation

Étapes importantes de la présentation: EmendMD

Étape importante de la présentationDate
Présentation initiale (n° 082645)
Dépôt de la présentation2003-02-17
Examen préliminaire 1
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2003-03-18
Examen 1
Évaluation de la qualité terminée2003-10-30
Évaluation clinique terminée2004-02-27
Délivrance de l'ANC par le directeur général2004-03-15
Réponse déposée2004-06-07
Examen préliminaire 2
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2004-07-22
Examen 2
Évaluation clinique terminée2005-01-11
Délivrance de l'ANC LR par le directeur général2005-01-13
Appel de niveau 1
Déposé2005-04-11
Rejeté par le directeur intérimaire, BMOSR2006-01-20
Nouvelle présentation (n° 108483)
Dépôt de la présentation2006-09-12
Examen préliminaire
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2006-11-01
Examen
Évaluation de la qualité terminée2007-08-15
Évaluation clinique terminée2007-06-26
Évaluation biostatistique terminée2007-02-16
Examen de l'étiquetage terminé2007-08-16
Délivrance de l'AC par le directeur général2007-08-24