Sommaire des motifs de décision portant sur Soliris ™

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.
SolirisMC

Éculizumab, 10 mg/mL, Solution, Intraveineuse

Alexion Pharmaceuticals, Inc.

No de contrôle de la présentation : 122467

Émis le : 2009-07-22

Avant-propos

Le Sommaire des motifs de décision (SMD) de Santé Canada expose les motifs d'ordre scientifique et réglementaire sur lesquels reposent les décisions de Santé Canada concernant la réglementation des médicaments et des instruments médicaux. Les SMD sont rédigés en langage technique à l'intention des personnes et groupes intéressés aux décisions de Santé Canada portant sur un produit donné et sont le reflet des observations consignées dans les rapports d'évaluation. À ce titre, les SMD servent à compléter et non à répéter l'information contenue dans la monographie de produit.

Nous invitons les lecteurs à consulter le « Guide du lecteur sur le Sommaire des motifs de décision - Médicaments au sujet de l'interprétation des termes et des acronymes utilisés ici. Ils trouveront également dans ce guide un aperçu du processus d'examen des présentations de drogue dans le feuillet intitulé « Comment les médicaments sont examinés au Canada », qui décrit les facteurs pris en considération par Santé Canada au cours du processus d'examen et d'autorisation d'une présentation de drogue. Les lecteurs devraient aussi consulter le document intitulé « Initiative du sommaire des motifs de décision - Foire aux questions ».

Le SMD correspond à l'information dont disposent les autorités de réglementation de Santé Canada au moment de prendre une décision. Les présentations subséquentes examinées à d'autres fins ne sont pas incluses dans la Phase I de la stratégie de mise en oeuvre des SMD. Pour obtenir de l'information à jour sur un produit en particulier, les lecteurs sont priés de consulter la monographie la plus récente de ce produit. Santé Canada fournit également l'information au sujet mises en garde diffusées après la commercialisation ou d'avis émis à la suite d'effets indésirables (EI).

Pour de plus amples renseignements sur un produit en particulier, les lecteurs peuvent également se rendre sur les sites Web des organismes de réglementation d'autres pays. L'information reçue à l'appui d'une présentation de drogue au Canada peut cependant ne pas être identique à celle reçue par d'autres gouvernements.

Autres politiques et lignes directrices

Les lecteurs sont invités à consulter le site Web de Santé Canada, où ils trouveront d'autres politiques et lignes directrices au sujet des médicaments, notamment le document intitulé «Gestion des présentations de drogues ».

1 Information sur le produit et la présentation

Marque nominative :

SolirisMC

Fabricant/promoteur :

Alexion Pharmaceuticals, Inc.

Ingrédient médicinal :

Éculizumab

Dénomination commune internationale :

Éculizumab

Concentration :

10 mg/mL

Forme posologique :

Solution

Voie d'administration :

Intraveineuse

Identification numérique de drogue (DIN) :

  • 02322285

Classe pharmaco-thérapeutique (classe ATC) :

Inhibiteur du complément

Ingrédients non médicinaux :

Phosphate de sodium monobasique, phosphate de sodium dibasique, chlorure de sodium, polysorbate 80 (d'origine végétale) et eau pour injection

Type et numéro de présentation :

Présentation de drogue nouvelle, numéro de contrôle : 122467

Date de la présentation :

2008-06-27

Date de l'autorisation :

2009-01-28
2 Avis de décision

Le 28 janvier 2009, Santé Canada a émis à l'intention d'Alexion Pharmaceuticals, Inc. un avis de conformité du produit pharmaceutique Soliris.

Soliris contient l'ingrédient médicinal éculizumab, un anticorps recombinant humanisé IgG2/G4.

Soliris est indiqué pour le traitement de patients atteints d'hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) dans le but de réduire l'hémolyse. Les patients atteints d'HPN présentent un défaut de l'expression des inhibiteurs de la voie terminale du complément, particulièrement dans les hématies. Ce déficit entraîne une hémolyse intravasculaire et d'autres symptômes graves et potentiellement mortels comme l'anémie, la fatigue, la douleur, l'hémoglobinurie, l'insuffisance rénale et la thrombose. On croit que l'éculizumab inhibe la lyse, par le complément, des hématies n'ayant pas d'inhibiteurs de la voie terminale du complément.

L'autorisation de commercialisation s'appuie sur des données issues d'études de contrôle de la qualité (chimie et fabrication) et d'études non cliniques et cliniques. L'efficacité et l'innocuité cliniques ont été évaluées chez des patients atteints d'HPN ayant reçu au moins une transfusion au cours des deux dernières années à l'aide des résultats de TRIUMPH, une étude multicentrique contrôlée avec placebo, et des résultats provisoires de SHEPHERD, un essai clinique multicentrique ouvert, et d'E05-001, une étude de prolongation multicentrique et ouverte de longue durée. Les données cliniques de l'étude TRIUMPH ont montré que l'on a obtenu une amélioration significative sur le plan statistique avec le traitement par Soliris par rapport au placebo en ce qui concerne deux paramètres primaires : la stabilisation de l'hémoglobine et le nombre d'unités de culot globulaire transfusées. Les résultats provisoires de l'étude SHEPHERD ont aussi révélé des réductions statistiquement significatives de l'hémolyse, mesurées par comparaison avec les valeurs de référence de l'aire sous la courbe associée à la lactate déshydrogénase sérique. Les patients atteints d'HPN recrutés dans les études pivotales (TRIUMPH et SHEPHERD) et dans les études non essentielles sur l'HPN ont participé à l'étude de prolongation de longue durée, E05-001. Dans les deux essais pivotaux, les événements indésirables les plus fréquemment signalés chez des patients traités par Soliris étaient les suivants : céphalées (44,2 % à 52,6 %), rhinopharyngite (23,3 % à 32,0 %), infection des voies respiratoires supérieures (14,0 % à 29,9 %), nausées (16,3 % à 20,6 %). On a relevé moins d'événements thromboemboliques cliniquement et statistiquement significatifs chez les patients traités par Soliris que durant la même période avant le traitement.

Soliris (éculizumab) est offert dans des flacons à usage unique de 30 mL sous la forme d'une solution de 10 mg/mL. Le traitement consiste en l'administration d'une dose de 600 mg de Soliris par voie intraveineuse tous les 7 jours pendant les 4 premières semaines, d'une dose de 900 mg après 7 jours (cinquième dose), puis d'une dose de 900 mg tous les 14 jours. Les recommandations concernant la posologie sont décrites dans la monographie de produit.

Soliris est contre indiqué chez les patients atteints d'infections graves non résolues, notamment celles à Neisseria meningitidis; les patients doivent par ailleurs être vaccinés contre meningitidis. Les personnes traitées par Soliris sont plus susceptibles de contracter une infection grave causée par des organismes encapsulés. Comme il est possible que la vaccination ne prévienne pas toutes les infections d'origine méningococcique, il faut en informer les patients et les surveiller étroitement afin de déceler et de traiter rapidement l'infection. Soliris devrait être administré dans les conditions décrites dans la monographie de produit, en tenant compte des risques potentiels associés à l'administration de ce produit pharmaceutique. Les conditions détaillées relatives à l'usage de Soliris sont décrites dans la monographie de produit.

Soliris a été évalué dans le cadre de la Politique sur le traitement prioritaire en raison de résultats prometteurs concernant l'efficacité clinique potentielle du médicament contre une maladie grave, potentiellement mortelle et sévèrement débilitante pour laquelle aucun médicament n'est actuellement commercialisé au Canada.

Conformément à son examen des données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité du produit, Santé Canada juge que le rapport entre les avantages et les risques de Soliris est favorable au traitement des patients atteints d'HPN dans le but de réduire l'hémolyse.

3 Motifs d'ordre scientifique et réglementaire

3.1 Motifs d'ordre qualitatif

3.1.1 Substance médicamenteuse (ingrédient médicinal)

Renseignements généraux

L'éculizumab, l'ingrédient médicinal de Soliris, est un anticorps monoclonal IgG2/G4 recombinant humanisé qui se lie à la protéine C5 (hC5) du complément humain et inhibe l'activation de la voie terminale du complément, un élément du système immunitaire. L'hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) est une maladie génétique acquise très rare. Les patients atteints d'HPN présentent une mutation acquise des cellules souches sanguines qui se traduit par l'absence d'inhibiteurs de la voie terminale du complément normalement présents à la surface de la cellule. En raison de ce déficit, les hématies et, chez certains patients, les plaquettes et les leucocytes, sont vulnérables à la destruction par le complément, d'où l'hémolyse et d'autres symptômes graves et potentiellement mortels, comme l'anémie, la fatigue, la douleur, l'hémoglobinurie, l'insuffisance rénale et les caillots sanguins. On croit qu'en se liant à hC5, l'éculizumab inhibe la lyse, par le complément, des hématies n'ayant pas d'inhibiteurs de la voie terminale du complément. Comme cette liaison empêche la production du complexe C5b 9 de la voie terminale du complément, la destruction des cellules est alors réduite, ce qui prévient l'hémolyse intravasculaire et atténue les symptômes de la maladie.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

L'éculizumab est fabriqué à l'aide de cellules de mammifères et d'un bioréacteur d'une capacité de 5000 L fonctionnant en semi-continu. La purification suit une série d'étapes, soit la chromatographie et l'élimination/inactivation virale. Les données fournies sur la validation des procédés indiquent que le procédé de fabrication est uniforme et donne un produit de qualité acceptable.

Le procédé de fabrication de la substance médicamenteuse a été mis à l'échelle et optimisé pendant son élaboration. Les modifications introduites après chaque production ont été décrites correctement et évaluées par comparaison. L'information sur la mise en circulation des lots et sur la caractérisation a aussi servi à étayer l'évaluation par comparaison.

Les matières utilisées dans la fabrication de la substance médicamenteuse ont été jugées acceptables et/ou conformes aux normes relatives à l'utilisation prévue de la substance.

Les contrôles en cours de fabrication ont été examinés et jugés acceptables. Les spécifications des matières brutes utilisées pour la fabrication de la substance médicamenteuse ont également été jugées satisfaisantes.

Caractérisation

On a effectué des études de caractérisation détaillées pour garantir que l'éculizumab présente systématiquement la structure et l'activité biologique désirées.

On a comparé des lots d'éculizumab produits à l'aide de procédés différents : tous les lots étaient semblables sur le plan des caractéristiques physico-chimiques.

Contrôle de la substance médicamenteuse

Les spécifications de la substance médicamenteuse ainsi que les méthodes d'analyse utilisées pour le contrôle de qualité de l'éculizumab ont été jugées acceptables.

La concentration des impuretés liées au produit et au procédé a été dûment surveillée tout au long du procédé de fabrication. Les résultats des rapports sur la validation des procédés et les contrôles en cours de fabrication indiquent que les impuretés de la substance médicamenteuse ont été adéquatement contrôlées. Les impuretés qui ont été signalées et caractérisées ne dépassaient pas les limites acceptables.

Les résultats des analyses de lots ont été examinés; tous les résultats sont conformes aux spécifications et démontrent que les lots produits sont systématiquement de bonne qualité.

Le conditionnement proposé est considéré comme acceptable.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais de longue durée, en temps réel et accélérés, la durée de conservation ainsi que les conditions d'entreposage et d'expédition proposées pour la substance médicamenteuse sont jugées bien étayées et satisfaisantes.

3.1.2 Produit pharmaceutique

Description et composition

Le produit pharmaceutique Soliris se présente sous la forme d'une solution stérile d'une concentration de 10 mg/mL, limpide, incolore et sans agent de conservation, destinée à la perfusion. Le produit est préparé à pH 7,0. Chaque flacon à usage unique de 30 mL contient 300,0 mg d'éculizumab, 13,8 mg de phosphate de sodium monobasique, 53,4 mg de phosphate de sodium dibasique, 263,1 mg de chlorure de sodium, 6,6 mg de polysorbate 80 (d'origine végétale) et de l'eau pour injection.

Soliris est contenu dans des flacons de verre borosilicaté de type 1 de 30 mL conformes aux exigences des United States Pharmacopeia et de la Pharmacopée européenne (USP/Ph. Eur.) et dont le volume de remplissage cible est de 31,7 mL afin que le prélèvement de tout le contenu indiqué sur l'étiquette soit possible. Les flacons sont dotés d'un bouchon de caoutchouc silicone, recouvert d'une capsule en aluminium et d'un opercule amovible en polypropylène.

Tous les ingrédients non médicinaux (excipients) présents dans le produit pharmaceutique sont autorisés par le Règlement sur les aliments et drogues. Les données sur la stabilité présentées à l'appui de la formulation commerciale proposée attestent la compatibilité de l'éculizumab avec les excipients utilisés.

Élaboration du produit pharmaceutique

Après examen, les changements apportés au procédé de fabrication tout au long du processus d'élaboration du produit pharmaceutique ont été jugés acceptables.

Les données sur l'élaboration du produit pharmaceutique, notamment sur l'élaboration du système récipient-fermeture, ont été jugées acceptables. Les données fournies dans la présente section comprennent la composition de Soliris, la justification du choix de la formulation, le procédé de fabrication, y compris le conditionnement, et de l'information sur les lots utilisés pour les études in vitro de caractérisation. Les études justifiant la nature et la concentration proposée des excipients utilisés dans le produit pharmaceutique ont été examinées et jugées acceptables.

Des données portant sur les caractéristiques physicochimiques et l'activité biologique ont démontré la biocomparabilité entre les lots obtenus lors de la conception du produit et les lots commerciaux.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Lors de la fabrication du produit pharmaceutique Soliris, toutes les formulations en vrac obtenues à partir de contenants individuels sont regroupées et constituent un lot de substance médicamenteuse qui sert à remplir les flacons de 30 mL.

L'équipement, les étapes de fabrication et les paramètres de fonctionnement détaillés ont tous été dûment décrits dans la documentation fournie et ont été jugés acceptables. Le procédé de fabrication est considéré comme dûment contrôlé dans des limites justifiées.

Contrôle du produit pharmaceutique

Soliris a été soumis à des tests visant à en vérifier l'identité, l'apparence, le dosage, le pH, la taille des particules, le volume de remplissage, la matière particulaire, la stérilité, la teneur en humidité, la teneur en protéines, l'osmolalité, la couleur, la clarté, la concentration des produits de dégradation, les impuretés liées au médicament, les matières particulaires étrangères, les endotoxines bactériennes et les impuretés microbiologiques; les résultats étaient conformes aux critères d'acceptation. Les spécifications des tests et les méthodes d'analyse sont jugées acceptables; la durée de conservation ainsi que les limites de libération des produits de dégradation, pris séparément ou globalement, se situent à l'intérieur de limites acceptables.

Le processus de validation est jugé complet. Des rapports de validation concernant les essais sur les produits demi-fini et fini ont été présentés, et aucune anomalie n'a été constatée. Les résultats de l'analyse de tous les lots étaient conformes aux limites des spécifications proposées.

Des impuretés et des produits de dégradation découlant de la fabrication et/ou de l'entreposage ont été signalés et caractérisés, mais ils se situaient dans les limites acceptables et/ou étaient qualifiés à partir d'analyses de lots. Ils sont donc considérés comme acceptables.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité présentées, fondées sur des essais en temps réel, de longue durée et accélérés, la durée de conservation proposée pour Soliris de 30 mois, à une température de 2 à 8 °C et à l'abri de la lumière, est considérée comme acceptable.

La compatibilité du produit pharmaceutique avec le système récipient fermeture a été établie au moyen de tests officinaux et d'études de stabilité. Le système récipient fermeture satisfait à tous les critères d'acceptation des tests de validation.

3.1.3 Installations et équipement

La Direction des produits biologiques et des thérapies génétiques de Santé Canada a effectué une évaluation sur les lieux des installations de fabrication et d'analyses de Soliris, laquelle s'est avérée satisfaisante.

L'aménagement, le fonctionnement et les mécanismes de contrôle des installations et de l'équipement servant à la production de Soliris sont jugés acceptables pour les activités et les produits fabriqués.

3.1.4 Évaluation de l'innocuité des agents adventices

Les différentes étapes du procédé de purification visant à éliminer et à inactiver les virus sont adéquatement validées.

Les résultats des tests réalisés pour déceler la présence d'agents adventices non viraux sont acceptables. Les matières brutes d'origine animale ou recombinante ayant servi à la fabrication ont subi des tests permettant de garantir qu'elles sont exemptes d'agents adventices. Les excipients utilisés dans la formulation du produit pharmaceutique ne sont pas d'origine animale ni humaine.

3.1.5 Conclusion

L'information fournie sur les caractéristiques chimiques et la fabrication de Soliris indique que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications approuvées. Des études appropriées sur l'élaboration et la validation ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour la commercialisation.

3.2 Motifs non cliniques de la décision

3.2.1 Pharmacodynamique

L'anticorps de souris anti-hC5 N19/8 reconnaît hC5 et peut efficacement empêcher son clivage en C5a et en C5b, ce qui inhibe l'activation de la voie terminale du complément. Dans le but de produire un anticorps anti-hC5, plusieurs hybridomes de souris spécifiques à hC5 ont été créés. Les anticorps sécrétés par les hybridomes ont été évalués pour leur capacité à bloquer l'hémolyse causée par le complément et la production de C5a à un taux égal ou supérieur à celui de l'anticorps monoclonal (mAb) de référence, N19/8. Les études pharmacodynamiques ont montré que m5G1.1, un anticorps monoclonal anti-hC5, est un puissant inhibiteur du complément et est systématiquement associé à une inhibition de l'hémolyse et du C5a comparable à celle de l'anticorps N19/8 ou meilleure que celle ci. Par conséquent, on a choisi l'anticorps m5G1.1 pour poursuivre les travaux.

Comme le système immunitaire humain réagit aux anticorps de souris - qu'il considère comme étrangers -, on a produit une version humanisée de l'anticorps m5G1.1 dans le but de réduire son immunogénicité. Pour ce faire, il fallait réduire les composantes murines de l'anticorps m5G1.1 sans altérer la spécificité et l'affinité de l'anticorps d'origine. L'humanisation consiste à greffer les régions déterminant la complémentarité de l'anticorps sur l'armature d'un anticorps humain. Après l'humanisation, on a constaté que l'affinité et la spécificité de l'anticorps n'ont pas été touchées. On a donc continué les travaux avec la version humanisée de l'anticorps puisque, globalement, sa séquence ressemblait davantage à celle de l'anticorps humain. Cet anticorps a été appelé h5G1.1 (éculizumab). Un essai biologique mesurant l'hémolyse causée par le complément a été mis au point pour examiner si l'éculizumab présente une réactivité croisée inter espèces. Comme prévu, l'éculizumab, bloquait efficacement l'action hémolytique du sérum humain, l'inhibition étant totale à une concentration d'environ 100 nM. Cependant, l'éculizumab n'a pas inhibé efficacement l'action hémolytique du sérum d'espèces de primates non humains et d'autres espèces testées, même à des concentrations d'anticorps extrêmement élevées.

Une étude in vitro sur les réactions croisées a été menée à l'aide de divers échantillons de tissus humains cryoconservés. Afin de déceler la capacité de liaison de l'éculizumab au tissu humain normal, on a déposé deux concentrations d'anticorps sur des cryosections (3 donneurs par tissu, quand c'était possible), soit 5 µg/mL et 30 µg/mL. Une coloration attribuable à la présence de C5 a été observée dans le muscle lisse et strié (squelettique) dans divers tissus; C5 était exprimé dans de nombreux types cellulaires, par exemple le myoépithélium, le myofibroblaste, l'épithélium des tubules rénaux et les cellules du réticulum. L'expression de C5 observée concorde avec celle décrite dans les études publiées.

En résumé, les résultats des études pharmacodynamiques indiquent que l'éculizumab reconnaît très sélectivement hC5 et est capable d'inhiber de manière efficace le clivage de C5 en C5a et en C5b, ce qui empêche l'activation de la voie terminale du complément. Les résultats des études pharmacodynamiques justifiaient donc la poursuite des travaux sur l'éculizumab en raison de son potentiel thérapeutique dans le rétablissement de l'inhibition de la voie terminale du complément chez les patients atteints d'HPN.

3.2.2 Pharmacocinétique

L'éculizumab ne reconnaît pas la protéine C5 d'espèces autres que l'humain; c'est pourquoi on n'a pas pu procéder à des études pharmacocinétiques non cliniques classiques. Cependant, comme modèle, on a utilisé des souris présentant un déficit en C5 et ayant reçu du hC5 jusqu'à ce qu'une concentration sérique physiologique suffisante soit atteinte pour mesurer directement la clairance plasmatique de l'anticorps et l'inhibition du complément in vivo.

Des analyses pharmacocinétiques ont été effectuées pour mesurer la concentration sérique de l'anticorps monoclonal h5G1.1 G4 (une variante de l'éculizumab) après l'administration d'une dose de 50 µg de l'anticorps par voie intraveineuse (IV) ou sous cutanée (SC). Après l'injection IV, on a obtenu un T1/2α relativement rapide de plusieurs heures, suivi d'une baisse lente de la concentration sérique au cours des 48 heures qui ont succédé. À l'opposé, l'administration SC a été suivie d'une augmentation progressive de la concentration sérique de telle sorte que la concentration sérique de l'anticorps à 24 heures et par la suite, était comparable à celle mesurée après l'injection IV.

Bien que l'anticorps monoclonal h5G1.1 G4 soit un anticorps humanisé et que ses effets pharmacocinétiques chez la souris ne permettent pas de prévoir ceux chez l'humain, le modèle murin avec déficit en C5 permet de calculer le rapport molaire de l'anticorps sur hC5 nécessaire à l'inhibition in vitro de l'action hémolytique du sérum dépendante du complément. La concentration d'anticorps h5G1.1 G4 et de hC5 dans chacun des échantillons de sérum a été mesurée, puis a servi à calculer le rapport molaire de l'anticorps sur hC5 à divers points temporels. À l'aide de la concentration sérique de hC5 et d'anticorps h5G1.1 G4 mesurée, on a déterminé que l'anticorps h5G1.1 G4 inhibait complètement l'hémolyse dépendante de hC5 à un rapport molaire d'environ 0,5 à 1,0 (anticorps h5G1.1 G4 sur hC5). Ce résultat est cohérent avec le fait que les anticorps monoclonaux présentent deux sites de liaison de l'antigène et que, par conséquent, ils se lient théoriquement à l'antigène en respectant un rapport de 0,5 mole d'anticorps pour 1,0 mole d'antigène. En outre, pour une concentration plasmatique moyenne de hC5 de 75 µg/mL et un volume plasmatique de 3,0 L chez un humain de 70 kg, on s'attendait à ce qu'une dose unique de 1,5 à 2,0 mg/kg d'anticorps h5G1.1 G4 soit suffisante pour produire, in vivo chez l'humain, une inhibition aiguë de l'action hémolytique du sérum dépendante du complément.

Les résultats de l'étude pharmacocinétique indiquaient que l'anticorps monoclonal h5G1.1 G4, une variante de l'éculizumab, pouvait inhiber efficacement l'action du complément dépendante de hC5 in vivo dans un modèle de mammifère. Après l'administration IV d'anticorps h5G1.1 G4 chez la souris, on a observé rapidement une forte inhibition dépendante de la dose de l'action hémolytique du sérum dépendante de hC5 à des doses ≥ 50 µg. L'inhibition de l'action hémolytique s'est maintenue pendant au moins 48 heures après l'administration d'une dose unique. L'administration SC d'anticorps a aussi fourni une protection contre l'action hémolytique du sérum dépendante de hC5 pendant au moins 48 heures, bien que cet effet soit retardé au départ de 12 à 24 heures.

3.2.3 Toxicologie

Il a été établi que l'éculizumab reconnaît sélectivement hC5. L'éculizumab n'est associé à aucune autre activité pharmacologique chez d'autres espèces; par conséquent, les tests toxicologiques ont été réalisés chez des souris CD-1 à l'aide de l'anticorps monoclonal de substitution BB5.1, un anticorps murin dirigé contre C5 chez la souris.

Toxicité à dose unique

Aucune étude de toxicité à dose unique n'a été menée avec l'éculizumab ou tout autre anticorps anti-C5 de substitution.

Toxicité à doses multiples

La dose et la fréquence d'administration utilisées dans les études de toxicité ont été choisies pour obtenir une inhibition efficace de l'action du complément dépendante de C5, donnant lieu à une inhibition adéquate de l'hémolyse. Dans toutes les études, on a administré une dose unique de 30 mg/kg de poids corporel à la fréquence d'une ou de deux fois par semaine. Les doses représentaient respectivement environ 2 à 4 fois et 4 à 8 fois la dose recommandée chez l'humain. En outre, dans l'étude d'une durée de 4 semaines, la posologie était 30 mg/kg de poids corporel, trois fois par semaine.

Les tests de toxicité subchronique réalisés chez la souris CD-1 ont duré 4 semaines et 26 semaines. Le traitement a été bien toléré, et on n'a noté aucun signe clinique de toxicose, peu importe le groupe de traitement et l'étude.

Génotoxicité et cancérogénicité

On n'a pas mené d'études de génotoxicité et de cancérogénicité, car on considère généralement qu'elles ne s'appliquent pas aux produits pharmaceutiques issus de la biotechnologie. En général, les anticorps n'interagissent pas directement avec l'acide désoxyribonucléique (ADN); par conséquent, il est improbable qu'ils aient un pouvoir génotoxique.

Toxicité pour l'appareil reproducteur et le développement

Dans les études sur la toxicité pour l'appareil reproducteur, on n'a pas réussi à obtenir une inhibition maximale de l'hémolyse chez la majorité des animaux traités. On en ignore la raison. On n'a observé aucun effet lié au traitement sur la fertilité des animaux mâles ou femelles, et aucun effet toxique chez l'embryon ou le fotus, ou chez la mère.

Les études de toxicité sur le développement et les études sur l'exposition périnatale et postnatale ont indiqué qu'il existe un risque d'effets sur le développement peu importe la concentration, en l'absence d'une toxicité maternelle. C'est pourquoi il est recommandé que les femmes enceintes ne soient pas traitées par l'éculizumab, à moins que les effets bénéfiques éventuels justifient les risques encourus par la mère et le fotus. Par ailleurs, l'allaitement devrait être déconseillé aux femmes recevant de l'éculizumab.

Immunotoxicité

On n'a pas effectué d'études d'immunotoxicité; par conséquent, la possibilité d'un risque accru d'infections pendant le traitement doit être envisagée.

3.2.4 Résumé et conclusion

Les données pharmacodynamiques et pharmacocinétiques non cliniques fournies confirment la validité du mode d'action de l'éculizumab, qui est d'inhiber l'hémolyse causée par le complément et la production de C5a. En outre, les résultats ont contribué à établir la dose apte à produire une inhibition aiguë de toute action hémolytique du sérum dépendante du complément in vivo chez l'humain, but visé par le traitement de l'HPN. Par ailleurs, on a jugé que la base de données toxicologiques non cliniques était suffisante pour évaluer le profil d'innocuité de l'éculizumab et pour étayer son utilisation chez l'humain, à condition que des précautions adéquates soient prises, comme il a été décrit précédemment.

3.3 Motifs cliniques de la décision

3.3.1 Pharmacodynamique

L'activité pharmacodynamique de Soliris a été déterminée in vitro à l'aide d'un essai mesurant l'hémolyse du sérum attribuable à l'action du complément afin d'estimer l'ampleur de l'inhibition de la voie terminale du complément dans le sérum des patients. L'administration de Soliris a entraîné une baisse rapide et durable de l'activité associée à la voie terminale du complément.

À l'aide d'études biochimiques, il a été estimé que les patients devaient maintenir une concentration sérique minimale de Soliris ≥ 35 µg/mL pour obtenir un effet thérapeutique réel. En pratique, cependant, le schéma posologique et les quantités employées dans les études pivotales cliniques (et mentionnées dans la monographie de produit) ont le plus souvent entraîné des concentrations sériques correspondant à trois fois cette valeur à l'état d'équilibre, et une concentration de presque cinq fois cette valeur immédiatement après la perfusion. Cet effet permet de garantir que la concentration sérique visée de l'éculizumab (Soliris) soit atteinte et maintenue (concentration minimale d'environ 35 µg/mL) pour inhiber complètement l'hémolyse intravasculaire causée par l'activation de la voie terminale du complément chez la plupart des patients atteints d'HPN.

Le schéma posologique consistait en une dose de 600 mg de Soliris par semaine pendant les quatre premières semaines. Une autre dose de 900 mg de Soliris était administrée à la cinquième semaine, suivie d'une dose d'entretien de 900 mg toutes les deux semaines par la suite. Dans les essais cliniques, ce schéma posologique a conduit à une réduction rapide et durable de l'action hémolytique. De fait, cette posologie inhibait complètement l'hémolyse dans les 60 premières minutes; toutefois, le profil sérique obtenu par simulation dans ces conditions prévoit l'apparition de variations dans le sérum ainsi que des valeurs à l'état d'équilibre considérablement plus grandes que la concentration efficace (35 µg/mL). D'après nos connaissances, les événements indésirables (EI) résultant de l'administration de ce médicament toutes les deux semaines pendant une période prolongée ne sont pas plus nombreux. Étant donné le schéma posologique et le lien avec la concentration minimale cible, le profil d'innocuité de Soliris devrait être surveillé après la commercialisation.

3.3.2 Pharmacocinétique

Le profil pharmacocinétique de Soliris a été décrit à l'aide d'un modèle à un compartiment, modèle servant à faire une estimation de la pharmacocinétique du complexe; la demi vie d'élimination moyenne est d'environ 11,3 jours (271 heures), et le volume de distribution central (110,3 mL/kg) semble être principalement limité à l'espace vasculaire. L'administration se fait par perfusion durant une période de 30 minutes, et le temps prévu pour atteindre l'état d'équilibre est de 46 à 56 jours avec le schéma posologique utilisé.

On n'a pas mené d'études cliniques portant sur les voies d'excrétion propres à Soliris. Cependant, en raison de sa taille moléculaire (148 kD), l'éculizumab, comme les autres immunoglobulines, n'est pas éliminé par la filtration normale des reins.

On n'a réalisé aucune étude clinique avec des populations particulières de patients dans le but de déterminer les effets de l'âge, de l'origine ethnique, du sexe ou de l'état métabolique (insuffisance rénale ou hépatique) sur la pharmacocinétique de Soliris. Le modèle regroupé de pharmacocinétique/pharmacodynamique ne laissait pas prévoir de différences importantes dans la pharmacocinétique de l'éculizumab en fonction de l'âge, de l'origine ethnique ou du sexe.

À l'instar des immunoglobulines endogènes, Soliris est constitué d'acides aminés lévogyres que l'on trouve dans la nature et n'est pas sujet à une transformation métabolique par les enzymes du cytochrome P450. De ce fait, on ne s'attend à aucune différence dans la pharmacocinétique de Soliris attribuable au tabagisme, à l'utilisation en concomitance de médicaments métabolisés par le cytochrome P450, au polymorphisme génétique ou à l'ingestion d'aliments, lesquels représentent tous des facteurs pouvant influencer les réactions catalysées par le cytochrome P450; cependant, ces facteurs n'ont pas été étudiés expressément lors des essais cliniques.

3.3.3 Efficacité clinique

Les données sur l'efficacité clinique provenaient de 184 patients qui ont participé aux deux études pivotales suivantes :

  • TRIUMPH - Stabilisation de l'hémoglobine et réduction du recours à la transfusion; étude clinique sur l'efficacité et l'innocuité du traitement par Soliris chez les patients atteints d'HPN.
  • SHEPHERD - Étude d'innocuité chez les patients atteints d'HPN accompagnée d'hémolyse traités par Soliris.

TRIUMPH était une étude de phase III multicentrique contrôlée avec placebo, randomisée et menée à double insu, d'une durée de 26 semaines, à laquelle ont participé 87 patients atteints d'HPN, dont 43 ont reçu Soliris et 44, le placebo. Tous les patients avaient de 18 à 85 ans, l'âge moyen étant de 39,7 ans. Les principaux critères d'inclusion étaient les suivants :

  • Avoir reçu au moins 4 transfusions dans les 12 mois précédents pour cause d'anémie et de symptômes liés à l'anémie;
  • Confirmation par cytométrie à flux d'un taux ≥ 10 % d'hématies caractéristiques de l'HPN;
  • Dans le cas des patients prenant de l'érythropoïétine, Coumadin ou de l'héparine, des suppléments de fer, de l'acide folique ou des immunosuppresseurs/corticostéroïdes au début de l'étude, prise de doses stables pendant des durées variant selon le ou les médicaments concomitants utilisés;
  • Concentration documentée de lactate déshydrogénase (LDH) ≥ 1,5 fois la limite supérieure des valeurs normales;
  • Plaquettes ≥ 100000/µL;
  • S'être fait vacciner contre N. meningitidis.

Les patients étaient exclus de l'étude s'ils présentaient une concentration moyenne d'hémoglobine (Hb) (avant transfusion) au cours de l'année précédente > 10,5 g/dL ou s'ils avaient des antécédents d'infection bactérienne récurrente ou non, s'il y avait présence de ce type d'infection ou si l'on en soupçonnait une, au début de la phase de traitement de 6 mois. Les autres critères d'exclusion ont été énumérés. On avait prévu de surveiller étroitement les patients ayant cessé le traitement par Soliris pour déceler tout signe d'événement hémolytique engageant le pronostic vital.

Avant la randomisation, tous les patients ont d'abord subi une période d'observation initiale dans le but de confirmer le besoin d'un recours à une transfusion d'hématies et de déterminer la concentration d'hémoglobine (la « valeur de référence ») qui devait permettre d'établir les résultats sur le plan de la stabilisation de l'hémoglobine et du besoin d'un recours à la transfusion chez chaque patient. La valeur de référence était de ≤ 9 g/dL chez les patients présentant des symptômes d'anémie et de ≤ 7 g/dL chez les patients n'ayant pas de symptômes.

Les patients ont reçu 600 mg de Soliris ou de placebo tous les 7 jours pendant les 4 premières semaines, puis 900 mg 7 jours plus tard dans la 5e semaine et, par la suite, 900 mg tous les 14 jours. Les coparamètres primaires de l'étude étaient la stabilisation de l'hémoglobine (patients qui ont maintenu une concentration d'hémoglobine supérieure à la valeur de référence et qui n'ont pas eu besoin de transfusion d'hématies pendant toute la période de 26 semaines) et le nombre d'unités de culots globulaires transfusées. Les paramètres secondaires étaient les suivants : le non recours à la transfusion, la diminution de l'hémolyse, mesurée par l'aire sous la courbe (ASC) de la LDH, et la qualité de vie, mesurée par les changements dans l'indice d'évaluation fonctionnelle de la fatigue (FACIT-F).

L'étude TRIUMPH a révélé que Soliris était associé à de meilleurs résultats (statistiquement significatifs et ayant une pertinence clinique) que le placebo en ce qui a trait à deux coparamètres primaires, soit la stabilisation de l'hémoglobine et le nombre d'unités de culot globulaire transfusées pendant la phase de traitement de l'étude. Sur l'ensemble des patients traités par Soliris, 49 % présentaient une stabilisation de la concentration d'hémoglobuline à la fin de l'étude, comparativement à 0 % dans le groupe placebo (p < 0,001). On n'a constaté aucune stabilisation statistiquement significative de l'hémoglobine chez les patients qui avaient besoin de > 25 unités auparavant, bien que le nombre de patients de cette strate était faible. Le nombre médian d'unités de culot globulaire transfusées au cours des 12 mois précédant la participation à l'étude était comparable entre les deux groupes : 18 unités (fourchette de 7 à 36) dans le cas du groupe ayant reçu Soliris et 17 unités (fourchette de 7 à 44) dans le cas du groupe placebo. Chez les patients traités par Soliris, on a observé une baisse statistiquement significative (p < 0,001) (médiane = 0, fourchette de 0 à 16, en moyenne 3 unités par patient) du recours au culot globulaire pendant les 6 mois de la phase de traitement par rapport aux patients du groupe placebo (médiane = 10, fourchette de 2 à 21, en moyenne 11 unités par patient). On a également relevé une baisse statistiquement significative (p < 0,001) du nombre médian d'unités de culot globulaire transfusées dans chacune des trois strates définies selon le nombre d'unités de culot globulaire transfusées au cours de l'année précédant la sélection (strate avec besoin faible : 4 à 14 unités, strate avec besoin moyen :15 à 25 unités et strate avec besoin élevé : > 25 unités). Toutefois, chez plusieurs patients, la fréquence des transfusions est demeurée semblable à la fréquence de départ.

Les patients de la strate ayant le moins recouru à la transfusion étaient associés à la plus grande diminution apparente dans le nombre moyen de transfusions. En outre, on a observé une amélioration statistiquement significative de tous les paramètres secondaires chez les patients ayant reçu Soliris : non-recours à la transfusion, diminution de l'hémolyse (mesurée par l'ASC de la LDH) et amélioration du score à l'échelle FACIT-F.

SHEPHERD était une étude ouverte multicentrique, d'une durée de 52 semaines, où l'on a utilisé le même schéma posologique que dans l'étude TRIUMPH. Au total, 97 patients ont participé à cette étude et ont reçu Soliris. Les patients ont affiché une amélioration statistiquement significative du principal paramètre de substitution mesurant l'efficacité, soit l'ASC de la LDH, par rapport aux valeurs de départ. Par ailleurs, on a également constaté une amélioration statistiquement significative par rapport aux valeurs de départ dans le cas des deux paramètres secondaires, soit l'hémolyse (mesurée par la variation de la LDH par rapport aux valeurs de départ) et la qualité de vie (mesurée par l'échelle FACIT-F).

L'étude E05-001 était une étude de prolongation ouverte succédant à TRIUMPH et à SHEPHERD, et comptait 195 patients. L'objectif de cette étude était de recueillir des données sur une longue durée, soit environ 2,5 ans (104 semaines de traitement bi hebdomadaire par le médicament à l'étude, suivies de 16 semaines sans traitement). Au moment où Soliris a été autorisé, cette étude n'avait fourni que les données provisoires de 96 patients. Les principaux objectifs de cette étude étaient de recueillir les données nécessaires à l'évaluation de la qualité de vie liée à la santé et à l'évaluation de l'efficacité du traitement par Soliris dans la réduction des effets de l'HPN, mesurée par le nombre de transfusions nécessaires et la capacité à atteindre les paramètres de laboratoire cliniques et à les maintenir. Aucune analyse de l'efficacité n'a été réalisée au cours de cette évaluation provisoire, car, vu l'absence de données suffisantes chez bon nombre de patients, les résultats ne permettaient pas une interprétation fiable.

Dans toutes les trois études pivotales, il a été établi que Soliris était bien toléré. On n'a pas relevé de cas d'hémolyse après l'abandon du traitement par Soliris dans l'une ou l'autre des études.

Dans les études non pivotales, on a aussi déterminé que Soliris était bien toléré. Les patients ayant reçu Soliris semblaient bénéficier d'un avantage clinique, surtout en ce qui concerne la baisse du nombre de transfusions sanguines requises, l'hémolyse intravasculaire et le taux de jours avec valeurs paroxystiques.

3.3.4 Innocuité clinique

Les données sur l'innocuité ont été évaluées au cours des deux études cliniques pivotales et des études non pivotales décrites dans la section 3.3.3 Efficacité clinique. Les autres études non pivotales menées chez des patients non atteints d'HPN, incluses dans la présentation, ont aussi fourni des résultats sur l'innocuité.

Dans l'étude TRIUMPH, davantage d'EI ont été déclarés dans le groupe Soliris que dans le groupe placebo. Au nombre de ces EI figuraient les plaintes au sujet de problèmes neurologiques, surtout les céphalées (44 % versus [vs] 27,9 %), les affections gastro intestinales (46,5 % vs 36,4 %), les maux de dos (18,6 % vs 9,1 %), la fatigue (9,3 % vs 2,3 %), l'herpès (7 % vs 0 %) et davantage d'EI vasculaires (4 événements vs 1).

Les trois EI les plus fréquemment déclarés par les patients traités par Soliris dans toutes les études pivotales combinées étaient les suivants : céphalées, nasopharyngite/infection des voies respiratoires supérieures et nausées. Les EI peu fréquents étaient les suivants : jaunisse, anorexie, réactions à la perfusion et réactions allergiques, et odème. La majorité d'entre eux étaient légers ou modérés. Les événements thromboemboliques d'intérêt clinique et statistiquement significatifs étaient moins nombreux chez les groupes traités dans l'ensemble des études; cependant, en raison de la taille des échantillons et de la durée de l'étude, les effets de Soliris sur les événements thrombotiques n'ont pas pu être déterminés dans l'étude TRIUMPH. Durant la période précédant le traitement, dans l'ensemble des études, on a noté 39 événements (14,33 événements pour 100 patients-années); pendant le traitement par Soliris, on a relevé 3 événements (1,07 événement pour 100 patients années).

Chez plusieurs patients, les taux de transfusion sont demeurés semblables aux taux de départ. Dans la monographie de produit, on conseille au médecin de surveiller la réponse de chaque patient à l'aide de la concentration de LDH. On obtient une réponse chez 86 % des patients dans les 3 à 4 semaines suivant l'instauration du traitement par Soliris.

Chez les patients dont le poids figure dans le quartile le plus faible, la dose unique et non la dose unitaire (en mg/kg) entraîne la concentration sérique minimale la plus élevée. On n'a obtenu aucun signal indiquant un problème d'innocuité chez les patients présentant une concentration sérique minimale élevée et/ou un faible poids corporel, à l'exception d'une tendance à subir un plus grand nombre d'EI chez les patients du plus faible quartile, peu importe leur sexe. Cependant, les résultats doivent être interprétés avec prudence; on recommande aux médecins de surveiller les EI chez ces patients, tout comme on le fait pour tous les patients recevant Soliris. On a demandé à la Direction des produits de santé commercialisés de Santé Canada de surveiller les EI dans cette population. Aucun signal indiquant un problème d'innocuité n'est associé à une exposition prolongée à Soliris (> 2,5 années).

Dans toutes les études effectuées chez les patients atteints d'HPN et non atteints d'HPN, chez quelques patients traités par Soliris, on a détecté des titres d'anticorps faibles, à une fréquence (3,4 %) semblable à celle du placebo (4,8 %); la signification de ce phénomène est inconnue. Aucun patient n'a produit d'anticorps neutralisants après le traitement par Soliris, et on n'a observé aucune corrélation entre l'apparition des anticorps et la réponse clinique ou les EI.

Il existe un risque accru d'EI, graves ou non, liés aux infections causées par des micro organismes encapsulés comme H. influenza et Pneumococcus; cependant, seule l'immunisation contre N. meningitidis a été recommandée et seules les infections à N. meningitidis ont été recensées. Dans les études cliniques sur l'HPN, deux patients ont présenté une septicémie à méningocoque. Les deux patients avaient été préalablement vaccinés contre le méningocoque. Dans les études cliniques menées chez des patients sans HPN, une méningite à méningocoque et une septicémie sont survenues chez un patient non vacciné. On devrait informer les patients que l'immunisation ne prévient pas tous les cas d'infection grave; les médecins autant que les patients doivent surveiller les signes et symptômes précoces d'une infection. La surveillance accrue, le suivi et le traitement des infections sont décrits en détail dans la monographie de produit, y compris la prescription d'antibiotiques prophylactiques et la remise d'une « fiche sur l'innocuité de Soliris » au patient. Comme les patientes peuvent devenir enceintes pendant le traitement par Soliris et que l'anticorps est censé traverser la barrière placentaire et être présent dans le lait maternel, on a ajouté à la monographie de produit un énoncé indiquant que Soliris ne doit pas être utilisé durant la grossesse, à moins que les avantages possibles justifient le risque encouru par le fotus.

Les cas d'abandon du traitement par Soliris ont été rares. Comme il s'agit d'une protéine, l'administration de Soliris peut donner lieu à des réactions à la perfusion, notamment l'anaphylaxie ou d'autres réactions d'hypersensibilité. Des réactions à la perfusion sont survenues pendant les essais pivotaux; toutefois, ces réactions n'ont pas nécessité l'arrêt du traitement. En présence de Soliris, le nombre de cellules caractéristiques de l'HPN s'élève (par exemple, dans TRIUMPH, la proportion d'hématies caractéristiques de l'HPN a augmenté, chez les patients traités par Soliris, d'un taux médian de 28 % par rapport à la valeur de départ [intervalle de -25 % à 69 %]); par conséquent, les patients qui abandonnent le traitement peuvent voir leur risque d'hémolyse grave augmenter. Tout patient qui arrête son traitement devrait être surveillé pendant au moins 8 semaines pour déceler l'apparition d'une hémolyse grave ou d'autres réactions. Pour obtenir de plus amples renseignements, on peut consulter la section Surveillance après arrêt du traitement de la monographie de produit de Soliris.

L'innocuité et l'efficacité du traitement par Soliris chez les patients pédiatriques de moins de 18 ans n'ont pas été évaluées. Il en est de même chez les patients âgés de plus de 65 ans.

3.3.5 Questions additionnelles

Les engagements postcommercialisation suivants doivent être pris :

  • Soumettre des données de suivi sur l'innocuité et l'efficacité de tous les essais en cours et ultérieurs sur Soliris chez les patients atteints d'HPN.
  • Suivre un plan de pharmacovigilance pour surveiller l'efficacité et l'innocuité, y compris :
    • Les infections graves, les agents infectieux et le traitement subséquent de tous les patients traités par Soliris;
    • Aviser la Direction des produits de santé commercialisés de la découverte d'un signal obtenu par l'analyse des événements et des réactions indésirables liés au médicament chez les patients de faible poids corporel ou affichant une concentration sérique minimale de Soliris élevée.
  • Créer un registre de patients canadiens atteints d'HPN et traités par Soliris pour faire le suivi de ces derniers.
  • Soumettre des rapports périodiques de pharmacovigilance toutes les années durant au moins deux ans. Inclure dans chaque rapport périodique une analyse de toutes les réactions indésirables liées au médicament qui pourraient avoir des répercussions sur le profil d'innocuité de Soliris.
  • Soumettre tous les engagements pris à l'échelle internationale concernant l'utilisation de Soliris chez les patients atteints d'HPN.

3.4 Évaluation des avantages / risques et recommandation

3.4.1 Évaluation des avantages/risques

Soliris semble être très efficace quand il s'agit de réduire l'hémolyse ainsi que le nombre de transfusions requises par la majeure partie des patients atteints d'HPN ayant besoin de recourir à la transfusion. Dans la monographie de produit, on conseille au médecin de surveiller la réponse de chaque patient à l'aide d'une mesure de la concentration de LDH. Après l'instauration du traitement par Soliris, on a obtenu une réponse chez 86 % des patients au cours des 3 à 4 semaines qui ont suivi.

On n'a décelé aucun signe indiquant une baisse de l'efficacité ou de l'innocuité du médicament pendant la durée du traitement.

La plupart des patients participant aux essais cliniques ont éprouvé des événements indésirables légers ou modérés, en particulier les suivants : céphalées (jusqu'à 44 %), infections des voies respiratoires, symptômes gastro intestinaux et/ou fatigue. Peu de patients ont abandonné le traitement (2,0 % à 4,5 %). Les réactions indésirables graves étaient rares; toutefois, cinq patients sont décédés pendant les essais cliniques. Parmi ces décès, quatre concernaient des patients traités par Soliris; la cause du décès varie pour chacun : leucémie myélomonocytique chronique, hernie cérébrale, complications postcholécystectomie et électrocution. En outre, un patient ayant reçu le placebo est mort d'une embolie pulmonaire.

Il existe un risque accru d'événements indésirables, graves ou non, liés aux infections causées par des organismes encapsulés. Les patients recevant Soliris doivent obligatoirement être immunisés contre N. meningitidis. On devrait user de prudence lorsque l'on administre Soliris aux patients présentant une infection générale. Les directives portant sur la surveillance accrue et le suivi des infections figurent dans la monographie de produit.

À la lumière des données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de ce produit, il a été établi que le profil avantages/risques de Soliris est favorable au traitement des patients atteints d'HPN dans le but de réduire l'hémolyse.

Soliris a été évalué dans le cadre de la Politique sur le traitement prioritaire en raison de résultats prometteurs concernant l'efficacité clinique potentielle du médicament contre une maladie grave, potentiellement mortelle et sévèrement débilitante pour laquelle aucun médicament n'est actuellement commercialisé au Canada.

3.4.2 Recommandation

Après avoir examiné les données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de ce produit, Santé Canada estime que Soliris a un profil avantages/risques favorable au traitement des patients atteints d'HPN dans le but de réduire l'hémolyse. La présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1 et, par conséquent, Santé Canada a émis l'Avis de conformité prévu par l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues.

4 Étapes importantes de la présentation

Étapes importantes de la présentation: SolirisMC

Étape importante de la présentationDate
Réunion préalable à la présentation :2007-12-04
Demande de traitement prioritaire
Déposée2008-04-18
Approuvée par le directeur, Centre d'évaluation des produits radiopharmaceutiques et biothérapeutiques2008-05-15
Dépôt de la présentation :2008-07-10
Examen préliminaire
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2008-08-01
Examen
Évaluation sur les lieux2008-12-03 - 2008-12-05
Évaluation de la qualité terminée2009-01-28
Évaluation clinique terminée2009-01-28
Évaluation biopharmaceutique terminée2009-01-28
Évaluation de l'étiquetage terminée2009-01-23
Délivrance de l'avis de conformité par le directeur général2008-01-28