Sommaire des motifs de décision portant sur Somavert

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.
Somavert

Pegvisomant, 10, 15 et 20 mg par flacon, Poudre lyophilisée pour reconstitution, Injection sous-cutanée

Pfizer Canada Inc.

No de contrôle de la présentation : 082148

Émis le : 2006-11-06

Direction générale des produits de santé et des aliments

Notre mission est d'aider les Canadiennes et les Canadiens à maintenir et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada

Le mandat de la DGPSA est d'adopter une approche intégrée à la gestion des risques et des avantages pour la santé liés aux produits de santé et aux aliments :

  • en réduisant les facteurs de risque pour la santé des Canadiens et des Canadiennes tout en maximisant la protection offerte par le système réglementaire des produits de la santé et des aliments;
  • et en favorisant des conditions qui permettent aux Canadiens et aux Canadiennes de faire des choix sains ainsi qu'en leur donnant des renseignements afin qu'ils ou qu'elles puissent prendre des décisions éclairées en ce qui a trait à leur santé.

Direction générale des produits de santé et des aliments

Also available in English under the following title: Summary Basis of Decision (SBD), PrSOMAVERT, pegvisomant, 10 mg, 15 mg, and 20 mg per vial, lyophilized powder for reconstitution, Pfizer Canada Inc., Submission Control No. 082148

Avant-propos

Le Sommaire des motifs de décision (SMD) de Santé Canada expose les motifs d'ordre scientifique et réglementaire sur lesquels reposent les décisions de Santé Canada concernant la réglementation des médicaments et des instruments médicaux. Les SMD sont rédigés en langage technique à l'intention des personnes et groupes intéressés aux décisions de Santé Canada portant sur un produit donné et sont le reflet des observations consignées dans les rapports d'évaluation. À ce titre, les SMD servent à compléter et non à répéter l'information contenue dans la monographie de produit.

Nous invitons les lecteurs à consulter le « Guide du lecteur sur le Sommaire des motifs de décision - Médicaments au sujet de l'interprétation des termes et des acronymes utilisés ici. Ils trouveront également dans ce guide un aperçu du processus d'examen des présentations de drogue dans le feuillet intitulé « Comment les médicaments sont examinés au Canada », qui décrit les facteurs pris en considération par Santé Canada au cours du processus d'examen et d'autorisation d'une présentation de drogue. Les lecteurs devraient aussi consulter le document intitulé « Initiative du sommaire des motifs de décision - Foire aux questions ».

Le SMD correspond à l'information dont disposent les autorités de réglementation de Santé Canada au moment de prendre une décision. Les présentations subséquentes examinées à d'autres fins ne sont pas incluses dans la Phase I de la stratégie de mise en oeuvre des SMD. Pour obtenir de l'information à jour sur un produit en particulier, les lecteurs sont priés de consulter la monographie la plus récente de ce produit. Santé Canada fournit également l'information au sujet mises en garde diffusées après la commercialisation ou d'avis émis à la suite d'effets indésirables (EI).

Pour de plus amples renseignements sur un produit en particulier, les lecteurs peuvent également se rendre sur les sites Web des organismes de réglementation d'autres pays. L'information reçue à l'appui d'une présentation de drogue au Canada peut cependant ne pas être identique à celle reçue par d'autres gouvernements.

Autres politiques et lignes directrices

Les lecteurs sont invités à consulter le site Web de Santé Canada, où ils trouveront d'autres politiques et lignes directrices au sujet des médicaments, notamment le document intitulé «Gestion des présentations de drogues ».

1 Information sur le produit et la présentation

Marque nominative :

Somavert

Fabricant/promoteur :

Pfizer Canada Inc.

Ingrédient médicinal :

Pegvisomant

Dénomination commune internationale :

Pegvisomant

Concentration :

10, 15 et 20 mg par flacon

Forme posologique :

Poudre lyophilisée pour reconstitution

Voie d'administration :

Injection sous-cutanée

Identification numérique de drogue (DIN) :

  • 02272199 - 10 mg par flacon
  • 02272202 - 15 mg par flacon
  • 02272210 - 20 mg par flacon

Classe pharmaco-thérapeutique (classe ATC) :

Antagoniste des récepteurs de l'hormone de croissance

Ingrédients non médicinaux :

Glycine, mannitol, phosphate dibasique de sodium anhydre, et monohydrate de phosphate monobasique de sodium

Type et numéro de présentation :

Présentation de drogue nouvelle, no de contrôle 082148

Date de la présentation :

2003-01-16

Date de l'autorisation :

2005-10-17

Marque déposée (MD) de Pfizer Enterprises, SARL Titulaire de licence - Pfizer Canada Inc. © Pfizer Canada Inc. 2005

2 Avis de décision

Le 17 octobre 2005, Santé Canada a émis à l'intention de Pfizer Canada Inc. un avis de conformité du produit pharmaceutique Somavert.

Somavert contient l'ingrédient médicinal pegvisomant, un antagoniste des récepteurs de l'hormone de croissance (GH) humaine fabriqué par la technologie de l'ADN recombinant.

Somavert est indiqué pour le traitement de l'acromégalie chez les patients qui n'ont pas bien répondu à un traitement chirurgical et/ou à la radiothérapie, ou à d'autres traitements médicaux, ou à qui ces traitements ne conviennent pas. L'acromégalie est une maladie endocrinienne rare, causée par une sécrétion excessive de GH. Les effets cliniques qui y sont associés sont attribuables à de fortes concentrations sériques de GH et du facteur de croissance 1 analogue à l'insuline (IGF 1), dépendant de la GH. Le traitement par Somavert vise à rétablir des concentrations sériques normales d'IGF 1 et à atténuer les signes et symptômes cliniques. Somavert inhibe les récepteurs de la GH à la surface des cellules, ce qui empêche leur activation par les concentrations élevées de GH circulante.

Somavert a été évalué dans le cadre de la Politique sur le traitement prioritaire; on a pris en considération la gravité de la maladie traitée, l'absence de traitement adéquat et les signes cliniques d'efficacité observés (dans le cadre de l'évaluation clinique faite par Santé Canada). Somavert est un traitement novateur destiné aux patients atteints d'acromégalie, dont le profil d'innocuité est considérablement supérieur à celui d'autres traitements médicaux.

L'autorisation de commercialisation s'appuie sur des données sur la qualité (chimie et fabrication) et des données tirées des études precliniques et cliniques. Somavert présente des signes satisfaisants d'efficacité pour l'indication autorisée, et les données ont montré qu'il permet de normaliser les concentrations d'IGF-1 et d'atténuer les symptômes d'acromégalie. Somavert devrait être administré dans les conditions décrites dans la monographie de produit, compte tenu des risques potentiellement associés à l'administration de ce produit pharmaceutique.

Somavert (en flacons de 10 mg, 15 mg ou 20 mg) est offert sous forme de poudre lyophilisée. Le contenu de chaque flacon doit être reconstitué en y ajoutant 1 mL du diluant fourni dans l'emballage. Une dose de charge de 40 mg de Somavert devrait être administrée par voie sous cutanée sous supervision médicale. Le patient devrait ensuite commencer une série d'injections quotidiennes de 10 mg de Somavert. Les concentrations sériques d'IGF 1 devraient être mesurées toutes les 4 à 6 semaines, ce qui permettra d'ajuster la dose en ajoutant 5 mg/jour (ou en enlevant 5 mg/jour si les concentrations d'IGF-I tombent sous la normale), de manière à maintenir la concentration sérique d'IGF à l'intérieur d'une plage normale ajustée selon l'âge et à atténuer les signes et symptômes d'acromégalie. La dose maximale est de 30 mg/jour. D'autres recommandations concernant la posologie sont décrites dans la monographie de produit.

Somavert est contre indiqué chez les patients ayant des antécédents d'hypersensibilité à l'un de ses composants. Le bouchon du flacon contient du latex. Les conditions détaillées relatives à l'usage de Somavert sont décrites dans la monographie de produit.

Conformément à son examen des données portant sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité du produit, Santé Canada juge que le rapport entre les avantages et les risques de Somavert est favorable au traitement de l'acromégalie chez les patients qui n'ont pas bien répondu à un traitement chirurgical et/ou à la radiothérapie, ou à d'autres traitements médicaux, ou à qui ces traitements ne conviennent pas.

3 Motifs d'ordre scientifique et réglementaire

3.1 Motifs d'ordre qualitatif

3.1.1 Substance médicamenteuse (Ingrédient médicinal)

Somavert contient l'ingrédient médicinal pegvisomant, un antagoniste des récepteurs de l'hormone de croissance (GH) humaine pégylé fabriqué par la technologie de l'ADN recombinant. Somavert est indiqué pour le traitement de l'acromégalie chez les patients qui ne répondent pas adéquatement à une intervention chirurgicale et/ou à la radiothérapie, ou à d'autres traitements médicaux, ou chez qui ces traitements ne conviennent pas. L'acromégalie est une maladie chronique grave et débilitante, caractérisée par une sécrétion excessive de l'hormone de croissance (GH) humaine et une augmentation du taux sérique du facteur de croissance I analogue à l'insuline (IGF-1). Elle résulte habituellement d'un adénome bénin de l'hypophyse. Le but du traitement est de ramener le taux d'IGF-1 à la normale pour atténuer les signes et symptômes cliniques de la maladie. Le pegvisomant est un analogue de la GH humaine qui, grâce à une modification structurale, se lie aux récepteurs de la GH humaine sans déclencher la transduction de signal et empêche la fixation de la GH humaine endogène. L'inhibition de la GH humaine entraîne une diminution du taux sérique d'IGF-1 et d'autres protéines sériques sensibles à la GH, dont l'IGFBP-3 (IGF binding protein-3) et la sous-unité labile aux acides (ALS). Il en résulte une disparition et/ou une atténuation partielle des signes et symptômes d'acromégalie.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Le pegvisomant est produit par la pégylation d'un analogue de l'hormone de croissance humaine généré par la technologie de l'ADN recombinant dans des cellules d'E. coli, à l'aide d'une banque de cellules maîtresses et d'une banque de cellules actives bien caractérisées. Le procédé de fabrication comprend trois phases : la fermentation, la purification du produit intermédiaire en vrac et la pégylation.

Les matières utilisées dans la fabrication sont jugées acceptables et conformes aux normes s'appliquant à l'usage prévu. Le procédé de fabrication est considéré comme faisant l'objet d'un contrôle approprié à l'intérieur de limites justifiées.

Caractérisation

Le pegvisomant contient 191 résidus d'acides aminés auxquels des polymères de polyéthylène glycol (PEG) sont liés par covalence. La séquence d'acides aminés du pegvisomant est identique à celle de la GH humaine, à l'exception de substitutions intéressant neuf résidus.

Les caractéristiques physico-chimiques du pegvisomant ont été déterminées à l'aide de méthodes appropriées. L'activité biologique du pegvisomant se limite à l'inhibition de l'activation du récepteur de la GH humaine. Les mutations introduites pour augmenter l'affinité du pegvisomant pour le récepteur de la GH humaine augmentent également la spécificité du récepteur. Le pegvisomant n'interagit pas avec le récepteur de la prolactine humaine, contrairement à la GH humaine native qui est capable de s'y lier et de l'activer.

Des études de caractérisation approfondies ont été réalisées pour assurer que le pegvisomant est uniformément fabriqué avec la structure appropriée, notamment son activité biologique. Les résultats des épreuves auxquelles ont été soumis divers lots de pegvisomant attestent d'une activité spécifique et d'un profil de pégylation uniformes. Plusieurs études employant des méthodes adéquates pour analyser la structure moléculaire ont été menées.

Les résultats des études de caractérisation montrent que le pegvisomant possède la structure et l'activité biologique prévues. Les études de validation du procédé et l'analyse de lots attestent de l'uniformité de ces derniers. Les impuretés et produits de dégradation potentiels résultant de la fabrication et/ou de l'entreposage ont été signalés et caractérisés. Ces impuretés se sont révélées conformes aux limites établies et sont par conséquent acceptables.

Contrôle de la substance médicamenteuse

Les rapports de validation de tous les procédés qui ont servi à l'analyse de la substance médicamenteuse finie et à la justification des spécifications de la substance médicamenteuse ont été jugés satisfaisants.

Les matériaux d'emballage prévus sont jugés acceptables.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais accélérés et en temps réel, la durée de conservation ainsi que les conditions d'entreposage et d'expédition de la substance médicamenteuse étaient bien étayées et sont donc considérées comme satisfaisantes.

3.1.2 Produit pharmaceutique

Description et composition

Somavert est offert sous forme de poudre blanche stérile lyophilisée à injecter après reconstitution avec 1 mL d'eau stérile. Il est vendu en flacons de verre de type I USP Flint unidoses de 6 mL contenant 10, 15 ou 20 mg de la protéine pegvisomant. Chaque flacon contient également 1,36 mg de glycine, 36,0 mg de mannitol, 1,04 mg de phosphate dibasique de sodium anhydre et 0,36 mg de monohydrate de phosphate monobasique de sodium. Le produit ne contient aucun agent de conservation. Les flacons sont scellés par un bouchon de caoutchouc gris de 20 mm et par une capsule d'aluminium à soulever. Le bouchon du flacon contient du latex. Les composés ont été bien tolérés lors des essais cliniques. Le produit est stable, tant sous la forme de poudre lyophilisée que sous la forme de solution reconstituée.

L'eau pour injection est conditionnée dans un flacon de verre de 15 mL conforme aux exigences de la Pharmacopée européenne (verre hydrolytique de classe I). Les flacons sont scellés par des bouchons de caoutchouc isobutylène rouges de 20 mm et par un capuchon de plastique rouge/or de
20 mm.

Tous les excipients contenus dans le produit pharmaceutique sont autorisés par le Règlement sur les aliments et drogues du Canada. L'adéquation de la formulation Somavert est confirmée par les résultats des études de validation et de stabilité.

>Élaboration du produit pharmaceutique

Somavert est offert en trois doses pour répondre aux différentes demandes. Le produit pharmaceutique contient de la glycine et du mannitol, et est lyophilisé pour une plus grande stabilité.

La formulation choisie permet de maintenir l'activité du pegvisomant et son intégrité structurelle pendant la durée de conservation proposée. Les excipients utilisés dans la formulation sont conformes aux normes USP.

Des changements ont été apportés au procédé de fabrication durant l'élaboration du produit. Des données portant sur les caractéristiques physico-chimiques et biologiques ont démontré la biocomparabilité entre les lots de développement et les lots commerciaux.

Procédés de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Somavert est préparé, soumis à une filtration stérile, versé dans les flacons et lyophilisés, puis les flacons sont fermés au moyen d'un bouchon. Tout l'équipement, les paramètres de fonctionnement, les étapes en cours de fabrication et les instructions détaillées sont dûment décrits dans la documentation fournie.

L'eau utilisée pour injection est filtrée au moyen d'une membrane filtrante stérile de 0,22 µm. Le médicament en vrac est ensuite versé dans des flacons stérilisés et dépyrogénés dans des conditions aseptiques. Les flacons sont fermés au moyen de bouchons de caoutchouc stérilisés et le produit est stérilisé dans son contenant final.

Il a été montré que le procédé de fabrication commercial permettait d'obtenir un produit uniforme. Il est considéré comme dûment contrôlé à l'intérieur de limites justifiées.

Contrôle du produit pharmaceutique

Somavert a été soumis à des tests visant à en vérifier l'apparence, l'identité, la pureté, la stérilité et l'activité, et à contrôler les paramètres liés à la formulation, tels que la teneur en protéines et le pH. Les spécifications des tests et les méthodes d'analyse ont été justifiées et sont jugées acceptables.

Les rapports de validation de tous les procédés analytiques qui ont servi à l'analyse du produit pharmaceutique fini ont été jugés acceptables et conformes aux lignes directrices de l'ICH.

Stabilité

À la lumière des données de stabilité présentées, fondées sur des essais en temps réel et des essais accélérés, la durée de conservation prévue de Somavert, soit 24 mois à une température de 2 à 8oC, est jugée acceptable. Somavert ne contient aucun agent de conservation, que ce soit dans le produit pharmaceutique lyophilisé ou le diluant. Somavert devrait par conséquent être administré dans les trois heures qui suivent sa reconstitution.

La durée de conservation de l'eau pour injection est de 60 mois lorsqu'elle est entreposée dans des conditions identiques.

3.1.3 Installations et équipement

La Direction des produits biologiques et des thérapies génétiques de Santé Canada a effectué des évaluations sur les lieux des installations de fabrication et d'analyses du pegvisomant et de Somavert. L'aménagement, le fonctionnement et les mécanismes de contrôle des installations et de l'équipement servant à la production sont jugés acceptables pour les activités et les produits fabriqués. Toutes les installations sont conformes aux Bonnes pratiques de fabrication (BPF).

3.1.4 Évaluation de l'innocuité des agents adventices

Les mesures appropriées ont été prises pour s'assurer que les matières brutes entrant dans la fabrication de Somavert ne présentaient qu'un risque minimal de contamination par des agents adventices. Les excipients utilisés dans la formulation du produit pharmaceutique ne sont pas d'origine animale ni humaine.

3.1.5 Résumé et conclusion

Somavert (pegvisomant) a été soumis à des examens chimiques et de fabrication et satisfait aux exigences de l'article C.08.002 du Règlement sur les aliments et drogues en ce qui concerne l'information sur la qualité (chimie et fabrication).

L'information présentée pour Somavert montre que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications convenues. Des études appropriées sur l'élaboration et la validation ont été menées et des contrôles adéquats sont en place pour la commercialisation.

3.2 Motifs non cliniques de la décision

Onze études pharmacologiques non cliniques ont été menées, à savoir trois études pharmacodynamiques primaires, deux études pharmacodynamiques secondaires, cinq études pharmacocinétiques et une étude sur les interactions médicamenteuses.

3.2.1 Pharmacodynamique

L'affinité de liaison du pegvisomant pour les récepteurs de la GH dans le foie a été étudiée in vitro chez la souris, le rat, le lapin, le chien, le singe et l'humain. Une méthode de liaison compétitive de la GH humaine radiomarquée (125I) a été utilisée. Les résultats ont montré que l'affinité du pegvisomant pour les récepteurs de la GH était plus élevée chez le singe, le lapin et l'humain que chez la souris, le rat et le chien. Il se pourrait que cette différence soit fonction de l'espèce. Il s'agit toutefois de données préliminaires, les expériences n'ayant été réalisées qu'une seule fois pour chaque récepteur.

La capacité du pegvisomant à faire baisser le taux d'IGF-1 a été étudiée in vivo chez le lapin et le singe rhésus après administration sous-cutanée (lapins et singes) ou intraveineuse (singes uniquement) répétée. Dans l'étude menée chez le lapin, trois lapines néo-zélandaises ont reçu des injections pendant deux périodes, à trois jours d'intervalle. Les résultats ont révélé une baisse de plus de 50 % du taux sérique moyen d'IGF-1 après l'administration des doses pendant la première période, comparativement à 20 à 33 % dans le groupe placebo. Aucune baisse supplémentaire n'a été observée après la seconde période et le taux d'IGF-1 a réaugmenté dans les deux groupes.

Dans l'étude menée chez le singe rhésus, le pegvisomant a fait baisser le taux sérique d'IGF-1 plus efficacement que les autres antagonistes de la GH après une seule dose administrée par voie sous-cutanée ou intraveineuse. Le pegvisomant a également fait baisser le taux d'IGFBP-3, une protéine qui séquestre l'IGF-I. Une seule administration sous-cutanée de pegvisomant à des doses variant de 0,3 à 1,0 mg/kg a entraîné une baisse du taux d'IGF-1 proportionnelle à la dose. Les taux d'IGF-1 étaient les plus bas de 6 à 7 jours après l'administration de la dose; ils sont retournés à leur valeur initiale 14 jours après l'administration de la dose. L'effet maximal, à savoir une baisse moyenne d'environ 80 % du taux d'IGF-1 par rapport à la valeur initiale, a été observé chez les singes rhésus ayant reçu 1,0 mg/kg de pegvisomant. Après une administration sous-cutanée répétée (0,21 ou 0,15 mg/kg une fois par jour pendant 14 jours), le taux d'IGF-1 a baissé de 80 % entre le septième et le vingt et unième jour suivant la première dose pour commencer ensuite à réaugmenter vers la valeur initiale. L'effet s'est révélé sélectif puisqu'aucun changement des taux d'insuline, de glucose et de cholestérol n'a été observé après le traitement par le pegvisomant.

3.2.2 Pharmacocinétique

Le profil pharmacocinétique du pegvisomant a été étudié après administration d'une ou de plusieurs doses par voie sous-cutanée ou intraveineuse chez la souris, le rat et le singe rhésus. La clairance et le volume de distribution se sont révélés faibles chez toutes les espèces, tandis que la demi-vie terminale d'élimination allait de 17 à 39 heures. Des signes indiquant une cinétique d'élimination non linéaire ont été observés après l'administration d'une dose de 1 mg/kg chez le singe. L'absorption du pegvisomant était élevée après l'administration sous-cutanée. La biodisponibilité était d'environ 70 % chez le singe et légèrement plus faible chez la souris.

Chez le rat, le pegvisomant est principalement éliminé par les reins.

3.2.3 Toxicologie

Des études de toxicologie ont été menées chez la souris, le rat et le singe.

Études menées sur la toxicité aiguë à long terme

Lors des études menées sur la toxicité aiguë, Somavert a été administré à des souris par voie intraveineuse ou sous-cutanée en dose unique pouvant atteindre 10 mg/kg et à des singes macaques par voie intraveineuse, en une dose unique de 15 ou de 100 mg/kg. Dans les deux cas, aucun effet toxique n'a été observé.

Toxicité à long terme

La toxicité à plus long terme a été évaluée à 2 semaines chez la souris, et à 4 et 26 semaines chez le macaque. Une irritation au point d'injection a été observée chez la souris et chez le macaque. Quelques altérations de la fonction hépatique ont également été observées, mais elles n'ont pas été directement reliées à la prise de pegvisomant. Les mêmes altérations se sont produites chez les rats ayant reçu du pegvisomant pendant 26 semaines, en plus d'une hypertrophie rénale. À l'échelle microscopique, plusieurs effets, tels que la vacuolisation hépatocellulaire, ont également été observés. La plupart d'entre eux se sont toutefois révélés réversibles à des doses plus faibles. Chez les macaques traités pendant 26 semaines, ces altérations ont été attribuées aux effets pharmacologiques de Somavert. La concentration sans effet observé (CSEO) était de 1,0 mg/kg/jour chez le rat et de 0,3 mg/kg/semaine chez le singe. La concentration sans effet indésirable observé (CSEIO) chez le singe était de 1,0 mg/kg/semaine administré par voie sous cutanée. Dans l'étude portant sur les macaques, le pegvisomant a été administré à raison d'une dose hebdomadaire pendant 6 mois, alors qu'il est injecté quotidiennement chez l'humain. Autrement dit, l'exposition chez le macaque n'était pas plus élevée que chez les patients à la dose thérapeutique.

Génotoxicité

D'après les résultats de deux tests d'Ames et d'un test d'aberration chromosomique mené in vitro sur des lymphocytes humains, le pegvisomant n'est pas génotoxique. Dans les études animales, le pegvisomant a affiché une activité antitumorale et ne s'est pas révélé mutagène lors du test d'Ames.

Toxicité pour la reproduction

Aucun signe d'effet tératogène n'a été observé dans les études menées sur des embryons/fotus lorsque l'exposition au pegvisomant avait lieu pendant l'organogenèse. Toutefois, des cas d'expulsion de l'embryon après l'implantation ont été observés chez le lapin.

3.2.4 Résumé et conclusion

Les données toxicologiques et pharmacologiques ont été jugées suffisantes pour tirer des conclusions favorables sur la pharmacodynamique, la pharmacocinétique et l'innocuité toxicologique du pegvisomant.

L'absence d'études sur la toxicité et la cancérogénicité à long terme du pegvisomant a été soulignée par l'Agence européenne du médicament (European Medicines Agency, EMEA). Le fabricant a néanmoins argué qu'en raison de la nature de l'acromégalie et de la spécificité du produit, la conduite d'autres études non cliniques de plus d'un an n'apporterait pas grand-chose de nouveau. En effet, la souplesse des lignes directrices de l'ICH sur la toxicité est telle que des études de seulement six mois peuvent être considérées adéquates si la maladie le justifie et lorsque ces études n'apporteraient que peu de nouvelles données. Il s'agit néanmoins de l'une des questions débattues avec la FDA et l'EMEA. Le promoteur s'est d'ailleurs engagé auprès de la FDA à mener des études sur la cancérogénicité.

3.3 Motifs cliniques de la décision

3.3.1 Pharmacologie humaine

Le taux d'IGF-1 est un marqueur biochimique déterminant l'excès de GH humaine. L'action antagoniste du pegvisomant bloque les récepteurs de la GH, ce qui inhibe l'action de la GH humaine. Il en résulte une baisse des taux sériques d'IGF-1 et d'autres protéines sériques sensibles à la GH, notamment l'IGFBP-3. La capacité du pegvisomant à faciliter cette action a été évaluée dans trois études cliniques pharmacologiques. Les données recueillies lors de ces études étaient très variables d'un sujet à l'autre et se fondaient sur des échantillons de petite taille; elles n'ont donc pas pu être considérées comme concluantes.

L'EMEA et la FDA ont des avis divergents sur les études cliniques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques. Puisqu'aucune relation dose-réponse précise n'a été mise en évidence lors de l'administration d'une dose unique de pegvisomant, les doses initiales de Somavert diffèrent entre l'EMEA et la FDA, cette dernière privilégiant une dose d'attaque plus faible, soit
40 mg. Le choix de cette dose d'attaque (40 mg) se fonde sur le profil pharmacocinétique et les données cliniques probantes.

3.3.2 Pharmacodynamique

D'après les données recueillies auprès de sujets en bonne santé, les doses de Somavert d'environ 0,3 mg/kg à 1,0 mg/kg ont fait baisser le taux sérique d'IGF-1 après une seule administration sous-cutanée. D'autres données probantes concernant l'effet de la pharmacodynamique de Somavert sur les concentrations sériques d'IGF-1 ont été recueillies après l'administration répétée de Somavert à des patients atteints d'acromégalie ayant reçu plusieurs doses différentes. Chez ces patients, une baisse du taux d'IGF-1 proportionnelle à la dose a été observée, similaire à celle enregistrée chez les sujets en bonne santé. Les données pharmacodynamiques doivent néanmoins être interprétées avec prudence en raison de l'absence de groupes témoins (placebo) dans l'étude.

3.3.3 Pharmacocinétique

Le profil pharmacocinétique en relation avec la dose a été étudié chez des sujets masculins en santé. La Tmax a varié de 9 heures à 72 heures après l'administration sous cutanée d'une dose unique de Somavert allant de 0,03 mg/kg à 1,0 mg/kg. Des élévations de la Cmax et de l'ASC supérieures à celles proportionnelles à la dose ont été observées, ce qui fait craindre une sous-estimation possible de la concentration du médicament.

Une étude de biodisponibilité a montré un effet évident lié au sexe chez six hommes et six femmes. À l'exception de la Tmax, tous les autres paramètres pharmacocinétiques évalués dans l'étude se sont révélés différents selon le sexe, après une seule administration sous-cutanée de 20 mg. Les sujets masculins présentaient une Cmax et une ASC plus élevées, une demi-vie plus courte et une clairance plus lente que les sujets féminins. Étant donné la petite taille de l'échantillon, les résultats ne sont pas significatifs pour l'analyse pharmacocinétique réalisée en population. Toutefois, il serait intéressant d'étudier ce problème dans la pratique clinique. Les différences observées entre les sujets masculins et féminins pour la plupart des paramètres pharmacocinétiques après une seule perfusion intraveineuse de 10 mg sont minimes. L'ASC s'est toutefois révélée supérieure chez les hommes. La biodisponibilité était d'environ 59 % chez les hommes et de 48 % chez les femmes.

Les données pharmacocinétiques recueillies sur un petit nombre de patients atteints d'acromégalie (n = 3/groupe posologique) étaient comparables à celles obtenues auprès de sujets en bonne santé ayant suivi la même posologie (c.-à-d. une seule injection sous-cutanée de 0,3 à 1,0 mg/kg).

3.3.4 Efficacité clinique

Les études cliniques ont mis en lumière l'effet normalisateur de Somavert sur les taux d'IGF-1. Au total, quatre études (deux études pivotales et deux études non essentielles) ont été menées pour évaluer l'efficacité clinique de Somavert.

Études non essentielles

La première étude non essentielle était une étude de phase IIb de six semaines, menée à double insu avec contrôle placebo et doses multiples. L'objectif de l'étude était d'évaluer l'efficacité et l'innocuité de Somavert administré à raison de deux doses différentes à des patients de plus de 18 ans atteints d'acromégalie. Quarante-six patients ont été répartis aléatoirement en trois groupes : placebo (n = 15), Somavert à 30 mg/semaine (n = 16) et Somavert à 80 mg/semaine (n = 15). Somavert ou le placebo ont été administrés par injection sous-cutanée à chaque visite hebdomadaire dans le cadre du traitement. Plus de 80 % des patients ayant pris part à cette étude avaient été antérieurement traités par chirurgie, par radiothérapie ou par l'acétate d'octréotide. Les paramètres primaires d'efficacité étaient, d'une part, le changement en pourcentage du taux d'IGF-1 par rapport à la valeur initiale après six semaines de traitement et, d'autre part, le pourcentage de patients dont le taux d'IGF-1 sérique a été normalisé. Les paramètres secondaires d'efficacité étaient l'atténuation des signes et symptômes d'acromégalie, la grosseur des doigts et d'autres données.

Au début de l'étude, tous les patients affichaient un taux d'IGF-1 comparable. Après six semaines de traitement, le changement moyen en pourcentage par rapport à la valeur initiale était de - 15,7 % dans le groupe recevant Somavert à 30 mg, de - 31,3 % dans celui recevant Somavert à 80 mg et de - 0,4 % dans le groupe placebo. Les changements observés dans les deux groupes recevant le traitement actif étaient significatifs d'un point de vue statistique. Aucun changement statistiquement significatif n'a été observé dans aucun des groupes pour ce qui est des signes et symptômes d'acromégalie ou de la grosseur des doigts.

Une étude de prolongation de phase IIb multicentrique, avec étiquetage en clair et ajustement posologique a ensuite été menée chez les patients ayant terminé avec succès l'étude précédente. L'objectif de cette étude était d'évaluer le profil d'innocuité à long terme de Somavert chez des patients atteints d'acromégalie. À la première visite, chaque patient a reçu 30 mg du médicament, suivis de 30 mg ou plus toutes les semaines subséquentes. La posologie pouvait être ajustée par paliers hebdomadaires de 10 mg, jusqu'à un maximum de 80 mg/semaine, selon l'évaluation clinique de l'état du sujet par le chercheur. Les chercheurs ont tenu compte de la tolérabilité du médicament à l'étude, du taux d'IGF-1, des signes et symptômes d'acromégalie, de la grosseur des doigts, etc. La dose pouvait être revue à la baisse en tout temps. Le protocole a été modifié à plusieurs reprises en cours d'étude. Ainsi, la dose maximale est passée de 80 mg par semaine à 40 mg par jour. La pénurie de médicament a contraint certains sujets à interrompre leur traitement.

Trente-six patients ont pris part à l'étude de prolongation. La durée du traitement variait d'un patient à l'autre, la durée moyenne du traitement par Somavert étant de 84,7 semaines. Les paramètres d'efficacité primaires et secondaires étaient identiques à ceux de l'étude principale. Le taux d'IGF-1 s'est normalisé chez 17 des patients inscrits pendant la phase d'administration hebdomadaire de l'étude. Le taux d'IGF-1 a baissé chez les 36 participants pour atteindre la plage de valeurs normales, soit celle dans laquelle se situaient les témoins appariés selon l'âge, au moment de la dernière visite de la phase d'administration quotidienne de l'étude. Pendant la phase d'administration quotidienne, on a noté chez la plupart des sujets un taux d'IGF-1 normal à une dose de 10 mg/jour de pegvisomant. De légères améliorations ont été observées à la fin de l'étude concernant les signes et symptômes d'acromégalie et la grosseur des doigts. Bien que ces études suggèrent le potentiel thérapeutique du produit, aucune d'entre elles n'a été considérée comme fournissant une mesure adéquate de l'utilité thérapeutique dans cette population de patients. L'évaluation de l'adéquation du traitement devrait reposer sur sa capacité à maintenir la concentration sérique d'IGF-1 dans la plage des valeurs normales. Aucune de ces études n'était conçue pour montrer que le traitement par Somavert se traduisait par une normalisation durable du taux d'IGF-1.

Études pivotales

La première étude pivotale était une étude de phase III multicentrique, menée à double insu avec répartition aléatoire et contrôle placebo. L'objectif de l'étude consistait à évaluer la tolérabilité et l'efficacité du traitement par Somavert chez des patients atteints d'acromégalie. Au total, 112 patients âgés de plus de 18 ans ayant reçu le diagnostic d'acromégalie ont été répartis aléatoirement en quatre groupes : placebo (n = 26), Somavert à 10 mg/jour (n = 26), Somavert à 15 mg/jour (n = 26) et Somavert à 20 mg/jour (n = 26). Les sujets ont reçu le placebo ou Somavert par injection sous cutanée, en un seul bolus, puis une fois par jour pendant 12 semaines.

Le paramètre primaire d'efficacité était la baisse en pourcentage du taux d'IGF-1 par rapport à la valeur initiale. Les paramètres secondaires comprenaient le nombre de cas où une normalisation du taux d'IGF-1 était observée, la réduction de la sous-unité labile aux acides (ALS), le taux d'IGF-1 libre et les signes et symptômes d'acromégalie.

Les trois groupes recevant le traitement actif ont affiché une baisse du taux d'IGF-1 par rapport à la valeur initiale statistiquement significative comparativement au groupe recevant le placebo, à chaque point dans le temps suivant l'administration du traitement. Un taux d'IGF-1 sérique compris dans la plage de référence ajustée selon l'âge a été obtenu par 54, 81 et 89 % des patients recevant 10, 15 et 20 mg/jour, respectivement. À la fin de l'étude, le pourcentage de sujets dont le taux d'IGF-1 s'était normalisé était de 38,5, 75 et 82,1 % dans les groupes recevant 10, 15 et 20 mg/jour, respectivement. La baisse du taux sérique d'IGF-1 s'est accompagnée d'une atténuation significative des signes et symptômes de l'acromégalie évolutive, plus particulièrement de l'odème des tissus mous (mesuré par la grosseur des doigts), de la sudation et de la fatigue. En seulement 12 semaines, la grosseur moyenne des doigts a diminué, proportionnellement à la dose, de jusqu'à 2,5 fois chez les patients recevant 20 mg/jour.

Des analyses de sous-groupes ont été réalisées auprès des sujets traités antérieurement par un analogue de la somatostatine ou un agoniste de la dopamine. Après une période de sevrage, l'administration de Somavert à des doses de 15 et 20 mg/jour ont fait baisser le taux d'IGF-1 à un niveau jamais atteint avec l'un ou l'autre des deux traitements pris antérieurement. Il est à noter que ces analyses ont été réalisées chez des patients qui n'avaient pas répondu aux autres modes de traitement.

Une étude de prolongation de phase III multicentrique, avec étiquetage en clair et ajustement posologique, a fait suite à l'étude de 12 semaines. L'objectif de cette étude était d'évaluer l'innocuité, la tolérabilité et l'efficacité à long terme de Somavert (5 à 40 mg/jour) chez des sujets atteints d'acromégalie. La méthodologie de l'étude prévoyait une phase d'ajustement posologique (pour normaliser le taux d'IGF-1) et une phase d'entretien simulant la pratique clinique. L'étude a porté sur 108 patients, dont 103 avaient pris part à l'étude précédente. Les sujets ont reçu Somavert, administré en injection sous-cutanée quotidienne, pendant une période allant jusqu'à 82 semaines (moyenne = 42,6 semaines, plage = 1 à 82 semaines). Chaque dose a été ajustée jusqu'à ce que le taux sérique d'IGF-1 revienne à la normale ou jusqu'à l'atteinte de la dose maximale de 40 mg. Le paramètre primaire d'efficacité était la baisse en pourcentage du taux d'IGF-1 par rapport à la valeur enregistrée à la fin de l'étude précédente. Les paramètres secondaires étaient les suivants : normalisation du taux d'IGF-1, score de gravité de l'acromégalie et grosseur des doigts.

Parmi les patients traités, 92,6 % (100 sur 108) ont atteint un taux d'IGF-1 normal. Seuls 84 patients ont en fait terminé l'étude, la principale raison des abandons étant la pénurie de médicament. La majorité des sujets (63 %) ont atteint un taux d'IGF-1 normal à la dose initiale de Somavert, soit 10 mg/jour. Les améliorations au niveau de la régulation biochimique ont été une fois de plus associées à une réduction de la grosseur des doigts et à une atténuation des signes et symptômes enregistrée à l'aide des scores d'acromégalie.

En résumé, il a été montré que Somavert est un traitement médical efficace pour normaliser les concentrations sériques d'IGF-1 et atténuer les signes et symptômes d'acromégalie.

3.3.5 Innocuité clinique

Plusieurs études ont permis d'établir le profil d'efficacité et d'innocuité de Somavert. Les principaux problèmes d'innocuité mentionnés dans la monographie de produit sont les suivants: insuffisance hépatique avec les ajustements posologiques nécessaires pour l'immunogénicité (anticorps non neutralisants de faible titre n'ayant aucun effet sur l'efficacité) et quelques interactions médicamenteuses chez les diabétiques ou les consommateurs d'opioïdes. Somavert interagit avec la GH lors des dosages radio immunologiques de la GH habituels. De plus, on note une élévation du taux de GH après l'instauration du traitement par Somavert, qui se stabilise à environ 2 semaines. C'est la raison pour laquelle la mesure de la GH ne peut être utilisée pour ajuster la dose de Somavert. L'ajustement posologique devrait reposer sur la normalisation du taux d'IGF-1.

Études non essentielles

Plusieurs évaluations ont été réalisées durant l'étude de 6 semaines pour analyser l'innocuité de Somavert. Les événements indésirables (EI) ont été signalés, des épreuves de laboratoire ont été réalisées pour les besoins de diverses évaluations, les anticorps anti-pegvisomant et anti-GH ont été quantifiés et des examens d'imagerie par résonance magnétique (IRM), des radiographies pulmonaires et des électrocardiogrammes (ECG) ont été réalisés avant et après le traitement. Au total, 107 EI ont été signalés, mais un seul d'entre eux était de nature sérieuse. Aucun décès ou abandon pour cause d'EI n'a été enregistré. Aucun changement cliniquement significatif n'a été observé au niveau des examens IRM de l'hypophyse. Enfin, aucun patient n'a fabriqué des anticorps anti-GH en cours de traitement.

Les mêmes évaluations de l'innocuité ont été réalisées durant l'étude de prolongation de 12 semaines. Parmi les 36 patients inscrits, 29 ont connu 151 EI, dont 5 événements sérieux et 20 événements graves. Aucun décès n'a été enregistré.

Études pivotales

Dans la première étude pivotale, l'innocuité a été évaluée à l'aide d'épreuves cliniques de laboratoire, d'analyses de l'hypophyse par IRM, d'ECG, d'examens physiques, de prise des signes vitaux, des EI et de la mesure des taux de GH et d'anticorps anti-GH. L'incidence des EI s'est révélée similaire dans les quatre groupes de traitement, les plus fréquents étant les suivants : asthénie, syndrome grippal, céphalée, infection, réaction au point d'injection, douleur, fonction hépatique anormale, diarrhée, nausées, étourdissements, somnolence et sudation. Un des patients appartenant au groupe recevant la dose de 15 mg/jour présentait une élévation du taux de transaminases hépatiques et a été retiré de l'étude. Huit EI sérieux ont nécessité une hospitalisation, mais aucun d'entre eux n'a été considéré comme étant lié au médicament à l'étude. Aucun changement cliniquement significatif de la taille de la tumeur hypophysaire n'a été observé. De plus, aucun sujet n'a fabriqué un taux cliniquement significatif d'anticorps anti-GH en cours de traitement.

Pendant l'étude de prolongation, aucun changement cliniquement significatif n'a été observé au niveau des résultats moyens obtenus aux paramètres de laboratoire évaluant l'innocuité. Un sujet a été retiré de l'étude en raison d'une élévation du taux de transaminases. Une élévation légère à modérée du taux de transaminases a été observée chez dix autres sujets. Une hypercholestérolémie a été décelée chez 14 sujets mais dans la plupart des cas, celle-ci était légère ou pas plus élevée qu'au début de l'étude. En règle générale, aucune augmentation de volume de la tumeur hypophysaire n'a été observée. Chez trois sujets, on a enregistré une prise de poids égale ou supérieure à 10 kg.

Le nombre de patients (n = 109) et la durée du traitement (plage = de 1 à 82 jours, moyenne = 42,6 semaines) par Somavert demeurent relativement restreints. Des études à long terme sont nécessaires pour évaluer adéquatement l'innocuité de Somavert. Un sujet a présenté une augmentation cliniquement significative du volume tumoral alors qu'il prenait cet agent. Les patients qui reçoivent Somavert devraient se soumettre chaque année à une évaluation du volume de l'adénome par IRM. Deux patients ont également présenté une altération de la fonction hépatique induite par Somavert. Il est donc important que les patients dont la fonction hépatique est anormale ne se fassent pas prescrire Somavert. Quant aux patients traités par Somavert, ils devraient se soumettre à des tests de la fonction hépatique une fois par mois pendant les six premiers mois de traitement.

En résumé, il faut soumettre tous les patients traités par Somavert à un programme de suivi à long terme, afin d'évaluer adéquatement son innocuité et de déceler les EI. Aucune étude comparant Somavert et les analogues de la somatostatine n'avait été menée au moment de l'examen de la présentation de drogue nouvelle. Étant donné que les analogues de la somatostatine sont actuellement la norme de soins, ces études devraient se révéler très utiles pour la prestation de conseils en pratique clinique.

3.3.6 Questions à résoudre

Les études cliniques n'ont pas suscité de controverse. La principale question posée concernait leur taille; toutefois, compte tenu de la prévalence de l'acromégalie, il n'est pas possible de mener des études cliniques de l'envergure à laquelle les organismes de réglementation sont habitués.

Les questions d'ordre clinique qui ont été soulevées par les trois organismes de réglementation, soit Santé Canada, la FDA et l'EMEA, étaient également comparables. Les réponses fournies par Pfizer à l'EMEA et à la FDA ont été jugées satisfaisantes, et peu d'autres questions ont été soulevées.

3.4 Évaluation des avantages / risques et recommandation

3.4.1 Évaluation des avantages / risques

L'acromégalie est une maladie sérieuse et débilitante caractérisée par une sécrétion excessive de GH et d'IGF-1, induite habituellement par un adénome bénin dans la portion antérieure de l'hypophyse. L'incidence annuelle moyenne de la maladie est de 3 ou 4 cas pour un million, tandis que sa prévalence est d'environ 60 cas pour un million. On dénombre environ 1 700 cas confirmés d'acromégalie au Canada. En l'absence de traitement, cette maladie est associée à un taux de morbidité et de mortalité important. Avec un traitement adéquat, la survie des patients est similaire à celle de la population générale.

Les traitements actuellement disponibles contre l'acromégalie sont la chirurgie, la radiothérapie ou le traitement médical par les agonistes de la dopamine ou les analogues de la somatostatine. L'approche biochimique, qui vise à normaliser le taux d'IGF-1, n'est pas efficace chez au moins 35 % des patients qui reçoivent les traitements actuellement approuvés.

Les études d'efficacité/d'innocuité menées sur Somavert ont porté sur un total de 112 patients antérieurement traités par chirurgie, radiothérapie et/ou médication. Ces études ont comparé Somavert à un placebo. La dose d'attaque utilisée était de 80 mg, suivie d'une dose de 10, 15 ou 20 mg par jour administrée par voie sous-cutanée. Les patients recevant Somavert ont affiché des réductions des concentrations sériques d'IGF 1, d'IGF-1 libre, d'IGFBP-3 et d'ALS statistiquement significatives et proportionnelles à la dose, comparativement au groupe traité par placebo. Après 12 semaines de traitement, le taux sérique d'IGF-1 était revenu à la normale chez plus de 82 % des patients, ce qui prouve que Somavert constitue un traitement efficace pour les patients atteints d'acromégalie qui n'ont pas répondu au traitement antérieur. Somavert marque un progrès significatif par rapport aux traitements médicaux existants en raison de son profil d'efficacité et d'innocuité supérieur.

Bien que l'acromégalie soit une maladie rare, elle n'en demeure pas moins grave et dévastatrice. Les traitements habituels ne sont pas parvenus à offrir une maîtrise clinique adéquate chez près de 30 % des patients atteints. Ces patients ne disposent d'aucun traitement de rechange. Les données de l'étude pivotale, dans laquelle 93 des 112 patients inscrits avaient subi une chirurgie ou une radiothérapie ou reçu un autre traitement médical ont révélé que ces patients continuaient de présenter un taux d'IGF-1 30 % plus élevé que la limite supérieure de la plage normale malgré leur traitement. Des réductions statistiquement significatives du taux d'IGF-1, ainsi qu'une atténuation des signes et symptômes d'acromégalie, ont été observées chez plus de 90 % des sujets traités par Somavert. Cette étude a montré que Somavert était efficace chez les patients qui n'avaient pas répondu aux traitements standard antérieurs.

Somavert est associé à un risque nettement moindre que dans le cas des traitements existants. D'après les données relatives à l'innocuité disponibles, Somavert a été bien toléré et se révèle avoir un profil d'innocuité plus favorable que le traitement médical standard (analogues de la somatostatine). La plupart des événements indésirables signalés avec Somavert ont été considérés comme étant légers et liés à la dose.

Le commanditaire s'est engagé à mener les mêmes études que pour l'EMEA et/ou la FDA après l'obtention de l'AC, à savoir :

  • Une étude clinique à répartition aléatoire pour évaluer la somatostatine et Somavert en association.
  • Une étude postcommercialisation menée chez les patients atteints d'acromégalie pour surveiller : la fonction hépatique, la fonction rénale, le taux d'IGF-1, le taux de GH, la croissance de la tumeur hypophysaire par des examens IRM de la selle turcique pour confirmer l'effet de Somavert à ce niveau, l'incidence des réactions hypoglycémiques et la diminution du recours aux antidiabétiques lorsque le diabète sucré fait partie de la maladie.
  • Une étude sur la faisabilité de la mise au point de nouvelles épreuves pour déceler la présence d'anticorps spécifiques anti-pegvisomant/GH.
  • Une étude de cancérogénicité standard menée chez une seule espèce.

Somavert a été évalué dans le cadre de la Politique sur le traitement prioritaire; on a pris en considération la gravité de la maladie traitée, l'absence de traitement adéquat et les signes cliniques d'efficacité observés (dans le cadre de l'évaluation clinique faite par Santé Canada). Somavert est un traitement novateur destiné aux patients atteints d'acromégalie, dont le profil d'innocuité est nettement supérieur à celui d'autres traitements médicaux.

3.4.2 Recommandation

Après avoir examiné les données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de ce produit, Santé Canada estime que Somavert a un profil avantages/risques favorable au traitement de l'acromégalie chez les patients qui n'ont pas bien répondu à un traitement chirurgical et/ou à la radiothérapie, ou à d'autres traitements médicaux, ou à qui ces traitements ne conviennent pas.

La présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1, et par conséquent, Santé Canada a accordé l'Avis de conformité prévu par l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues.

4 Étapes importantes de la présentation

Étapes importantes de la présentation: Somavert

Étape importante de la présentationDate
Réunion préalable à la présentation (Qualité) :2002-07-10
Réunion préalable à la présentation (Clinique):2002-10-07
Demande de traitement prioritaire
Déposée:2002-10-25
Approbation émis par la directrice, Centre d'évaluation des produits radiopharmaceutiques et biothérapeutiques:2002-11-21
Dépôt de la présentation:2003-01-15
Examen préliminaire
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire:2003-02-10
Avis de mise à jour émis:2003-08-28
Réponse déposée:2003-12-01
Examen
Évaluation sur place:2004-05-25
Évaluation de la qualité terminée:2004-11-03
Évaluation clinique terminée:2005-10-06
Examen de l'étiquetage terminé:2005-08-26
Délivrance de l'AC par le directeur général:2005-10-17