Sommaire des motifs de décision portant sur Pheburane

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.

Les sommaires des motifs de décision (SMD) présentent des renseignements sur l'autorisation initiale d'un produit. Le SMD portant sur Pheburane est accessible ci-dessous.

Activité récente relative à Pheburane

Les SMD relatifs aux médicaments autorisés après le 1er septembre 2012 seront mis à jour afin d'inclure des renseignements sous forme de tableau des activités postautorisation (TAPA). Le TAPA comprendra de brefs résumés d'activités telles que la présentation de demandes de nouvelles utilisations, ainsi que les décisions de Santé Canada (positives ou négatives). Les TAPA seront mis à jour régulièrement en ce qui a trait aux activités postautorisation tout au long du cycle de vie du produit.

Tableau des activités postautorisation (TAPA) portant sur Pheburane

Mise à jour :

2019-01-04

Le tableau suivant décrit les activités postautorisation menées à l’égard de Pheburane, un produit dont l’ingrédient médicinal est phénylbutyrate de sodium. Pour en savoir plus sur le type de renseignements présentés dans les TAPA, veuillez consulter la Foire aux questions : Phase II du projet de sommaires des motifs de décision (SMD) et à la liste des abréviations qui se trouvent dans les TAPA.

Pour de plus amples renseignements sur le processus de présentation de drogues, consultez le document intitulé Gestion des présentations de drogues.

Identification(s) numérique(s) des drogue(s) (DIN) :

  • DIN 02436663 - 483 mg/g phénylbutyrate de sodium, granules, orale

Tableau des activités postautorisation (TAPA)

Type et numéro d'activité ou de présentationDate de présentationDécision et dateSommaire des activités
SPDN Nº 2097652017-09-29Délivrance d'un AC
2017-12-08
Présentation déposée en tant que Niveau I - Supplément pour une mise à jour à la monographie de produit, à la notice d'emballage et aux étiquettes intérieures et extérieures à l'aide d'autres clarifications concernant l'utilisation de la cuillère calibrée fournie avec le produit. A cause du SPDN, des modifications ont été effectuées dans la section Posologie et administration de la MP. Des modifications correspondantes ont été effectuées à la partie III de l'MP intitulée Renseignements pour le consommateur. La présentation a été examinée et est considérée acceptable. Un AC a été délivrée.
SPDN Nº 2036292017-03-09Délivrance d'un AC
2017-10-19
Présentation déposée en tant que Niveau I - Supplément afin d'ajouter un site de fabrication alternatif pour la production de la substance médicamenteuse. Il n'y a eu aucun changement au médicament. Les renseignements ont été examinés et sont considérées acceptable. Un AC a été délivré.

Avis de mise en marché d’un produit pharmaceutique (DIN 02436663)

Sans objetDate de la première vente :
2015-01-27

Le fabricant a informé Santé Canada de la date de la première vente conformément à la disposition C.01.014.3 du Règlement sur les aliments et drogues.

PDN Nº 175573

2014-06-11Délivrance d’un AC
2015-01-26

Délivrance d’un Avis de conformité relatif à une Présentation de drogue nouvelle.

Sommaire des motifs de décision (SMD) portant sur Pheburane

SMD émis le : 2015-05-01

L'information suivante concerne la présentation de drogue nouvelle pour Pheburane.

Phénylbutyrate de sodium, 483 mg/g , granules, orale

Identification(s) numérique(s) de drogue(s):

  • 02436663

Médunik Canada

Présentation de drogue nouvelle, numéro de contrôle : 175573

Le 26 janvier 2015, Santé Canada a émis à l'intention de Médunik un avis de conformité du produit pharmaceutique, Pheburane.

L'autorisation de mise sur le marché appuie sur l'information sur la qualité (chimie et fabrication), ainsi que les études non cliniques (pharmacologie et toxicologie) et cliniques présentées (pharmacologie, innocuité et efficacité). Après avoir examiné les données reçues, Santé Canada estime que Pheburane a un profil avantages/risques favorable au traitement adjuvant visant la prise en charge à long terme des troubles du cycle de l'urée impliquant un déficit en carbamyl-phosphate synthétase, en ornithine transcarbamylase ou en argininosuccinate synthétase.

1 Sur quoi l'autorisation porte-t-elle?

Pheburane, produit à visée digestive et métabolique, a été autorisé comme traitement adjuvant visant la prise en charge à long terme des troubles du cycle de l'urée impliquant un déficit en carbamyl-phosphate synthétase, en ornithine transcarbamylase ou en argininosuccinate synthétase.

Pheburane doit être administré conjointement avec un régime alimentaire restrictif en protéines et, dans certains cas, des suppléments nutritionnels (par exemle, acides aminés essentiels, arginine, citrulline et suppléments caloriques exempts de protéines).

Pheburane est indiqué chez les patients présentant une forme à révélation néonatale (déficits enzymatiques complets, apparaissant dans les 28 jours suivant la naissance). Il est également indiqué pour les formes à révélation tardive (déficits enzymatiques partiels survenant après le premier mois de vie) chez les patients qui présentent des antécédents d'encéphalopathie hyperammoniémique.

Pheburane n'a pas fait l'objet d'études chez les personnes âgées.

Pheburane est contre-indiqué chez les patients présentant une hypersensibilité au phénylbutyrate de sodium ou à l'un des ingrédients du produit. Il est également contre-indiqué durant la grossesse et l'allaitement.

Pheburane a été autorisé selon les conditions d'utilisation décrites dans la monographie de produit de Pheburane, en tenant compte des risques associés à l'administration de ce produit pharmaceutique.

Pheburane (483 mg/g, phénylbutyrate de sodium) est offert sous forme de granules enrobés pour l'administration par voie orale. Outre l'ingrédient médicinal, les ingrédients non médicinaux comprennent : amidon de maïs, éthylcellulose, hydroxypropylméthylcellulose, macrogol, povidone et sucrose.

Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les sections Motifs d'ordre clinique, non clinique et qualitatif (caractéristiques chimiques et fabrication).

Pour obtenir des renseignements supplémentaires, consulter également la monographie de produit Pheburane approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

2 Pourquoi Pheburane a-t-il été autorisé?

Santé Canada estime que Pherubane a un profil avantages/risques favorable en tant que traitement adjuvant visant la prise en charge à long terme des troubles du cycle de l'urée impliquant un déficit en carbamyl-phosphate synthétase, en ornithine transcarbamylase ou en argininosuccinate synthétase. Pheburane doit être administré conjointement avec un régime alimentaire restrictif en protéines et, dans certains cas, des suppléments nutritionnels (par exemple, acides aminés essentiels, arginine, citrulline et suppléments caloriques exempts de protéines).

Les troubles du cycle de l'urée englobent un groupe d'erreurs innées du métabolisme causées par une inactivation complète ou partielle de l'une des enzymes du cycle de l'urée, soit la voie biochimique qui permet d'éliminer de l'organisme les déchets azotés. Les défauts de fonctionnement de cette voie métabolique entraînent une accumulation excessive de déchets azotés dans le sang sous forme d'ammoniac, qui est neurotoxique. Ces troubles se caractérisent par des atteintes neurologiques et des épisodes d'hyperammoniémie potentiellement mortels.

Selon le degré d'activité résiduelle de l'enzyme déficitaire, les troubles du cycle de l'urée peuvent se manifester à tout âge et donner lieu à divers tableaux cliniques. Les nouveau-nés atteints de la forme la plus grave peuvent présenter un coma associé à une hyperammoniémie potentiellement mortel, et les patients atteints des formes les moins graves peuvent présenter tardivement des épisodes récurrents d'hyperammoniémie, qui sont potentiellement mortels et qui peuvent être déclenchés par des facteurs de stress physiologiques tels qu'une fièvre, une chirurgie ou une chimiothérapie. Les formes à révélation tardive peuvent être caractérisées par des convulsions ainsi qu'un retard de croissance et du développement mental.

On trouve peu de données d'études cliniques concernant l'efficacité et l'innocuité du phénylbutyrate de sodium, l'ingrédient médicinal de Pheburane, dans le traitement des troubles du cycle de l'urée, en raison de la rareté de ces troubles ainsi que des considérations déontologiques liées à la conduite d'études portant sur un trouble grave et souvent mortel pour lequel il n'existe aucun autre traitement efficace.

Selon la littérature présentée, l'efficacité du phénylbutyrate de sodium dans le traitement des troubles du cycle de l'urée a été évaluée au moyen d'une étude multicentrique ouverte de phase III à volet unique regroupant des patients présentant un déficit en carbamyl-phosphate synthétase, en ornithine transcarbamylase ou en argininosuccinate synthétase. Les résultats quant à l'efficacité ont pu être évalués chez 183 patients. L'efficacité du phénylbutyrate de sodium a été évaluée selon les critères suivants : la survie, l'incidence des épisodes d'hyperammoniémie, le développement cognitif, la croissance, ainsi que les concentrations plasmatiques d'ammoniac et de glutamine. La survie et l'incidence des épisodes d'hyperammoniémie ont été comparées avec des données historiques, qui sont limitées en raison de la rareté des troubles. Les données indiquent un taux de survie de 80 % chez les patients traités par le phénylbutyrate de sodium, y compris un taux de survie de 75 % chez les patients atteints du trouble à révélation néonatale après environ 15 mois. L'évolution des troubles du cycle de l'urée à révélation néonatale était autrefois presque toujours mortelle au cours de la première année de vie. Des données probantes laissent également entendre une diminution de l'incidence des épisodes d'hyperammoniémie aiguë dans le cas des formes à révélation tardive. Bien que près de la moitié des patients aient obtenu des concentrations sanguines d'ammoniac dans les limites de la normale, 77 % ont subi au moins un épisode d'hyperammoniémie nécessitant une hospitalisation malgré le traitement en cours. Chez les patients atteints d'un trouble du cycle de l'urée à révélation tardive (y compris les femmes hétérozygotes pour le déficit en ornithine transcarbamylase) qui, à la suite d'un épisode d'encéphalopathie hyperammoniémique, ont été traités à long terme par un régime hypoprotidique associé au phénylbutyrate de sodium, le taux de survie était de 98 %. Les données donnent également à penser que chez les filles atteintes d'un déficit en ornithine transcarbamylase, la stabilisation de la fonction cognitive est possible. La stabilisation des indices de croissance a également été observée chez les patients traités par le phénylbutyrate. Dans les cas où le diagnostic est posé in utero et où le traitement a été instauré avant tout épisode d'encéphalopathie hyperammoniémique, le taux de survie est de 100 %. Bien que les données cliniques sur le développement cognitif soient limitées, la prévention des épisodes d'encéphalopathie hyperammoniémique pourrait stabiliser les fonctions cognitives chez les patients atteints d'un trouble du cycle de l'urée.

L'évaluation de l'innocuité du phénylbutyrate de sodium repose sur un système de déclaration spontanée. Par conséquent, l'estimation des effets indésirables est vraisemblablement inférieure à la réalité. Sur les 183 patients, 56 % ont signalé au moins un effet indésirable. Parmi ceux-ci, 36 % étaient liés au système nerveux central et comprenaient une hyperactivité, un trouble de la parole, des convulsions et un retard mental, même s'il s'avère difficile de différencier ces événements des manifestations neurologiques associées à la maladie sous-jacente.

Les mesures d'atténuation des risques consistaient à inclure les suivants dans la monographie de produit : des mises en garde concernant les symptômes de l'hyperammoniémie et la nécessité de consulter un médecin immédiatement en cas d'apparition de ces symptômes; une contre-indication durant la grossesse et l'allaitement; des mises en garde concernant la teneur en sodium élevée de Pheburane et le fait qu'il devrait être utilisé avec prudence chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque congestive ou d'insuffisance rénale grave; une mise en garde et une recommandation concernant une surveillance étroite chez les patients atteints d'insuffisance rénale ou hépatique à l'égard du métabolisme rénal et hépatique et de l'élimination du phénylbutyrate; ainsi qu'une précaution d'emploi chez les patients diabétiques et un usage déconseillé chez les personnes souffrant de problèmes héréditaires liés à certains sucres (intolérance, malabsorption ou insuffisance enzymatique) en raison de la teneur élevée en sucrose de Pheburane.

Médunik a présenté à Santé Canada un plan de gestion des risques (PGR) relatifs à Pheburane. L'examen a révélé un certain nombre de lacunes mineures, que le promoteur a réglées. Dans l'ensemble, ce PGR a été jugé acceptable. Le PGR est destiné à décrire les problèmes d'innocuité connus ou possibles, à présenter le plan de surveillance prévu et, s'il y a lieu, à décrire les mesures qui seront prises pour réduire les risques liés au produit.

Les preuves fournies étayent l'efficacité du phénylbutyrate de sodium pour le traitement des troubles du cycle de l'urée indiqués, et le médicament présente un profil d'innocuité acceptable. Dans l'ensemble, les résultats cliniques indiquent que, pour réduire au minimum les déficiences développementales, il est important de poser un diagnostic et d'entreprendre un traitement précoces. Santé Canada peut conclure, à partir de la preuve de la biodisponibilité comparative du phénylbutyrate de sodium par rapport au produit de référence européen, que Pheburane a un profil comparable acceptable.

Cette présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1; par conséquent, Santé Canada a émis l'avis de conformité prévu à l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les sections Motifs d'ordre clinique, non clinique et qualitatif (caractéristiques chimiques et fabrication).

3 Quelles sont les étapes qui ont mené à l'autorisation de Pheburane?

Le promoteur a déposé une demande d'évaluation prioritaire en vertu de la Politique sur l'évaluation prioritaire concernant la présentation de drogue nouvelle (PDN) relative à Pheburane. L'évaluation prioritaire a été accordée, étant donné que l'indication visée concerne le traitement d'une maladie grave et mettant la vie en danger, et pour laquelle aucun autre traitement médicinal n'est disponible au Canada. La présentation a été déposée à Santé Canada en juin 2014, et un avis de conformité (AC) a été émis le 26 janvier 2015.

Étapes importantes de la présentation: Pheburane

Étape importante de la présentationDate
Réunion préalable à la présentation :2013-12-10
Demande de traitement prioritaire
Déposée :2014-05-01
Approuvée par Directrice, Bureau :2014-06-06
Dépôt de la présentation :2014-06-11
Examen préliminaire
Avis d'insuffisance émis lors de l'examen préliminaire :2014-07-15
Réponse déposée :2014-07-24
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire :2014-07-30
Examen
Évaluation biopharmaceutique terminée :2014-10-30
Évaluation de la qualité terminée :2015-01-21
Évaluation clinique terminée :2015-01-23
Examen de l'étiquetage terminé :2015-01-23
Délivrance de l'Avis de conformité (AC) par le directeur général :2015-01-26

La décision réglementaire canadienne relative à la présentation de Pheburane était fondée sur une évaluation critique du dossier canadien présenté. Les examens étrangers effectués par l'Agence européenne des médicaments (EMA) ont servi de références supplémentaires pour les parties cliniques et non cliniques de la présentation.

Pour de plus amples renseignements sur le processus de présentation de drogue, consulter la Ligne directrice de l'industrie : gestion des présentations de drogues.

4 Quelles mesures de suivi le promoteur prendra-t-il?

Les exigences en matière d'activités post-commercialisation sont décrites dans la Loi sur les aliments et drogues et le règlement connexe.

6 Quels sont les autres renseignements disponibles à propos des médicaments?

Pour obtenir des renseignements à jour sur les produits pharmaceutiques, veuillez suivre les liens suivants :

7 Quelle est la justification scientifique sur laquelle s'est fondé Santé Canada?
7.1 Motifs cliniques de la décision

Pharmacologie clinique

Les troubles du cycle de l'urée englobent un groupe d'erreurs innées du métabolisme causées par une inactivation complète ou partielle de l'une des enzymes du cycle de l'urée, soit la voie biochimique qui permet d'éliminer de l'organisme les déchets azotés. Les défauts de fonctionnement de cette voie métabolique entraînent une accumulation excessive de déchets azotés dans le sang sous forme d'ammoniac, qui est neurotoxique. Ces troubles se caractérisent par des atteintes neurologiques et des épisodes d'hyperammoniémie potentiellement mortels.

Le phénylbutyrate de sodium, l'ingrédient médicinal de Pheburane, est un promédicament rapidement métabolisé en phénylacétate. Le phénylacétate est un composé métaboliquement actif qui se conjugue par acétylation à la glutamine pour former la phénylacétylglutamine, qui est alors excrétée par les reins. Du point de vue molaire, la phénylacétylglutamine est comparable à l'urée (chacune contenant deux moles d'azote) et fournit en conséquence une voie alternative d'élimination de l'azote.

Pour étayer l'efficacité et l'innocuité de Pheburane, les résultats de l'étude de biodisponibilité comparative LUC-1001, une étude ouverte, croisée et à deux périodes menée chez 13 sujets sains à jeun visant à comparer deux formulations de phénylbutyrate de sodium, ont été fournis. L'objectif consistait à établir que le produit utilisé dans les études recensées était représentatif du produit proposé, Pheburane. Les données ont montré qu'une dose unique de 5 g de phénylbutyrate de sodium administrée par voie orale, en l'occurrence Pheburane (483 mg/g de granules) du promoteur, était conforme aux exigences de biodisponibilité comparative par rapport au produit de référence européen (940 mg/g de granules).

Aucune étude officielle sur les interactions médicamenteuses n'a été réalisée pour étayer l'autorisation du phénylbutyrate de sodium. Il convient toutefois de faire preuve de prudence lorsque d'autres médicaments susceptibles d'influer sur les effets de réduction de l'azote du phénylbutyrate ou d'augmenter les concentrations plasmatiques d'ammoniac sont administrés (interactions pharmacodynamiques).

Pour obtenir des renseignements supplémentaires, consulter la monographie de produit Pheburane approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

Efficacité clinique

L'efficacité du phénylbutyrate de sodium dans le traitement des troubles du cycle de l'urée a été évaluée dans une étude multicentrique ouverte de phase III à volet unique regroupant des patients présentant un déficit en carbamyl-phosphate synthétase, en ornithine transcarbamylase ou en argininosuccinate synthétase. Cette étude a été réalisée sans groupe témoin, en raison de considérations déontologiques liées à la gravité des troubles traités et à l'absence d'un traitement efficace pouvant être utilisé aux fins de comparaison. Les résultats quant à l'efficacité ont pu être évalués chez 183 patients admis à l'étude aux États-Unis et au Canada, sur une période de plus de 10 ans. L'examen de Pheburane réalisé par Santé Canada est fondé sur les données de cette étude tirées de trois rapports d'études publiées ainsi que sur un examen effectué par l'Agence européenne des médicaments (EMA).

Les critères d'évaluation de l'efficacité comprenaient la survie, l'incidence des épisodes d'hyperammoniémie, le développement cognitif, la croissance, ainsi que les concentrations plasmatiques d'ammoniac et de glutamine.

La dernière cohorte de patients sur laquelle portait l'examen de l'Agence européenne des médicaments (EMA) comptait 208 patients. Sur les 183 patients évaluables, 122 (67 %) ont reçu un diagnostic de déficit en ornithine transcarbamylase, 39 (21 %), de déficit en argininosuccinate synthétase et 22 (12 %), de déficit en carbamyl-phosphate synthétase. Les patients ont été classés en fonction du moment du diagnostic comme suit : traitement de secours : 72 (39 %); diagnostic prospectif : 14 (8 %); révélation tardive : 29 (16 %); femmes présentant un déficit en ornithine transcarbamylase : 68 (37 %). L'évaluation de l'efficacité globale du phénylbutyrate de sodium s'est avérée difficile, car les patients formaient un groupe hétérogène, présentant différents déficits enzymatiques dont la gravité et l'âge de révélation variaient. Il se peut que les patients recrutés dans la première phase de l'étude (avant 1987) aient atteint l'état d'équilibre à l'aide d'autres médicaments épurateurs d'azote dans le cadre des versions antérieures du protocole de traitement (benzoate de sodium ou benzoate de sodium associé au phénylacétate), avant qu'on leur ait administré du phénylbutyrate. Comme le programme consistait en une étude à un seul groupe de traitement, l'efficacité ne peut être évaluée que par rapport à des témoins historiques.

Le promoteur a présenté trois publications scientifiques essentielles faisant état des preuves à l'appui de l'innocuité et de l'efficacité, qui faisaient partie de la preuve initiale utilisée pour appuyer l'autorisation du phénylbutyrate de sodium en Europe et aux États-Unis, ainsi que l'analyse scientifique de l'examen réalisé par l'EMA en 1999 de la demande d'autorisation initiale de mise en marché du phénylbutyrate de sodium.

Chez les patients atteints d'un trouble à révélation néonatale traités immédiatement ou peu de temps après la naissance, le traitement aigu comprenait une hémodialyse associée à l'administration de benzoate de sodium et de phénylacétate et visait à réduire rapidement les concentrations plasmatiques d'ammoniac. Une fois les concentrations plasmatiques d'ammoniac revenues à la normale, on mettait fin à la dialyse et on administrait par voie orale un traitement de phénylbutyrate de sodium à raison de 450 à 600 mg/kg par jour. Les patients recevaient également un apport en protéine cible de 1,25 à 2 g/kg par jour ainsi que des suppléments d'acides aminés.

Dans la première cohorte de patients, 4 des 16 patients ayant reçu un traitement de secours sont décédés au cours des 15 premiers mois de vie (taux de survie de 75 %). L'évolution des troubles du cycle de l'urée à révélation néonatale était autrefois presque toujours mortelle. Chez quatre des six patients ayant reçu un diagnostic prospectif qui ont été traités à la naissance, le traitement a été interrompu au cours des deux premières années et demie de vie. Trois des treize patients atteints d'un trouble à révélation tardive ont arrêté le traitement après une période indéterminée. Les patientes atteintes d'un déficit en ornithine transcarbamylase ont présenté le pronostic le plus favorable; aucun décès n'a été constaté chez les 26 patientes.

D'après les données les plus récentes sur la survie, 82 patients avaient été traités par le phénylbutyrate de sodium seulement, et 101 patients avaient déjà été traités selon les protocoles antérieurs (benzoate de sodium seul ou associé au phénylacétate). Le taux de survie global était d'environ 80 %. Parmi les décès signalés, 18 sont survenus à l'occasion d'un épisode d'hyperammoniémie aiguë, après l'interruption du traitement par le phénylbutyrate dans certains cas.

Pour les besoins de comparaisons historiques, selon une étude menée en France (1972-2000) chez une population de 217 patients atteints d'un trouble du cycle de l'urée présentant une répartition similaire des déficits enzymatiques, le taux de survie des cas à révélation néonatale était de 16 %, ce qui est inférieur à celui observé dans l'étude américaine, et le taux de mortalité signalé était de 29 % (28/96) chez les cas à révélation tardive. D'après les données historiques provenant d'une étude distincte incluant des femmes hétérozygotes non diagnostiquées pour le déficit en ornithine transcarbamylase, 11 des 61 patientes (18 %) ont subi des épisodes d'encéphalopathie, dont neuf (82 %) sont décédés au cours de ces épisodes ou par la suite. Dans le cadre d'une étude à long terme incluant des femmes présentant un déficit en ornithine transcarbamylase symptomatique traitées par le phénylbutyrate et des des composés apparentés ayant subi au moins un épisode d'hyperammoniémie, on a observé que 29 des 32 patientes ont survécu au moins cinq ans. Ces données confirment l'effet bénéfique du phénylbutyrate sur la mortalité.

Les concentrations plasmatiques d'ammoniac ont été surveillées chez 85 patients pendant des périodes où l'état des patients était cliniquement stable (excluant les épisodes d'hyperammoniémie). D'après 281 mesures, 40 patients (47 %) n'affichaient aucune valeur dépassant la limite supérieure à la normale (LSN). Au total, 6 % des mesures étaient supérieures à 2 fois la LSN. Sur les 148 patients évaluables ayant reçu un traitement d'entretien par le phénylbutyrate de sodium et ayant fait l'objet d'un suivi sur une période de 9 ans, 114 (77 %) ont subi au moins un épisode d'hyperammoniémie ayant nécessité une hospitalisation.

Au moment de l'inscription à l'étude, le poids et la taille des patients traités par le phénylbutyrate étaient inférieurs à la moyenne, les valeurs les plus faibles ayant été observées chez les cas à révélation néonatale recevant un traitement de secours. Les écarts réduits du poids et de la taille selon l'âge sont demeurés relativement stables au fil du temps, ce qui indique à tout le moins que le phénylbutyrate n'a pas eu d'effet négatif sur les trajectoires de croissance prévues des enfants.

Il est difficile d'évaluer l'effet global du phénylbutyrate sur les fonctions cognitives : seuls quelques patients ont été soumis à des évaluations répétées; la fiabilité des estimations obtenues au cours des premiers mois de vie est discutable; différents tests cognitifs ont été utilisés pour évaluer le même patient. Les résultats d'un sous-groupe de filles atteintes d'un déficit en ornithine transcarbamylase traitées à long terme laissent toutefois croire que le traitement a permis une stabilisation des fonctions cognitives.

Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit Pheburane approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

Innocuité Clinique

L'innocuité de Pheburane a été établie principalement par la preuve de la biodisponibilité comparative de la formulation de Pheburane et du produit de référence européen.

La caractérisation de l'innocuité du phénylbutyrate de sodium dans l'étude pivotale de phase III, décrite dans la section sur l'Efficacité clinique, reposait largement sur des déclarations spontanées. La consignation des effets indésirables était donc vraisemblablement limitée, et la fréquence des effets indésirables, sous-estimée. Sur les 183 patients, 56 % ont signalé au moins un effet indésirable. Parmi ceux-ci, 36 % étaient liés au système nerveux central et comprenaient une hyperactivité, un trouble de la parole, des convulsions et un retard mental. Il était toutefois très difficile de différencier ces événements des manifestations neurologiques courantes associées aux troubles du cycle de l'urée.

Notons, parmi les autres effets indésirables rapportés le plus couramment, l'aménorrhée et les cycles menstruels irréguliers (23 % des femmes en âge d'avoir des règles), une diminution de l'appétit (4 % des patients), des odeurs corporelles (probablement causées par le métabolite phénylacétate, 3 %) ainsi qu'un goût désagréable ou une aversion du goût (3 %). Les effets indésirables moins fréquents sont les suivants : douleur abdominale, nausées et vomissements, constipation, hémorragie rectale, ulcère peptique, pancréatite, anémie aplastique, ecchymose, arythmie, œdème, acidose tubulaire rénale, dépression, éruption cutanée, céphalées, syncope et prise de poids.

Une neurotoxicité a été observée chez des patients atteints de cancer à la suite de l'administration intraveineuse de phénylacétate, le métabolite actif du phénylbutyrate. Des symptômes, notamment la somnolence et des étourdissements, ont été observés à des concentrations plasmatiques de phénylacétate supérieures à 3,5 mmol/L, qui étaient rapidement réversibles à l'arrêt du traitement. L'importance de ces résultats chez les patients atteints d'un trouble du cycle de l'urée qui sont traités par le phénylbutyrate par voie orale demeure incertaine. La monographie de produit de Pheburane comprend des mises en garde concernant le risque possible de neurotoxicité ainsi que des recommandations concernant la surveillance des concentrations de phénylacétate, au besoin.

À la lumière de sa toxicité pour le développement constatée dans les études sur les rongeurs, Pheburane est contre-indiqué durant la grossesse et l'allaitement.

Les anomalies dans les résultats d'analyse étaient notamment : acidose (14 %), hypoalbuminémie (11 %), anémie (9 %), alcalose (7 %), hyperchlorémie (7 %), hypophosphatémie (6 %), augmentation des concentrations de phosphatase alcaline (6 %) et augmentation des concentrations de transaminases hépatiques (4 %). L'analyse des paramètres de laboratoire, dont les concentrations plasmatiques d'ammoniac, de glutamine, de phénylacétate et de phénylglutamine, est recommandée.

Les limitations de l'examen des publications, et de la base de données cliniques acceptée aux fins de l'examen, sont considérées comme justifiées à la lumière des circonstances spéciales de cette présentation : Pheburane est un médicament servant à traiter une maladie rare, grave et potentiellement mortelle pour laquelle il n'existe aucun traitement sur le marché canadien; la base de données originale sur l'innocuité et l'efficacité n'est pas disponible; le phénylbutyrate de sodium, l'ingrédient pharmaceutique actif, est autorisé et utilisé aux États-Unis ainsi qu'en Europe depuis plus de 15 ans et est considéré comme la norme de soins. On ne prévoit donc pas qu'il y aura d'autres données accessibles pour étayer davantage l'efficacité du médicament. Il convient de noter que, depuis 2000, les patients canadiens atteints d'un trouble du cycle de l'urée ont accès au phénylbutyrate de sodium par l'intermédiaire du Programme d'accès spécial et qu'ils font l'objet d'un suivi étroit dans la pratique clinique par des spécialistes qui possèdent les connaissances et l'expérience nécessaires au traitement de ce type de troubles.

Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit Pheburane approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

7.2 Motifs non cliniques de la décision

Aucune étude officielle de toxicité à dose unique ou à doses répétées n'a été présentée à l'appui des autorisations initiales de mise en marché du phénylbutyrate de sodium. Cependant, les données disponibles tirées des études de pharmacologie sur les animaux, combinées aux données sur l'innocuité chez l'humain, sont considérées comme une caractérisation acceptable du profil de toxicité du phénylbutyrate. Les résultats des études de pharmacologie sur les animaux indiquent que l'administration parentérale de phénylacétate, le principal métabolite du phénylbutyrate, était associée à des effets nocifs sur le développement du cerveau chez les jeunes rongeurs. Lorsque des doses de 190 à 474 mg/kg de phénylacétate ont été administrées à de jeunes rats par voie sous-cutanée, une diminution de la prolifération et une augmentation de la perte de neurones ont été observées, ainsi qu'une diminution de la myéline du système nerveux central. La maturation des synapses cérébrales a été retardée et le nombre de terminaisons nerveuses fonctionnelles dans le cerveau a été diminué. La neurotoxicité associée au phénylbutyrate constitue donc une préoccupation clinique potentielle.

Les études sur les rongeurs indiquent que l'exposition au phénylacétate in utero est associée à des atteintes du système nerveux central. L'exposition prénatale au phénylacétate a provoqué chez le jeune rat des lésions dans la couche V des cellules pyramidales du cortex : leurs prolongements dendritiques étaient plus longs et plus fins que la normale et en nombre réduit. Chez les rates gravides, on a observé des avortements spontanés, un poids plus faible à la naissance, une diminution du gain de poids pendant la période de lactation et une diminution du poids du cerveau. Ces études ne sont pas jugées optimales pour l'évaluation du potentiel tératogène, car l'exposition au phénylacétate n'a commencé qu'après neuf jours de gestation, soit après la principale période d'organogenèse chez le rat, mais elles indiquent un effet fœtotoxique, observé essentiellement sur le développement du cerveau.

Aucune étude de carcinogénicité n'a été menée, et ce type d'étude n'était pas considéré comme une exigence réglementaire, conformément à la ligne directrice S1A de l'International Conference on Harmonisation (ICH).

Bien que des éléments de la section préclinique de la base de données sur le phénylbutyrate de sodium ne soient pas conformes aux normes réglementaires standards, il ne s'agit pas de motifs suffisants pour empêcher la mise sur le marché de Pheburane, compte tenu de la gravité des troubles pour lesquels il est indiqué ainsi que de l'expérience clinique existante à l'égard du médicament. En outre, les risques relevés ont été inclus dans la monographie de produit.

Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit Pheburane approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

7.3 Motifs d'ordre qualitatif

L'information soumise sur les caractéristiques chimiques et la fabrication de Pheburane montre que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications approuvées. Des études appropriées relatives à l'élaboration et à la validation ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour la commercialisation. Les modifications apportées au procédé de fabrication et à la formulation tout au long de l'élaboration du produit pharmaceutique ont été examinées et jugées acceptables. D'après les données sur la stabilité présentées, on estime que la durée de conservation proposée de 36 mois, à une température entre 15 et 30 °C, est acceptable. Le produit doit être utilisé dans les 45 jours suivant l'ouverture du flacon. La solution de Pheburane, préparée à une concentration de 50 mg/mL de phénylbutyrate de sodium pour administration par sonde nasogastrique ou de gastrostomie, est stable pendant 7 jours lorsqu'elle est conservée entre 2 et 8 °C, protégée de la lumière.

Toutes les installations participant à la production sont conformes aux bonnes pratiques de fabrication.

Tous les ingrédients non médicinaux (décrits ci-dessus) présents dans le produit pharmaceutique sont autorisés par le Règlement sur les aliments et drogues.

Aucun des excipients utilisés dans la fabrication de granules de Pheburane n'est d'origine humaine ou animale.