Résumé de l'examen de l'innocuité - AVASTIN (bévacizumab) et LUCENTIS (ranibizumab) - Microangiopathie thrombotique

Décisions d'examen

Un resumé de l’examen de l'innocuité complète d'autres informations liées à l'innocuité afin d'aider les Canadiens à prendre des décisions éclairées au sujet du l'utilisation des produits de santé. Chaque résumé présente les données évaluées dans le cadre de l’examen de Santé Canada, les conclusions et les mesures prises par Santé Canada, le cas échéant.


Émis le : 2014-09-29

Enjeu

Un examen de l'innocuité a été entrepris pour évaluer l'information disponible concernant le risque potentiel de microangiopathie thrombotique (MAT), un problème de coagulation sanguine au niveau des petits vaisseaux sanguins, associée à l'utilisation d'AVASTIN (bévacizumab) et de LUCENTIS (ranibizumab). L'AVASTIN et le LUCENTIS sont des médicaments biologiques (c.-à-d. des produits issus de sources vivantes) appartenant à la classe des inhibiteurs du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF). Ces médicaments contribuent à inhiber la croissance anormale des vaisseaux sanguins situés autour des tumeurs et dans les yeux. Le présent examen fait suite aux activités d'examen de Santé Canada portant sur la grande classe d'inhibiteurs du VEGF. Au début de l'examen, la MAT était un problème d'innocuité reconnu comme étant associé à l'AVASTIN, mais non au LUCENTIS.

Contexte

Utilisation approuvée d'AVASTIN et de LUCENTIS au Canada

L'AVASTIN est utilisé en association avec une chimiothérapie pour traiter le cancer du côlon, le cancer du rectum et le cancer du poumon. Il est aussi approuvé, sous conditions, pour le traitement d'un type particulier de cancer du cerveau appelé glioblastome. L'AVASTIN est administré au moyen d'une aiguille insérée dans une veine (injection intraveineuse).

Le LUCENTIS est utilisé pour traiter des dommages causés à la partie arrière de l'œil sensible à la lumière, appelée rétine, qui sont associés à diverses affections de l'œil, telles que la dégénérescence maculaire exsudative liée à l'âge. Le LUCENTIS est administré au moyen d'une aiguille insérée dans l'œil (injection intravitréenne).

Microangiopathie thrombotique

La microangiopathie thrombotique (MAT) englobe un ensemble de troubles relié à la formation, dans les petits vaisseaux sanguins, de caillots sanguins pouvant aboutir à une détérioration des organes. Les signes et symptômes de ces troubles peuvent comprendre les ecchymoses, les saignements, la diminution du nombre de plaquettes et de globules rouges, l'hypertension artérielle et la faiblesse extrême. Les organes et les autres parties du corps pouvant être touchés comprennent le rein et le système nerveux. La MAT rénale peut entraîner la présence d'un excès de protéines dans l'urine (protéinurie), signe précoce de lésion rénale. Le risque de MAT rénale, ainsi que de protéinurie, est décrit dans la monographie canadienne de produit relative à l'AVASTIN. La question de l'association entre la MAT et les inhibiteurs du VEGF, dont l'AVASTIN, fut communiquée par Santé Canada en 2008 et en 2014.

Objectif

Évaluer les plus récentes données sur le risque de MAT associé à l'AVASTIN afin de déterminer si les mesures actuelles de son atténuation sont encore suffisantes. Les données sur l'innocuité du LUCENTIS ont aussi été évaluées afin de vérifier si la MAT représente un nouveau danger nécessitant des mesures ciblées pour ce produit. L'examen s'appuie sur les déclarations de réactions indésirables faites au Canada et à l'étranger, sur la littérature scientifiques et médicales, ainsi que sur nos connaissances relatives à l'utilisation de ces deux produits au Canada et dans le reste du monde.

Constatations à l’issue de l’examen de l’innocuité

Utilisation d'AVASTIN et de LUCENTIS au Canada1,2

Santé Canada estime à 24 504 le nombre d'ordonnances d'AVASTIN exécutées par les pharmacies entre 2009 et 2013.

Le nombre d'ordonnances de LUCENTIS exécutées par les pharmacies entre 2009 et 2013 est estimé à 338 889.

Déclaration canadiennes de microangiopathie thrombotique associée à l'utilisation d'AVASTIN et de LUCENTIS

Au moment du présent examen, on avait signalé à Santé Canada 7 cas de MAT suspectée d'être associée à l'AVASTIN. Les déclarations décrivaient des patients traités par l'AVASTIN pour différents types de cancer. Santé Canada avait également reçu 27 déclarations de cas de protéinurie suspectée d'être associée à l'AVASTIN. La protéinurie est un signe important de dommage rénal pouvant se produire par suite d'une MAT. Dans l'ensemble, on estime que les cas de MAT et de protéinurie suspectés d'être associes avec l'AVASTIN sont rares au Canada.

On n'a déclaré aucun cas de MAT et l'on a signalé un seul cas de protéinurie suspectée d'être associée avec le LUCENTIS. Dans l'ensemble, on estime que les cas de MAT ou de protéinurie suspectées d'être associés avec le LUCENTIS sont très rares au Canada.

Rapports scientifiques

La littérature témoigne de cas de MAT et de protéinurie déclarés à la suite d'une exposition à AVASTIN. Dans certains cas, la fonction rénale et la protéinurie se sont améliorées après l'abandon du médicament, ce qui indique que la réaction indésirable était au moins partiellement réversible.

Les données sont limitées dans la littérature sur l'association entre la MAT et le LUCENTIS. Un rapport fait état d'un cas où le médicament fut abandonné suite à l'apparition d'une MAT le patient fut traité et connut un rétablissement complet.

Les données de la littérature suggèrent que le risque de MAT s'applique à la classe entière des inhibiteurs du VEGF (c.-à-d. produits biologiques et pharmaceutiques). Le rein est affecté dans la plupart des cas de MAT; toutefois, on a aussi observé des cas de MAT affectant toutes les parties du corps. Les données scientifiques ne permettent pas d'expliquer clairement comment les inhibiteurs du VEGF peuvent causer une MAT.

Données internationales3

Des cas de MAT associée à l'AVASTIN et au LUCENTIS ont été déclarés à l'étranger. On a procédé à un examen des informations sur l'AVASTIN et sur le LUCENTIS publiées aux États-Unis, en Australie et en Europe. Cet examen a permis de confirmer que les informations recueillies au Canada sur la MAT et sur la protéinurie concordent avec celles obtenues ailleurs dans le monde.

Conclusions et mesures à prendre

  • Au Canada, la monographie de produit actuelle relative à l'AVASTIN contient des mises en garde au sujet des risques de MAT rénale et de protéinurie secondaire. Ces avis sont fondés sur des données issues d'essais cliniques et d'utilisation post commerciale.

    Étant donné l'information actuellement disponible, on considère que la MAT ne représente pas un risque pouvant être associé à l'utilisation du LUCENTIS.

    Santé Canada a décidé de poursuivre sa surveillance continue des réactions indésirables de l'AVASTIN et du LUCENTIS, comme pour tous les produits de santé, afin d'identifier et d'évaluer les dangers possibles. Santé Canada tiendra les Canadiens et les Canadiennes au courant de la situation et prendra les mesures qui s'imposent si de nouvelles données concernant l'innocuité des produits de santé se présentent.

Références

  1. Bollée G, Patey N, Cazajous G, et al.Thrombotic microangiopathy secondary to VEGF pathway inhibition by sunitinib. Nephrol Dial Transplant 2009;24(2):682-5.
  2. Eremina V, Jefferson JA, Kowalewska J, et al. VEGF inhibition and renal thrombotic microangiopathy. N Engl J Med 2008;358(11):1129-36.
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  10. Scully M, Hunt BJ, Benjamin S, et al. Guidelines on the diagnosis and management of thrombotic thrombocytopenic purpura and other thrombotic microangiopathies. Br J Haematol 2012;158(3):323-35.
  11. Stokes MB, Erazo MC, D'Agati VD. Glomerular disease related to anti-VEGF therapy. Kidney Int 2008;74(11):1487-91.

Notes de bas de page

  1. Les données d'IMS sur l'utilisation ont été fournies par : IMS Health Canada Inc. Aucune partie externe ne peut citer ni utiliser les données d'IMS, qui ont été produites par Santé Canada, en l'absence d'une entente de tierce partie.
  2. Il importe de noter que le nombre d'ordonnances exécutées ou d'unités livrées ne correspond pas au nombre de patients ayant reçu le produit.
  3. Les données de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les effets indésirables ont été fournies par : le Centre collaborateur de l'OMS pour la pharmacovigilance internationale. Cette information est hétérogène sur le plan de la source et de la probabilité que le produit de santé ait causé la réaction indésirable d'intérêt. Cette information ne représente pas non plus la position de l'OMS.
  4. La liste des références n'est pas exhaustive. Celles qui ont été retenues sont présentées à titre de complément d'information et correspondent à l'état des connaissances au moment de l'examen de l'innocuité.