Résumé de l'examen de l'innocuité- Capsules d'hydromorphone à libération contrôlée - Évaluation du risque accru d'infections graves liées à l'injection du contenu des capsules dans les veines

Décisions d'examen

Un resumé de l’examen de l'innocuité complète d'autres informations liées à l'innocuité afin d'aider les Canadiens à prendre des décisions éclairées au sujet du l'utilisation des produits de santé. Chaque résumé présente les données évaluées dans le cadre de l’examen de Santé Canada, les conclusions et les mesures prises par Santé Canada, le cas échéant.


Émis le : 2020-09-10

Produit

HYDROmorph Contin et hydromorphone générique en capsules à libération contrôlée.

Problème d'innocuité potentiel

Risque accru d'infections graves telles que l'infection de la paroi interne des chambres et des valvules cardiaques (endocardite infectieuse) et des infections au virus de l'immunodéficience humaine (VIH) ou au virus de l'hépatite C (VHC) transmissibles par le sang, liées à l'injection du contenu des capsules d'hydromorphone à libération contrôlée dans les veines.

Messages clés

  • Les capsules d'hydromorphone à libération contrôlée sont des médicaments opioïdes d'ordonnance, dont la vente est autorisée au Canada, pour être pris par voie orale pour la gestion à long terme de la douleur quand :
    • la douleur est suffisamment forte pour justifier la prise quotidienne, 24 heures sur 24, d'un médicament antidouleur, et
    • d'autres options thérapeutiques ne fonctionnent pas.
  • Santé Canada a examiné la possibilité d'un risque accru d'infections, telles que l'endocardite infectieuse et des infections au virus de l'immunodéficience humaine (VIH) ou au virus de l'hépatite C (VHC) transmissibles par le sang, liées à l'usage problématique des capsules d'hydromorphone à libération contrôlée (l'injection du contenu des capsules dans les veines) chez les personnes qui s'injectent des drogues. Le présent examen de l'innocuité a été déclenché par une étude publiée dans le Canadian Medical Association Journal 1 (CMAJ) et des entretiens entre Santé Canada et les auteurs de l'étude.
  • L'examen de l'information disponible, mené par Santé Canada, n'a pas permis d'établir un lien entre le risque accru d'endocardite infectieuse et des infections au VIH et au VHC transmises par le sang, et l'injection du contenu des capsules dans les veines en comparaison avec l'injection d'autres opioïdes d'ordonnance en raison d'un manque d'information.
  • Santé Canada continuera de surveiller l'innocuité des produits contenant de l'hydromorphone, y compris les capsules d'hydromorphone à libération contrôlée.

Enjeu

Santé Canada a examiné le potentiel risque accru d'infections (comme l'endocardite infectieuse et les infections au VIH ou au VHC transmises par le sang) lié à l'usage problématique des capsules d'hydromorphone à libération contrôlée (injection par voie intraveineuse du contenu de capsules) en comparaison avec d'autres produits opioïdes administrés par voie orale, chez les personnes qui s'injectent des drogues. L'examen a été déclenché par une étude publiée dans le CMAJ et des entretiens entre Santé Canada et les auteurs de l'étude.

L'article décrivait que l'équipement (par exemple, les cuiseurs et les filtres) utilisé pour préparer le contenu des capsules d'hydromorphone à libération contrôlée pour une injection était partagé et réutilisé plus souvent dans le cas de l'hydromorphone que dans celui d'autres produits opioïdes. Les auteurs font l'hypothèse que cette pratique entraîne la présence d'un plus grand nombre de pathogènes et, par conséquent, peut augmenter les risques de propagation des infections telles que l'endocardite infectieuse et des infections au VIH ou au VHC transmises par le sang. Par ailleurs, ils suggèrent que le matériel est réutilisé et partagé plus souvent parce qu'il est plus difficile d'extraire de l'hydromorphone des autres composants (excipients) dans les capsules qu'il ne l'est dans le cas d'autres produits opioïdes (par exemple, l'extraction de l'oxycodone à partir des produits à libération contrôlée) et les utilisateurs croient que le matériel peut contenir de l'hydromorphone résiduel.

Le présent examen de l'innocuité ne porte pas sur l'utilisation autorisée des capsules d'hydromorphone à libération contrôlée par voie orale.

Utilisation au Canada

  • Au moment de l'examen, les capsules et les comprimés d'hydromorphone suivants étaient commercialisés au Canada :
    • les capsules de chlorhydrate d'hydromorphone à libération contrôlée (HYDROmorph Contin et sa version générique, Apo-HYDROmorphone CR);
    • les comprimés de chlorhydrate d'hydromorphone (Dilaudid et ses versions génériques : Apo-HYDROmorphone, Teva-HYDROmorphone et pms-HYDROmorphone).
  • L'HYDROmorph Contin a été le premier produit d'hydromorphone à libération contrôlée pour usage oral autorisé au Canada en 1994.
  • De 2014 jusqu'à la fin de septembre 2019, l'HYDROmorph Contin était le produit d'hydromorphone oral le plus souvent prescrit (environ 10 millions d'ordonnances), suivi du pms-HYDROmorphone (environ 9 millions d'ordonnances) et du Dilaudid (environ 3 millions d'ordonnances). Il y avait environ 25 millions d'ordonnances pour tous les produits d'hydromorphone administrés par voie orale au cours de cette période.

Constatations à l'issue de l'examen de l'innocuité

  • L'examen de l'innocuité effectué par Santé Canada portait sur des études fondées sur une population (11 études épidémiologiques, une étude de série de cas, 5 études transversales et un examen systématique), 2 études in vitro, 3 articles de revues et 8 rapports sur des cas au Canadaa.
  • L'examen mené par Santé Canada sur des données disponibles, provenant de ces études et ces rapports, n'a pas permis d'établir un lien direct entre l'utilisation des capsules orales d'hydromorphone à libération contrôlée injectées dans les veines et l'augmentation de la propagation de l'endocardite infectieuse et des infections au VIH ou au VHC transmises par le sang. Cela s'explique par un manque d'information sur :
    • le nombre des patients atteints d'une endocardite infectieuse ou d'une infection au VIH ou au VHC transmise par le sang chez les personnes qui s'injectent des drogues, par les régions au Canada, et
    • le nombre des personnes qui consomment des opioïdes de façon problématique ainsi que la façon dont elles se les administrent.
  • Les études épidémiologiques indiquent que des éclosions de VIH, de VHC et d'endocardite infectieuse se sont produites dans certaines régions du Canada et dans d'autres pays qui ont été associées à l'injection de différents opioïdes d'ordonnance à être administrés par voie orale (comme l'oxymorphone et l'oxycodone) dans les veines. Cette situation pourrait être liée à la grande disponibilité de certains opioïdes d'ordonnance dans la collectivité, ainsi qu'à des pratiques et à des comportements à risque élevé des gens qui s'injectent des drogues.
  • L'hydromorphone oral est largement prescrit au Canada et sa disponibilité semble être l'un des facteurs clés liés à son usage problématique. De 2014 à 2019, le nombre d'ordonnances d'hydromorphone délivrées en pharmacie au détail était plus du double (environ 25 millions) du nombre d'ordonnances d'autres opioïdes oraux, incluant la morphine (environ 11 millions) et l'oxycodone (environ 10 millions).
  • L'examen des 8 rapports de cas canadiens mené par Santé Canada n'a pas permis d'établir un lien entre l'utilisation de produits d'hydromorphone à libération contrôlée injectés dans les veines et le risque accru d'infections comme l'endocardite infectieuse et les infections au VIH ou au VHC transmises par le sang pour les motifs suivants :
    • des renseignements médicaux détaillés dans les rapports n'étaient pas disponibles;
    • aucun rapport ne confirmait l'utilisation des produits d'hydromorphone à libération contrôlée en tant que drogues injectables;
    • les personnes dont il est fait état dans les cas ont consommé plusieurs drogues en même temps, ce qui compliquait l'évaluation de l'effet des capsules d'hydromorphone à libération contrôlée.
  • L'examen de l'innocuité a utilisé les estimations contenues dans la littérature, car il était difficile d'obtenir des renseignements précis sur le nombre de personnes atteintes d'une endocardite infectieuse et d'une infection au VIH ou au VHC transmise par le sang, ainsi que sur les comportements problématiques de consommation de drogues au Canada. Ces populations varient d'un endroit à l'autre au Canada en fonction de leur accès aux soins de santé, de leurs maladies, de leurs conditions de vie, de leurs pratiques en matière de drogues injectables et de leur participation aux programmes d'échange de seringues.
  • Dans l'ensemble, un plus grand nombre de nouveaux cas d'endocardite infectieuse et d'infection au VIH ou au VHC transmises par le sang ont été observés dans les études épidémiologiques examinées chez les personnes qui s'injectent des drogues comparativement à la population générale. L'utilisation de matériel d'injection non stérile, le partage de matériel d'injection et les rapports sexuels non protégés sont des facteurs de risque connus pour contracter une infection de ce genre, quelle que soit la drogue utilisée.

Conclusions et mesures à prendre

  • L'examen de l'information disponible, mené par Santé Canada, n'a pas permis d'établir un lien direct entre l'utilisation des capsules orales d'hydromorphone à libération contrôlée injectées dans les veines et l'augmentation du risque de propagation de l'endocardite infectieuse et les infections au VIH ou au VHC transmises par le sang.
  • Il faut davantage de données (épidémiologiques) sur les populations pour comprendre comment les opioïdes d'ordonnance à administrer par voie orale sont prescrits et comment ils sont utilisés de façon problématique par injection au Canada. Le Ministère collaborera avec le Réseau sur l'innocuité et l'efficacité des médicaments (RIEM) afin de recueillir davantage de données sur ce sujet.
  • Santé Canada informera par ailleurs les fabricants de préparations opioïdes à libération contrôlée qu'ils devraient surveiller le risque accru de cas d'endocardite infectieuse et d'infection au VIH et au VHC transmise par le sang chez ceux qui utilisent ces préparations de façon inappropriée dans le cadre de leurs plans de gestion des risques et en faire rapport à Santé Canada.
  • Santé Canada continuera de surveiller les données sur l'innocuité des produits contenant de l'hydromorphone afin de cerner et d'évaluer les dangers potentiels. Santé Canada prendra rapidement les mesures qui s'imposent si de nouveaux renseignements en matière de risques pour la santé sont portés à son attention.
  • Santé Canada continuera de partager l'information avec les différents intervenants, comme les gouvernements provinciaux et territoriaux, les municipalités, les organisations sanitaires, les spécialistes en toxicomanies et les personnes qui s'injectent des drogues, afin d'améliorer le contenu des programmes éducatifs sur l'usage problématique de drogues.

Renseignements supplémentaires

La manipulation de produits opioïdes et leur utilisation d'une manière qui n'est pas prévue peuvent avoir de graves conséquences, notamment la surdose et le décès.

Des renseignements supplémentaires sur la surdose d'opioïdes, les effets à court et à long terme des opioïdes, l'utilisation sécuritaire des opioïdes et les endroits où obtenir de l'aide sont disponibles sur le site À propos des opioïdes.

Les données analysées aux fins de cet examen de l'innocuité proviennent de documents scientifiques et médicaux, des renseignements recueillis au Canada et ailleurs dans le monde et des connaissances acquises au sujet de l'utilisation de ce médicament tant au Canada qu'à l'étranger.

Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la Direction des produits de santé commercialisés.

Références

  1. Weir MA, Slater J, Jandoc R, et al. The risk of infective endocarditis among people who inject drugs: a retrospective, population-based time series analysis, CMAJ, vol. 191, no 4 (28 janvier 2019), p. E93 à E99

Notes de bas de page

  1. Il est possible de consulter les rapports sur les cas canadiens dans la Base de données en ligne de Canada Vigilance.