Résumé de l’examen de l’innocuité - Isotrétinoïne - Évaluation du risque potentiel de dysfonction sexuelle, y compris la dysfonction sexuelle persistant après l’arrêt du traitement

Décisions d'examen

Un resumé de l’examen de l'innocuité complète d'autres informations liées à l'innocuité afin d'aider les Canadiens à prendre des décisions éclairées au sujet du l'utilisation des produits de santé. Chaque résumé présente les données évaluées dans le cadre de l’examen de Santé Canada, les conclusions et les mesures prises par Santé Canada, le cas échéant.


Produit
Produits contenant de l’isotrétinoïne
Problème d’innocuité potentiel
Dysfonction sexuelle [y compris la dysfonction érectile (difficulté à obtenir et à maintenir une érection), la sécheresse vulvovaginale (sécheresse de la vulve et/ou du vagin) et la baisse de la libido (faible désir sexuel)] et dysfonction sexuelle persistant après l’arrêt du traitement
Messages clés
  • L’examen de l’innocuité de Santé Canada a permis de conclure qu’il pourrait exister un lien entre la prise d’isotrétinoïne et le risque de dysfonction sexuelle, y compris la dysfonction sexuelle persistant après l’arrêt du traitement.

  • Santé Canada a examiné le risque potentiel de dysfonction sexuelle, y compris la dysfonction sexuelle persistant après l’arrêt du traitement, associé à l’utilisation de l’isotrétinoïne, un médicament sur ordonnance autorisé pour le traitement de l’acné sévère chez les patients de 12 ans et plus pour lesquels d’autres médicaments se sont avérés inefficaces.

  • L’examen de l’innocuité a été entrepris suite à la publication d’un rapport sur l’isotrétinoïne et le risque de dysfonction sexuelle par la Medicines and Healthcare products Regulatory Agency (MHRA) du Royaume-Uni.

  • Par mesure de précaution, Santé Canada collaborera avec les fabricants afin que les renseignements sur l’innocuité du produit dans la monographie de produit canadienne (MPC) de tous les produits contenant de l’isotrétinoïne soit mise à jour et harmonisée de manière à inclure le risque potentiel de dysfonction sexuelle, y compris la dysfonction sexuelle persistant après l’arrêt du traitement. Santé Canada informera également les professionnels de la santé de cette mise à jour au moyen d’une communication d’InfoVigilance sur les produits de santé.

Enjeu

En 2016, Santé Canada a réalisé un examen de l’innocuité portant sur les rétinoïdes oraux et le risque de dysfonction érectile. L’examen a permis de conclure qu’il pourrait exister un lien entre la prise d’isotrétinoïne par voie orale et le risque de dysfonction érectile. Au moment de l’examen de l’innocuité, ce risque était déjà mentionné dans la MPC d’Epuris. Les MPCs des autres produits contenant de l’isotrétinoïne offerts sur le marché ont par la suite été mises à jour de manière à inclure le risque de dysfonction érectile, ce qui a permis d’harmoniser les renseignements sur l’innocuité de tous les produits contenant de l’isotrétinoïne.

En 2023, à la suite de la publication par la MHRA du Royaume-Uni d’un rapport sur l’isotrétinoïne et le risque de dysfonction sexuelle, Santé Canada a examiné le risque potentiel d’événements indésirables supplémentaires liés à la dysfonction sexuelle, y compris la dysfonction sexuelle persistant après l’arrêt du traitement. Au moment de cet examen, les MPCs des produits contenant de l’isotrétinoïne ne mentionnaient pas de manière uniforme ces événements indésirables supplémentaires.

Les dysfonctions sexuelles sont un groupe de troubles qui peuvent nuire à la capacité d’une personne à se livrer à des activités sexuelles. Les événements indésirables liés à la dysfonction sexuelle comprennent, sans toutefois s’y limiter, la dysfonction érectile, la sécheresse vulvovaginale et la baisse de la libido.

Utilisation au Canada
  • L’isotrétinoïne est un médicament sur ordonnance autorisé au Canada pour le traitement de l’acné sévère chez les patients de 12 ans et plus pour lesquels d’autres médicaments se sont avérés inefficaces.

  • L’isotrétinoïne est commercialisée au Canada depuis 1983. Elle est actuellement offerte sous forme de capsules orales commercialisées sous les marques nominatives Accutane Roche, Clarus, Epuris et Absorica LD. Une version générique de l’isotrétinoïne est également approuvée au Canada.

  • Environ 2 millions d’ordonnances d’isotrétinoïne ont été exécutées par des pharmacies de détail canadiennes entre août 2017 et juillet 2023. Au cours de cette période, le nombre d’ordonnances exécutées a légèrement augmenté, pour atteindre son maximum en 2021.

Constatations à l’issue de l’examen de l’innocuité
  • Santé Canada a étudié les renseignements provenant des recherches effectuées dans la base de données de Canada Vigilancea et la littérature scientifique.

  • Santé Canada a identifié 111 cas (11 au Canada et 100 internationaux) faisant état d’au moins 1 événement indésirable lié à la dysfonction sexuelle, y compris la dysfonction sexuelle persistant après l’arrêt du traitement, dans le contexte de la prise d’isotrétinoïne. Un peu plus de la moitié des événements signalés concernaient une dysfonction sexuelle persistant pendant des mois ou des années après l’arrêt du traitement. L’âge moyen était de 23 ans pour les cas qui précisaient l’âge des patients. Dans l’ensemble, les cas ne comprenaient pas suffisamment de renseignements cliniques ni de détails sur la santé mentale au moment de la dysfonction sexuelle pour permettre à Santé Canada de conclure de façon définitive à une association entre la prise d’isotrétinoïne et la dysfonction sexuelle. Toutefois, compte tenu de la chronologie des événements, la présence d’un lien n’a pas pu être écartée.

  • Santé Canada a également examiné 6 articles publiés dans la littérature scientifique. Le niveau de preuve de ces articles a été jugé limité, mais certains d’entre eux faisaient état de dysfonctions sexuelles signalées dans le contexte de la prise d’isotrétinoïne, y compris certaines dysfonctions ayant persisté après l’arrêt du traitement.

  • Sur la base de l’ensemble des données probantes examinées, il n’a pas été possible d’écarter la possibilité d’un lien entre la prise d’isotrétinoïne et la dysfonction sexuelle, y compris la dysfonction sexuelle persistant après l’arrêt du traitement. Les données signalées concernaient principalement la dysfonction érectile, la baisse de la libido et la sécheresse vulvovaginale.

  • Le jeune âge de la population visée, le nombre de cas signalés et les répercussions importantes des événements indésirables décrits justifient l’adoption d’une approche prudente en lien avec ce risque, et ce malgré le peu de données disponibles.

Conclusions et mesures à prendre
  • L’examen des données disponibles réalisé par Santé Canada a permis de conclure qu’il pourrait y avoir un lien entre la prise d’isotrétinoïne et le risque de dysfonction sexuelle, y compris la dysfonction sexuelle persistant après l’arrêt du traitement.

  • Santé Canada collaborera avec les fabricants afin que la MPC de tous les produits contenant de l’isotrétinoïne soient mises à jour et harmonisées de manière à inclure ce risque potentiel.

  • Santé Canada travaillera également avec les fabricants pour mettre en œuvre des mesures supplémentaires afin d’informer les patients de ce risque.

  • Santé Canada informera les professionnels de la santé de cette mise à jour au moyen d’une communication d’InfoVigilance sur les produits de santé.

  • Santé Canada encourage les consommateurs et les professionnels de la santé à déclarer au Programme Canada Vigilance tout effet secondaire associé à l’utilisation de l’isotrétinoïne ou d’un autre produit de santé.

  • Santé Canada continuera de surveiller les données sur l’innocuité de l’isotrétinoïne, comme il le fait à l’égard de tous les produits de santé sur le marché canadien, afin de cerner et d’évaluer les dangers possibles. Santé Canada prendra rapidement les mesures qui s’imposent si de nouveaux risques pour la santé sont portés à son attention.

Renseignements supplémentaires

Les données analysées aux fins de cet examen de l’innocuité proviennent de publications scientifiques et médicales, de renseignements recueillis au Canada et ailleurs dans le monde et des connaissances acquises au sujet de l’utilisation de l’isotrétinoïne tant au Canada qu’à l’étranger.

Pour d’autres renseignements, veuillez communiquer avec la Direction des produits de santé commercialisés.

Notes de bas de page
  1. Les cas déclarés au Canada peuvent être consultés dans la Base de données en ligne des effets indésirables de Canada Vigilance.