Sommaire des motifs de décision portant sur Cubicin ®

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.
CubicinMD

Daptomycine, 500 mg/flacon, Poudre pour solution, Intraveineuse

Cubist Pharmaceuticals, Inc.

No de contrôle de la présentation : 102320 / 104227

Émis le : 2008-07-31

Direction générale des produits de santé et des aliments

Notre mission est d'aider les Canadiennes et les Canadiens à maintenir et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada

Le mandat de la DGPSA est d'adopter une approche intégrée à la gestion des risques et des avantages pour la santé liés aux produits de santé et aux aliments:

  • en réduisant les facteurs de risque pour la santé des Canadiens et Canadiennes tout en maximisant la protection offerte par le systPme réglementaire des produits de la santé et des aliments ; et
  • en favorisant des conditions qui permettent aux Canadiens et Canadiennes de faire des choix sains ainsi qu'en leur donnant des renseignements afin qu'ils ou qu'elles puissent prendre des décisions éclairées en ce qui a trait à leur santé.

Direction générale des produits de santé et des aliments

Also available in English under the following title:Summary Basis of Decision (SBD)
PrCUBICIN®, Daptomycine, 500mg/vial, powder for solutiont, Cubist Pharmaceuticals, Inc.,
Submission Control No. 102320 / 104227.

Avant-propos

Le Sommaire des motifs de décision (SMD) de Santé Canada expose les motifs d'ordre scientifique et réglementaire sur lesquels reposent les décisions de Santé Canada concernant la réglementation des médicaments et des instruments médicaux. Les SMD sont rédigés en langage technique à l'intention des personnes et groupes intéressés aux décisions de Santé Canada portant sur un produit donné et sont le reflet des observations consignées dans les rapports d'évaluation. À ce titre, les SMD servent à compléter et non à répéter l'information contenue dans la monographie de produit.

Nous invitons les lecteurs à consulter le « Guide du lecteur sur le Sommaire des motifs de décision - Médicaments au sujet de l'interprétation des termes et des acronymes utilisés ici. Ils trouveront également dans ce guide un aperçu du processus d'examen des présentations de drogue dans le feuillet intitulé « Comment les médicaments sont examinés au Canada », qui décrit les facteurs pris en considération par Santé Canada au cours du processus d'examen et d'autorisation d'une présentation de drogue. Les lecteurs devraient aussi consulter le document intitulé « Initiative du sommaire des motifs de décision - Foire aux questions ».

Le SMD correspond à l'information dont disposent les autorités de réglementation de Santé Canada au moment de prendre une décision. Les présentations subséquentes examinées à d'autres fins ne sont pas incluses dans la Phase I de la stratégie de mise en oeuvre des SMD. Pour obtenir de l'information à jour sur un produit en particulier, les lecteurs sont priés de consulter la monographie la plus récente de ce produit. Santé Canada fournit également l'information au sujet mises en garde diffusées après la commercialisation ou d'avis émis à la suite d'effets indésirables (EI).

Pour de plus amples renseignements sur un produit en particulier, les lecteurs peuvent également se rendre sur les sites Web des organismes de réglementation d'autres pays. L'information reçue à l'appui d'une présentation de drogue au Canada peut cependant ne pas être identique à celle reçue par d'autres gouvernements.

Autres politiques et lignes directrices

Les lecteurs sont invités à consulter le site Web de Santé Canada, où ils trouveront d'autres politiques et lignes directrices au sujet des médicaments, notamment le document intitulé «Gestion des présentations de drogues ».

1 Information sur le produit et la présentation

Marque nominative :

CubicinMD

Fabricant/promoteur :

Cubist Pharmaceuticals, Inc.

Ingrédient médicinal :

Daptomycine

Dénomination commune internationale :

Daptomycine

Concentration :

500 mg/flacon

Forme posologique :

Poudre pour solution

Voie d'administration :

Intraveineuse

Identification numérique de drogue (DIN) :

  • 02299909

Classe pharmaco-thérapeutique (classe ATC) :

Agent antibactérien

Ingrédients non médicinaux :

Hydroxyde de sodium

Type et numéro de présentation :

Présentation de drogue nouvelle,
n° de contrôle 102320/104227

Date de la présentation :

2005-11-14

Date de l'autorisation :

2007-09-24

CUBICINMD est une marque de commerce utilisée sous licence par Cubist Pharmaceuticals, Inc.

2 Avis de décision

Le 24 septembre 2007, Santé Canada à émis à l'intention de Cubist Pharmaceuticals, Inc. un avis de conformité du produit pharmaceutique CubicinMD.

CubicinMD contient l'ingrédient médicinal daptomycine, un agent antibactérien.

CubicinMD est indiqué pour les infections suivantes chez les adultes :

  • Infections compliquées de la peau et des tissus mous (ICPTM) causées par les souches sensibles des microorganismes gram positif suivants : Staphylococcus aureus (y compris les souches résistantes la méthicilline), Streptococcus pyogenes et Streptococcus agalactiae.

  • Infections du sang (bactériémies) Staphylococcus aureus, y compris l'endocardite infectieuse droite (valve naturelle) Staphylococcus aureus, causées par les souches sensibles la méthicilline et les souches résistantes la méthicilline.

CubicinMD n'est pas indiqué pour le traitement de la pneumonie. L'innocuité et l'efficacité de CubicinMD n'ont pas été établies chez les patients âgés de moins de 18 ans.

Les patients atteints d'ICP™ ou de bactériémie/d'endocardite sont initialement hospitalisés en raison de la gravité de la maladie. La résistance croissante des bactéries aux médicaments classiques est un problème de santé émergent dans le cas de ces infections. La daptomycine se lie à la membrane des bactéries gram positif en présence d'ions calcium et entraîne une rapide dépolarisation du potentiel de membrane. La perte du potentiel de membrane entraîne l'inhibition de la synthèse des protéines, de l'ADN et de l'ARN, ce qui se solde par la mort de la cellule bactérienne.

L'autorisation de commercialisation s'appuie sur des données sur la qualité et les études non cliniques et cliniques présentées. L'efficacité et l'innocuité de CubicinMD chez les patients atteints d'ICP™ ont été examinées dans deux études pivotales. Au total, 1 092 adultes ont reçu soit CubicinMD (534) soit un médicament de comparaison (558) pendant 1 à 2 semaines; l'efficacité a été évaluée entre 7 et 12 jours après l'arrêt du traitement. L'innocuité a été évaluée pendant toute la période d'étude. CubicinMD s'est avéré aussi sûr et efficace contre les microorganismes responsables mentionnés que les antibiothérapies classiques dans un échantillon représentatif d'infections et d'adultes. Le médicament a été bien toléré; la plupart des effets indésirables étaient d'intensité légère à modérée et étaient réversibles. Une étude pivotale a évalué l'innocuité et l'efficacité de CubicinMD comparativement au traitement classique chez des patients atteints de bactériémie à S. aureus et d'endocardite infectieuse avérée ou soupçonnée à S. aureus. Au total, 235 patients adultes ont reçu les médicaments à l'étude; 120 ont reçu CubicinMD, tandis que 115 ont reçu un médicament de comparaison pendant 10 à 42 jours. CubicinMD a été jugé non inférieur au médicament de comparaison lors de la visite de contrôle de guérison, 6 semaines après la fin du traitement. On n'a pas observé d'écart significatif quant au délai d'éradication de la bactériémie entre les groupes. Le médicament a été bien toléré; la plupart des effets indésirables étaient d'intensité légère à modérée et étaient réversibles.

CubicinMD (daptomycine, 500 mg/flacon) est offert sous forme de poudre pour solution. Chez les patients atteints d'ICPTM, après reconstitution de 4 mg/kg dans une solution de chlorure de sodium à 0,9 %, CubicinMD devrait être administré par perfusion intraveineuse d'une durée de 30 minutes une fois par 24 heures pendant 7 à 14 jours. Chez les patients atteints de bactériémie, après reconstitution de 6 mg/kg dans une solution de chlorure de sodium à 0,9 %, CubicinMD devrait être administré par perfusion intraveineuse d'une durée de 30 minutes une fois par 24 heures. On possède peu de données d'innocuité relativement à l'usage de CubicinMD pendant plus de 28 jours. La durée du traitement doit s'appuyer sur le diagnostic de travail du médecin. Les recommandations concernant la posologie sont décrites dans la monographie de produit.

CubicinMD est contre-indiqué chez les patients présentant une hypersensibilité connue à la daptomycine. CubicinMD devrait être administré selon les conditions décrites dans la monographie de produit, en tenant compte des risques potentiels associés à l'administration de ce produit pharmaceutique. Les conditions détaillées relatives à l'usage de CubicinMD, les précautions et le suivi recommandé des patients sont décrits dans la monographie de produit.

Conformément à son examen des données portant sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité du produit, Santé Canada juge que le rapport entre les avantages et les risques de CubicinMD est favorable pour les indications ci-dessus.

3 Motifs d'ordre scientifique et réglementaire

La présentation initiale portant sur CubicinMD a été déposée le 14 novembre 2005 (n° de présentation 102320). Elle a été suivie d'une seconde présentation (n° de présentation 104227) concernant une seconde indication de traitement le 22 février 2006. Des renvois ont été faits entre les deux présentations dans le cadre du processus d'examen. Les deux présentations portant sur CubicinMD ont fait l'objet d'un avis de non-conformité (ANC) le 7 février 2007, car le promoteur n'avait pas fourni suffisamment de données concernant le procédé de fabrication de la substance médicamenteuse ni qualifié adéquatement les valeurs limites proposées pour les impuretés dans la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique. Le promoteur a déposé une réponse à l'ANC, qui a été examinée en consultation avec la division clinique. En se fondant sur l'information reçue au sujet de la consultation clinique, on a jugé que les valeurs limites proposées pour les impuretés étaient acceptables et que les problèmes signalés dans l'ANC avaient été résolus de façon satisfaisante. Une seule monographie de produit a été rédigée pour les deux présentations, et le présent SMD contient de l'information sur les deux indications.

3.1 Motifs d'ordre qualitatif

3.1.1 Substance médicamenteuse (Ingrédient médicinal)

Renseignements généraux

La daptomycine, ingrédient médicinal de CubicinMD, est un lipopeptide cyclique antibactérien. La daptomycine se lie à la membrane des bactéries gram positif en présence d'ions calcium et entraîne une rapide dépolarisation du potentiel de membrane. La perte du potentiel de membrane entraîne l'inhibition de la synthèse des protéines, de l'ADN et de l'ARN, ce qui se solde par la mort de la cellule bactérienne.

CubicinMD est indiqué pour les infections suivantes chez les adultes :

  • Infections compliquées de la peau et des tissus mous (ICPTM) causées par les souches sensibles des micro-organismes gram positif suivants : Staphylococcus aureus (y compris les souches résistantes à la méthicilline), Streptococcus pyogenes et Streptococcus agalactiae.

  • Infections du sang (bactériémies) à Staphylococcus aureus, y compris l'endocardite infectieuse droite (valve naturelle) à Staphylococcus aureus, causées par les souches sensibles à la méthicilline et les souches résistantes à la méthicilline.

CubicinMD n'est pas indiqué pour le traitement de la pneumonie. L'activité de la daptomycine in vitro est inhibée par la présence de surfactants pulmonaires.

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Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

La daptomycine est fabriquée par un procédé de synthèse à plusieurs étapes. Chaque étape du procédé de fabrication est considérée comme contrôlée dans des limites acceptables :

  • Le promoteur a fourni de l'information sur la qualité et les contrôles pour toutes les matières entrant dans la fabrication de la substance médicamenteuse.

  • Les spécifications de la substance médicamenteuse ont été jugées satisfaisantes. Les valeurs limites quant aux impuretés sont conformes aux exigences de la Conférence internationale sur l'harmonisation (ICH).

  • Les étapes de traitement ont été évaluées, et des intervalles appropriés ont été établis relativement aux paramètres du procédé.

Le procédé de fabrication est considéré comme dûment contrôlé dans des limites justifiées.

Caractérisation

On a effectué des études de caractérisation détaillées pour garantir que la daptomycine présente systématiquement la structure désirée.

La structure de la daptomycine est considérée comme adéquatement caractérisée, et les spectres représentatifs ont été fournis. Les propriétés physiques et chimiques ont été décrites et jugées satisfaisantes.

Les impuretés et les produits de dégradation découlant de la fabrication et/ou de l'entreposage ont été signalés et caractérisés. Ces produits étaient conformes aux limites établies par l'ICH et/ou ont été qualifiés au moyen d'analyses de lots et d'études toxicologiques; ils sont donc considérés comme acceptables.

Contrôle de la substance médicamenteuse

Les spécifications de la substance médicamenteuse ont été jugées acceptables.

Les méthodes d'analyse et, lorsque nécessaire, les rapports de validation de toutes les méthodes qui ont servi à l'analyse du produit fini (daptomycine) ainsi qu'aux essais de stabilité sont jugés satisfaisants.

Les quantités d'impuretés liées au produit et au procédé sont adéquatement surveillées tout au long du procédé de fabrication. Les résultats des rapports de validation des méthodes et des contrôles en cours de fabrication démontrent que les impuretés de la substance médicamenteuse sont adéquatement contrôlées. Les concentrations d'impuretés observées dans la substance médicamenteuse ont été jugées conformes aux limites établies.

Après examen, on a déterminé que les résultats des analyses de lots sont tous conformes aux spécifications et témoignent d'une qualité constante des lots produits.

Le conditionnement de la substance médicamenteuse est jugé acceptable.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais de longue durée et accélérés, la période de contre-essai, la durée de conservation et les conditions d'entreposage proposées pour la substance médicamenteuse sont jugées bien étayées et satisfaisantes.

3.1.2 Produit pharmaceutique

Description et composition

Le produit pharmaceutique, CubicinMD, est commercialisé sous forme de lyophilisat stérile jaune pâle à marron clair destiné à être administré par voie intraveineuse après avoir été reconstitué avec une solution de chlorure de sodium à 0,9 % pour injection. CubicinMD est offert en flacons de 500 mg de daptomycine. Les flacons, d'une capacité de 10 mL, sont en verre au plomb de type I; ils sont dotés d'un bouchon en bromobutyle de 20 mm, d'une bague d'aluminium et d'une capsule amovible colorée en plastique. CubicinMD peut également contenir de l'hydroxyde de sodium à raison de 25 μL/g de daptomycine, étant donné la nécessité de réguler le pH.

Tous les ingrédients non médicinaux (excipients) présents dans le produit pharmaceutique sont autorisés par le Règlement sur les aliments et drogues. Les excipients contenus dans la préparation comprennent un véhicule (eau pour injection), un régulateur du pH (hydroxyde de sodium), et un gaz inerte utilisé durant la lyophilisation (azote). Les données sur la stabilité présentées à l'appui de la formulation commerciale proposée attestent la compatibilité de la daptomycine avec les excipients.

Élaboration du produit pharmaceutique

Les données sur l'élaboration du produit pharmaceutique, y compris l'élaboration du système récipient-fermeture, sont jugées acceptables. Les données présentées dans cette section décrivent la composition de CubicinMD, la justification du choix de la formulation, le procédé de fabrication du produit, y compris de l'emballage, les lots ayant fait l'objet d'une caractérisation in vitro et la qualité microbiologique de CubicinMD. Les études justifiant la nature et la concentration proposée des excipients utilisés dans le produit pharmaceutique ont aussi été examinées et jugées acceptables.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

La substance médicamenteuse en vrac est un produit de fermentation fabriqué avec un équipement pharmaceutique et dans des installations conventionnels. Le procédé validé permet de fabriquer le produit de façon à répondre systématiquement aux spécifications du produit fini.

Tout l'équipement, les étapes de fabrication et les paramètres de fonctionnement détaillés sont dûment décrits dans la documentation fournie et ont été jugés acceptables. Le procédé de fabrication est considéré comme dûment contrôlé dans des limites justifiées.

Contrôle du produit pharmaceutique

CubicinMD a été soumis à des tests visant à en vérifier l'identité, l'apparence, l'uniformité, la concentration des produits de dégradation et des impuretés microbiologiques, l'activité et le pH; les résultats de ces tests sont tous conformes aux critères d'acceptation. Les spécifications des tests et les méthodes d'analyse sont jugées acceptables; la durée de conservation ainsi que les limites de libération des produits de dégradation, pris séparément ou globalement, se situent dans des limites acceptables.

On a passé en revue les résultats des analyses finales de lots, et ils ont été jugés conformes aux spécifications du produit pharmaceutique.

Bien que des impuretés et des produits de dégradation découlant de la fabrication et/ou de l'entreposage aient été signalés et caractérisés, ils ont été jugés conformes aux limites établies par l'ICH et/ou ont été qualifiés au moyen d'analyses de lots; ils sont donc considérés comme acceptables.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais de longue durée et accélérés, la durée de conversation proposée de 36 mois à une température de 2 °C à 8 °C pour CubicinMD est considérée comme acceptable.

La compatibilité du produit pharmaceutique avec le système récipient-fermeture a été établie au moyen de tests officinaux et d'études de stabilité. Le système récipient-fermeture satisfait à tous les critères d'acceptation des tests de validation.

3.1.3 Installations et équipement

L'aménagement, le fonctionnement et les mécanismes de contrôle des installations et de l'équipement servant à la production sont jugés acceptables pour les activités et les produits fabriqués.

Toutes les installations de fabrication proposées sont conformes aux exigences du titre 2 du Règlement sur les aliments et drogues.

Toutes les installations sont conformes aux Bonnes pratiques de fabrication (BPF).

3.1.4 Évaluation de l'innocuité des agents adventices

Sans objet. CubicinMD ne contient pas de matières d'origine humaine ou animale.

3.1.5 Conclusion

L'information fournie sur les caractéristiques chimiques et la fabrication de CubicinMD indique que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications approuvées. Des études appropriées sur l'élaboration et la validation ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour la commercialisation.

3.2 Motifs non cliniques de la décision

3.2.1 Pharmacodynamique

Selon des études pharmacodynamiques portant sur des modèles souris d'infection des tissus mous (de la cuisse) par Staphylococcus aureus, le paramètre pharmacocinétique de l'exposition au médicament (ASC) et le paramètre de la concentration plasmatique maximale (Cmax) permettaient de prédire l'efficacité de la daptomycine. Les rapports ASC/CMI et Cmax/CMI présentaient une meilleure corrélation avec l'efficacité que la durée de concentration supérieure à la CMI (T > CMI), ce qui correspond à l'activité bactéricide dépendante de la concentration de la daptomycine. L'efficacité a été observée à des valeurs d'exposition (ASC) cliniquement significatives sur 24 heures.

Une analyse Monte Carlo a été effectuée pour déterminer la probabilité que la daptomycine soit conforme aux critères ASC/CMI. Pour chaque groupe de pathogènes, on a mené une simulation où les deux variables étaient évaluées en fonction des critères pharmacodynamiques ASC/CMI dans un modèle souris d'infection de la cuisse. Les critères ASC/CMI représentatifs de l'efficacité utilisés dans les calculs étaient 180 et 160 pour Staphylococcus aureus et les espèces du genre Streptococcus, respectivement. La modélisation Monte Carlo a fait ressortir une forte probabilité d'efficacité à l'exposition produite par la dose clinique de 4 mg/kg aussi bien contre Staphylococcus aureus (99,9 %) que contre les espèces du genre Streptococcus (99,9 %).

L'efficacité de la daptomycine a été étudiée dans des modèles animaux d'infection, y compris l'indication clinique proposée contre les infections de la peau et des tissus mous et l'endocardite de même que contre les septicémies et les infections pulmonaires chez la souris, le rat, le lapin, le cobaye et le hamster. La dose de 4 mg/kg toutes les 24 heures s'est révélée efficace contre les staphylocoques et les streptocoques dans les cas d'infection de la peau et des tissus mous. La dose de 6 mg/kg toutes les 24 heures s'est avérée efficace contre les infections du sang dues à Staphylococcus aureus, avec ou sans endocardite infectieuse. La dose clinique de 4 mg/kg toutes les 24 heures, qui a produit une Cmax moyenne de 57,8 μg-h/mL, a atteint les valeurs pharmacodynamiques prédictives de l'efficacité contre Staphylococcus aureus et les espèces du genre Streptococcus. La daptomycine était non efficace contre la pneumonie broncho-alvéolaire en raison de l'interaction entre la daptomycine et le surfactant pulmonaire (l'un des principaux composants du liquide sécrété par l'épithélium respiratoire). La daptomycine présente une efficacité semblable à celle de la vancomycine dans le traitement de l'ostéomyélite à SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline).

3.2.2 Pharmacocinétique

On a examiné les propriétés pharmacocinétiques de la daptomycine chez plusieurs espèces animales afin de déterminer son profil ADME (absorption, distribution, métabolisme, élimination).

Absorption

Après injection d'un bolus intraveineux, la daptomycine présentait une cinétique de premier ordre, indépendamment de l'espèce. La concentration plasmatique maximale et l'ASC était proportionnelles à la dose. L'injection quotidienne répétée de daptomycine pendant 14 jours à 6 mois n'a eu aucune incidence sur les paramètres pharmacocinétiques chez le chien et le singe.

Les concentrations plasmatiques de la daptomycine administrée par voie orale étaient faibles chez le rat, variant entre 0,05 et 0,2 μg/mL. Selon les résultats globaux des études chez le rat, plus de 90 % de la daptomycine administrée par voie orale traverse le tube digestif sans être absorbée. L'administration parentérale non intraveineuse de daptomycine par voie sous-cutanée ou intrapéritonéale aux doses thérapeutiques s'est traduite par une forte biodisponibilité. Chez la souris, la biodisponibilité générale à la suite de l'administration sous-cutanée de 1 à 25 mg/kg se situait entre 94 % et 100%, mais elle diminuait à 76 % lorsque la dose était augmentée à 100 mg/kg.

Distribution

L'élimination de la daptomycine administrée par voie intraveineuse (10 à 150 mg/kg) a été étudiée chez la souris, le rat, le singe et le chien. Le profil de concentration plasmatique du médicament était sensiblement le même d'une espèce à l'autre. On a observé une relation dose-réponse linéaire jusqu'à la concentration plasmatique maximale de daptomycine. Les concentrations tissulaires les plus élevées de médicament ont été atteintes dans le plasma; c'est aussi dans le plasma que la demi-vie du médicament a été la plus courte. Le profil plasmatique de la daptomycine administrée par voie intraveineuse correspondait au modèle à deux compartiments, avec une phase de distribution rapide et une phase d'élimination plus lente. Le volume de distribution apparent de la daptomycine était faible. Les concentrations tissulaires de daptomycine les plus élevées ont été atteintes dans les reins et les poumons. La demi-vie du médicament dans les poumons était semblable à celle dans le plasma, tandis qu'elle était un peu plus longue dans les reins. La demi-vie du médicament variait entre 2 et 4 heures dans la plupart des tissus.

Les études de distribution tissulaire chez le rat menées à l'aide de daptomycine radiomarquée (10 mg/kg) ont fait ressortir de fortes concentrations initiales de radiocarbone dans les reins et l'urine, indiquant que le rein constitue la principale voie d'élimination. Le radiocarbone est demeuré dans le cortex du rein, dénotant une rétention après l'administration d'une seule dose. Des concentrations moins élevées de radiocarbone ont aussi été observées dans le contenu du tube digestif, ce qui veut dire que la voie hépatique pourrait intervenir dans l'élimination de la daptomycine. Pour la plupart des tissus, les valeurs de l'exposition (ASC) étaient plus élevées après l'administration de plusieurs doses qu'après l'administration d'une dose unique. Cette observation reflète une certaine accumulation du radiocarbone. Cependant, à la suite de l'administration de plusieurs doses, les taux d'exposition à la daptomycine et à ses métabolites étaient de 10 à 67 fois plus élevés dans les reins que dans tout autre tissu.

Métabolisme

La daptomycine a présenté un métabolisme limité se produisant par dégradation spontanée ou enzymatique dans le plasma ou encore par voie métabolique hépatique. Chez toutes les espèces à l'étude, une faible quantité du médicament (< 20 % de la dose) a été excrétée dans l'urine sous forme de métabolite inactif; la majeure partie de la dose a été excrétée sous forme de médicament actif intact. Chez la souris, la radioactivité dans l'urine a atteint deux pics après administration de daptomycine radiomarquée. Un des pics correspondait à la daptomycine et l'autre n'a pas été défini. Aucun métabolite n'a été observé dans le plasma ni dans l'urine chez le rat, le chien et le singe.

Élimination

La daptomycine était principalement excrétée dans l'urine chez toutes les espèces à l'étude. Environ 70 % à 80 % de la radioactivité administrée a été récupérée dans l'urine dans les 48 heures ayant suivi l'administration de la dose chez la souris, le rat, le chien et le singe. Les études chez le rat menées à l'aide de daptomycine radiomarquée ont montré qu'environ 15 % du médicament était excrété dans les selles. Les échantillons d'urine recueillis dans les 24 heures ayant suivi l'administration de la dose ont atteint un pic majeur qui correspondait au médicament mère et qui était biologiquement actif. On n'a pas vérifié si des métabolites étaient présents dans les échantillons de selles.

Populations particulières

Une étude a porté sur l'incidence de l'insuffisance rénale sur la pharmacocinétique de la daptomycine chez le rat. Cette étude a montré que l'insuffisance rénale réduisait la clairance systémique de la daptomycine, confirmant l'importance de la fonction rénale dans l'élimination de la daptomycine. Des études non cliniques donnent à penser qu'il pourrait être nécessaire de modifier le schéma posologique pour les patients atteints d'insuffisance rénale grave. Aucune étude pharmacocinétique n'a porté sur des modèles animaux d'insuffisance hépatique. Cependant, comme la daptomycine est peu métabolisée par le foie, l'insuffisance hépatique devrait n'avoir que des effets minimes sur la pharmacocinétique de la daptomycine.

Interactions médicament-médicament

On a étudié chez le rat les interactions médicamenteuses potentielles entre la daptomycine et la simvastatine qui pourraient affecter les muscles squelettiques. Or, aucune interaction médicamenteuse n'a affecté les muscles squelettiques à la suite de l'administration concomitante de doses cliniques de daptomycine et de simvastatine à des rats. Cette étude est décrite en détail dans la monographie de produit.

Les effets des interactions de la tobramycine et de la daptomycine sur les muscles squelettiques ont été examinés chez le rat. Cette étude a révélé qu'une légère dégénérescence et/ou régénération des muscles squelettiques est survenue chez les rats ayant reçu 20 mg/kg de daptomycine seule. Les rats ayant reçu de la daptomycine en concomitance avec de la tobramycine ont présenté de légères modifications des muscles squelettiques aux doses ≤ 5 mg/kg de daptomycine. Cette observation porte à croire que la tobramycine accroît les lésions musculaires causées par la daptomycine. Cette interaction est décrite dans la section de la monographie de produit concernant les interactions médicament-médicament.

Les interactions entre la daptomycine et la gentamicine ont été examinées du point de vue de la néphrotoxicité chez le chien. L'administration de daptomycine seule n'a pas induit de néphrotoxicité. On a observé une légère augmentation du poids relatif des reins. Le traitement par la gentamicine seule a été associé, tel que prévu, à une néphrotoxicité liée à la dose, y compris à des modifications de la chimie sérique, de la chimie urinaire et du poids des reins ainsi qu'à des lésions histopathologiques. Dans les cas où une forte dose de daptomycine (30 mg/kg) était administrée avec une forte dose de gentamicine (30 mg/kg), les taux sanguins d'azote uréique et de créatinine étaient deux fois plus élevés que ceux notés avec la gentamicine seule, et les lésions rénales microscopiques observées allaient de minimes à modérées. On ne sait pas si ces résultats étaient dus à l'interaction compétitive entre les deux médicaments excrétés par le rein, qui favoriserait l'exposition systémique à la gentamicine. À une dose clinique, l'association de daptomycine et de gentamicine n'a entraîné qu'une légère augmentation de la gravité des lésions, sans effets fonctionnels. Cette interaction est expliquée dans la section de la monographie de produit concernant la pharmacologie détaillée.

3.2.3 Innocuité pharmacologique

On a évalué les effets pharmacologiques de la daptomycine sur l'appareil cardiovasculaire, sur l'appareil respiratoire, sur les reins, sur l'appareil digestif, sur le système nerveux central (SNC) et sur le système immunitaire de la souris, du rat du chien. Les effets de la daptomycine sur le SNC étaient évidents aux doses les plus élevées. Chez la souris, on a régulièrement noté une réduction de l'activité motrice aux doses de 100 mg/kg et plus. À 200 mg/kg, le médicament a réduit l'effet hypothermique de l'apomorphine ainsi que les contorsions induites par l'acide acétique. Aux doses ≤ 200 mg/kg, on a observé des tremblements et des convulsions. La daptomycine a aussi prolongé le temps de sommeil induit par l'hexobarbital aux doses de 25 mg/kg et plus, effet qui est devenu statistiquement significatif à 200 mg/kg. Ce temps de sommeil accru pourrait s'expliquer par l'inhibition du métabolisme de l'hexobarbital. Les effets de la daptomycine sur le SNC du rat étaient semblables à ceux sur le SNC de la souris. Les doses de 15 et 50 mg/kg n'ont eu aucun effet sur le temps de sommeil induit par le thiopental ni sur la perte de coordination motrice. Cependant, ces effets sont survenus aux doses de daptomycine de 150 mg/kg, qui ont aussi amplifié de 4 à 8 fois l'effet anesthésiant du thiopental sodique. Chez le chien, l'administration de 5 et 50 mg/kg de daptomycine n'a eu aucun effet notable sur le cycle sommeil-éveil mesuré par EEG.

La pénétration de la daptomycine dans le SNC était limitée chez les animaux ayant une barrière hémato-encéphalique intacte. Les études sur des modèles animaux ont fait ressortir une augmentation de la pénétration de la daptomycine dans le liquide céphalorachidien par les méninges enflammées. Bien que les effets sur le SNC aient été observés à des doses beaucoup plus élevées que la dose clinique proposée, le risque d'atteinte du SNC en cas d'inflammation des méninges n'a pas été exclu. Les effets de la daptomycine sur le SNC sont décrits en détail dans la section de la monographie de produit concernant la pharmacologie.

La daptomycine a entraîné une dégénérescence neuromusculaire dans les études chez le rat et le chien, mais elle n'a eu aucun effet sur la transmission neuromusculaire dans les préparations nerf phrénique-diaphragme de rat in vitro aux concentrations allant de 10-3 à 10-9 M. Lorsque la concentration de daptomycine était portée à 10-2 M (16 mg/mL), il se produisait une activité bloquante neuromusculaire qui pourrait jouer un rôle dans la toxicité observée chez les animaux de laboratoire ayant reçu des doses élevées. Certains antibiotiques, tels que les aminosides, sont reconnus pour entraîner un blocage neuromusculaire à des concentrations élevées, effet qui peut être neutralisé par l'ajout de calcium. Dans l'étude présentée, l'effet bloquant neuromusculaire de la daptomycine ne pouvait être neutralisé par l'ajout de calcium. L'activité bloquante neuromusculaire de la daptomycine observée à 10-2 M se produisait à environ 200 fois la concentration plasmatique signalée chez les volontaires humains traités par des doses de 6 mg/kg. Par conséquent, cet effet ne devrait pas poser problème aux doses thérapeutiques.

Les effets pharmacologiques de la daptomycine sur l'appareil respiratoire et l'appareil cardiovasculaire ont été examinés in vivo et in vitro. L'administration de daptomycine chez le chien (50 mg/kg) n'a pas affecté la fonction respiratoire (fréquence respiratoire, ventilation-minute, PCO2, PO2, HCO3- et pH du sang artériel). Aucun effet notable sur les paramètres cardiovasculaires n'est survenu chez le chien à la dose de 50 mg/kg. Une légère augmentation de la pression artérielle moyenne a été observée, mais elle ne devrait poser aucun problème clinique, puisque la dose thérapeutique se situe entre 4 et 6 mg/kg. Dans une étude in vitro, la daptomycine n'a eu aucun effet sur la réponse des préparations d'oreillettes isolées de cobayes à des stimuli électriques ou chimiques à des concentrations allant jusqu'à 10-4 M (160 μg/mL).

Les effets de la daptomycine sur le courant potassique cardiaque à polarisation rapide a été examiné in vitro à l'aide d'ADNc de canaux hERG cloné dans des cellules rénales embryonnaires humaines. Aux concentrations de médicament non lié jusqu'à 100 fois supérieures aux concentrations plasmatiques cliniques (c.-à-d. 300 μM ou environ 500 μg/mL), la daptomycine n'a causé aucune inhibition des courants hERG. Les études ont été menées avec un témoin positif adéquat qui a inhibé de 60 % les courants hERG. Selon les études in vitro, les concentrations cliniques de daptomycine ne devraient pas causer d'allongement de l'intervalle QT. Chez le chien, l'administration de daptomycine (50 mg/kg) n'a été associée à aucune modification apparente de l'intervalle PR, de la durée du complexe QRS ni de l'intervalle QTc.

Aux doses allant jusqu'à 10 mg/kg, la daptomycine n'a eu aucun effet sur le volume urinaire, sur l'osmolalité ni sur l'excrétion d'électrolytes chez les rats femelles. À cette dose, la daptomycine n'a semblé avoir aucun effet fonctionnel sur les macrophages, sur les lymphocytes T ni sur les lymphocytes B dans la réponse anticorps primaire à un antigène particulaire chez la souris.Les doses à l'étude étaient 1,7 à 2,5 fois plus élevées que la dose thérapeutique.

On a évalué la daptomycine comme agoniste et comme antagoniste pharmacologique dans une variété de tissus musculaires lisses chez le cobaye, le rat et le lapin. La daptomycine ne présentait généralement aucune activité pharmacologique dans ces préparations, hormis l'inhibition de la réponse à l'ocytocine dans l'utérus sensibilisé par les oestrogènes et l'atténuation de la réponse à une stimulation de champ dans le canal déférent chez le rat. Cependant, comme ces effets sont survenus à des concentrations environ 30 fois plus élevées que la concentration plasmatique thérapeutique, ils n'ont qu'une faible importance clinique.

3.2.4 Toxicologie

Pour étayer la section de la présentation concernant la toxicologie, le promoteur a soumis plus de 50 nouvelles études toxicologiques. Plusieurs effets notables ont été signalés dans ces études, particulièrement dans les études de toxicité aiguë et les études de toxicité à doses répétées. Les muscles squelettiques et les nerfs périphériques se sont avérés les principaux organes cibles de la toxicité de la daptomycine.

Toxicité aiguë

Les essais de toxicité aiguë ont montré que le système neuromusculaire (système nerveux et/ou muscles squelettiques) constituait l'organe cible de la toxicité de la daptomycine chez les quatre espèces à l'étude (c.-à-d. souris, rat, chien et singe). À la suite de l'administration intraveineuse d'une dose unique (allant de ≤ 25 à ≤ 700 mg/kg) de daptomycine, des signes cliniques évoquant une toxicité pour les muscles squelettiques et/ou le système nerveux (c.-à-d. système nerveux central [SNC] et nerfs périphériques) étaient évidents chez les quatre espèces. Ils étaient accompagnés d'une baisse ou d'une augmentation du poids corporel chez les rongeurs et chez le chien. Les mortalités découlant des doses élevées (≤ 140 à ≤ 700 mg/kg) semblaient liées à la toxicité pour le SNC. Des effets tels que des tremblements, des convulsions cloniques et le coma sont survenus à des doses semblables à celles associées aux mortalités. Les pics des concentrations plasmatiques de daptomycine chez l'animal à la dose létale minimale étaient environ 30 à 100 fois plus élevés que ceux associés à la dose clinique prévue (4 mg/kg toutes les 24 heures).

Toxicité à doses multiples

Les études de toxicité à doses répétées ont toutes porté sur la voie d'administration intraveineuse, qui est la voie d'administration clinique prévue. Bien qu'on ait recours à une perfusion de 30 minutes en milieu clinique, la daptomycine a été administré par bolus intraveineux dans toutes les études sauf une, car le grand nombre d'animaux à l'étude faisait en sorte que la perfusion n'était pas une méthode pratique. Cependant, une étude a aussi porté sur l'administration par perfusion intraveineuse de 30 minutes. Dans la plupart des études, la daptomycine a été administrée une fois par jour, hormis dans certaines études exploratoires, où elle a été administrée trois fois par jour.

À la lumière des effets neuromusculaires observés dans les études d'innocuité pharmacologique et de toxicité aiguë, on a souvent intégré aux études à doses multiples des paramètres spéciaux pour caractériser les effets sur les muscles et les nerfs.

L'ensemble des résultats des études à doses multiples et des études exploratoires indiquait que chez les rats et les chiens adultes, le principal organe cible de la toxicité était les muscles squelettiques; les deux espèces ont présenté des effets au niveau des nerfs périphériques aux doses les plus élevées. Chez les chiens adultes, la myopathie des muscles squelettiques était généralement accompagnée d'une élévation du taux de créatine-phosphokinase (CPK) sérique qui précédait les effets cliniques et présentait une corrélation avec la gravité des lésions microscopiques. Des signes cliniques modérés et graves (posture/démarche anormale, coordination réduite, incapacité de se tenir debout, animal couché sur le ventre) et des insuffisances fonctionnelles (électrophysiologie) étaient évidents. Des effets microscopiques ont été détectés dans les nerfs périphériques, les ganglions spinaux, les racines nerveuses (y compris les racines postérieures et antérieures gauches et droites) et les nerfs spinaux. La myopathie primaire des muscles squelettiques et la neuropathie observées chez le chien à la suite de l'administration de plusieurs doses de daptomycine semblaient être indépendantes l'une de l'autre. Les deux effets semblaient notamment être liés à différents paramètres pharmacocinétiques : tandis que les effets sur les muscles squelettiques étaient indépendants de la concentration plasmatique maximale (Cmax) et qu'ils paraissaient principalement liés à la fréquence des doses (c.-à-d. intervalle entre les doses) et/ou à l'ASC, la Cmax semblait être le principal déterminant des effets sur les nerfs périphériques (non liés à l'ASC). De plus, les effets sur les muscles squelettiques et sur les nerfs étaient associés à des courbes dose-réponse et à des taux de rétablissement différents. Les effets sur les muscles squelettiques sont disparus plus rapidement que les effets sur les nerfs, qui ont persisté beaucoup plus longtemps. Par exemple, les effets musculaires liés à la daptomycine étaient réversibles dans les 30 jours suivant l'interruption de la dose, tandis que la fonction des nerfs périphériques s'est rétablie 3 à 6 mois après la dernière dose (ce qui correspond à une absence d'effet sur le corps cellulaire neuronal), bien que des modifications histologiques (racines postérieures et antérieures et nerfs spinaux) étaient évidentes 6 mois après la dernière dose. Dans tous les cas sauf un, la dégénérescence axonale observée dans ces tissus était très faible et consistait en de rares vacuoles dispersées.

Par opposition aux chiens adultes, les chiots semblaient plus sensibles aux lésions des nerfs périphériques qu'à la myopathie des muscles squelettiques, et leurs taux de CPK n'ont pas augmenté. Les chiots ont présenté une dégénérescence axonale des fibres nerveuses périphériques (nerfs grand sciatique et cubital), de la moelle épinière (nerfs cervicaux, thoraciques et lombaires) et des racines postérieures à des doses inférieures à celles associées à une toxicité pour les muscles squelettiques. De plus, les effets sur les muscles squelettiques étaient réversibles, mais les effets sur les nerfs périphériques (nerf grand sciatique) et sur la moelle épinière (nerfs cervicaux, thoraciques et lombaires) étaient encore partiellement présents après une phase de rétablissement de 4 semaines. La néphrotoxicité et les effets digestifs observés chez le rat semblaient être propres à l'espèce; ils n'ont pas été observés chez le chien ni chez le singe, même aux plus fortes doses à l'étude (75 mg/kg/jour chez le chien et 10 mg/kg/jour chez le singe).

Il importe de noter que seule une étude à doses multiples a été menée chez le singe et que les doses administrées ne dépassaient pas 10 mg/kg pendant un mois. Aucun effet indésirable notable n'a été observé dans cette étude, mais les doses utilisées étaient trop faibles (1,7 à 2,5 fois les doses thérapeutiques recommandées) pour qu'on puisse en tirer des conclusions significatives.

Mutagénicité/génotoxicité

La daptomycine ne s'est pas révélée mutagène ni clastogène dans une batterie d'essais de génotoxicité, qui comprenait le test d'Ames, un essai de mutation génique sur des cellules de mammifères, un test d'aberrations chromosomiques sur des cellules ovariennes de hamster chinois, un test du micronoyau in vivo chez la souris, un test de réparation de l'ADN in vitro et un test d'échange de chromatides-soeurs in vivo chez le hamster chinois.

Cancérogénicité

Aucune étude de cancérogénicité n'a porté sur la daptomycine, étant donné la courte durée du traitement clinique recommandé et l'absence d'effets génotoxiques observés.

Toxicité pour l'appareil reproducteur

Les études chez l'animal n'ont fait ressortir aucun effet nocif en ce qui concerne l'accouplement, la fertilité, la gestation, le développement embryofoetal, la mise bas et le développement postnatal. Cependant, comme aucune étude clinique n'a été menée chez des femmes enceintes, une mise en garde et un énoncé sur les précautions à prendre figurent dans la monographie de produit.

Autres études de toxicité

La daptomycine cause une légère irritation transitoire sur la peau après contact cutané ainsi qu'une légère conjonctivite transitoire après administration par voie topique dans l'oeil. Bien qu'aucune étude de tolérance locale spécifique n'ait été menée, la daptomycine n'a pas semblé causer d'irritation locale au point d'injection à la suite de l'administration deplusieurs doses par voie intraveineuse. La daptomycine a présenté une faible immunogénicité lorsqu'elle était administrée par doses répétées.

3.2.5 Microbiologie

La daptomycine injectée directement dans la membrane de bactéries Gram positif en phase de croissance et en phase stationnaire a entraîné une dissipation du potentiel de membrane et un flux sortant d'ions potassium, ce qui s'est traduit par l'inhibition de la synthèse des protéines, de l'ADN et de l'ARN ainsi que par la mort de la cellule bactérienne avec une lyse cellulaire négligeable. La daptomycine n'était pas active contre les bactéries Gram négatif.

3.2.6 Résumé et conclusion

On a examiné la pharmacocinétique de la daptomycine chez plusieurs espèces animales afin de déterminer son profil ADME. L'administration intraveineuse a été associée à une relation dose-réponse linéaire jusqu'à la concentration plasmatique maximale du médicament. La daptomycine, qui a présenté un métabolisme limité chez toutes les espèces animales à l'étude, est principalement excrétée dans l'urine. Chez le rat, la daptomycine s'accumule dans les reins et a une longue demi-vie tissulaire. L'insuffisance rénale réduit la clairance systémique de la daptomycine. On a observé chez le rat une interaction potentielle avec la tobramycine qui réduisait la dose de daptomycine (≤ 5 mg/kg) à laquelle se produisaient de légères modifications des muscles squelettiques.

Les études d'innocuité pharmacologique chez l'animal ont montré que les doses les plus élevées avaient eu des effets sur le système nerveux central. Des énoncés appropriés concernant ces effets potentiels figurent dans la monographie de produit. La daptomycine ne devrait avoir aucun effet sur l'intervalle QTc.

Des effets notables ont aussi été observés aux doses les plus élevées dans les études toxicologiques, notamment dans les études de toxicité aiguë et les études de toxicité à doses répétées. Des énoncés appropriés concernant ces effets potentiels ont été ajoutés dans la monographie de produit pour mettre en lumière les risques. Si des traitements cliniques de plus longue durée sont proposés dans l'avenir, il faudra réévaluer la nécessité de mener des études de cancérogénicité ainsi que la durée appropriée des études toxicologiques générales portant sur l'administration de doses multiples.

3.3 Motifs cliniques de la décision

3.3.1 Pharmacocinétique

Absorption

Les propriétés pharmacocinétiques de la daptomycine étaient généralement linéaires et indépendantes du temps aux doses de 4 à 12 mg/kg toutes les 24 heures. Les concentrations minimales à l'état d'équilibre ont été atteintes après la troisième dose quotidienne. Les concentrations minimales à l'état d'équilibre moyennes (écart type) obtenues à la suite de l'administration de doses de 4, 6, 8, 10 et 12 mg/kg toutes les 24 heures ont été de 5,9 (1,6), 6,7 (1,6), 10,3 (5,5), 12,9 (2,9) et 13,7 (5,2) μg/mL, respectivement. Les valeurs moyennes de l'ASC et de la Cmin (concentration plasmatique minimale) pour la daptomycine administrée une fois par jour à raison de 6, 8, 10 et 12 mg/kg étaient proportionnelles à la dose; cependant, la valeur moyenne de la Cmax (concentration plasmatique maximale) était un peu moins que proportionnelle à la dose. La clairance totale est demeurée la même dans l'ensemble de l'intervalle des doses de 4 à 12 mg/kg toutes les 24 heures.

Distribution

La daptomycine se lie de façon réversible aux protéines plasmatiques humaines, principalement à l'albumine sérique, d'une manière indépendante de sa concentration. La liaison globale moyenne aux doses de 4 à 12 mg/kg se situait entre 90 % et 93 %. Le volume de distribution apparent (Vd) de la daptomycine à l'état d'équilibre chez les sujets adultes bien portants était faible, soit 0,1 L/kg aux doses de 4 à 12 mg/kg, indiquant que la distribution se faisait principalement dans le compartiment extracellulaire. Les études menées sur des sujets bien portants ayant des ampoules induites par la cantharidine ont montré que la daptomycine pénétrait dans les exsudats inflammatoires. La daptomycine a pénétré dans les exsudats inflammatoires à une vitesse modérée, le délai d'obtention de la concentration maximale (Tmax) y ayant été environ trois fois plus long que dans le plasma. La pénétration de la daptomycine dans les exsudats inflammatoires était bonne et la concentration maximale (Cmax) atteinte dans les liquides inflammatoires a été de 27,6 μg/mL. La concentration de daptomycine atteinte dans les foyers inflammatoires cutanés était considérablement plus élevée que la CMI90 pour la majorité des pathogènes gram positif potentiels. Dans l'étude pharmacocinétique en population, le volume de distribution augmentait davantage chez les sujets atteints d'une infection bactérienne aiguë que chez les sujets non infectés. Cette observation est conforme à la physiopathologie des infections bactériennes aiguës, qui se caractérise par une réponse inflammatoire associée à une perméabilité vasculaire accrue et par l'accumulation de liquide extracellulaire au siège de l'infection.

Les études de pharmacologie clinique ont révélé que de 90 % à 93 % de la daptomycine se liait aux protéines plasmatiques. Les études in vitro ont aussi indiqué que la daptomycine se liait à l'albumine sérique d'une manière indépendante de la concentration. La liaison aux protéines était relativement faible et facilement réversible. La liaison aux protéines sériques chez les sujets atteints d'insuffisance rénale, peu importe la gravité, était comparable à celle chez les sujets bien portants; cependant, la liaison aux protéines était réduite chez les sujets atteints d'insuffisance rénale terminale dialysés.

Métabolisme

Aucun produit du métabolisme ni de la dégradation de la daptomycine n'a été détecté dans le plasma des sujets bien portants à la suite de l'administration du médicament radiomarqué. Après 24 heures, 65 % de la radioactivité avait été récupérée dans l'urine. Après 144 heures, 78 % du médicament radiomarqué avait été récupéré dans l'urine, et 5 % et 3 % de la radioactivité avait été récupérée dans les selles et dans l'air expiré, respectivement. Dans une seconde étude, qui ne faisait pas appel à un médicament radiomarqué, on a recueilli quatre métabolites mineurs en faibles quantités (chacun représentant < 5 % du pic de daptomycine) dans les échantillons d'urine, mais aucun dans les échantillons de plasma. Deux des quatre métabolites observés dans l'urine ont semblé être des métabolites oxydatifs de la phase I. On n'a pas précisé si ces métabolites étaient actifs ou non.

Selon les études menées in vitro, la daptomycine n'était pas métabolisée par les microsomes du foie humain dans les conditions expérimentales. D'autres études in vitro ont évalué l'effet de la daptomycine sur l'induction et l'activité des isoenzymes hépatiques du cytochrome P450. Les doses employées dans ces études convenaient pour la concentration thérapeutique. Aucune inhibition ni induction biologiquement significative des enzymes n'est survenue. On a observé une induction potentielle de l'isoenzyme CYP2C9 à la dose de 400 μg/mL de daptomycine, à savoir une concentration 4 à 8 fois plus élevée que la concentration clinique prévue. Toutefois, cet effet ne s'est pas produit de façon systématique dans les tissus de donneurs. L'étude soumise a montré que la daptomycine n'affectait pas le métabolisme médié par CYP3A4 in vivo et que des interactions médicament-médicament médiées par le CYP étaient peu susceptibles de se produire.

Élimination

La daptomycine est principalement éliminée de l'organisme par excrétion rénale. Dans une étude clinique menée à l'aide de daptomycine radiomarquée, la dose administrée a été éliminée dans l'urine dans une proportion de 75 % à 80 % et dans les selles dans une proportion de 4 % à 6 %. L'administration de probénécide n'a eu aucun effet sur la pharmacocinétique de la daptomycine, ce qui porte à croire que la sécrétion tubulaire rénale, qui est bloquée par le probénécide, n'intervient pas dans l'élimination de la daptomycine. La filtration glomérulaire a constitué la principale voie d'élimination de la daptomycine.

Populations particulières

Trois études cliniques ont évalué la pharmacocinétique de la daptomycine chez des sujets atteints d'insuffisance rénale. Toutes les études ont clairement montré que la clairance plasmatique de la daptomycine était étroitement liée à la clairance de la créatinine. Les paramètres pharmacocinétiques de l'élimination rénale de la daptomycine ont été considérablement modifiés chez les patients dont la clairance de la créatinine était < 30 mL/min. L'exposition au médicament (ASC) était environ 2,5 fois plus élevée dans ce groupe que chez les volontaires bien portants. On a approuvé pour les sujets atteints d'insuffisance rénale grave les schémas posologiques suivants : 4 mg/kg de daptomycine toutes les 48 heures pour les cas d'ICP™ et 6 mg/kg de daptomycine toutes les 48 heures pour les cas de bactériémie et d'endocardite infectieuse. Ces doses sont tirées d'études de modélisation pharmacocinétique, mais leur efficacité et leur innocuité n'ont pas été vérifiées, et il en est clairement fait mention dans la monographie de produit. De plus, dans la section concernant la posologie et l'administration, il est indiqué que Cubicin devrait être utilisé en dernier recours chez les patients dont la clairance de la créatinine est < 30 mL/min, et ce seulement si les avantages cliniques prévus l'emportent sur les risques potentiels. Chez les sujets dont la clairance de la créatinine était > 30 mL/min mais < 50 mL/min, l'ASC moyenne a augmenté d'un facteur de 1,65 et les taux sériques après 24 heures étaient 2 fois plus élevés que dans le groupe témoin. Chez les sujets atteints d'insuffisance rénale, la fraction libre de la daptomycine tendait à être plus élevée, mais non de façon statistiquement significative.

Aucun ajustement de la dose n'est nécessaire pour les sujets dont la clairance de la créatinine est > 30 mL/min, mais il faut modifier le schéma posologique pour ceux ayant une clairance de la créatinine < 30 mL/min. Les sujets dont la clairance de la créatinine est < 50 mL/min, chez qui les concentrations minimales et l'ASC de la daptomycine sont plus élevées, courent un risque accru d'élévation du taux sérique de CPK et de toxicité musculaire. Dans la section des mises en garde et des précautions de la monographie de produit, il est indiqué que les taux de CPK devraient être surveillés de près chez tous les patients atteints d'insuffisance rénale, quelle qu'en soit la gravité.

Les propriétés pharmacocinétiques de la daptomycine (mis à part la Cmax) étaient nettement différentes chez les sujets âgés, qui ont subi une exposition plus élevée de 58 % que les sujets plus jeunes. La clairance rénale était plus faible chez les sujets âgés, et les modifications pharmacocinétiques de la daptomycine pourraient être attribuées à des modifications de la fonction rénale. Bien que l'exposition ait été plus élevée chez les sujets âgés, la dose unique de 4 mg/kg de daptomycine a été bien tolérée et on n'a observé aucune modification cliniquement pertinente en ce qui concerne l'hématologie, la chimie clinique et l'examen des urines. Aucun ajustement de la dose n'est nécessaire pour les sujets âgés dont la fonction rénale est normale pour leur âge.

L'insuffisance hépatique légère et modérée n'a pas affecté la pharmacocinétique de la daptomycine. La pharmacocinétique de la daptomycine n'a pas été évaluée chez les patients atteints d'insuffisance hépatique grave. Comparativement aux témoins non obèses, les sujets modérément obèses ont présenté une clairance plasmatique de la daptomycine inférieure de 15 % et une ASC supérieure d'environ 30 %, et les sujets extrêmement obèses, une clairance plasmatique de la daptomycine inférieure de 23 % et une ASC supérieure d'environ 31 %. L'analyse pharmacocinétique en population a fait ressortir une légère variation de la clairance de la daptomycine en fonction du sexe. L'importance clinique de cette observation n'est pas claire. Aucun ajustement de la dose n'est nécessaire en fonction de l'obésité ni du sexe des sujets.

Interactions médicamenteuses

On a examiné chez des volontaires bien portants la pharmacocinétique de la daptomycine et de l'aztréonam administrés seuls et en association. Une comparaison de la Cmax, de l'ASC0-∞ et de la Fedose a révélé que la daptomycine et l'aztréonam ne présentaient pas d'interactions médicament-médicament pharmacocinétiques entre eux. Le profil d'innocuité de la daptomycine administrée à raison d'une dose intraveineuse unique de 6 mg/kg est demeuré inchangé lorsqu'elle était administrée en association avec 1 000 mg d'aztréonam.

Une étude clinique a porté sur les effets de la daptomycine à l'état d'équilibre sur la pharmacocinétique à dose unique des énantiomères R et S de la warfarine et sur les propriétés pharmacodynamiques de la warfarine chez des sujets bien portants. La comparaison de la Cmax et de l'ASC a montré que la daptomycine n'avait aucun effet notable sur la pharmacocinétique de la R-warfarine ni de la S-warfarine. De plus, les RIN corrigés en fonction des valeurs de référence appuient l'absence d'effet de la daptomycine sur la pharmacodynamique de la warfarine. L'étude soumise ne portait pas sur la pharmacocinétique de la daptomycine à la concentration de la warfarine à l'état d'équilibre. Cependant, la méthodologie de l'étude réduisait le risque d'exposition des volontaires bien portants à un effet anticoagulant de longue durée, et une seule dose de warfarine devrait permettre de déterminer la présence ou non d'interactions pharmacocinétiques avec la daptomycine. La comparaison de la Cmax et de l'ASC dans cette étude a révélé que l'administration de warfarine n'a pas eu d'influence notable sur la pharmacocinétique de la daptomycine. Les résultats de la surveillance de l'innocuité dans le cadre de l'étude n'ont soulevé aucun nouveau problème d'innocuité lié à l'administration de la daptomycine.

Une étude clinique a évalué l'innocuité de la daptomycine administrée une fois par jour pendant 14 jours consécutifs à des sujets traités par une dose quotidienne stable de 40 mg de simvastatine. Les concentrations minimales de daptomycine chez les sujets traités par la simvastatine étaient semblables à celles observées dans les autres études de phase I. L'administration de plusieurs doses de daptomycine à des sujets suivant un traitement concomitant par la simvastatine n'a pas été associée à une incidence accrue d'effets indésirables. L'administration concomitante prolongée de daptomycine et de simvastatine n'a eu aucun effet sur le taux sérique de CPK. Il ne semblait y avoir aucune interaction entre la simvastatine et la daptomycine.

Peu d'essais d'administration concomitante d'inhibiteurs de la réductase HMG-CoA et de daptomycine ont été effectués chez des patients; de plus, l'étude sur les interactions excluait les sujets traités par la simvastatine dont le taux de CPK était > 1,5 fois la limite supérieure de la normale (LSN). Il faudrait considérer l'arrêt temporaire des inhibiteurs de la réductase HMG-CoA chez les patients traités par la daptomycine. Une mise en garde figure dans la monographie de produit au sujet de l'utilisation des inhibiteurs de la réductase HMG-CoA chez les patients traités par CubicinMD.

Dans une autre étude clinique, on a vérifié si la pharmacocinétique de la daptomycine et de la tobramycine était affectée par l'administration concomitante des deux médicaments. D'après les résultats, l'administration concomitante de tobramycine a entraîné une légère baisse de la clairance rénale et de l'excrétion de daptomycine. L'étude d'interactions entre la tobramycine et la daptomycine a porté sur des doses de daptomycine inférieures à celles nécessaires pour les indications cliniques. L'excrétion rénale de daptomycine était une voie d'élimination importante. L'évaluateur craignait que si des doses thérapeutiques de daptomycine avaient été utilisées dans ces études, l'administration concomitante de tobramycine aurait pu considérablement modifier la clairance rénale. La monographie de produit énonce clairement que les interactions entre ces deux médicaments ne sont pas connues aux doses cliniques. Les résultats des études d'interactions médicamenteuses montrent que la tobramycine pourrait légèrement accroître les lésions musculaires causées par la daptomycine. Cet effet potentiel est énoncé dans la section de la monographie de produit concernant les interactions médicament-médicament.

3.3.2 Études pharmacologiques supplémentaires

Des études de pharmacologie clinique ont été menées sur l'effet de la daptomycine sur la repolarisation cardiaque et sur la conductivité des nerfs périphériques. Dans l'étude soumise, rien ne démontrait que l'exposition à la daptomycine à raison de 6 mg/kg toutes les 24 heures pendant 14 jours modifiait de façon cliniquement notable la repolarisation cardiaque telle que mesurée par l'intervalle QT corrigé par la méthode de Bazett (QTcB).

L'exposition de volontaires bien portants à la daptomycine à raison de 6 mg/kg toutes les 24 heures pendant 14 jours consécutifs n'a été associée à aucune myopathie ni neuropathie d'après des mesures électrophysiologiques objectives de la fonction neuromotrice dans la main et le seuil de perception vibratoire (SPV) dans le gros orteil. Cependant, s'il faut en croire la fonction sensorielle des petites fibres telle qu'évaluée par un questionnaire neurologique subjectif, il est possible que les nerfs périphériques soient endommagés dans une certaine mesure. Durant la période de suivi de 14 jours, les sujets du groupe traité par la daptomycine ont été plus nombreux (8) que ceux traités par un soluté physiologique normal (5) à présenter des symptômes de picotement, d'engourdissement et de faiblesse. Des énoncés de mise en garde rappelant l'importance de surveiller les signes et les symptômes de neuropathie durant le traitement par la daptomycine figurent dans la monographie de produit.

3.3.3 Efficacité clinique

Traitement des infections compliquées de la peau et des tissus mous (ICPTM)

Dans deux essais pivots comparatifs à deux groupes semblables (études 9801 et 9901) menées dans plusieurs pays (États-Unis, Europe, Afrique du Sud, Israël, Australie) auprès de cas d'ICPTM, 1 092 adultes ont été exposés à des quantités à peu près égales de CubicinMD (daptomycine) ou d'un médicament de comparaison. Dans chacun des deux groupes de traitement, les patients ont été préalablement répartis en fonction de leur susceptibilité de présenter une infection à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline et/ou une intolérance à la pénicilline. Dans le premier groupe, les patients ont été traités par la daptomycine. Dans le second groupe, les patients ont été traités soit par des pénicillines semi-synthétiques (c.-à-d., oxacilline, nafcilline, cloxacilline ou flucloxacilline), soit par la vancomycine si une résistance ou une intolérance à la pénicilline était soupçonnée. Les médicaments de comparaison étaient approuvés pour le traitement des ICP™ causées par des pathogènes sensibles dans les pays où ils étaient utilisés. Dans les deux groupes de traitement, on faisait passer les patients à des antibiotiques oraux après une période minimale de traitement parentéral, et dans le groupe témoin, les patients qui manifestaient une résistance passaient à un traitement par la vancomycine. L'aztréonam et le métronidazole pouvaient être administrés dans les cas d'infection par des bactéries Gram négatif et/ou anaérobies.

Les paramètres primaires des études concernaient l'efficacité clinique (amélioration, guérison) 7 à 12 jours après le traitement par 4 mg/kg de daptomycine administrée par voie intraveineuse toutes les 24 heures pendant 7 à 14 jours. L'innocuité a été évaluée tout au long de l'étude.

Un succès microbiologique contre un pathogène infectieux a été défini comme l'élimination définitive (c.-à-d. incapacité d'isoler le pathogène dans une culture du siège primaire de l'infection au contrôle de guérison) ou l'élimination présumée (guérison du siège primaire de l'infection accompagnée d'une indication explicite qu'il n'y a « rien à cultiver »). Les sujets étaient classés comme des échecs microbiologiques si les données sur les cultures n'étaient pas disponibles pour quelque raison que ce soit ou si un ou plusieurs des pathogènes gram positif infectieux initiaux était explicitement isolé (persistance documentée). Les cas de données manquantes ont été classés comme des échecs persistants présumés. De façon générale, un cas de succès thérapeutique a été défini comme une personne ayant obtenu un résultat correspondant à un succès clinique et, si un pathogène infectieux avait été isolé au départ, un résultat indiquant un succès microbiologique. Les sujets qui ont obtenu un échec clinique, qui ne pouvaient être évalués et qui présentaient un échec microbiologique (peu importe qu'ils aient obtenu ou non un succès clinique) ont été classés comme des échecs thérapeutiques.

Dans l'étude 9801, un ou plusieurs pathogènes gram positif ont été mis en culture au départ pour > 81 % des patients en intention de traiter (ITT). Dans le sous-groupe des patients en intention de traiter modifiée (ITTm), Staphylococcus aureus, Streptococcus pyogenes, Streptococcus agalactiae et Enterococcus faecalis ont été observés chez environ 70 %, 16,2 %, 9,3 % et 13,8 % des patients, respectivement. Au total, 13 % des sujets positifs étaient infectés à la fois par Staphylococcus aureus et le streptocoque β-hémolytique Streptococcus pyogenes ou Streptococcus agalactiae. Durant la période d'essai, environ 32 % des patients ITT ont reçu des antibiotiques selon le protocole contre des organismes Gram négatif et anaérobies et environ 40 % ont subi des interventions d'appoint (p. ex., incision, drainage, parage d'une plaie).

Dans l'étude 9901, un ou plusieurs pathogènes gram positif ont été mis en culture au départ pour > 83 % des patients ITT. Staphylococcus aureus, Streptococcus pyogenes, Streptococcus agalactiae et Enterococcus faecalis étaient présents chez ces patients dans une proportion de 68,9 %, 27,1 %, 6,6 % et 10,3 %, respectivement. Au total, 20,7 % des sujets positifs étaient infectés à la fois par Staphylococcus aureus et le streptocoque β-hémolytique Streptococcus pyogenes ou Streptococcus agalactiae. Durant la période d'essai, environ 19,8 % des patients ITT ont reçu des antibiotiques selon le protocole contre des organismes Gram négatif et anaérobies et environ 19,7 % ont subi des interventions d'appoint (p. ex., incision, drainage, parage d'une plaie).

Dans l'étude 9801, les taux globaux de succès clinique tels qu'évalués par des analyses intégrées étaient de 65,1 % dans le groupe traité par la daptomycine et de 64,8 % dans le groupe de comparaison pour la population ITTm contre 76,0 % et 76,7 %, respectivement, pour les sous-groupes de la population cliniquement évaluable (CE), ce qui démontrait la non-infériorité de la daptomycine par rapport aux médicaments de comparaison. Dans l'étude 9901, les taux de succès clinique étaient aussi comparables entre les groupes ITTm (84,0 % vs 83,1 %) et les groupes CE (89,9 % vs 90,4 %).

Les taux combinés de succès microbiologique (élimination définitive ou présumée de l'organisme) dans la population de patients microbiologiquement évaluables (ME) des études 9801 et 9901 étaient semblables dans le groupe traité par la daptomycine et dans les groupes de comparaison (74,2 % vs 75,5 %). Ces résultats étaient légèrement plus faibles dans l'étude 9801 (67,8 % vs 67,6 %) que dans l'étude 9901 (80,1 % vs 81,8 %). Les taux combinés de succès microbiologique dans la population des patients ME étaient comparables entre le groupe traité par la daptomycine et les groupes de comparaison en ce qui concerne le pathogène infectieux de départ : Staphylococcus aureus sensible à la méthicilline (SASM) (73,2 % vs 75,8 %), Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) (53,6 % vs 58,3 %), Streptococcus pyogenes (90,5 % vs 81,8 %) et Streptococcus agalactiae (77,8 % vs 65,5 %). Les succès microbiologiques correspondaient aux succès cliniques.

Les taux de récidive ou de rechute clinique au suivi tardif (> 20 jours après la fin du traitement) étaient faibles. On n'a noté aucun signe de résistance à la daptomycine pendant le traitement ni après celui-ci.

La daptomycine s'est avérée efficace chez les adultes dans le traitement des ICP™ causées par Staphylococcus aureus, Streptococcus agalactiae et Streptococcus pyogenes dans deux essais pivots. L'allégation relative à Enterococcus faecalis sensible à la vancomycine est considérée comme n'ayant été étayée ni par la méthodologie ni par les résultats des essais.

Le promoteur a aussi présenté les sommaires de quatorze essais justificatifs non essentiels sur les premiers stades et le développement, dont cinq étaient directement liés aux ICPTM.

Traitement des bactériémies

Dans une étude pivot (de non-infériorité) de phase III multicentrique, randomisée, ouverte et comparative, on a évalué l'innocuité et l'efficacité de la daptomycine comparativement au traitement classique chez des patients présentant une bactériémie à Staphylococcus aureus et d'endocardite infectieuse avérée ou soupçonnée à Staphylococcus aureus (selon les critères de Duke modifiés). Des 246 patients recrutés, 235 ont reçu un médicament à l'étude : 120 ont été traités par la daptomycine à raison de 6 mg/kg par voie intraveineuse une fois par jour et 115 ont été traités par un médicament de comparaison (vancomycine, 1 g par voie intraveineuse toutes les 12 heures, ou pénicilline semi-synthétique, 2 g par voie intraveineuse toutes les 4 heures, avec une dose initiale de gentamycine 1 mg/kg par voie intraveineuse toutes les 8 heures pendant 4 jours). L'atteinte du paramètre primaire d'efficacité était déterminée par un comité d'évaluation externe indépendant, qui se fondait sur le contrôle de guérison des patients en intention de traiter (ITT) répartis en fonction du diagnostic (endocardite infectieuse gauche, endocardite infectieuse droite compliquée, endocardite infectieuse droite non compliquée et bactériémie compliquée). Le paramètre primaire était un paramètre composite fondé sur les succès cliniques et microbiologiques. Le principal paramètre secondaire d'efficacité était le délai d'éradication de la bactériémie dans la population ITT et dans la population traitée selon le protocole.

Les taux de succès global en ce qui concerne le délai d'éradication dans la population ITT étaient de 44,2 % (53/120) chez les patients traités par la daptomycine et de 41,7 % (48/115) chez les patients traités par un médicament de comparaison. Les taux de succès dans la population traitée selon le protocole ont été de 54,4 % (43/79) chez les patients traités par la daptomycine et de 53,3 % (32/60) chez les patients traités par un médicament de comparaison. Les taux de succès dans l'ensemble de la population ITT montraient que l'efficacité de la daptomycine était presque identique, indépendamment de la sensibilité à la méthicilline des infections à Staphylococcus aureus au départ.

Bien que la cohorte à l'étude ait été représentative des patients atteints d'une bactériémie à Staphylococcus aureus et d'une endocardite infectieuse connue ou soupçonnée, la généralisabilité des résultats concernant l'efficacité est limitée par plusieurs critères d'exclusion. Ont notamment été exclus de l'étude les personnes portant une prothèse valvulaire, les personnes atteintes de pneumonie, d'ostéomyélite, de méningite ou d'une infection polymicrobienne du sang, les personnes présentant un corps étranger intravasculaire dont l'extraction n'est pas prévue dans les quatre jours suivant la dose (sauf les endoprothèses vasculaires mises en place pour > 6 mois et les stimulateurs cardiaques permanents) et les cas d'insuffisance rénale grave.

Les avantages cliniques de la daptomycine chez les patients cliniquement et microbiologiquement évaluables ayant reçu un diagnostic définitif d'endocardite infectieuse (53) étaient étayés par des données limitées sur l'endocardite infectieuse droite (succès chez 8/19 [42,1 %] des patients du groupe traité par la daptomycine vs 7/16 [43,8 %] des patients des groupes témoins). Cependant, l'efficacité et les avantages cliniques de la daptomycine n'ont pas été démontrés chez les patients atteints d'une endocardite infectieuse gauche (1/9 [11,1 %] vs 2/9 [22,2 %]).

Les données sur l'efficacité dans des sous-groupes diagnostiques étaient limitées et elles n'avaient pas une puissance statistique suffisante en raison de l'hétérogénéité et de la petite taille de la population ainsi que des divergences entre le diagnostic initial et le diagnostic définitif d'endocardite infectieuse. La dose et le schéma posologique recommandés étaient justifiés chez les patients présentant une fonction rénale normale ou une légère insuffisance rénale. L'administration de daptomycine était associée à de moins bons résultats chez les patients atteints d'insuffisance rénale modérée (clairance de la créatinine entre 30 et 50 mL/min). L'efficacité clinique chez les patients atteints d'insuffisance rénale grave n'a pas été étudiée. Les problèmes d'efficacité sont décrits dans des énoncés dans la monographie de produit.

Deux autres études justificatives ont porté sur les bactériémies. La première, commandée par Cubist, était une étude ouverte comparant la daptomycine administrée à raison de 4 mg/kg/jour, de 6 mg/kg/jour et de 3 mg/kg deux fois par jour avec un médicament de comparaison (vancomycine à raison de 1 g deux fois par jour ou pénicillines semi-synthétiques [nafcilline ou oxacilline] en doses divisées de 4 à 13 g/jour) pendant 7 à 14 jours chez des patients atteints d'une infection à bactéries gram positif. Cette étude n'a pas permis de tirer des conclusions fiables, mais l'efficacité de la dose intermédiaire de daptomycine y était comparable à celle des médicaments de comparaison (taux de succès clinique de 68,8 % vs 73,3 %). Les autres doses semblaient moins efficaces, peut-être en raison de facteurs d'atténuation non pris en compte.

La seconde étude, plus ancienne, était une étude de Lilly où la daptomycine administrée à raison de 3 mg/kg deux fois par jour après une dose d'attaque de 6 mg/kg était comparée au traitement classique contre l'endocardite et les bactériémies causées par des bactéries gram positif. Seulement 40 patients étaient évaluables dans le groupe traité par la daptomycine et 14, dans le groupe de comparaison (efficacité clinique globale de 80 % vs 78 %). La daptomycine n'était pas aussi efficace que le traitement classique contre l'endocardite (68,8 % vs 80,0 %).

3.3.4 Innocuité clinique

Traitement des infections compliquées de la peau et des tissus mous (ICPTM)

L'analyse intégrée des effets indésirables dans les deux essais pivots portant sur les ICP™ a fait ressortir des distributions semblables dans le groupe traité par la daptomycine et dans le groupe de comparaison. Les taux d'effets indésirables chez l'ensemble des patients traités étaient de 51,3 % (daptomycine) et de 52,5 % (médicament de comparaison). Les effets indésirables les plus fréquents concernaient le tube digestif. La majorité des effets indésirables étaient légers ou modérés et ils étaient considérés comme non liés au traitement. Les élévations du taux de créatine-phosphokinase (CPK), de l'ordre de 2,1 % et de 1,4 %, respectivement, étaient considérées comme liées au traitement. Le problème de la toxicité musculaire est néanmoins considéré comme rare, et dans l'ensemble, il ne s'est pas avéré particulièrement grave dans les essais. Des cas rares d'hypersensibilité et de neuropathie sont aussi survenus, et ces affections devraient être surveillées. Des énoncés sur les précautions à prendre figurent dans la monographie de produit. Aucune autre tendance cliniquement pertinente ne dénotait une toxicité induite par la daptomycine. Aucun ajustement de la dose n'est jugé nécessaire en fonction de l'âge, de l'origine ethnique, du sexe ni du degré d'insuffisance hépatique.

Dans les études justificatives, la daptomycine a semblé être bien tolérée aux doses proposées contre les ICPTM. La neurotoxicité et la myotoxicité périphérique observées, qui étaient liées au médicament, semblaient très rares et réversibles même aux doses les plus élevées. Aucun signe de toxicité cardiaque induite par le médicament n'a été observé. On possède encore peu d'expérience en ce qui concerne les cas d'affections musculaires, d'atteintes neurologiques centrales et périphériques et de maladies rénales sous-jacentes graves.

Traitement des bactériémies

Les données sur l'innocuité issues de l'étude pivot étaient fondées sur une étude portant sur une population (n = 236) dont 120 sujets avaient reçus au moins une dose de daptomycine (6 mg/kg toutes les 24 heures). Le profil d'innocuité était fondé sur les différentes durées de l'exposition au médicament (intervalle de 10 à 42 jours, moyenne de 14 jours) et sur la période de suivi post-traitement de 12 semaines. Quatorze patients ont reçu de la daptomycine pendant > 28 jours.

Les principaux effets indésirables survenus dans l'étude clinique pivot de phase III étaient, selon le système organe classe (SOC), les infections et les troubles digestifs (y compris la diarrhée, les vomissements, la constipation et les nausées). La plupart des effets indésirables étaient considérés comme non liés au médicament à l'étude et leur intensité allait de légère à modérée. Les principaux effets indésirables liés au médicament étaient les suivants : élévation du taux de CPK (5 %), selles molles (3,3 %), élévation du phosphore sanguin (2,5 %), dyspepsie (2,5 %) et éruptions cutanées (2,5 %). Dans certains cas (3 cas [2,5 %] d'élévation du taux de CPK, 3 cas [2,5 %] d'éruptions cutanées et 1 cas [

< 1 %] de chacun des événements suivants : vomissements, insuffisance rénale, thrombocytopénie et arrêt cardiaque), le traitement a été interrompu en raison d'effets peut-être ou vraisemblablement liés au médicament. Les effets indésirables graves peut-être ou vraisemblablement liés au médicament comprenaient l'élévation du taux de CPK (résolue après l'arrêt du médicament), la fibrillation ou le flutter auriculaire, l'insuffisance rénale (insuffisance rénale sous-jacente) et l'arrêt cardiaque fatal (plusieurs facteurs de confusion). Les effets indésirables graves ont été plus nombreux chez les patients atteints d'insuffisance rénale modérée traités par 6 mg/kg toutes les 24 heures, ce qui incite à la prudence dans cette cohorte. L'innocuité de la daptomycine chez les patients atteints d'insuffisance rénale grave n'a pas été établie. Quelques rares cas de paresthésie liée au médicament sont survenus dans le groupe traité par la daptomycine, mais ils ont été résolus sans qu'on ne cesse le traitement.

Pour réduire le risque que ces événements potentiels se produisent, il faut surveiller la réponse clinique, le taux de CPK, la fonction rénale et les symptômes de myopathie et de neuropathie et cesser l'administration du médicament ou interrompre temporairement l'administration d'inhibiteurs de la réductase HMG-CoA et de tout autre médicament associé à la myopathie. Les problèmes d'efficacité sont décrits dans des énoncés dans la monographie de produit.

Les données sur l'innocuité à long terme (c.-à-d. > 28 jours) sont limitées; aucun problème d'innocuité particulier n'a été observé chez les patients ayant suivi un traitement plus long.

Dans les essais justificatifs, la tolérabilité a semblé être la même pour toutes les doses de daptomycine et tous les médicaments de comparaison. Un patient traité par 4 mg/kg/jour a présenté une légère élévation du taux de CPK liée à la daptomycine (entre 500 et 750 U/L) durant la troisième semaine de traitement, mais cet effet a été associé à une faiblesse musculaire et à la fatigue. Le patient a été exclu de l'étude et son taux de CPK s'est rétabli peu de temps après.

3.4 Évaluation des avantages / risques et recommandation

3.4.1 Évaluation des avantages / risques

Les options thérapeutiques contre Staphylococcus aureus, particulièrement Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), sont limitées. Les données figurant dans la présentation montrent que la daptomycine est active contre Staphylococcus aureus, indépendamment de sa sensibilité ou de sa résistance à la méthicilline. La daptomycine constitue un bon ajout à l'arsenal thérapeutique antibiotique contre les ICPTM, y compris les formes staphylococciques maintenant résistantes aux traitements classiques. Il existe un faible risque acceptable de toxicité neuromusculaire, mais la collecte continue d'information à cet égard est nécessaire et en cours. La daptomycine présente un rapport avantages/risques favorable au traitement des patients atteints d'une bactériémie à Staphylococcus aureus, y compris l'endocardite infectieuse droite à Staphylococcus aureus (valve naturelle). Les risques potentiels peuvent être pris en charge par la surveillance et par l'arrêt du médicament au besoin. Aucune étude n'a porté sur l'utilisation de la daptomycine contre les bactériémies à Staphylococcus aureus associées à d'autres affections courantes ni sur l'utilisation de la daptomycine chez les enfants.

De façon générale, les avantages de l'utilisation de la daptomycine selon le protocole et selon les termes de la monographie de produit l'emportent sur les risques.

3.4.2 Recommendation

Après avoir examiné les données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de ce produit, Santé Canada estime que CubicinMD a un profil avantages/risques favorable au traitement des infections compliquées de la peau et des tissus mous (ICPTM) causées par les souches sensibles des micro-organismes gram positif suivants : Staphylococcus aureus (y compris les souches résistantes à la méthicilline), Streptococcus pyogenes et Streptococcus agalactiae; et des infections du sang (bactériémies) à Staphylococcus aureus, y compris l'endocardite infectieuse droite. La présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1 et, par conséquent, Santé Canada a accordé l'Avis de conformité prévu par l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues.

4 Étapes importantes de la présentation

Étapes importantes de la présentation: CubicinMD

Étape importante de la présentationDate
N° de contrôle de la présentation 102320
Dépôt de la présentation2005-11-14
Examen préliminaire 1
Avis d'insuffisance émis lors de l'examen préliminaire2005-12-29
Réponse déposée2006-02-07
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2006-03-23
Examen 1
Évaluation de la qualité terminée2007-02-01
Évaluation clinique terminée2007-01-17
Évaluation de l'étiquetage terminée2006-11-09
Délivrance de l'ANC par le directeur général (problèmes de qualité)2007-02-07
Réponse déposée2007-04-20
Examen préliminaire 2
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2007-04-27
Examen 2
Évaluation de la qualité terminée2007-04-27
Évaluation clinique terminée2007-09-20
Évaluation de l'étiquetage terminée2007-09-19
Délivrance de l'AC par le directeur général2007-09-24
N° de contrôle de la présentation 104227
Dépôt de la présentation2006-02-22
Examen préliminaire 1
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2006-04-13
Examen 1
Évaluation de la qualité terminée2007-02-01
class="indent20"Évaluation clinique terminée2007-01-17
Évaluation de l'étiquetage terminée2006-11-08
Délivrance de l'ANC par le directeur général (problèmes de qualité)2007-02-07
Réponse déposée2007-04-20
Examen préliminaire 2
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2007-04-27
Examen 2
Évaluation de la qualité terminée2007-09-18
Évaluation clinique terminée2007-09-20
Évaluation de l'étiquetage terminée2007-09-19
Délivrance de l'AC par le directeur général2007-09-24