Sommaire des motifs de décision portant sur Leukoscan ®

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.
LeukoscanMD

Sulesomab, 0,31 mg / flacon, Poudre lyophilisée pour solution, Intraveineuse

Immunomedics, Inc.

No de contrôle de la présentation : 055499

Émis le : 2007-01-19

Direction générale des produits de santé et des aliments

Notre mission est d'aider les Canadiennes et les Canadiens à maintenir et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada

Le mandat de la DGPSA est d'adopter une approche intégrée à la gestion des risques et des avantages pour la santé liés aux produits de santé et aux aliments:

  • en réduisant les facteurs de risque pour la santé des Canadiens et Canadiennes tout en maximisant la protection offerte par le système réglementaire des produits de la santé et des aliments ; et
  • en favorisant des conditions qui permettent aux Canadiens et Canadiennes de faire des choix sains ainsi qu'en leur donnant des renseignements afin qu'ils ou qu'elles puissent prendre des décisions éclairées en ce qui a trait à leur santé.

Direction générale des produits de santé et des aliments

Also available in English under the following title: Summary Basis of Decision (SBD), LEUKOSCAN®, Sulesomab, 0.31 mg, Lyophilized Powder for Solution, Immunomedics, Inc., Submission Control No. 055499

Avant-propos

Le Sommaire des motifs de décision (SMD) de Santé Canada expose les motifs d'ordre scientifique et réglementaire sur lesquels reposent les décisions de Santé Canada concernant la réglementation des médicaments et des instruments médicaux. Les SMD sont rédigés en langage technique à l'intention des personnes et groupes intéressés aux décisions de Santé Canada portant sur un produit donné et sont le reflet des observations consignées dans les rapports d'évaluation. À ce titre, les SMD servent à compléter et non à répéter l'information contenue dans la monographie de produit.

Nous invitons les lecteurs à consulter le « Guide du lecteur sur le Sommaire des motifs de décision - Médicaments au sujet de l'interprétation des termes et des acronymes utilisés ici. Ils trouveront également dans ce guide un aperçu du processus d'examen des présentations de drogue dans le feuillet intitulé « Comment les médicaments sont examinés au Canada », qui décrit les facteurs pris en considération par Santé Canada au cours du processus d'examen et d'autorisation d'une présentation de drogue. Les lecteurs devraient aussi consulter le document intitulé « Initiative du sommaire des motifs de décision - Foire aux questions ».

Le SMD correspond à l'information dont disposent les autorités de réglementation de Santé Canada au moment de prendre une décision. Les présentations subséquentes examinées à d'autres fins ne sont pas incluses dans la Phase I de la stratégie de mise en oeuvre des SMD. Pour obtenir de l'information à jour sur un produit en particulier, les lecteurs sont priés de consulter la monographie la plus récente de ce produit. Santé Canada fournit également l'information au sujet mises en garde diffusées après la commercialisation ou d'avis émis à la suite d'effets indésirables (EI).

Pour de plus amples renseignements sur un produit en particulier, les lecteurs peuvent également se rendre sur les sites Web des organismes de réglementation d'autres pays. L'information reçue à l'appui d'une présentation de drogue au Canada peut cependant ne pas être identique à celle reçue par d'autres gouvernements.

Autres politiques et lignes directrices

Les lecteurs sont invités à consulter le site Web de Santé Canada, où ils trouveront d'autres politiques et lignes directrices au sujet des médicaments, notamment le document intitulé «Gestion des présentations de drogues ».

1 Information sur le produit et la présentation

Marque nominative :

LeukoscanMD

Fabricant/promoteur :

Immunomedics, Inc.

Ingrédient médicinal :

Sulesomab

Dénomination commune internationale :

Sulesomab

Concentration :

0,31 mg / flacon

Forme posologique :

Poudre lyophilisée pour solution

Voie d'administration :

Intraveineuse

Identification numérique de drogue (DIN) :

  • N/A

Classe pharmaco-thérapeutique (classe ATC) :

Agent radiodiagnostique, agent d'imagerie des maladies infectieuses

Ingrédients non médicinaux :

Chlorure stanneux dihydraté, tartrate de sodium et de potassium tétrahydraté, acétate de sodium trihydraté, chlorure de sodium, acide acétique glacial (quantité minime), acide chlorhydrique (quantité minime), sucrose

Type et numéro de présentation :

Présentation de drogue nouvelle, no de contrôle 055499

Date de la présentation :

1998-03-25

Date de l'autorisation :

2005-01-17
2 Avis de décision

Le 17 janvier 2005, Santé Canada a émis à l'intention d'Immunomedics, Inc. un avis de conformité du produit pharmaceutique LeukoScan.

LeukoScan est un produit de radiodiagnostic et d'imagerie médicale constitué du fragment Fab' d'un anticorps monoclonal murin, le sulesomab, formulé en vue d'un marquage au technétium-99m.

LeukoScan est indiqué pour réaliser un diagnostic par imagerie médicale chez les patients que l'on soupçonne d'être atteints d'ostéomyélite au niveau des os longs et des pieds, y compris dans les cas de pied diabétique. L'ostéomyélite est une maladie inflammatoire des os, habituellement douloureuse; elle est souvent d'origine bactérienne et peut entraîner une nécrose osseuse. LeukoScan reconnaît la structure antigénique qu'ont en commun une glycoprotéine de surface des granulocytes et un marqueur tumoral, en l'occurrence l'antigène carcinoembryonnaire (ACE), ce qui permet de détecter les foyers d'infection.

Une demande de statut d'évaluation prioritaire a été présentée à l'endroit de LeukoScan. Bien que le produit ait rempli la condition voulant qu'il serve à traiter une maladie ou une affection gravement débilitante ou mettant en danger la vie des patients, il ne permet pas de diagnostiquer une affection pour laquelle aucun médicament n'est actuellement commercialisé au Canada. Par ailleurs, on n'a pas fourni suffisamment de données montrant que le produit améliorerait considérablement l'efficacité des traitements existants contre une maladie ou une affection qui ne peut être traitée adéquatement au moyen d'un médicament commercialisé au Canada, ou montrant qu'il réduit de manière appréciable les risques associés à ces traitements. La demande de statut d'évaluation prioritaire a donc été refusée.

L'autorisation de commercialisation s'appuie sur des données sur la qualité (chimie et fabrication) et des données tirées des études précliniques et cliniques. L'innocuité de LeukoScan et son efficacité aux fins de l'imagerie médicale ont été évaluées dans 11 essais cliniques menés auprès de plus de 600 patients. Selon les données cliniques présentées, LeukoScan constitue un moyen efficace et sans danger de diagnostiquer l'ostéomyélite, et son efficacité clinique semble comparable à celle d'autres méthodes d'imagerie faisant intervenir des leucocytes. Les données soumises montrent également que LeukoScan devrait être administré selon les conditions décrites dans la monographie de produit, compte tenu des risques potentiellement associés à l'administration de ce produit pharmaceutique.

LeukoScan (0,31 mg de sulesomab) est offert sous forme de poudre lyophilisée apyrogène devant être administrée par voie intraveineuse après reconstitution avec du pertechnétate [99mTc] dans 0,5 mL d'une solution isotonique de chlorure de sodium. La dose recommandée de LeukoScan pour un adulte est de 0,25 mg de sulesomab marqué au pertechnétate (900 ± 200 Mbq; environ 1,2 mL). Le produit ne devrait être reconstitué que selon la méthode indiquée. Les recommandations concernant la posologie sont décrites dans la monographie de produit.

LeukoScan est contre-indiqué chez les patients présentant une hypersensibilité aux produits d'origine murine ou au technétium-99m. Les conditions détaillées relatives à l'usage de LeukoScan sont décrites dans la monographie de produit.

Conformément à son examen des données portant sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité du produit, Santé Canada juge que le rapport entre les avantages et les risques de LeukoScan est favorable à son utilisation à des fins de diagnostic par imagerie médicale chez les patients que l'on soupçonne d'être atteints d'ostéomyélite au niveau des os longs et des pieds, y compris dans les cas de pied diabétique.

3 Motifs d'ordre scientifique et réglementaire

3.1 Motifs d'ordre qualitatif

3.1.1 Substance médicamenteuse (ingrédient médicinal)

Description

Sulesomab, l'ingrédient médicinal de LeukoScan, est un fragment Fab' de l'anticorps IgG1 monoclonal murin IMMU-MN3, formulé en vue d'un marquage au technétium-99m [99mTc]. L'anticorps (IMMU-MN3) réagit avec la molécule NCA-90 (antigène non spécifique à réaction croisée) exprimée à la surface de presque tous les neutrophiles et cible les régions où les granulocytes se sont accumulés.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Le sulesomab est un fragment Fab' d'un anticorps monoclonal issu de la digestion par la pepsine de l'IMMU-MN3, une immunoglobuline fabriquée à l'aide de la technique d'hybridomes et purifiée à partir de liquide d'ascite murin.

La fabrication du sulesomab comprend une série d'étapes, dont la purification de l'anticorps monoclonal IMMU-MN3 provenant du liquide d'ascite, la digestion par la pepsine de l'IMMU-MN3 et la purification des fragments Fab'. La purification est effectuée par une série d'étapes chromatographiques. La constance du procédé de fabrication est assurée par des méthodes de production bien définies, des tests de qualité critique, l'application de limites en cours de fabrication et un certificat de spécifications d'analyse concernant le sulesomab. Un contrôle microbien, consistant en des analyses de biocontamination et une recherche d'endotoxines bactériennes, est appliqué tout au long de la fabrication. Les contrôles en cours de fabrication ont été examinés et jugés acceptables. Les spécifications des matières brutes utilisées pour la fabrication de la substance médicamenteuse ont également été jugées satisfaisantes.

Le procédé de fabrication est considéré comme faisant l'objet d'un contrôle approprié à l'intérieur de limites justifiées.

Caractérisation

Des études de caractérisation détaillées ont été effectuées pour garantir que le sulesomab présente systématiquement la structure désirée. Les impuretés et produits de dégradation résultant de la fabrication et/ou de l'entreposage ont été signalés et caractérisés. Ces produits conformes aux normes établies et/ou ont été qualifiés à partir de l'analyse de lots, et ils sont par conséquent acceptables.

Contrôle de la substance médicamenteuse

Les rapports de validation de tous les procédés qui ont servi à l'analyse du sulesomab demi-fini et fini ont été présentés et jugés acceptables. Les spécifications de la substance médicamenteuse ainsi que les méthodes d'analyse utilisées pour le contrôle de qualité du sulesomab sont jugées acceptables.

Les données liées au lot ayant servi d'étalon de référence et aux trois lots de qualification ont été jugées acceptables au regard des spécifications sur l'identité, la pureté et l'activité du sulesomab.

Stabilité

Des études de stabilité à long terme ont été effectuées sur trois lots à l'échelle industrielle. Aucune étude fondée sur des essais avec vieillissement accéléré et en conditions de stress n'a été effectuée. À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais en temps réel, la durée de conservation ainsi que les conditions d'entreposage proposées pour la substance médicamenteuse étaient bien étayées et sont donc considérées comme satisfaisantes.

3.1.2 Produit pharmaceutique

Description et composition

LeukoScan est constitué du fragment Fab' de l'anticorps monoclonal IgG1 IMMU-MN3, formulé en vue d'un marquage direct au technétium-99m [99mTc]. LeukoScan est offert en flacon de verre incolore de type 1 de 3 cc, scellé au moyen d'une bague d'inviolabilité à anneau de rupture en aluminium et muni d'un bouchon de lyophilisation de 13 mm. Chaque flacon contient suffisamment de matière non radioactive lyophilisée pour préparer une dose pour un patient et renferme 0,31 mg de sulesomab, dans une formulation contenant du chlorure stanneux dihydraté, du tartrate de sodium et de potassium tétrahydraté, de l'acétate de sodium trihydraté et du chlorure de sodium. Après reconstitution avec 0,5 mL de chlorure de sodium pour injection, USP, la solution de LeukoScan est limpide.

Tous les excipients contenus dans le produit pharmaceutique sont autorisés par le Règlement sur les aliments et drogues. Les données sur la stabilité présentées à l'appui de la formulation commerciale proposée attestent la compatibilité du sulesomab avec les excipients utilisés.

Élaboration du produit pharmaceutique

Les données relatives à l'élaboration du produit pharmaceutique, y compris celles ayant trait au système récipient-fermeture et aux caractéristiques microbiologiques, ont été jugées acceptables.

La composition quantitative (c.-à-d. la concentration des ingrédients médicinaux et non médicinaux) de la préparation de LeukoScan n'a pas changé au cours de l'élaboration. Deux changements importants ont été apportés pendant la fabrication de tous les lots de LeukoScan. Ces changements sont survenus au moment du transfert du procédé de fabrication d'un établissement à l'autre et n'a pas eu d'incidence sur la qualité de LeukoScan.

Procédés de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Le produit pharmaceutique est préparé, soumis à une filtration stérile, versé dans les flacons et lyophilisé, puis les flacons sont fermés au moyen d'un bouchon et étiquetés; ces étapes sont accomplies au moyen des techniques aseptiques appropriées, avec un équipement pharmaceutique et dans des installations conventionnels.

Tout le matériel de fabrication, les paramètres de fonctionnement, les essais en cours de fabrication et les instructions de fonctionnement détaillées pour la reconstitution et le contrôle de la qualité ont été décrits de façon adéquate dans la documentation fournie et jugés acceptables. Le procédé de fabrication a été jugé contrôlé adéquatement dans des limites justifiées.

Contrôle du produit pharmaceutique

LeukoScan a été soumis à des essais visant à en vérifier l'apparence, l'identité, l'activité, la pureté radiochimique, la stérilité, l'uniformité de contenu, l'immunoréactivité et afin d'y rechercher la présence d'endotoxines bactériennes ou d'autres produits de dégradation. Les spécifications de tests et les méthodes d'analyse ont été jugées acceptables. Les résultats des analyses de lots finals (trois lots commerciaux et deux lots cliniques) ont été examinés et jugés acceptables selon les spécifications du produit pharmaceutique.

Stabilité

À la lumière des données de stabilité présentées fondées sur des essais en temps réel, la durée de conservation proposée de 60 mois entre 2 et 8°C pour le produit pharmaceutique a été jugée acceptable. La stabilité des lots commerciaux reconstitués radiomarqués a également été évaluée, et la durée de conservation proposée de 4 heures a été jugée acceptable.

3.1.3 Installations et équipement

La Direction des produits biologiques et des thérapies génétiques de Santé Canada a effectué une évaluation sur les lieux de l'installation de fabrication et d'analyses du sulesomab. L'aménagement, le fonctionnement et les mécanismes de contrôle de l'installation et de l'équipement servant à la production sont jugés acceptables pour les activités et les produits fabriqués. L'installation est conforme aux bonnes pratiques de fabrication (BPF).

L'installation où les lots de sulesomab étaient fabriqués auparavant a été fermée. Au cours du changement d'installation, le procédé de fabrication a été mis à l'échelle et les températures des locaux ont été modifiées. Les données présentées font ressortir une équivalence biochimique entre les produits fabriqués dans la nouvelle installation au moyen du nouveau procédé et ceux fabriqués dans l'ancienne installation au moyen de l'ancien procédé.

3.1.4 Évaluation de l'innocuité des agents adventices

Le liquide d'ascite murin est analysé afin de vérifier l'absence de microorganismes adventices (biocontamination, mycoplasmes et virus). Les différentes étapes du procédé de purification visant à éliminer les virus sont adéquatement validées.

Les matières brutes d'origine animale ayant servi à la fabrication ont subi des tests permettant de garantir qu'elles sont exemptes d'agents adventices. Les excipients utilisés dans la formulation du produit pharmaceutique ne sont pas d'origine animale ni humaine.

3.1.5 Résumé et conclusion

L'information soumise sur les caractéristiques chimiques et la fabrication de LeukoScan montre que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications convenues. Des études appropriées sur l'élaboration et la validation ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour les lots commerciaux.

3.2 Motifs non cliniques de la décision

3.2.1 Pharmacodynamique et pharmacocinétique

Des études sur les propriétés pharmacodynamiques et pharmacocinétiques ont été menées in vivo chez des souris et des hamsters, ainsi que in vitro. Sur le plan du développement pharmacodynamique, le promoteur a souligné qu'il n'y avait pas eu d'études exploratoires approfondies chez des animaux parce que l'antigène NCA-90 n'est pas exprimé à la surface des granulocytes chez les animaux.

L'anticorps IMMU-MN3 réagit avec l'antigène non spécifique à réaction croisée 90 (NCA-90) et avec l'antigène carcinoembryonnaire (ACE). Il a été établi qu'il réagit avec les transfectants des cellules HeLa exprimant l'ACE et le NCA-90, mais non avec le NCA-95. Ce sont des membres de la famille des gènes de l'ACE, et l'ACE appartient à la superfamille des gènes des immunoglobulines. L'IMMU-MN3 réagit avec les domaines N-terminaux de l'ACE; l'ACE et le NCA-90 ont le même nombre d'acides aminés et une séquence d'acides aminés présentant une homologie de l'ordre de 89 %. Les granulocytes activés par incubation avec différents substrats se fixent bien davantage à LeukoScan que des granulocytes témoins non activés. Par conséquent, puisque les granulocytes ont été activés au siège de l'infection, une fixation accrue aux granulocytes activés devrait favoriser une accumulation dans les foyers infectieux.

En ce qui concerne la réactivité des tissus humains normaux, on a noté une coloration des granulocytes dans les tissus et dans le sang, ainsi que dans les membranes apicales des cellules épithéliales du grêle et du gros intestin. Cette observation concorde avec la distribution connue de l'ACE. Étant donné que la moelle osseuse et la rate renferment des concentrations importantes de granulocytes, ces organes peuvent être visualisés par radioscintigraphie à l'aide d'une caméra gamma après l'administration de LeukoScan. Aucun autre organe normal ne semble ciblé, sauf le rein, qui est le principal organe où a lieu la biotransformation du fragment Fab'-SH radiomarqué. Entre 1 et 2 ug/mL de sulesomab était nécessaire pour saturer 50 % des sites de liaison, et entre 10 et 20 ug/mL pour obtenir une saturation de plus de 95 %. LeukoScan n'a pas réagi de façon significative avec les monocytes ou les lymphocytes des donneurs.

La biodistribution et la pharmacocinétique à dose unique ont été examinées chez des souris femelles ayant reçu 1 ug de sulesomab. La pharmacocinétique était caractéristique du fragment Fab' : filtration par le rein, équilibration rapide avec le liquide intestinal d'autres organes et rétention du radionucléide dans le rein.

L'effet de LeukoScan sur la capacité des granulocytes d'ingérer les bactéries in vitro a aussi été examiné. Dans cette étude, on a étudié la phagocytose de Staphylococcus aureus par des neutrophiles humains normaux. La plage normale chez des volontaires en bonne santé était de 51 à 123 bactéries/100 neutrophiles. Les scores obtenus à des fins de contrôle pour 10 donneurs se situaient entre 83 et 120 bactéries/100 neutrophiles. Les scores des 10 mêmes donneurs (en présence de LeukoScan) se situaient entre 82 et 119 bactéries/100 neutrophiles, ce qui indique que l'incubation avec LeukoScan n'a eu aucun effet sur la capacité des neutrophiles d'ingérer les bactéries.

3.2.2 Toxicologie

Aucune étude animale de longue durée n'a été réalisée pour évaluer le potentiel cancérogène ou mutagène du sulesomab marqué au technétium-99m ou pour étudier les effets de ce produit sur la fertilité des mâles et des femelles.

3.2.3 Résumé et conclusion

Des études pharmacodymiques et pharmacocinétiques ont été réalisées in vivo chez des souris et des hamsters, de même qu'in vitro. Il est établi que LeukoScan réagit avec le NCA-90 et avec l'ACE, et on a observé que les granulocytes activés par incubation avec différents substrats se fixent bien davantage à LeukoScan que des granulocytes témoins non activés. Cette observation révèle une accumulation favorable dans les foyers infectieux.

On n'a observé aucune réaction significative de LeukoScan avec des monocytes ou des lymphocytes humains; la réactivité était principalement observée au niveau des granulocytes dans les tissus et le sang, dans le grêle et le gros intestin, la moelle osseuse et la rate. LeukoScan n'a eu aucun effet sur la capacité des neutrophiles d'ingérer les bactéries.

La pharmacocinétique était caractéristique du fragment Fab' : filtration par le rein, équilibration rapide avec le liquide intestinal des autres organes et rétention du radionucléide dans le rein.

Il n'y a pas eu d'études pharmacodynamiques exploratoires approfondies chez les animaux et aucune étude de toxicité de longue durée n'a été réalisée.

3.3 Motifs cliniques de la décision

3.3.1 Pharmacodynamique

Trois études non randomisées multi-centriques à étiquetage en clair portant sur des considérations liées à la pharmacodynamique et à la pharmacocinétique ont été menées auprès de 53 patients. Les données des trois études ont été présentées ensemble. Les études étaient axées sur l'évaluation dans les domaines de l'innocuité, de la pharmacocinétique, de la dosimétrie et de la posologie. Les patients étaient atteints d'une vaste gamme d'infections, confirmées par des signes cliniques et d'autres tests diagnostiques. L'examen d'imagerie a été effectué 2, 6 et 24 heures après l'injection. Une autre étude (essai de phase I) a également été menée afin d'évaluer l'effet du produit pharmaceutique sur la fonction des granulocytes. On a évalué les effets de la dose sur l'efficacité de l'imagerie auprès d'un sous-groupe de 52 patients provenant des trois études principales. Compte tenu de la sensibilité et de la spécificité diagnostiques, l'étude équivalait à une étude de posologie. Les patients recrutés dans les études ont reçu des doses se situant entre 0,1 et 1,0 mg de LeukoScan, radiomarqué avec 5 à 25 mCi de technétium-99m. On n'a signalé aucune différence d'une dose à l'autre sur le plan de la sensibilité et de la spécificité, selon une analyse par lésion fondée sur la mise en évidence de l'anticorps.

Chez 5 patients porteurs d'abcès avérés, on a mesuré la fonction des granulocytes avant et après l'administration de LeukoScan. Des analyses par chimiluminescence des granulocytes du sang périphérique ont été effectuées au départ, puis 1 à 4 heures, 24 heures et 7 à 10 jours après l'injection. La réaction en pourcentage de la réserve de récepteurs 1 à 4 heures après l'injection était légèrement réduite chez les patients ayant reçu LeukoScan, mais ne pouvait être distinguée des valeurs normales 24 heures après l'injection. Étant donné que l'analyse par chimiluminescence est extrêmement sensible et que les changements étaient essentiellement limités à un seul patient, cette réduction pourrait ne pas être cliniquement significative. Les patients à qui l'on avait administré le sulesomab marqué au 99mTc ont eu des réactions analogues à celles d'autres patients porteurs d'infection et n'ont pu être caractérisés comme « anomaux » ou « non inhibés ».

Des études d'innocuité ont également été menées auprès des 53 patients qui avaient reçu le produit. Tous ont bien toléré le produit sans effets indésirables (EI), et on n'a signalé aucun changement important qui ne pouvait être expliqué par l'affection dont le patient était atteint. Chez 18 patients qui avaient subi un dosage des anticorps humains anti-murins (HAMA) après l'administration, il n'y pas eu de production d'HAMA réagissant avec des IgG intactes. Selon les données relatives à l'innocuité obtenues chez les 53 patients, le produit est sûr à des doses ne dépassant pas 1,0 mg de fragment Fab'. Cette dose est quatre fois plus élevée que la dose de protéine utilisée dans les essais de phase III. Une analyse portant sur des fractions de dose n'a fait ressortir aucune différence sur le plan de la sensibilité ou de la spécificité entre les patients ayant reçu une dose de 0,1, de 0,3 ou de 1,0 mg de la protéine. Le seul changement cliniquement significatif observé entre la période qui a précédé et celle qui a suivi l'injection chez les 53 patients qui avaient reçu le produit à l'étude était une élévation transitoire des neutrophiles par rapport à la valeur de départ (moyenne = 64,1 %) et à la valeur après 24 heures (moyenne = 69,9 %). Cette valeur revenait à la normale une semaine après l'injection. Ces résultats font ressortir des écarts faibles et transitoires en laboratoire, mais ces derniers ne semblent pas cliniquement significatifs et ne semblent pas non plus altérer la capacité d'indiquer les foyers pathologiques dans les études par imagerie. Parmi les données recueillies sur les 53 patients, on n'a relevé aucun changement significatif des signes vitaux entre les périodes pré-injection et post-injection.

Ces études n'ont pas fait appel à une population témoin, étant donné que tous les patients étaient soupçonnés d'être atteints d'infection aiguë ou chronique dont l'origine ou l'étendue était inconnue. Les personnes chargées d'interpréter les clichés scintigraphiques n'étaient pas informées de la dose administrée ni du moment où le cliché avait été pris.

En ce qui concerne les médicaments administrés de façon concomitante, on n'a relevé aucune interaction médicamenteuse susceptible de porter atteinte à l'innocuité ou à l'efficacité du produit; toutefois, aucune étude préclinique n'a porté expressément sur les interactions médicamenteuses liées à LeukoScan.

3.3.2 Pharmacocinétique

Onze patients atteints d'une infection soupçonnée ou avérée ont fait l'objet d'une étude exploratoire de pharmacocinétique. Les doses de protéine administrées se situaient entre 0,1 et 1,0 mg. Après la perfusion (environ 20 minutes), des échantillons ont été recueillis après 3 minutes, 30 minutes, 1, 3, 6 et 24 heures. L'urine totale a été recueillie par fractions de 0-2, 2-12 et 12-24 heures. Huit patients ont également subi des examens dosimétriques. Le pourcentage moyen de la dose injectée présent dans le sang 5 minutes après la perfusion était de 66,3 ± 22,1 %, puis chutait à 22,2 ± 6,1 % après 6 heures et, finalement, à 9,6 ± 3,8 %, 24 heures après la perfusion. On a estimé que la demi-vie biologique moyenne d'élimination (T½) était de 0,917 heure et de 10,5 heures, respectivement, pour la première constante de vitesse d'élimination et la deuxième constante de vitesse d'élimination. L'excrétion urinaire totale en 24 heures représentait 25,2 % de la dose injectée. Selon les estimations, l'excrétion fécale était de 9,5 %. Les reins et la moelle rouge étaient les principales zones d'hyperfixation du traceur (soit 22,0 % et 25,7 % de l'activité injectée, respectivement). On n'a observé aucune différence significative de l'élimination entre les patients qui avaient reçu diverses doses protéiques du fragment d'anticorps radiomarqué.

3.3.3 Biodisponibilité

Les propriétés pharmacocinétiques ont été établies chez 13 sujets non infectés qui ont reçu en tout 26 injections. Chaque patient a reçu une dose du produit expérimental et une dose de la préparation commerciale.

Voici les résultats enregistrés : demi-vie de distribution de 1,47 ± 0,2 heure; demi-vie d'élimination biologique de 25,1 ± 11,7 heures; clairance de 0,46 ± 0,14 mL/min; ASC de 593 ± 205 % DI x durée (heures); volume du compartiment central de 5,4 ± 0,8 L; et volume de distribution à l'état d'équilibre de 14,6 ± 4,1 L. Il se peut toutefois que le paramètre appelé « distribution à l'état d'équilibre » ait une appellation fautive, étant donné qu'un schéma d'expériences croisées à dose unique ne devrait pas conduire à un état d'équilibre avec un composé ayant une seconde demi-vie d'élimination de 10,5 heures.

Les résultats dosimétriques étaient équivalents pour les deux produits, le rein recevant la plus forte dose (46 ± 9 uGy/MBq) et la paroi du coeur recevant 12 ± 2 uGy/MBq. Les organes ayant reçu une dose de 5-10 uGy/MBq étaient les suivants : poumons, foie, os, moelle rouge, thyroïde, glandes surrénales, pancréas, paroi de la vésicule biliaire et utérus.

Même s'il s'agissait d'un schéma d'expériences croisées et que, par conséquent, on a administré deux doses par sujet, cette étude ne visait pas expressément à examiner les effets de l'administration répétée.

3.3.4 Efficacité clinique

Au total, on a réalisé trois études pivotales de phase III et six études non essentielles pour examiner l'innocuité et l'efficacité cliniques de LeukoScan. Dans les trois essais de phase III, 345 patients, en tout, ont fait l'objet d'une étude d'efficacité. Les résultats regroupés ont fait ressortir une sensibilité de 88 %, une spécificité de 73 %, une précision de 79 %, une valeur prédictive positive (VPP) de 70 % et une valeur prédictive négative (VPN) de 90 %. Tous ces paramètres à l'exception de la spécificité se situent dans l'IC à 80 % ± 95 %. Dans le cas de la spécificité, la limite supérieure de l'IC est légèrement inférieure à celle figurant dans les directives, soit 79 %.

Selon le promoteur, vu que le mécanisme d'action de l'imagerie repose sur la reconnaissance d'un épitope exprimé à la surface de leucocytes activés par un fragment d'anticorps monoclonal, il était raisonnable, pour établir la preuve du phénomène, de combiner les résultats de l'imagerie dans les différents foyers infectieux étudiés dans les essais cliniques (infection des os, infection des tissus mous profonds et appendicite aiguë). Il convient de noter, toutefois, que les tissus mous profonds ne figuraient jamais parmi les sièges examinés dans les essais cliniques. Il y avait fixation dans les tissus mous de patients présentant des ulcères diabétiques du pied associés à une ostéomyélite sous-jacente soupçonnée; cette fixation dans les tissus mous était parfois difficile à distinguer de l'infection de l'os sous-jacent.

Dans les études sur l'ostéomyélite, la capacité des cliniciens indépendants d'identifier précisément les sièges anatomiques d'infection/inflammation concordait bien avec celle des cliniciens sur les lieux. Toutefois, la capacité de localiser l'infection de l'os était plus faible que celle des cliniciens sur les lieux. Parmi les facteurs expliquant cette différence figuraient les suivants : la capacité du clinicien sur les lieux d'examiner le patient (et de positionner le membre ou le pied de façon que les tissus mous enflammés ne chevauchent pas le tissu osseux suspect) ou de consulter le médecin traitant; sa capacité d'avoir accès aux résultats de la scintigraphie aux leucocytes marqués pour certains patients; ainsi que des facteurs techniques comme une bonne connaissance de son propre équipement. Les cliniciens indépendants ne bénéficiaient pas de ces avantages. Cette explication n'est pas acceptable, car c'est le produit qui doit permettre de poser un bon diagnostic, non l'équipement utilisé ni les renseignements supplémentaires disponibles. L'évaluation indépendante représente plus fidèlement la situation dans laquelle ce médicament sera utilisé.

À l'instar des études sur l'ostéomyélite, les résultats de l'évaluation indépendante étayée par des données sur l'appendicite atypique ont fait ressortir une détérioration de la performance comparativement aux évaluations effectuées sur les lieux. Au total, les examens d'imagerie de 88 patients ayant participé à une étude d'efficacité ont été jugés interprétables par deux évaluateurs au cours de séances d'interprétation étayées par des données. Selon le promoteur, ces observations concordent avec l'altération habituelle de la performance attendue de tout produit de diagnostic lorsque des interprétations centralisées sont comparées à des évaluations sur les lieux, en milieu clinique.

Parmi les 232 patients ayant subi une scintigraphie aux leucocytes marqués et une scintigraphie au LeukoScan dans les deux études sur l'ostéomyélite, la scintigraphie au LeukoScan s'est avérée significativement supérieure à la scintigraphie aux leucocytes marqués sur le plan de la sensibilité (87,3 % c. 73,6 %), et équivalente en ce qui concerne les autres paramètres évalués (spécificité 67,2 % c. 68,0 %, précision 76,7 % c. 70,7 %, VPP 70,6 % c. 67,5 % et VPN 85,4 % c. 74,1 %).

Une comparaison des paramètres de l'utilité diagnostique pour les deux études, chez les patients ayant à la fois subi une scintigraphie au LeukoScan et une scintigraphie aux leucocytes marqués, a mis en évidence une sensibilité plus élevée mais une plus faible spécificité dans l'étude sur l'ostéomyélite dans les cas de pied diabétique comparativement à l'étude sur l'ostéomyélite des os longs. Il convient de noter que les zones d'hyperfixation sur les images scintigraphiques étaient exactes sur le plan anatomique (présence d'une inflammation locale), mais inexactes en ce qui a trait à l'évaluation de l'atteinte osseuse. Le promoteur a donné les explications suivantes de cette différence : 1) une tendance, chez les diagnosticiens, à appliquer avec moins de rigueur les critères d'interprétation lorsqu'ils interprètent des clichés portant sur une ostéomyélite clinique dans un cas de pied diabétique comparativement à d'autres formes d'ostéomyélite des os longs; et 2) le volume plus important de tissu mou infecté et de cellulite et le tableau clinique plus compliqué sur les plans anatomique et physiopathologique dans le cas du pied diabétique que dans l'ostéomyélite des os longs, ce qui rend plus difficile la distinction entre l'infection/inflammation de l'os et celle du tissu mou dans le premier cas que dans le second. Aucun des patients dont le diagnostic était incertain avant la scintigraphie n'a été considéré comme probablement atteint d'ostéomyélite sur la foi d'examens scintigraphiques faussement positifs. Dans tous les cas, le médecin examinant les scintigraphies positives a été en mesure de distinguer les vrais positifs des faux positifs en prenant en considération l'ensemble du tableau clinique. Un autre facteur qui semblait influencer le taux d'interprétations faussement positives était l'expérience dans l'utilisation du produit. Dans chaque essai, on a observé une spécificité supérieure dans les établissements cliniques où des examens d'imagerie avaient été réalisés sur plus de 11 patients, que dans ceux où 10 patients et moins avaient subi cet examen.

Dans ces études, les patients ont subi un examen d'imagerie à deux moments : 1 à 2 heures après l'injection et 5 à 8 heures après l'injection. Parmi les 257 patients pouvant être évalués et dont les examens ont été interprétés aux deux moments, les résultats étaient identiques dans 244 cas. Les données indiquent qu'il n'est guère utile d'effectuer plus d'une scintigraphie à n'importe quel moment au cours de la période de 1 à 8 heures suivant l'injection. Parmi les 30 patients dont l'ensemble des examens d'imagerie étaient positifs, le diagnostic était fondé sur des images planaires dans 25 cas. Le promoteur affirme que la majorité des clichés positifs ont été pris une heure après l'injection; toutefois, selon les données, seulement 52 % des résultats étaient positifs après une heure. Par conséquent, en l'absence d'hyperfixation évoquant un résultat positif, un examen d'imagerie ne devrait pas être considéré comme négatif si aucun cliché n'a été pris à un moment ultérieur.

Dans les deux études sur l'ostéomyolite, on a constaté une réduction de 88 % (de 218 à 26) du nombre de patients qui devaient subir d'autres examens d'imagerie diagnostique. Une autre conséquence des résultats diagnostiques obtenus avec LeukoScan était une réduction de 52 % du nombre de patients nécessitant une antibiothérapie, et une baisse de 51 % du nombre de patients qui devaient demeurer sous observation étroite lors d'un suivi clinique. Cependant, la nécessité de subir une chirurgie ou une biopsie était augmentée de 32 %.

La scintigraphie au LeukoScan et la scintigraphie osseuse présentaient une sensibilité semblable, mais la supériorité apparente de la première méthode sur la seconde était liée à la spécificité et la VPN, et était difficile à interpréter en raison du petit nombre de patients. Les données sont donc insuffisantes pour appuyer une telle allégation. De même, comparativement à la scintigraphie osseuse au 99mTc, on n'a pas observé de différences importantes de l'un ou l'autre des paramètres de l'utilité diagnostique entre la scintigraphie au LeukoScan et la scintigraphie osseuse chez les 66 patients qui ont subi les deux examens. Il arrivait que le diagnostic repose uniquement sur la scintigraphie au LeukoScan, indépendamment d'autres données diagnostiques, chez 70 % des patients.

3.3.5 Innocuité clinique

Au total, 600 patients ont reçu LeukoScan au cours d'essais cliniques. Onze essais cliniques visaient à évaluer l'innocuité de LeukoScan. Dans deux de ces essais, le produit a été étudié chez 26 volontaires en bonne santé; cinq essais ont porté sur 78 autres patients atteints de diverses infections; deux essais de phase III ont porté sur des patients soupçonnés d'être atteints d'ostéomyélite, et un essai de phase III a porté sur 109 cas soupçonnés d'appendicite. On a exercé une surveillance des effets indésirables pendant une période pouvant atteindre 30 jours après l'injection de LeukoScan. Vu que les essais menés auprès de patients souffrant d'infections générales, ou soupçonnés d'être atteints d'ostéomyélite ou d'appendicite ne comportaient pas de patients témoins, l'analyse de ces essais repose sur les descriptions des patients avant et après l'administration de LeukoScan, ainsi que sur la connaissance de l'évolution clinique attendue chez le type de patient à l'étude. Les principaux paramètres utilisés pour évaluer l'innocuité dans ces études étaient les suivants : décès, effets cliniques indésirables (EI), résultats des analyses de laboratoire, signes vitaux, dosage des anticorps humains anti-murins (HAMA).

Dans les quatre études, on a observé chez 21 patients une modification en deux étapes d'une valeur de chimie de laboratoire, mais rien n'indique que LeukoScan influe, de manière importante ou cliniquement significative, sur les paramètres de chimie clinique ou les paramètres hématologiques, étant donné que ces modifications concordaient avec l'affection sous-jacente du patient.

On a enregistré, au total, 101 effets indésirables chez 61 patients (sur 600); seulement cinq de ces effets ont été jugés possiblement liés (aucun n'a été jugé probablement ou définitivement lié) au médicament à l'étude. On a relevé un cas d'éruption prurigineuse (non grave), trois cas d'éosinophilie (deux jugés non graves, un jugé grave par le chercheur, mais non grave par le promoteur, en raison d'autres complications dont souffrait le patient) et un cas d'élévation des monocytes (non grave).

Des échantillons de sérum ont été prélevés au départ, avant l'injection de LeukoScan, et environ 4 à 6 semaines puis trois mois après l'injection de LeukoScan. L'analyse générale indique qu'aucun des 330 patients examinés n'a produit d'anticorps humains anti-murins (HAMA) ou présenté une élévation des HAMA (s'il était déjà porteur de ces anticorps) en réponse au fragment d'anticorps, selon un immuno-essai sur bandelette [Immu STRIP fragment assay]. Dans les trois études pivotales, il y a eu une élévation des HAMA préexistants en réponse à l'anticorps IgG intact chez six patients. Aucune élévation des HAMA n'a été observée après l'administration de LeukoScan chez le patient qui présentait des HAMA préexistants réagissant au fragment.

Les taux d'antigène carcinoembryonnaire (ACE) sériques ont également été examinés chez 227 patients, car il est établi que LeukoScan présente une réaction croisée avec les ACE sériques. Les taux ont été mesurés au départ, puis consignés dans l'éventualité où surviendrait un problème inattendu lié à l'innocuité ou un autre fait inhabituel nécessitant une explication, mais cette situation ne s'est pas produite. Seulement quatre taux d'ACE sériques étaient légèrement supérieurs à la plage normale chez les non-fumeurs et les fumeurs. À la lumière de cette observation, il n'y a pas lieu de s'attendre à ce qu'une réaction croisée avec l'ACE sérique ait une incidence sur la biodistribution ou la pharmacocinétique de LeukoScan, ni n'altère sa capacité de cibler une lésion infectieuse.

Les critères d'inclusion dans les deux protocoles des études pivotales exigeaient que les patients soient âgés d'au moins 21 ans; par conséquent, aucune allégation en faveur de l'utilisation de LeukoScan chez des enfants souffrant d'ostéomyélite n'a été approuvée.

3.4 Évaluation des avantages / risques et recommandation

3.4.1 Évaluation des avantages / risques

Au cours de l'examen de LeukoScan, plusieurs problèmes sont survenus qui ont conduit à la délivrance d'un Avis de non-conformité - Lettre de retrait (ANC retrait). À la suite d'un long processus de clarification et d'appel de la part du promoteur, un Avis de conformité a été délivré pour LeukoScan.

La première indication proposée par le promoteur, « détermination scintigraphique de la localisation et l'étendue de l'infection/inflammation osseuse chez les patients suspectés d'être atteints d'ostéomyélite, y compris les patients ayant des ulcères du pied chez le diabétique » a été jugée liée à l'indication/allégation secondaire. Selon cette dernière, « lorsque la scintigraphie osseuse est positive et que la scintigraphie au LeukoScan est négative, l'infection est peu probable » et « lorsque la scintigraphie osseuse est négative, la scintigraphie au LeukoScan sera rarement positive et cela peut donc correspondre à une ostéomyélite débutante ». Ces deux indications ont été examinées ensemble, globalement. L'évaluateur s'est concentré sur l'indication/allégation secondaire et, comme celle-ci n'était pas suffisamment étayée, la délivrance d'un avis de non-conformité a été recommandée.

Les données présentées par le promoteur renferment des preuves statistiquement significatives que LeukoScan est une méthode sûre et efficace pour diagnostiquer l'ostéomyélite. La sensibilité, la spécificité, la VVP et la VPN de cette méthode sont comparables ou supérieures à celles des autres méthodes diagnostiques. C'est un fait indéniable, qui a été reconnu par l'Agence européenne des médicaments (EMEA), les organismes de réglementation australiens et le statisticien de Santé Canada. Ce constat aurait dû être jugé suffisant pour justifier une autorisation pour la première indication, même si la deuxième (scintigraphie osseuse) était discutable.

Lors d'une rencontre avec le promoteur portant sur l'ANC, l'indication de LeukoScan a été reformulée de façon à regrouper les deux allégations : [traduction] « LeukoScan est indiqué comme méthode d'imagerie diagnostique complémentaire de l'infection/inflammation de l'os chez les patients soupçonnés d'être atteints d'ostéomyélite, y compris les patients ayant des ulcères diabétiques du pied. Étant donné que la scintigraphie osseuse a une faible spécificité, l'utilisation de LeukoScan comme test complémentaire permet de réduire le taux de scintigraphie osseuse faussement positive. » Il s'agit d'une étape importante, car l'indication modifiée n'abordait pas le problème principal soulevé dans l'ANC : la signification statistique discutable de l'indication relative à la scintigraphie osseuse. Cette décision est également importante parce que la nouvelle indication abrégée limitait les options futures de l'évaluateur, de sorte que ce dernier ne pouvait prendre en considération, à des fins statistiques seulement, que la sous-population de patients qui avait subi une scintigraphie osseuse avant une imagerie au LeukoScan. Un ANC retrait a été délivré.
Tel que précisé dans l'ANC retrait, on considérait que cette indication ne reflétait pas adéquatement les indications requises par Immunomedics. Immunomedics a toujours considéré l'indication relative à l'ostéomyélite comme une indication indépendante, et l'allégation concernant la scintigraphie osseuse, comme une allégation distincte. Santé Canada a considéré la détection de l'ostéomyélite et le lien établi avec la scintigraphie osseuse comme deux allégations distinctes durant la majeure partie du processus d'examen; ce n'est qu'après la modification de l'indication pour remplacer traitement « additionnel » [additional] par « complémentaire » [adjunct], à la suggestion de Santé Canada, que les deux allégations ont été combinées pour former une seule allégation abrégée. Par la suite, vu que le principal problème en suspens pour Santé Canada concernait l'allégation relative à la scintigraphie osseuse, Immunomedics a exprimé son intention, dans une lettre datée du 20 novembre 2002, de supprimer l'allégation sur la scintigraphie osseuse. Santé Canada n'a pas été en mesure de donner suite à la proposition d'Immunomedics vu la faible quantité de données soumises; l'ANC retrait a été maintenu, et le promoteur en a appelé de la décision.

LeukoScan est fondé sur une approche clinique logique. Selon les renseignements présentés pour examen, LeukoScan semble avoir une performance comparable à celle des autres méthodes d'imagerie des leucocytes, mais son profil d'innocuité est supérieur. Étant donné que LeukoScan est facile à utiliser, présente un profil d'innocuité satisfaisant et facilite la prise de décisions diagnostiques rapides, on a estimé que ce produit constituait un outil d'investigation utile pour le praticien qui tente de distinguer les processus infectieux et non infectieux de l'os.

La signification statistique des données présentées à l'appui de l'allégation sur la scintigraphie osseuse est contestable, et le promoteur a lui-même reconnu que [traduction] « l'essai n'avait pas pour objet d'appuyer l'utilisation de LeukoScan chez les patients dont la scintigraphie osseuse était positive ».

Par conséquent, à la suite de l'appel déposé par Immunomedics, et en raison du fait que les allégations ont par la suite été analysées séparément, un Avis de conformité a été délivré au promoteur pour LeukoScan, pour utilisation à des fins de diagnostic par imagerie chez les patients que l'on soupçonne d'être atteints d'ostéomyélite au niveau des os longs et des pieds, y compris dans les cas de pied diabétique.

3.4.2 Recommandation

Après avoir examiné les données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de ce produit, Santé Canada estime que LeukoScan a un profil avantages/risques favorable à son utilisation à des fins de diagnostic par imagerie chez les patients que l'on soupçonne d'être atteints d'ostéomyélite au niveau des os longs et des pieds, y compris dans les cas de pied diabétique. La présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1 et, par conséquent, Santé Canada a émis l'Avis de conformité prévu par l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues.

4 Étapes importantes de la présentation

Étapes importantes de la présentation: LeukoscanMD

Étape importante de la présentationDate
Réunion préalable à la présentation :1998-02-12
Demande de statut prioritaire
Déposée :1998-02-24
Rejetée :1998-03-13
Dépôt de la présentation :1998-03-25
Examen préliminaire 1
Avis d'insuffisance émis lors de l'examen préliminaire :1998-05-05
Réponse déposée :1998-05-12
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire :1998-06-15
Examen 1
Évaluation sur place :1999-06-02
Évaluation de la qualité terminée :2000-04-19
Évaluation clinique terminée :1999-11-02
Évaluation de la dosimétrie des rayonnements terminée :1999-03-26
Délivrance de l'ANC par le directeur général :2000-11-07
Réponse déposée :2001-02-02
Examen préliminaire 2
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire :2001-03-13
Examen 2
Évaluation de la qualité terminée :2003-01-24
Évaluation clinique terminée :2003-01-13
Évaluation de la dosimétrie des rayonnements terminée :2001-12-17
ANC retrait délivré par le directeur général :2003-02-03
Appel de niveau 1
Déposé :2003-04-17
Appel accepté par la DPBTG :2003-07-16
Examen après appel
Évaluation de la qualité terminée :2004-06-25
Évaluation clinique terminée :2005-01-07
Examen de l'étiquetage terminé :2005-01-11
Délivrance de l'AC par le directeur général :2005-01-17