Sommaire des motifs de décision portant sur Lucentis

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.
Lucentis

Ranibizumab, 10 mg/mL, Solution, Intravitréenne

Novartis Ophthalmics, Novartis Pharmaceuticals Canada Inc.

No de contrôle de la présentation : 110233

Émis le : 2007-12-21

Direction générale des produits de santé et des aliments

Notre mission est d'aider les Canadiennes et lesCanadiens à maintenir et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada

Le mandat de la DGPSA est d'adopter une approche intégrée à la gestion des risques et des avantages pour la santé liés aux produits de santé et aux aliments :

  • en réduisant les facteurs de risque pour la santé des Canadiens et Canadiennes tout en maximisant la protection offerte par le systPme réglementaire des produits de la santé et des aliments; et
  • en favorisant des conditions qui permettent aux Canadiens et Canadiennes de faire des choix sains ainsi qu'en leur donnant des renseignements afin qu'ils ou qu'elles puissent prendre des décisions éclairées en ce qui a trait à leur santé.

Direction générale des produits de santé et des aliments

Also available in English under the following title: Summary Basis of Decision (SBD) PrLUCENTIS, Ranibizumab, 10 mg/mL, solution, Novartis Ophthalmics, Novartis Pharmaceuticals Canada Inc., Submission Control No. 11023

Avant-propos

Le Sommaire des motifs de décision (SMD) de Santé Canada expose les motifs d'ordre scientifique et réglementaire sur lesquels reposent les décisions de Santé Canada concernant la réglementation des médicaments et des instruments médicaux. Les SMD sont rédigés en langage technique à l'intention des personnes et groupes intéressés aux décisions de Santé Canada portant sur un produit donné et sont le reflet des observations consignées dans les rapports d'évaluation. À ce titre, les SMD servent à compléter et non à répéter l'information contenue dans la monographie de produit.

Nous invitons les lecteurs à consulter le « Guide du lecteur sur le Sommaire des motifs de décision - Médicaments au sujet de l'interprétation des termes et des acronymes utilisés ici. Ils trouveront également dans ce guide un aperçu du processus d'examen des présentations de drogue dans le feuillet intitulé « Comment les médicaments sont examinés au Canada », qui décrit les facteurs pris en considération par Santé Canada au cours du processus d'examen et d'autorisation d'une présentation de drogue. Les lecteurs devraient aussi consulter le document intitulé « Initiative du sommaire des motifs de décision - Foire aux questions ».

Le SMD correspond à l'information dont disposent les autorités de réglementation de Santé Canada au moment de prendre une décision. Les présentations subséquentes examinées à d'autres fins ne sont pas incluses dans la Phase I de la stratégie de mise en oeuvre des SMD. Pour obtenir de l'information à jour sur un produit en particulier, les lecteurs sont priés de consulter la monographie la plus récente de ce produit. Santé Canada fournit également l'information au sujet mises en garde diffusées après la commercialisation ou d'avis émis à la suite d'effets indésirables (EI).

Pour de plus amples renseignements sur un produit en particulier, les lecteurs peuvent également se rendre sur les sites Web des organismes de réglementation d'autres pays. L'information reçue à l'appui d'une présentation de drogue au Canada peut cependant ne pas être identique à celle reçue par d'autres gouvernements.

Autres politiques et lignes directrices

Les lecteurs sont invités à consulter le site Web de Santé Canada, où ils trouveront d'autres politiques et lignes directrices au sujet des médicaments, notamment le document intitulé «Gestion des présentations de drogues ».

1 Information sur le produit et la présentation

Marque nominative :

Lucentis

Fabricant/promoteur :

Novartis Ophthalmics, Novartis Pharmaceuticals Canada Inc.

Ingrédient médicinal :

Ranibizumab

Dénomination commune internationale :

Ranibizumab

Concentration :

10 mg/mL

Forme posologique :

Solution

Voie d'administration :

Intravitréenne

Identification numérique de drogue (DIN) :

  • 02296810

Classe pharmaco-thérapeutique (classe ATC) :

Agent antinéovascularisation

Ingrédients non médicinaux :

α,α-tréhalose dihydraté, chlorhydrate d'histidine monohydraté; histidine; polysorbate 20; eau pour préparation injectable

Type et numéro de présentation :

Présentation de drogue nouvelle, no de contrôle 110233

Date de la présentation :

2006-12-05

Date de l'autorisation :

2007-06-26

LUCENTIS est une marque déposée de Genentech Inc., utilisée avec la permission de Novartis Pharma Canada Inc.

2 Avis de décision

Le 26 juin 2007, Santé Canada a émis à l'intention de Novartis Ophthalmics, Novartis Pharmaceuticals Canada Inc. un avis de conformité du produit pharmaceutique Lucentis.

Lucentis contient l'ingrédient médicinal ranibizumab, un agent antinéovascularisation.

Lucentis est indiqué pour le traitement de la forme néovasculaire (humide) de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Le ranibizumab, un fragment d'anticorps monoclonal humanisé, se lie aux isoformes du facteur de croissance vasculaire endothéliale de type A (VEGF‑A), empêchant ainsi la liaison du VEGF‑A à ses récepteurs VEGFR‑1 et VEGFR‑2. La liaison du VEGF‑A induit une prolifération des cellules endothéliales et une néovascularisation, ainsi qu'une perméabilité vasculaire, tous ces facteurs étant considérés comme contribuant à la progression de la forme néovasculaire (humide) de la DMLA.

L'autorisation de commercialisation s'appuie sur des données issues d'études de contrôle de la qualité et d'études non cliniques et cliniques. L'innocuité et l'efficacité clinique de Lucentis ont été évaluées dans trois études randomisées, à double insu, contrôlées par injection simulée ou par principe actif, regroupant au total 1 323 patients atteints de la forme néovasculaire (humide) de la DMLA. Presque tous les patients traités par Lucentis avaient conservé leur acuité visuelle au mois 12 et, chez un nombre important de patients traités, a également observé une amélioration soutenue, significative sur le plan clinique, de la vision.

Lucentis  (ranibizumab, 10 mg/mL) est offert en solution pour injection. La dose recommandée de Lucentis est de 0,5 mg (0,05 mL). Il est recommandé d'administrer la dose de 0,5 mg de Lucentis par injection intravitréenne une fois par mois. On peut réduire le traitement à une injection tous les 3 mois après les trois premières injections si l'administration mensuelle n'est pas possible. Les recommandations concernant la posologie sont décrites dans la monographie de produit datée du 26 juin 2007.

Lucentis est contre‑indiqué chez les patients présentant une hypersensibilité au médicament, à ses ingrédients ou à tout composant du contenant, chez les patients souffrant d'une infection oculaire ou périoculaire active ou soupçonnée et chez ceux qui présentent une inflammation intraoculaire active.Lucentis devrait être administré selon les conditions décrites dans la monographie de produit, en tenant compte des risques potentiels associés à l'administration de ce produit pharmaceutique. Les conditions détaillées relatives à l'usage de Lucentis sont décrites dans la monographie de produit.

La présentation portant sur Lucentis a été évaluée dans le cadre de la Politique sur le traitement prioritaire. Le profil avantages/risques affiché par Lucentis est meilleur que celui des traitements existants pour la forme néovasculaire (humide) de la DMLA, maladie qui n'est pas traitée adéquatement par les médicaments offerts au Canada.

Conformément à son examen des données portant sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité du produit, Santé Canada juge que le rapport entre les avantages et les risques de Lucentis est favorable au traitement de la forme néovasculaire (humide) de la DMLA.

3 Motifs d'ordre scientifique et réglementaire

3.1 Motifs d'ordre qualitatif

3.1.1 Substance médicamenteuse (Ingrédient médicinal)

Renseignements généraux

L'ingrédient médicinal contenu dans Lucentis, le ranibizumab, est un fragment Fab d'anticorps (IgG1) monoclonal humanisé dirigé contre le facteur de croissance vasculaire endothéliale humain de type A (VEGF-A). La liaison du VEGF-A à ses récepteurs induit une prolifération des cellules endothéliales et une néovascularisation ainsi qu'une perméabilité vasculaire, tous ces facteurs étant considérés comme contribuant à la progression de la forme néovasculaire (humide) de la dégénérescence maculaire liée à l'âge, l'une des principales causes de la cécité. La liaison du ranibizumab au VEGF‑A empêche l'interaction du VEGF‑A avec ses récepteurs VEGFR‑1 et VEGFR‑2 à la surface des cellules endothéliales.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Le ranibizumab est produit dans des cellules d'Escherichia coli à l'aide de la technologie standard de l'ADN recombinant. Pour fabriquer le ranibizumab, on a recours à une banque de cellules maîtresses et une banque de cellules actives d'E. coli, qui sont au préalable dûment caractérisées et analysées de manière à détecter tout contaminant adventice, conformément aux lignes directrices de l'ICH. Les résultats de ces tests ont permis de confirmer l'identité des lignées cellulaires et l'absence d'agents adventices. La caractérisation génétique a également mis en évidence la stabilité de la banque de cellules maîtresses de l'entreposage à la production, jusqu'à la limite de la durée de vie des cellules in vitro.

La fabrication du ranibizumab comprend une série d'étapes, dont la culture cellulaire, la récolte et la purification. La purification est effectuée par une série d'étapes chromatographiques. La constance du procédé de fabrication est assurée par des méthodes de production bien définies, des tests de qualité critique et l'application de limites en cours de fabrication, et s'appuie sur un certificat de spécifications d'analyse concernant le ranibizumab. Un contrôle microbien, consistant en des analyses de biocontamination et une recherche d'endotoxines bactériennes, est appliqué tout au long de la fabrication. Les

contrôles en cours de fabrication ont été examinés et jugés acceptables. Les spécifications des matières brutes utilisées pour la fabrication de la substance médicamenteuse ont également été jugées satisfaisantes.

Caractérisation

On a effectué des études de caractérisation détaillées pour garantir que le ranibizumab présente systématiquement la structure désirée. Les résultats des études de validation du procédé indiquent également que les méthodes utilisées permettent de contrôler adéquatement les quantités d'impuretés liées au produit et au procédé. Les impuretés qui ont été signalées et caractérisées ne dépassaient pas les limites établies. Le milieu nutritif utilisé pendant la culture cellulaire renferme de la tétracycline, un antibiotique, qui n'est toutefois pas détectable dans le produit final.

Contrôle de la substance médicamenteuse

Les rapports de validation des méthodes qui ont servi à l'analyse de la substance médicamenteuse (le ranibizumab) semi‑finie et finie ont été jugés satisfaisants. Les spécifications de la substance médicamenteuse ainsi que les méthodes d'analyse utilisées pour le contrôle de qualité ont été jugées acceptables.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais accélérés et en temps réel, la durée de conservation ainsi que les conditions d'entreposage proposées pour le ranibizumab ont été jugées bien étayées et ont été acceptées.

3.1.2 Produit pharmaceutique

Description et composition

Lucentis est une solution aqueuse injectable claire, incolore ou jaune pâle, qui est stérile et exempte d'agents de conservation. Chaque mL de Lucentis contient 10 mg de ranibizumab, qui en est l'ingrédient médicinal. Les ingrédients non médicinaux sont les suivants : α,α-tréhalose dihydraté, chlorhydrate histidine monohydraté; histidine; polysorbate 20; eau pour préparation injectable.

Le produit pharmaceutique contient 3,0 mg de ranibizumab dans 0,3 mL de solution injectable, et est offert en flacon à usage unique (verre incolore de type I) muni d'un bouchon en caoutchouc chlorobutyle. Chaque emballage contient un flacon de 0,3 mL et une aiguille-filtre pour prélever le contenu du flacon.

Les excipients (ingrédients non médicinaux) utilisés dans la formulation de Lucentis sont conformes soit à la US Pharmacopoeia (USP), soit au National Formulary (NF) ou à la Pharmacopée européenne, à l'exception du α,α-tréhalose dihydraté, qui respecte un ensemble de spécifications non officinales acceptables.

Élaboration du produit pharmaceutique

Au cours de l'élaboration du produit, on a modifié la formulation de Lucentis ainsi que le système récipient-fermeture, afin d'éviter le remplissage excessif, de faire en sorte que les doses soient plus précises et de s'assurer que les flacons ne servent qu'à un usage. Ces changements n'ont pas altéré la qualité de Lucentis.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Lucentis est préparé et versé dans des flacons de façon aseptique et au moyen d'équipement et d'installations pharmaceutiques classiques. Tout l'équipement ainsi que les étapes de fabrication et les paramètres de fonctionnement détaillés sont dûment décrits dans la documentation fournie et sont jugés acceptables. Le procédé validé permet de fabriquer le produit de façon à répondre systématiquement aux spécifications.

Contrôle du produit pharmaceutique

Lucentis a été soumis à des tests visant à en vérifier l'apparence, l'identité, la pureté, la stérilité et l'activité, et à contrôler les paramètres liés à la formulation : teneur en protéines, pH et osmolalité. Les rapports de validation des méthodes qui ont servi à l'analyse du produit semi-fini et fini ont été jugés satisfaisants et justifient les spécifications du produit pharmaceutique.

Les résultats des analyses finales de lots ont été examinés et jugés conformes aux spécifications du produit pharmaceutique.

Stabilité

À la lumière des données sur la stabilité fondées sur des essais accélérés et en temps réel, la durée de conservation de 24 mois est justifiée pour Lucentis, lorsque le produit est entreposé à la température recommandée de 2 à 8oC. Lucentis ne doit pas être exposé à une lumière intense pendant une période prolongée.

3.1.3 Installations et équipement

L'aménagement, le fonctionnement et les mécanismes de contrôle des installations et de l'équipement servant à la production sont jugés acceptables pour les activités et les produits fabriqués. Toutes les installations sont conformes aux Bonnes pratiques de fabrication (BPF).

3.1.4 Évaluation de l'innocuité des agents adventices

La réplication de virus de mammifères dans des cellules d'E. coli n'est pas possible; par conséquent, la présence de virus animaux adventices pendant la production du ranibizumab et du produit pharmaceutique Lucentis n'est pas considérée comme un risque.

Des analyses d'échantillons liquides de culture pré‑récolte effectuées sur chaque lot permettent de vérifier l'absence de microorganismes adventices (p. ex. bactériophages, levures, moisissures, organismes à Gram négatif ou positif).

Les matières brutes d'origine animale ayant servi à la fabrication ont subi des tests permettant de garantir qu'elles sont exemptes d'agents adventices, et elles ont été soumises à un procédé de thermostérilisation validé. Les excipients utilisés dans la formulation du produit pharmaceutique ne sont pas d'origine animale ni humaine.

3.1.5 Conclusion

L'information soumise sur les caractéristiques chimiques et la fabrication de Lucentis montre que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications approuvées. Des études appropriées sur l'élaboration et la validation ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour la commercialisation.

3.2 Motifs non cliniques de la décision

3.2.1 Pharmacodynamique

Le ranibizumab est un fragment Fab (fragment antigen-binding) d'anticorps IgG1 recombinant monoclonal, conçu pour se lier à toutes les formes actives du facteur de croissance vasculaire endothéliale humain (VEGF). Le ranibizumab a une haute affinité pour le site de liaison au récepteur du VEGF sur plusieurs isoformes du VEGF tels que le VEGF110, le VEGF121 et le VEGF165, empêchant dès lors la liaison du VEGF à ses récepteurs VEGFR-1 et VEGFR-2. Il a été démontré que ces trois isoformes stimulent la prolifération des cellules endothéliales humaines, tandis que le ranibizumab neutralise cette prolifération de façon proportionnelle à la dose.

Une épreuve Miles modifiée a permis de constater que le ranibizumab injecté par voie intravitréenne inhibe la perméabilité vasculaire induite par le VEGF et que 90 % de cette inhibition se produit lorsque les concentrations de ranibizumab sont de 4 à 7 fois supérieures à celles du VEGF.

Dans un modèle simien de néovascularisation choroïdale (NVC) induite par laser, on a observé un faible taux de NVC chez les animaux à qui on avait injecté par voie intravitréenne 0,5 mg de ranibizumab toutes les deux semaines avant l'induction par laser d'une NVC, ce qui vient confirmer les effets anti‑angiogéniques du composé. En outre, le ranibizumab entraîne une réduction de la fuite vasculaire à partir des lésions de NVC. Lorsqu'une thérapie photodynamique (TPD) à la vertéporfine était administrée avant, pendant ou après le ranibizumab, on a noté une inhibition supplémentaire de la fuite vasculaire, sans augmentation apparente des effets secondaires.

En résumé, les études pharmacodynamiques ont montré que le ranibizumab se lie à plusieurs formes du VEGF en cause dans la stimulation de la prolifération de cellules endothéliales et dans l'augmentation de la perméabilité vasculaire, caractéristique qui lui permet d'inhiber l'activité biologique VEGF.

3.2.2 Pharmacocinétique

Après une injection intravitréenne, la pharmacocinétique du ranibizumab semble être proportionnelle à la dose dans l'humeur vitrée, l'humeur aqueuse, les tissus rétiniens et le sérum à toutes les doses étudiées chez le lapin et le singe. En outre, des données issues d'études à doses multiples chez le singe ont fait ressortir des profils d'état d'équilibre dans le liquide vitréen et le sérum, ce qui permet de conclure à l'absence aussi bien d'une pharmacocinétique non linéaire que d'une accumulation imprévue. Chez le lapin et le singe, les concentrations sériques étaient > 1 000 fois inférieures aux concentrations vitréennes et ont baissé parallèlement à celles notées dans l'humeur vitrée, ce qui coïncide avec une élimination systémique limitée par la vitesse d'absorption. Les concentrations dans l'humeur aqueuse et dans la rétine étaient de 2,5 à 4 fois inférieures à celles notées dans l'humeur vitrée. La demi‑vie était d'environ 2 ou 3 jours dans toutes les matrices oculaires, et on a noté une pénétration rapide dans les tissus rétiniens. Chez le singe, la biodisponibilité estimée après l'administration intravitréenne était d'environ 100 %, ce qui donne à penser que, dans ce modèle, le métabolisme intraoculaire est limité.

L'analyse microautoradiographique des tissus oculaires a révélé que le ranibizumab était présent dans ou sur les structures suivantes : de façon périvasculaire, dans la tête du nerf optique et s'étendant sur une distance variable jusque dans le nerf optique; le vitré; la rétine, y compris les cellules épithéliales du pigment rétinien; l'épithélium et le stroma du corps ciliaire; les capsules antérieure et postérieure du cristallin; les fibres zonulaires; l'épithélium et le stroma de l'iris; l'endothélium de la cornée. Le Fab radioactif a atteint les vaisseaux sanguins de la choroïde, sans que l'on note d'altération de la fenestration des capillaires choroïdiens. Un examen au microscope électronique a montré que des fragments Fab injectés dans le vitré ont pénétré dans la rétine et se sont diffusés de façon intracellulaire à travers les différentes couches. Des anticorps anti‑ranibizumab ont été détectés dans le corps vitré et le sérum après une seule administration intravitréenne chez le lapin, mais ils n'ont pas influé sur la pharmacocinétique du ranibizumab. Chez le singe, on a détecté des anticorps anti‑ranibizumab seulement après une administration répétée.

3.2.3 Toxicologie

Toxicité à dose unique

On a mené des études oculaires chez le lapin pour évaluer la toxicité d'une dose unique de 2 000 µg/oeil. Dans ces études, les effets liés au traitement étaient limités à une inflammation oculaire.

Toxicité à doses multiples

On a effectué quatre études de toxicité oculaire subchronique (de 4, 13, 16 et 26 semaines) chez des singes, sur des doses allant de 250 à 2 000 µg/oeil. Le médicament testé (différentes doses de ranibizumab ou le véhicule témoin) a été administré par injection intravitréenne dans chaque oeil (50 µL/oeil) une fois toutes les deux semaines.

Outre l'apparition d'anticorps dirigés contre le ranibizumab, on n'a pas relevé d'effets systémiques apparents dans aucune des études à des expositions systémiques de 400 à 1 000 fois supérieures à l'exposition clinique maximale. On n'a pas observé, non plus, de baisses uniformes dans les concentrations oculaires de VEGF chez les animaux. Par conséquent, du point de vue de l'organisme entier, on disposait de marges de sécurité suffisantes, et l'absence d'études toxicologiques systémiques standard est acceptable.

Dans aucune des études, on n'a pu déterminer la concentration sans effet observé (CSEO) maximale, étant donné qu'on a noté une inflammation oculaire à toutes les doses étudiées. L'inflammation de la chambre antérieure était transitoire et survenait relativement rapidement, c.‑à‑d. qu'elle atteignait un pic au jour 2 suivant l'injection, tandis que dans le vitré, la réponse était plus persistante et plus lente, c.‑à‑d. qu'elle culminait 7 jours après l'injection. Dans les études de plus courte durée, l'inflammation était à son maximum après la première injection, et baissait par la suite. Sept jours après l'administration de la dose, on n'observait plus d'inflammation de la chambre antérieure, ou seulement une faible inflammation, tandis que des cellules vitréennes étaient présentes pendant toute la durée des études. Toutefois, dans l'étude de 26 semaines, la réaction inflammatoire a augmenté avec le nombre d'injections et, à la plus forte dose étudiée (2 000 µg/oeil), un certain nombre d'animaux ont été retirés prématurément à cause d'une inflammation vitréenne grave, entraînant la présence de protéines vitréennes et de débris inflammatoires qui nuisaient sérieusement à l'observation du fond de l'oeil. Dans l'étude de 13 semaines, seule la dose la plus faible a entraîné une réaction inflammatoire, dont l'intensité a baissé pour atteindre des niveaux comparables à ceux observés chez les animaux ayant reçu le véhicule témoin pendant que le traitement était encore en cours. Ces observations donnent à penser que l'intervalle posologique de 2 semaines n'était pas suffisant pour permettre à l'oeil de se rétablir complètement de la réaction inflammatoire avant la dose suivante. L'intervalle clinique proposé est d'un mois, de sorte que cette constatation ne soulève pas d'inquiétude grave. Pendant la période de récupération, l'inflammation de la chambre intérieure a diminué ou est disparue, et on a observé une réduction du nombre de cellules inflammatoires du vitré et des tissus.

On a relevé deux types de modifications du segment postérieur de l'oeil liées au traitement. Dans le premier cas, il s'agissait d'une réaction caractérisée par des hémorragies rétiniennes périveineuses focales ou multifocales, généralement avec des centres blancs dans la rétine périphérique éloignée. Ces lésions apparaissaient habituellement 48 heures après la première dose, se résorbaient au bout d'une semaine et, généralement, ne se reproduisaient plus ou diminuaient lors des injections suivantes, même à une dose plus élevée. Dans le deuxième cas, il s'agissait d'une réaction reliée à la dose et au moment, caractérisée par la formation de gaines périvasculaires blanches, focales ou multifocales, autour des veinules rétiniennes périphériques, avec différentes quantités de matériel inflammatoire blanc à la surface de la papille optique. Cette modification était considérée comme consécutive à l'inflammation du segment postérieur et de nature plus chronique. Les modifications ont diminué, sans disparaître, pendant la période de récupération.

Dans l'étude de 26 semaines, on a observé plusieurs cas de cataractes chez les animaux ayant reçu une dose de1 000 ou de 2 000 µg/oeil. Dans tous les cas, les cataractes ne se sont formées qu'après une période relativement longue d'inflammation intense, ce qui donne à penser que les modifications du cristallin ont également été consécutives à une inflammation chronique. On n'a pas fait de constatations semblables chez les animaux ayant reçu une dose de 500 µg/oeil.

L'injection intravitréenne soit de ranibizumab soit du véhicule a entraîné des élévations immédiates et marquées (d'un facteur de 2 à 5) de la pression intraoculaire (PIO) attribuable à l'accroissement du volume intraoculaire associé à l'injection. Lors de la mesure suivante, la pression est revenue à la normale en aussi peu que 15 minutes après l'administration de la dose, chez tous les groupes.

Aucune constatation importante sur le plan toxicologique n'a été tirée de l'électrorétinogramme.

Les examens histopathologiques ont révélé des infiltrats de cellules inflammatoires (neutrophiles, macrophages, cellules plasmatiques, lymphocytes et/ou éosinophiles) dans différents tissus oculaires. Après une période de récupération, toutes les réactions inflammatoires sont disparues ou ont diminué.

Dans bon nombre d'études, on a détecté des anticorps sériques dirigés contre le ranibizumab chez certains animaux. Dans une étude, les anticorps ont été décelés dans le vitré à des doses ≥ 750 µg/oeil. On n'a pas observé de liaisons réactives croisées de l'anticorps monoclonal humanisé ruMAb VEGF dans les tissus humains normaux. À des concentrations allant jusqu'à 20 mg/mL, le ranibizumab n'a pas causé d'hémolyse des érythrocytes humains et s'est révélé compatible avec le sérum du singe et de l'humain, de même qu'avec le liquide vitréen humain.

Génotoxicité et cancérogénicité

Aucune étude de génotoxicité ou de cancérogénicité n'a été fournie. L'exposition systémique était faible et il serait difficile d'effectuer les études pertinentes à partir d'une exposition élevée, que ce soit au niveau systémique ou au niveau intraoculaire.

Toxicité pour l'appareil reproducteur et le développement

Aucune étude toxicologique sur l'appareil reproducteur et le développement n'a été effectuée étant donné que l'âge médian de la population atteinte de DMLA était de plus de 70 ans.

3.2.4 Résumé et conclusion

Tous les essais en question se sont révélés suffisamment sensibles, spécifiques, reproductibles et précis pour l'évaluation des études de pharmacocinétique et de pharmacodynamique, et pour appuyer les études de toxicologie du ranibizumab chez les espèces pertinentes. On a montré que le ranibizumab se liait à plusieurs isoformes du VEGF‑A, qui jouent tous un rôle dans la stimulation de la prolifération des cellules endothéliales et dans l'augmentation de la perméabilité vasculaire.

Le programme pharmacologique et toxicologique non clinique de Lucentis a permis de montrer que ce composé est relativement sûr chez l'humain. Après une injection intravitréenne, le ranibizumab n'a pas entraîné d'effets systémiques apparents dans l'une ou l'autre des études, à des niveaux d'exposition systémique 400 à 1 000 fois supérieurs à l'exposition clinique maximale. Les phénomènes observés en relation avec le traitement se limitaient aux tissus oculaires, sous la forme d'une inflammation proportionnelle à la dose aussi bien dans le segment antérieur que dans le segment postérieur de l'oeil. Dans les études chez le singe, on a montré que la dose maximale tolérée était de 0,5 mg de ranibizumab par oeil. Dans ces études, la fréquence et la gravité des cas d'inflammation de la chambre antérieure et les observations portant sur les cellules vitréennes étaient beaucoup moins importantes que dans le cas des doses élevées. À l'examen histopathologique, le degré d'infiltration des cellules inflammatoires était en général minime ou léger, et elle se produisait moins souvent à des doses plus faibles. On n'a pas noté de changements anormaux pour ce qui est de la PIO, des cataractes ou des fuites de fluorescéine. En tenant compte des différences entre l'oeil humain et l'oeil du singe en ce qui concerne le volume vitréen (humain : 4,5 mL, par rapport au singe : 1,5 mL) et la fréquence des doses (humain : une fois par mois, par rapport au singe : toutes les deux semaines), on a conclu que les données non cliniques justifiaient l'utilisation clinique proposée pour ce médicament.

3.3 Motifs cliniques de la décision

3.3.1 Pharmacodynamique

Les concentrations plasmatiques de VEGF ont servi de paramètre pharmacodynamique pour évaluer l'effet potentiel du ranibizumab sur l'activité du VEGF dans l'organisme. Avant l'administration du ranibizumab, les concentrations de VEGF allaient d'environ 40 pg/mL à 171 pg/mL. Après l'administration du ranibizumab, les concentrations plasmatiques de VEGF fluctuaient quelque peu, sans qu'on puisse discerner une tendance, ce qui porte à croire que les concentrations systémiques de ranibizumab n'avaient pas d'effets importants sur le VEGF circulant.

Dans l'étude FVF2428g, on a examiné les effets du ranibizumab administré en plusieurs injections intravitréennes et en association avec une thérapie photodynamique (TPD) à la vertéporfine. Les patients ont été divisés aléatoirement pour recevoir soit du ranibizumab (0,5 mg/mois) en association avec la TPD à la vertéporfine, soit une injection simulée en association avec la TPD à la vertéporfine. On a mesuré les concentrations plasmatiques de VEGF comme paramètre pharmacodynamique. Après la première dose, on a observé des baisses semblables de concentrations plasmatiques de VEGF dans le groupe témoin et dans le groupe traité activement. Ces baisses pourraient s'expliquer par d'autres effets physiologiques tels que ceux liés au stress. L'effet du ranibizumab sur la taille des lésions de NVC et la fuite vasculaire a été évalué au moyen de paramètres secondaires. En général, les résultats ont révélé que le ranibizumab avait un effet favorable sur ces paramètres en comparaison avec l'injection simulée. Il a aussi été démontré que le ranibizumab, en association avec la TPD à la vertéporfine, permettait de réduire la taille des lésions de NVC ou la fuite vasculaire davantage que la TPD à la vertéporfine seule.

3.3.2 Pharmacocinétique

La pharmacocinétique sérique de Lucentis à la suite d'une dose par voie intravitréenne chez l'humain nuit plus à l'évaluation de l'innocuité en raison de l'inhibition systémique potentielle de l'activité du VEGF par le ranibizumab, qu'à l'évaluation de la réponse par rapport à la dose de ranibizumab à l'intérieur de l'oeil. Pour déterminer l'exposition systémique au ranibizumab chez l'humain, on s'est fondé sur une analyse pharmacocinétique de population à partir de rares échantillons sériques provenant des études cliniques de phase I, II et III. Le plan d'échantillonnage n'a pas permis de définir adéquatement tant la concentration maximale du médicament (Cmax) que le profil sérique global du ranibizumab. Après l'administration de doses intravitréennes mensuelles de 0,5 mg, les concentrations sériques du ranibizumab semblaient demeurer généralement sous le seuil jugé nécessaire pour inhiber de 50 % l'activité biologique du VEGF (11 à 27 ng/mL, évalué par un essai de prolifération cellulaire in vitro). Dans les études cliniques, les concentrations plasmatiques de VEGF ont été établies après l'administration intravitréenne de ranibizumab et aucun effet sur les concentrations plasmatiques de VEGF n'a été observé. Bien que l'on s'attende à ce que l'exposition systémique découlant d'une dose de 0,5 mg soit faible, la question de savoir si la Cmax peut atteindre un niveau utile sur le plan clinique n'est toujours pas résolue.

Par conséquent, on ne peut pas, à partir des données pharmacocinétiques fournies dans la demande d'autorisation du médicament, évaluer adéquatement le risque d'effets indésirables systémiques en fonction du profil pharmacocinétique sérique du ranibizumab. Par ailleurs, les études cliniques menées à l'égard de Lucentis sont riches en information sur l'innocuité, indépendamment des données limitées dont on dispose sur la pharmacocinétique systémique. Ainsi, les lacunes relevées dans l'examen pharmacocinétique ne sont pas considérées comme un obstacle à l'autorisation de Lucentis pour l'indication, la dose et la voie d'administration proposées dans le traitement de la DMLA.

3.3.3 Efficacité clinique

Trois études pivots (n = 1 323) ont été soumises à l'appui de cette présentation de drogue nouvelle (PDN) : l'étude FVF2598 (MARINA), l'étude FVF2587 (ANCHOR) et l'étude 3192 (PIER). On a également examiné, à des fins d'évaluation de l'innocuité seulement, cinq études non essentielles portant sur 254 patients ayant utilisé Lucentis pendant des périodes allant jusqu'à deux ans.

L'étude MARINA était un essai de phase III multicentrique, randomisé et à double insu, contrôlé avec injection simulée (n = 716), qui visait à déterminer l'efficacité et l'innocuité de Lucentis chez des patients atteints de DMLA néovasculaire sous‑fovéale minimalement classique ou occulte. Les patients admissibles ont été divisés aléatoirement selon un ratio 1:1:1 pour recevoir soit 0,5 mg de ranibizumab, soit 0,3 mg de ranibizumab, soit une injection simulée. L'étude comprenait une période de traitement de deux ans. Les résultats des 12 premiers mois ont servi à l'analyse du paramètre primaire d'efficacité, de même qu'aux analyses des paramètres secondaires et exploratoires. Les résultats obtenus au bout de 24 mois ont été utilisés pour les analyses des paramètres secondaires et exploratoires. Pour ce qui est de l'innocuité, on a analysé les résultats à 12 et à 24 mois.

L'étude ANCHOR était un essai de phase III multicentrique, randomisé et à double insu, contrôlé avec traitement (n = 423), visant à évaluer l'efficacité et l'innocuité de Lucentis par rapport à la thérapie photodynamique (TPD) à la vertéporfine chez des patients souffrant de DMLA néovasculaire sous‑fovéale principalement classique. Les patients admissibles ont été divisés aléatoirement selon un ratio 1:1:1 pour recevoir soit 0,3 mg de ranibizumab et une TPD simulée avec perfusion saline, soit 0,5 mg de ranibizumab et une TPD simulée avec perfusion saline, soit une injection simulée de ranibizumab et une TPD active à la vertéporfine. On avait prévu une période de traitement de deux ans dans cette étude. Les résultats des 12 premiers mois ont servi à l'analyse du paramètre primaire ainsi qu'aux analyses des paramètres secondaires et exploratoires. En ce qui concerne l'innocuité, on a analysé les résultats à 12 et à 24 mois.

L'étude PIER était une étude de phase IIIb multicentrique, randomisée et à double insu, contrôlée avec injection simulée (n = 184), qui visait à déterminer l'efficacité et l'innocuité de Lucentis chez des patients atteints de DMLA néovasculaire sous-fovéale avec ou sans composante classique de NVC consécutive à la DMLA. Une période de traitement de deux ans était prévue dans cette étude; la deuxième année de traitement est encore en cours. Les patients admissibles ont été divisés selon un ratio 1:1:1 de manière à recevoir en injections intravitréennes soit 0,3 mg de ranibizumab, soit 0,5 mg de ranibizumab, soit des injections simulées, à raison d'une fois par mois pendant trois mois consécutifs, puis à une fréquence d'une fois tous les trois mois.

Selon ces trois études pivots, soit MARINA, ANCHOR et PIER, Lucentis se révèle un agent efficace dans le traitement de la DMLA lorsqu'on le compare à des témoins tels qu'un placebo ou une TPD à la vertéporfine.

Dans l'étude MARINA ainsi que dans l'étude ANCHOR, le paramètre primaire d'efficacité était la proportion de patients qui conservent leur vision, définie comme une perte inférieure à 15 lettres d'acuité visuelle à 12 mois, par rapport à la mesure de référence. Dans l'étude MARINA, le paramètre primaire a été atteint à 12 mois; les résultats indiquent que 94,5 % des patients du groupe recevant 0,3 mg de ranibizumab et 94,6 % des patients du groupe recevant 0,5 mg de cet agent ont perdu moins de 15 lettres par rapport à la mesure de référence, comparativement à 62,2 % des patients recevant l'injection simulée. Il s'agit donc de résultats cliniquement et statistiquement significatifs pour les deux doses différentes de ranibizumab, par rapport à l'injection simulée. Dans l'étude ANCHOR, à 12 mois, 94,3 % des patients traités par Lucentis à la dose de 0,3 mg et 96,4 % des patients traités à la dose de 0,5 mg avaient perdu moins de 15 lettres par rapport à la mesure de référence, comparativement à 64,3 % des patients traités par la TPD à la vertéporfine. Dans l'étude PIER, le paramètre primaire d'efficacité était le changement moyen dans le score à l'échelle de la meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) pour l'oeil étudié, par rapport à la mesure de référence, à 12 mois. À 12 mois, les changements moyens dans les scores MAVC par rapport à la mesure de référence dans l'oeil étudié étaient de -1,6 et -0,2 lettres pour les groupes recevant Lucentis à une dose de 0,3 mg et à une dose de 0,5 mg, respectivement, comparativement à -16,3 lettres pour le groupe recevant l'injection simulée. L'analyse de l'un des paramètres secondaires dans l'étude PIER a révélé qu'à 12 mois, la proportion de patients ayant perdu moins de 15 lettres par rapport à la mesure de référence était de 83,3 % dans le groupe recevant 0,3 mg de Lucentis et de 90,2 % dans le groupe recevant 0,5 mg de Lucentis, alors que cette proportion était de 49,2 % chez les patients traités par des injections simulées. L'étude PIER a également confirmé que le médicament peut être administré une fois tous les trois mois; toutefois, Lucentis est moins efficace dans ce schéma d'administration que lorsqu'il est administré une fois par mois. L'analyse des données a permis de confirmer que, par rapport à une administration mensuelle, l'administration d'une dose tous les trois mois entraînera une réduction de l'avantage sur le plan de l'acuité visuelle correspondant à environ 5 lettres (une ligne) en moyenne, au cours des 9 mois suivants.

En résumé, dans les trois études pivots, on a obtenu des résultats positifs pour le paramètre primaire, qui étaient significatifs tant sur le plan clinique quesur le plan statistique. On a également évalué plusieurs paramètres secondaires et exploratoires. Les résultats obtenus pour ces paramètres appuyaient ceux du paramètre primaire; en effet, la majorité d'entre eux étaient significatifs sur le plan statistique et ont permis d'établir l'efficacité clinique du traitement par Lucentis.

3.3.4 Innocuité clinique

Au total, 1 323 patients ont participé aux trois études pivots, soit les études FVF2598g (MARINA), FVF2587g (ANCHOR) et FVF3192g (PIER); ces patients ont été suivis pendant une période pouvant aller jusqu'à deux ans. La section 3.3.3 Efficacité clinique renferme une description de ces études.

On a noté une proportion de patients présentant des effets indésirables plus grande dans les groupes de traitement actif que dans les groupes témoins. Les effets indésirables oculaires courants signalés à propos de l'oeil traité étaient la douleur oculaire (fréquence de 0 % à 28,9 %), les hémorragies conjonctivales (fréquence de 0 % à 18,4 %) et les corps flottants vitréens (fréquence de 1,6 % à 17,2 %). Parmi les autres effets indésirables oculaires courants et graves, on trouvait les suivants : inflammation intraoculaire (p. ex. inflammation de la chambre antérieure, hypopion, iridocyclite, iritis, uvéite et hyalite, selon une fréquence globale de 4,9 % à 17,2%) et élévation de la PIO (fréquence de 3,3 % à 18,8 %). Moins de 0,1 % des injections intravitréennes ont été associées à des effets indésirables graves tels que le décollement rhegmatogène de la rétine, l'endophtalmie, les déchirures de la rétine et les cataractes traumatiques.

Les résultats ne fournissent pas un tableau clair du lien entre le traitement par Lucentis et les réactions thromboemboliques artérielles ou les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Bien qu'en général, on n'ait pas noté de différences importantes entre les groupes de traitement actif et les groupes témoins sur le plan des réactions thromboemboliques artérielles, on a constaté une tendance à une fréquence accrue chez les patients traités par Lucentis et ce, surtout à la dose la plus élevée (0,5 mg). Toutefois, toutes ces analyses ont été effectuées sur un petit nombre de cas, ce qui nuit à l'interprétation des résultats. En outre, la hausse potentielle de réactions thromboemboliques pourrait être un effet de classe des inhibiteurs du VEGF mais, en raison des très faibles concentrations de Lucentis dans la circulation générale, il est très difficile d'établir avec certitude un lien de cause à effet. Dans une étude comparative non contrôlée encore en cours, portant sur l'administration de Lucentis à des doses de 0,3 mg (1 174 patients) et de 0,5 mg (1 211 patients), la dose de 0,5 mg ne semble pas causer de risque accru d'AVC. Il faut attendre les résultats finals des études en cours pour clarifier ce point.

Dans toutes les études et tous les groupes de traitement, un petit pourcentage de patients ont manifesté une immunoréactivité. La signification clinique de ce phénomène n'est pas claire, mais certains patients présentant des niveaux plus élevés d'immunoréactivité affichaient également un taux plus élevé d'inflammation intraoculaire.

On s'est servi de cinq études non essentielles portant sur 254 patients utilisant Lucentis pendant des périodes allant jusqu'à deux ans pour évaluer l'innocuité de cet agent; toutefois, les résultats sont d'une valeur limitée étant donné qu'une préparation lyophilisée de Lucentis non offerte sur le marché avait été employée dans la plupart de ces études.

Les résultats étaient semblables à ceux obtenus dans les études pivots. Le problème prédominant était l'inflammation intraoculaire après l'injection, qui est survenue chez environ 50 % des patients et qui s'est avérée grave dans environ 11 % des cas. Ce phénomène s'est rapidement résorbé, cependant, et n'a pas semblé avoir d'effets néfastes sur la vision, du moins à court terme. Un seul patient a subi une perte de vision importante en raison d'une occlusion veineuse rétinienne, qui aurait pu ne pas être causée par le médicament. Les autres complications oculaires (déchirures de la rétine, hémorragies vitréennes) étaient rares, et on n'a pas observé de cas de décollement de la rétine ni de thrombose artérielle rétinienne. Les hausses de PIO étaient pour la plupart modestes et, dans les cas où elles étaient plus graves, elles ont pu être traitées avec succès par des mesures conservatrices. On n'a pas observé de cas de formation de cataracte, mais il se pourrait que les études n'aient pas été suffisamment longues pour exclure cette possibilité; cette complication potentielle doit faire l'objet d'une surveillance postcommercialisation.

Bien qu'aucune réaction d'hypersensibilité anaphylactique grave n'ait été relevée au cours des essais cliniques, il existe un risque théorique de réactions d'hypersensibilité, dont des réactions anaphylactiques/anaphylactoïdes ou un oedème de Quincke.

De façon générale, Lucentis semble être un médicament relativement sûr. Les rapports périodiques de pharmacovigilance recueillis entre le 30 juin 2006 et le 29 mars 2007 n'ont pas fait ressortir de nouveaux problèmes d'innocuité, qui n'auraient pas déjà été décrits au cours des essais cliniques. La monographie de produit renferme une liste complète de réactions indésirables liées au traitement par Lucentis, et des mises en garde adéquates au sujet des réactions thromboemboliques et des réactions d'hypersensibilité ont été ajoutées.

3.3.5 Questions additionnelles

Le promoteur s'est engagé à prendre les mesures postcommercialisation suivantes :

  • Fournir des rapports périodiques de pharmacovigilance tous les 6 mois et informer Santé Canada de tous signes pouvant indiquer une fréquence accrue des effets indésirables liés au traitement par Lucentis.
  • Terminer les études en cours et en fournir les résultats dans le cadre de présentations post-approbation, y compris mettre à jour la monographie de produit de Lucentis s'il y a lieu.

3.4 Évaluation des avantages / risques et recommandation

3.4.1 Évaluation des avantages / risques

La présentation de drogue soumise au sujet de Lucentis a obtenu un statut prioritaire en raison du fait que Lucentis est indiqué dans le traitement d'une maladie invalidante grave, la DMLA néovasculaire (humide). Le traitement par Lucentis a eu un effet favorable à l'égard d'une manifestation, ou symptôme, grave de la maladie, pour lequel il existe peu d'options de traitement.

La DMLA néovasculaire entraîne une perte de vision et une diminution de la qualité de vie. Dans les études cliniques effectuées, Lucentis a infléchi de façon positive l'évolution de la maladie. Les risques que comporte Lucentis sont une inflammation intraoculaire, d'autres complications oculaires et des effets systémiques, p. ex. des réactions thromboemboliques. Il existe un certain nombre d'effets secondaires potentiels, dont certains peuvent être très graves. Toutefois, la majorité de ces risques sont prévisibles si l'on se fie aux analyses des réactions et des effets indésirables fournis avec la présentation. Bon nombre de ces risques sont réversibles et peuvent être atténués ou traités au besoin.

À la lumière des données soumises et compte tenu de la gravité et du fardeau que représente la DMLA non traitée, ainsi que du faible éventail de traitements disponibles, on peut conclure que les avantages du traitement par Lucentis l'emportent nettement sur les risques qui en découlent.

3.4.2 Recommandation

Après avoir examiné les données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de ce produit, Santé Canada estime que Lucentis a un profil avantages/risques favorable au traitement de la DMLA néovasculaire (humide). La présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1 et, par conséquent, Santé Canada a émis l'avis de conformité prévu par l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues.

4 Étapes importantes de la présentation

Étapes importantes de la présentation: Lucentis

Étape importante de la présentationDate
Réunion préalable à la présentation:2006-09-15
Demande de statut prioritaire
Déposée:2006-09-29
Approuvée par le directeur, CEPRB:2006-10-23
Dépôt de la présentation:2006-12-05
Examen préliminaire
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire:2006-12-29
Examen
Évaluation biopharmaceutique terminée:2007-06-20
Évaluation de la qualité terminée:2007-06-22
Évaluation clinique terminée:2007-06-20
Évaluation biostatistique terminée:2007-06-20
Évaluation de l'étiquetage terminée:2007-06-06
Délivrance de l'AC par le directeur général:2007-06-26