Sommaire des motifs de décision portant sur Macugen

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.
Macugen

Pegaptanib sodium, 0,3 mg de pegaptanib sodium/90 µL, Solution, Injection

Pfizer Canada Inc.

No de contrôle de la présentation : 094022

Émis le : 2006-03-01

Direction générale des produits de santé et des aliments

Notre mission est d'aider les Canadiennes et les Canadiens à maintenir et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada

Le mandat de la DGPSA est d'adopter une approche intégrée à la gestion des risques et des avantages pour la santé liés aux produits de santé et aux aliments :

  • en réduisant les facteurs de risque pour la santé des Canadiens et des Canadiennes tout en maximisant la protection offerte par le système réglementaire des produits de la santé et des aliments;
  • et en favorisant des conditions qui permettent aux Canadiens et aux Canadiennes de faire des choix sains ainsi qu'en leur donnant des renseignements afin qu'ils ou qu'elles puissent prendre des décisions éclairées en ce qui a trait à leur santé.

Direction générale des produits de santé et des aliments

Also available in English under the following title: : Summary Basis of Decision (SBD) MACUGEN*, Pegaptanib sodium injection, 0.3 mg/90 μL, Pfizer Canada Inc., Submission Control No. 094022

Avant-propos

Le Sommaire des motifs de décision (SMD) de Santé Canada expose les motifs d'ordre scientifique et réglementaire sur lesquels reposent les décisions de Santé Canada concernant la réglementation des médicaments et des instruments médicaux. Les SMD sont rédigés en langage technique à l'intention des personnes et groupes intéressés aux décisions de Santé Canada portant sur un produit donné et sont le reflet des observations consignées dans les rapports d'évaluation. À ce titre, les SMD servent à compléter et non à répéter l'information contenue dans la monographie de produit.

Nous invitons les lecteurs à consulter le « Guide du lecteur sur le Sommaire des motifs de décision - Médicaments au sujet de l'interprétation des termes et des acronymes utilisés ici. Ils trouveront également dans ce guide un aperçu du processus d'examen des présentations de drogue dans le feuillet intitulé « Comment les médicaments sont examinés au Canada », qui décrit les facteurs pris en considération par Santé Canada au cours du processus d'examen et d'autorisation d'une présentation de drogue. Les lecteurs devraient aussi consulter le document intitulé « Initiative du sommaire des motifs de décision - Foire aux questions ».

Le SMD correspond à l'information dont disposent les autorités de réglementation de Santé Canada au moment de prendre une décision. Les présentations subséquentes examinées à d'autres fins ne sont pas incluses dans la Phase I de la stratégie de mise en oeuvre des SMD. Pour obtenir de l'information à jour sur un produit en particulier, les lecteurs sont priés de consulter la monographie la plus récente de ce produit. Santé Canada fournit également l'information au sujet mises en garde diffusées après la commercialisation ou d'avis émis à la suite d'effets indésirables (EI).

Pour de plus amples renseignements sur un produit en particulier, les lecteurs peuvent également se rendre sur les sites Web des organismes de réglementation d'autres pays. L'information reçue à l'appui d'une présentation de drogue au Canada peut cependant ne pas être identique à celle reçue par d'autres gouvernements.

Autres politiques et lignes directrices

Les lecteurs sont invités à consulter le site Web de Santé Canada, où ils trouveront d'autres politiques et lignes directrices au sujet des médicaments, notamment le document intitulé «Gestion des présentations de drogues ».

1 Information sur le produit et la présentation

Marque nominative :

Macugen

Fabricant/promoteur :

Pfizer Canada Inc.

Ingrédient médicinal :

Pegaptanib sodium

Dénomination commune internationale :

Pegaptanib sodium

Concentration :

0,3 mg de pegaptanib sodium/90 µL (équivalent à la partie oligonucléotide)

Forme posologique :

Solution

Voie d'administration :

Injection

Identification numérique de drogue (DIN) :

  • 02267225

Classe pharmaco-thérapeutique (classe ATC) :

Inhibiteur du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire

Ingrédients non médicinaux :

Chlorure de sodium, monohydrate de phosphate monobasique de sodium, heptahydrate de phosphate dibasique de sodium, acide chlorhydrique et hydroxyde de sodium dans de l'eau pour injection

Type et numéro de présentation :

Présentation de drogue nouvelle, n° de contrôle 094022

Date de la présentation :

2004-09-17

Date de l'autorisation :

2005-05-02

* M.C. d'Eyetech Pharmaceuticals, Inc., Pfizer Canada Inc., détenteur de licence

2 Avis de décision

Le 2 mai 2005, Santé Canada a émis, à l'intention de Pfizer Canada Inc., un avis de conformité du produit thérapeutique Macugen. Macugen contient l'ingrédient médicinal appelé pegaptanib sodium, un inhibiteur sélectif du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF), qui empêche l'isoforme VEGF165 de se lier aux récepteurs du VEGF. Le VEGF provoque l'angiogenèse ainsi que la perméabilité et l'inflammation vasculaires, phénomènes que l'on croit contribuer à l'évolution de la forme néovasculaire de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Macugen est indiqué dans le traitement de la néovascularisation choroïdienne sous-fovéale secondaire à la DMLA.

La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) figure en tête de liste des causes de déficience visuelle chez les personnes âgées au Canada. Elle est en voie de devenir un important problème de santé publique puisque le vieillissement de la population devrait entraîner une augmentation de son incidence. La présente demande a fait l'objet d'un traitement prioritaire, le besoin en nouveaux traitements contre la DMLA exsudative n'ayant pas été comblé. Les traitements qui existent sur le marché ne s'appliquent qu'à des sous-groupes de patients dont le profil des lésions est bien défini. De plus, de 70 à 80 % des patients atteints d'une DMLA présentant des lésions de type minimalement classique ou exclusivement occulte (sans lésions de type classique) n'ont à leur disposition aucune forme de traitement.

L'autorisation de commercialisation de Macugen s'appuie sur des données adéquates tirées d'études de contrôle de la qualité, ainsi que d'études non cliniques et cliniques. L'efficacité et l'innocuité du produit ont été établies dans le cadre de deux essais multicentriques contrôlés randomisés à double insu, conçus de manière identique. Les études portaient sur des patients présentant une néovascularisation choroïdienne sous-fovéale liée à la DMLA. Au total, 1 208 patients ont été recrutés et 1 190 ont été traités (892 ont reçu Macugen, 298, un placebo). Les deux essais ont constaté des résultats statistiquement significatifs chez les patients traités au Macugen, 0,3 mg, au regard du paramètre primaire d'efficacité. Les données soumises montrent aussi que Macugen peut être administré de façon sécuritaire selon les conditions décrites dans la monographie de produit.

Macugen (pegaptanib sodium par injection) est présenté dans une seringue en verre à usage unique de 1 mL, contenant 0,3 mg dans un volume disponible de 90 µL. Chaque seringue est munie d'une aiguille de calibre 27 et d'un emballage extérieur. La tige de piston et la collerette sont emballées séparément. Macugen est administré par injection intravitréenne toutes les six semaines dans l'oeil atteint.

Macugen est contre-indiqué chez les patients qui souffrent d'une infection oculaire ou périoculaire active ou suspecte ou qui présentent une hypersensibilité à l'une des composantes de cette préparation. Les conditions détaillées relatives à l'usage de Macugen sont décrites dans la monographie de produit.

Conformément à son examen des données portant sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité du produit, Santé Canada juge que le rapport entre les avantages et les risques de Macugen est favorable pour le traitement de la néovascularisation choroïdienne sous-fovéale liée à la DMLA.

3 Motifs d'ordre scientifique et réglementaire

3.1 Motifs d'ordre qualitatif

3.1.1 Substance médicamenteuse (ingrédient médicinal)

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Le pegaptanib sodium est synthétisé chimiquement, purifié et fourni pour la fabrication de produits pharmaceutiques sous la forme d'un solide amorphe blanc ou blanc cassé. Le processus de synthèse appliqué à cette substance médicamenteuse est jugé rationnel et classique pour produire la substance cible. Les spécifications et les critères d'acceptation pour les matériaux de départ et les réactifs chimiques/solvants sont considérés justifiés.

Characterisation

Parmi la batterie systématique d'essais courants sur la substance finie figurent des tests qui garantissent que le pegaptanib sodium est uniformément produit avec la structure caractéristique. L'essai d'identité vérifie si la substance médicamenteuse présente la liaison caractéristique avec le VEGF165, et le profilage des nucléosides démontre que la structure est correcte. Les résultats de ces tests montrent que le pegaptanib sodium possède la structure prévue et que les lots sont uniformes.

Les résultats des études de caractérisation des impuretés indiquent que les méthodes utilisées permettent de détecter et de mesurer les impuretés liées au procédé ainsi que les produits de dégradation. Les impuretés et produits de dégradation qui ont été signalés et caractérisés conformes aux normes établies par l'ICH ou ont été autrement qualifiés.

Contrôle de la substance médicamenteuse

Les rapports de validation de tous les procédés analytiques qui ont servi à l'analyse de la substance médicamenteuse demi-finie et finie ont été présentés et jugés acceptables. Les spécifications de la substance médicamenteuse sont considérées comme acceptables.

Les procédés analytiques pour le contrôle de la qualité de la substance médicamenteuse sont jugés adéquats. Les données obtenues à partir d'analyses de lots ont été examinées et jugées acceptables conformément aux spécifications de la substance médicamenteuse.

Stabilité

En vertu des données de l'étude présentée en temps réel et en temps accéléré sur la stabilité, la durée de conservation ainsi que les conditions d'entreposage et de livraison de la substance médicamenteuse sont jugées satisfaisantes et ont été acceptées.

3.1.2 Produit pharmaceutique

Description et composition

Macugen (pegaptanib sodium injectable) est une solution stérile, claire, sans agent de conservation, qui contient du pegaptanib sodium pour injection intravitréenne. Macugen est offert dans une seringue unidose préremplie contenant 0,3 mg de pegaptanib sodium (équivalant à la partie oligonucléotide). Les ingrédients non médicinaux sont le chlorure de sodium, le monohydrate de phosphate monobasique de sodium, l'heptahydrate de phosphate dibasique de sodium, l'acide chlorhydrique et l'hydroxyde de sodium dans de l'eau pour injection. Chaque seringue renferme un volume nominal injectable de 90 µL avec un surremplissage pour garantir l'administration de la dose requise.

Le produit médicamenteux est offert dans une seringue de verre de 1 mL de type I scellée avec un bouchon-piston en caoutchouc de plongeur de brombutyl enduit. La seringue est munie d'une aiguille fixe de calibre 27 protégée par un capuchon en caoutchouc et placée dans un conditionnement extérieur de plastique rigide. Un piston en plastique et une collerette sont également joints pour l'administration du produit.

Élaboration du produit pharmaceutique

Les changements apportés à la formulation et au procédé de fabrication tout au long de l'élaboration du produit sont jugés acceptables au terme d'un examen.

Procédé de fabrication et contrôles en cours de fabrication

Tout l'équipement, tous les paramètres de fonctionnement, tous les tests en cours de fabrication et les instructions détaillées sont bien définis dans la documentation. Le procédé de fabrication respecte les techniques standard de mélange et d'asepsie, utilisant des installations et du matériel pharmaceutiques classiques. Le procédé de fabrication pour la production commerciale est bien contrôlé de façon à donner un produit qui satisfait à toutes les spécifications pertinentes.

Contrôle du produit pharmaceutique

Macugen est soumis à des tests servant à vérifier son apparence, son identité, sa spécificité de liaison, son poids moléculaire maximal, son volume, sa polydispersité, son pH, son osmolalité, sa viscosité, sa stérilité et la présence de produits de dégradation, de particules visibles, de matières particulaires et d'endotoxines bactériennes.

Les produits de dégradation découlant de la fabrication ou de l'entreposage ont été signalés et caractérisés. Ces produits conformes aux normes établies par l'ICH ou ont été autrement qualifiés.

Les rapports de validation de tous les procédés analytiques qui ont servi à la mise à l'essai de la substance médicamenteuse demi-finie et finie ainsi qu'à la spécification de la substance médicamenteuse ont été déposés et jugés acceptables.

Les données issues des analyses finales de lots ont été examinées et jugées acceptables compte tenu des spécifications de la substance médicamenteuse.

Stabilité

D'après les données de stabilité présentées, fondées sur des essais en temps réel et accélérés, la durée de conservation prévue de 18 mois à une température de 2 - 8 °C et à l'abri de la lumière est jugée acceptable.

3.1.3 Installations et équipement

L'aménagement, le fonctionnement et les mécanismes de contrôle des locaux et de l'équipement servant à la production sont jugés acceptables pour les activités et les produits fabriqués. Tous les sites de fabrication proposés satisfont aux exigences du titre 2 du Règlement sur les aliments et drogues.

3.1.4 Évaluation de l'innocuité des agents adventices

Tous les composants utilisés dans la production du pegaptanib et de la solution de pegaptanib sodium injectable sont conformes à l'E MEA Note for Guidance on Minimizing the Risk of Transmitting Animal Spongiform Encephalopathy Agents Via Human and Veterinary Medicinal Products, EMEA/410/01 (European Medicines Agency) (« Note explicative concernant la réduction du risque de transmission des agents des encéphalopathies spongiformes animales par les médicaments à usages humain et vétérinaire »). Les fabricants des matériaux de départ et des excipients ont fourni des lettres de certification à l'appui de ces allégations.

3.1.5 Résumé et conclusion

L'information sur la chimie et la fabrication présentée pour Macugen montre que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications convenues. Des études appropriées sur le développement et la validation ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour la commercialisation.

3.2 Motifs non cliniques de la décision

3.2.1 Pharmacodynamqiue

Sept études in vitro et quatre études in vivo chez l'animal ont examiné les propriétés pharmacodynamiques et le profil d'innocuité du pegaptanib sodium. Des études pharmacologiques primaires ont été effectuées afin de caractériser le mode d'action ou les effets du pegaptanib par rapport à sa cible thérapeutique recherchée, l'isoforme VEGF165. La similarité de séquence du gène VEGF est très conservée d'une espèce à l'autre; les protéines VEGF chez la souris, le rat, le lapin et le chien présentent des similitudes remarquables au VEGF humain. Ces constats autorisent l'extrapolation des données animales aux humains. Pour le système in vitro, des cellules endothéliales de veines ombilicales humaines (HUVEC) ont été utilisées comme cellules pertinentes dans la liaison du VEGH165 marqué à l' 125I, conformément aux lignes directrices de l'ICH S6. Les études pharmacologiques sur l'innocuité ont été effectuées chez des chiens, des rats et des singes.

Les études in vitro ont montré que le pegaptanib possède une grande spécificité et une forte affinité pour l'isoforme VEGF165. La liaison au VEGF188 a été expliquée comme un artefact ou comme étant due à la purification partielle de la protéine; ce phénomène n'a pas été approfondi. Toutefois, la quantité de VEGF188 dans l'oeil est faible, voire non détectable. Le pegaptanib ne s'est pas lié à d'autres VEGF (B-, C- ou PIGF). Le pegaptanib a inhibé la prolifération de cellules HUVEC, la mobilisation du calcium et la formation de facteurs tissulaires. Le pegaptanib ne s'est pas non plus lié à des protéines (principalement l'albumine); ainsi, l'hémorragie présente dans la DMLA ne devrait pas entraver les effets du pegaptanib. La liaison entre le pegaptanib et l'isoforme VEGF165 est importante en ce que cet isoforme est incapable de se lier aux récepteurs cellulaires activant la cascade d'événements qui contribuent à accroître la perméabilité et l'angiogenèse des cellules endothéliales vasculaire.

Des études ont été effectuées chez des souris présentant une néovascularisation rétinienne induite par l'hyperoxie : l'une était négative et la deuxième positive, réduisant la fiabilité des résultats. Toutefois, une étude additionnelle chez la souris a montré que le pegaptanib a inhibé la néovascularisation rétinienne induite par l'hyperoxie avec de faibles CI50 dans le tissu intraoculaire. Dans le modèle d'angiogenèse utilisant la poche cornéenne chez des rats SD, le pegaptanib intraveineux a inhibé l'angiogenèse cornéenne de façon proportionnelle à la dose administrée. Dans l'étude sur la perméabilité dermique chez le rat, le VEGF et le pegaptanib ont été mélangés in vitro avant l'injection intradermique, ce qui confirme uniquement les études antérieures de liaison in vitro.

Des études pharmacologiques sur l'innocuité n'ont mis en évidence aucun effet significatif lié au composé sur les paramètres cardiovasculaires (pression sanguine, fréquence cardiaque et électrocardiogrammes), les paramètres respiratoires (fréquence respiratoire et volume courant) ou les paramètres du système nerveux central (indices physiologiques et comportementaux). En outre, on n'a observé aucun effet sur les paramètres rénaux (analyse d'urine et chimie clinique) dans des études toxicologiques à doses répétées, le pegaptanib sodium étant administré par voie intravitréenne (IVT) pendant 3 mois (primate) et 9 mois (chien). Ces résultats ont été obtenus chez des animaux présentant une concentration plasmatique de pegaptanib similaire ou supérieure à celle observée chez des humains soumis au régime posologique comportant l'administration IVT de 3,0 mg par oeil. Ainsi, rien n'indique qu'il y ait des problèmes pharmacologiques liés à l'innocuité qui pourraient empêcher l'administration IVT de pegaptanib sodium chez les humains.

3.2.2 Pharmacocinétique

La pharmocinétique du pegaptanib dans le plasma et le corps vitré a été caractérisé après l'injection IVT bilatérale du produit à des lapins Dutch-Belted et à des lapins blancs de la Nouvelle-Zélande, à des chiens Beagle et à des singes rhésus. Le pegaptanib sodium dans un sérum soluté physiologique tamponné au phosphate a été injecté dans le corps vitré à des volumes jugés maximaux pour chaque espèce. Les doses variaient entre 0,2 et 3,0 mg/oeil.

Après avoir été injecté dans l'oeil, le pegaptanib a été lentement absorbé dans la circulation générale, des concentrations plasmatiques mesurables étant observées 3 à 6 heures après l'injection IVT. Les concentrations plasmatiques ont atteint un sommet plus tôt chez les chiens (après 3 à 5 heures) que chez les lapins et les singes (après 12 à 24 heures). Chez les animaux, les concentrations plasmatiques équivalaient à environ 0,03 % à 0,15 % de celles observées dans le corps vitré tout au long de l'intervalle posologique. Les concentrations oculaires locales étaient toujours beaucoup plus élevées que les concentrations dans la circulation générale après l'administration IVT.

À la suite de l'administration IVT, la demi-vie finale apparente du pegaptanib dans le plasma était d'environ 4 jours, 2 jours et 4 jours, respectivement, pour les lapins, les chiens et les singes. Les concentrations plasmatiques et vitréennes ont diminué lentement. La constante de vitesse terminale, dans le corps vitré comme dans le plasma, reflétait la lente absorption du pegaptanib dans la circulation générale après une injection IVT.

Environ 70 à 100 % de la dose IVT de pegaptanib a été évacuée de l'oeil dans la circulation générale sous forme intacte chez les lapins, les chiens et les singes d'après l'aire sous la courbe (ASC) déterminée après injection IV (intraveineuse) et IVT. Après les doses IVT, la pharmacocinétique du pegaptanib dans le plasma était linéaire et constante dans le temps. Le pegaptanib ne s'est pas accumulé dans le plasma après l'administration IVT bilatérale de doses répétées toutes les 2 semaines chez des chiens ou des singes. Une légère accumulation a été signalée chez des lapins Dutch-Belted ayant reçu des injections IVT toutes les deux semaines.

La distribution tissulaire après l'administration d'une seule dose a été évaluée chez des lapins mâles. La radioactivité associée au pegaptanib s'est propagée dans les deux directions : vers les parties antérieure et postérieure de l'oeil par rapport au point d'injection. Le fait que de la radioactivité était toujours présente dans l'oeil 1008 heures après l'injection semble indiquer qu'une accumulation de pegaptanib dans l'oeil est possible.

Le pegaptanib n'était pas largement répandu dans les autres tissus. Après les injections tant IVT qu'IV de pegaptanib radiomarqué, les concentrations extraoculaires les plus élevées de radioactivité ont été observées dans le rein, puis dans la rate, la moelle osseuse (vertèbres), les ganglions lymphatiques (mésentériques) et le foie. Les concentrations étaient les plus faibles dans l'encéphale, la moelle épinière, les muscles squelettiques (dorsaux) et les os (vertèbres). Le pegaptanib a traversé la barrière placentaire, mais seulement un faible pourcentage a atteint le liquide amniotique. Chez les souris gestantes, environ 0,05 % d'une dose IV de pegaptanib sodium s'est retrouvée dans le liquide amniotique.

Les études n'ont pas caractérisé complètement le devenir métabolique du pegaptanib. La présence de la 2'-fluoro-désoxyuridine dans le plasma et l'urine de lapin milite en faveur du rôle des nucléases dans le métabolisme du pegaptanib. Les données urinaires semblent indiquer que le pegaptanib est surtout excrété sous forme de médicament inchangé et de métabolites. Des études chez le lapin indiquent que l'excrétion urinaire est la principale voie d'élimination.

Aucune étude sur les interactions médicamenteuses avec le pegaptanib sodium n'a été effectuée. D'après des renseignements concernant d'autres composés oligonucléotidiques, le risque d'interactions médicamenteuses médiées par le cytochrome P450 semble très faible. Les interactions médicamenteuses associées au déplacement de la liaison aux protéines plasmatiques n'ont pas été étudiées mais n'est pas prévues, compte tenu des faibles concentrations générales après l'administration IVT et de l'absence d'effet du plasma sur la CI 50 du pegaptanib in vitro.

3.2.3 Toxicologie

Les études de toxicologie animale ont évalué la toxicité, la génotoxicité et les effets toxiques sur la reproduction et le développement, l'incorporation dans l'ADN et l'immunogénicité de doses uniques et répétées. La voie d'administration était la voie IVT, qui est celle prévue pour les humains. Les effets toxiques potentiels de la voie IV ont également été examinés pour des effets toxiques potentiels puisque le pegaptanib est absorbé dans la circulation générale.

Aucune étude de cancérogénicité n'a été effectuée. Cette omission est acceptable à cause de l'âge avancé de la population cible et de l'absence d'effets génotoxiques signalés. En outre, l'absence d'effets néoplasiques ou prénéoplasiques dans l'oeil ou d'autres organes dans les études portant sur une période de 3, 6 et 9 mois (chez des singes, des lapins et des chiens, respectivement) justifie pleinement l'absence d'études de cancérogénicité.

Les tests de toxicité n'ont pas porté sur le profil des impuretés. Au moins trois bandes d'impuretés dans la formulation de pegaptanib ont été détectées et étaient constantes tout au long du programme de toxicologie non clinique et du développement clinique. Comme les impuretés étaient présentes durant les études animales, on peut conclure que les impuretés ont été caractérisées à partir des expositions dans les études pivots sur les effets toxiques embryo-foetaux et les effets toxiques de doses répétées. Une autre impureté préoccupante était une endotoxine présente dans un lot de pegaptanib à une concentration suffisante pour produire une inflammation grave de l'oeil dans les premières études de toxicité subaiguë chez les primates; lorsqu'un lot de pegaptanib contenant moins d'endotoxine a été administré par voie intravitréenne aux mêmes primates, ces effets n'ont pas été observés à nouveau. Le risque d'événements indésirables associé à des concentrations excessives de l'endotoxine était atténué par l'établissement d'une spécification relative à l'endotoxine pour le produit pharmaceutique.

Toxicité de doses uniques et répétées

Le programme de toxicologie a suffisamment démontré que l'injection IVT de pegaptanib ne devrait pas causer d'effets indésirables graves et exagérés dans l'oeil sauf certains effets associés à la méthode d'injection. Les doses utilisées dans le programme de toxicologie (2 mg/oeil, dans les deux yeux pour les lapins; et 3 mg/oeil, dans les deux yeux pour les chiens) étaient similaires à la dose maximale prévue pour l'étude clinique (0,3 -3 mg/oeil), mais la fréquence était plus grande. Des doses plus fortes ne pourraient être administrées à cause de la grande viscosité de la préparation médicamenteuse.

Dans l'ensemble, les études de toxicité faisant appel à la voie IVT ont montré que les événements indésirables détectés étaient liés aux méthodes d'injection. Aucune lésion néoplasique et prénéoplasique dans l'oeil n'a été décelée. Ces résultats sont importants à cause des fortes concentrations de pegaptanib présentes dans le corps vitré après l'injection.

Des études de toxicité faisant appel à la voie IV ont montré que la concentration plasmatique de pegaptanib était près de 1000 fois moins élevée que celle détectée dans le corps vitré, ce qui évoque une lente absorption dans la circulation générale après l'injection dans l'oeil. Ce constat, allié à la faible dose proposée pour les humains (0,3 mg/oeil, un oeil seulement), semble indiquer que la concentration sanguine de pegaptanib chez les humains sera faible.

La DSENO (dose sans effet nocif observé) était de 10 mg/kg chez les rats femelles et de 1 mg/kg chez les rats mâles. Les concentrations plasmatiques à la DSENO chez les rats mâles (1 mg/kg/jour) étaient plus de 200 fois supérieures aux expositions cliniques associées à l'administration IVT d'une dose de 3 mg/oeil. La dose clinique proposée de 0,3 mg/oeil est 10 fois plus faible, ce qui donne une plus grande marge de sécurité.

Les résultats ont mis en évidence certaines baisses des concentrations de protéines et d'albumine sériques chez les rats mâles à de fortes doses (10 mg/kg IV). Une néphropathie progressive (à l'état de traces ou légère) a également été détectée chez les rats après l'administration IV de doses allant jusqu'à 10 mg/kg pendant 13 semaines. Cet effet a été relevé dans tous les groupes, y compris le groupe témoin. Les rats mâles sont en général susceptibles à la néphropathie progressive chronique; la pertinence de ces changements rénaux pour les humains est jugée faible.

Génotoxicité

Des résultats négatifs ont été obtenus pour le pegaptanib dans les divers essais : mutation inverse, mutation directe, micronucléus, épreuves de transformation cellulaire dans des embryons de hamsters syriens (SHE).

Toxicité pour l'appareil reproducteur et le développement

Le pegaptanib sodium ne s'est pas révélé tératogène dans les études de détermination des doses faites sur des lapins et des souris ni dans l'étude définitive sur des souris. Les effets toxiques sur le développement, caractérisés par une légère diminution du poids corporel du foetus et une réduction de l'ossification des phalanges qui se situaient dans les limites des intervalles de variation des témoins historiques, ont été observés dans le groupe ayant reçu 40 mg/kg/jour. La DSENO pour les effets toxiques sur le développement dans cette étude étaient de 6,5 mg/kg (IV). Aucune toxicité maternelle n'a été observée. Un très faible pourcentage (0,0 5%) de la dose maternelle a été retrouvé dans le liquide amniotique. Aucun effet sur les paramètres ECG ni sur l'histopathologie cardiaque n'a été relevé, ce qui semble indiquer une angiogenèse cardiaque normale chez le foetus. Le risque que le pegaptanib (un agent anti-angiogénique) puisse altérer le développement foetal est très improbable chez les humains car les doses de pegaptanib sont administrées par voie intravitréenne et en faibles quantités.

Incorporation dans l'ADN

Les résultats des tests ont montré que le pegaptanib était métabolisé in vivo en ses composants nucléosidiques. Des études visant à déterminer si ces composants et chacun des nucléosides étaient incorporés dans l'ADN de rats et de marmottes communes n'ont pas été concluantes. La détection de composants nucléosidiques dans le foie, le rein et la rate serait préoccupante. Cette question a été abondamment discutée; on s'accorde pour dire que la monographie de produit devrait indiquer que les études sur l'ADN n'ont pas été concluantes, à cause de l'absence d'expériences de contrôle qui permettraient d'écarter la possibilité d'une contamination des échantillons de tissu par des composants nucléosidiques résiduels non incorporés.

D'autres études toxicologiques ont été effectuées chez des rats et des marmottes communes dans le cadre desquelles on a administré par voie IV chacun des composants nucléotidiques du pegaptanib, le 2'-FU et le 2'-FC, pour examiner leur toxicité potentielle. Compte tenu des doses administrées, de la durée d'exposition et de la gravité et de la réversibilité des changements, les deux produits ont été jugés relativement non toxiques. Dans l'ensemble, le pegaptanib sodium et ses composants nucléotidiques modifiés ne présentent pas de toxicité mitochondriale.

Immunogénicité

Le pegaptanib n'était pas antigénique chez les animaux. Il n'a pas produit d'anticorps lorsqu'il a été administré chez des souris, des rats ou des lapins. Une réponse immunitaire au pegaptanib est donc jugée peu probable en situation clinique.

3.2.4 Résumé et conclusion

Le programme de pharmacologie et de toxicologie non cliniques pour le pegaptanib sodium était bien étoffé. On y retrouvait des études pour élucider l'affinité et la spécificité de l'aptamère pégylé à l'égard du VEGF165; des études pour vérifier les effets physiopathologiques prévus du VEGF et leur blocage par le pegaptanib dans des modèles animaux d'angiogenèse et de perméabilité vasculaire; ainsi que des études pour élucider l'innocuité pharmacologique et l'immunogénicité potentielle du pegaptanib. Les résultats ont montré que le pegaptanib sodium est relativement sûr, même lorsque de fortes doses sont administrées pendant des périodes de 6 et 9 mois chez des animaux. On continue de se poser des questions concernant les conséquences potentielles à long terme du médicament, qui pourrait être incorporé dans l'ADN cellulaire; toutefois, il n'y avait aucune preuve que le composé exerçait un effet clastogène. Dans l'ensemble, les études pharmacologiques et toxicologiques militent en faveur de l'utilisation du pegaptanib chez les humains atteints de DMLA.

3.3 Motifs cliniques de la décision

3.3.1 Pharmacologie humaine

Études sur la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA)

Protocole
Type d'étude
Plan Dose Patients
traités
Aspects évalués
NX109- 01

Innocuité et pharmacocinétique
Phase 1, multicentrique, à étiquetage en clair, dose croissante, détermination de la dose Une seule injection intravitréenne soit de 0,25, 0,5, 1, 2 ou de 3 mg de pegaptanib sodium/oeil 15 patients de ≥50 ans souffrant de DMLA exsudative ETLD, EI, signes vitaux, MAVC, PIO, paramètres biologiques, réponse immunitaire, paramètres PK, événements oculaires locaux.
EOP1000

Innocuité et pharmacocinétique
Phase 1/2, multicentrique, à étiquetage en clair, doses multiples chez des patients non soumis à une TPD 3 injections intravitréennes consécutives de 3 mg de pegaptanib sodium/oeil au total, à 28 jours d'intervalle 10 patients de ≥50 ans avec NVC sous-fovéale secondaire à une DMLA exsudative MAVC, EI, PIO, paramètres biologiques, signes vitaux, ETLD, paramètres PK, réponse immunitaire, événements oculaires locaux
EOP1001

Innocuité pharmacocinétique
Phase 1/2, multicentrique, à étiquetage en clair, doses multiples administrées à des patients après une TPD 3 injections IVT de 3 mg de pegaptanib sodium/oeil au total, à 28 jours d'intervalle 11 patients de ≥50 ans avec NVC sous-fovéale à prédominance classique secondaire à une DMLA exsudative MAVC, EI, PIO, paramètres biologiques, signes vitaux, ETLD, paramètres PK, réponse immunitaire, événements oculaires locaux plus exigence pour l'administration de la TPD
EOP1003

Efficacité, innocuité
Phase 2/3, multicentrique, randomisé, contrôlé par injection simulée, double insu, détermination de la dose Injection IVT soit de 0,3, 1 ou de 3 mg de pegaptanib sodium/oeil ou injection simulée toutes les 6 semaines pendant 54 semaines 612 patients ≥50 ans avec NVC sous-fovéale active secondaire à une DMLA exsudative MAVC, angiographie à la fluorescéine et photographie du fond de l'oeil, EI, PIO, paramètres biologiques, signes vitaux, administration de la TPD, événements oculaires locaux.
EOP1004

Efficacité, innocuité
Même que ci-dessus Même que ci-dessus 578 patients de ≥50 ans avec NVC sous-fovéale secondaire à une DMLA exsudative MAVC, angiographie à la fluorescéine et photographie du fond de l'oeil, EI, PIO, paramètres biologiques, signes vitaux, administration de la TPD, événements oculaires locaux. MAVC, PK, QUÉ.
EOP1006

Innocuité
Phase 2, multicentrique, randomisé, doses multiples, cohorte Injection IVT de 1 ou 3 mg de pegaptanib sodium/oeil toutes les 6 semaines pendant 54 semaines 37 patients avec étiquetage en clair (3 mg) et 110 patients de ≥50 ans (à l'insu) avec NVC sous-fovéale secondaire à une DMLA exsudative ÉI, événements oculaires locaux, PIO, paramètres biologiques, signes vitaux, paramètres PK, réponse immunitaire

ETLD = Effets toxiques limitant la dose; EI = Événement indésirable; MAVC = Meilleure acuité visuelle corrigée; PIO = Pression intraoculaire; PK = Pharmacocinétique; TPD = Thérapie photodynamique à la vertéporfine; NVC = Néovascularisation choroïdienne; QL = Qualité de vie

Le programme clinique comprenait six études sur la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) . Cinq études (NX 109-01, EOP1000, EOP1001, EOP1003 et EOP1004) ont été présentées à l'appui de l'allégation relative à l'efficacité du pegaptanib sodium dans le traitement des patients atteints de DMLA exsudative. Toutes les études ont évalué l'innocuité du pegaptanib sodium. Deux études (EOP1003 et EOP1004) ont été classées comme des études pivots et sont en cours, ayant été prolongées pour une deuxième année; cette présentation prioritaire ne contient que des données pour la première année. L'étude EOP1006 visait à évaluer plus à fond l'innocuité du pegaptanib sodium.

Toutes les études ont été effectuées conformément aux Bonnes pratiques cliniques (BPC) et à la Déclaration d'Helsinki. On a indiqué que les études ont été conçues, réalisées, analysées et que les résultats ont été communiqués en utilisant des normes élevées conformément aux pratiques actuelles en recherche clinique. Toutes les études ont clairement identifié les populations de patients et utilisé des étalons et des mesures acceptées définies prospectivement pour l'évaluation de l'innocuité et de l'efficacité.

Le programme de développement chez les humains a été effectué entièrement chez des patients, la raison étant que le mode intravitréen d'administration imposait certains risques non justifiables chez des volontaires en santé qui n'en retireraient aucun bienfait.

3.3.2 Pharmacodynamique

Aucune étude pharmacodynamique n'a été effectuée. Sur la foi des données publiées sur le rôle du VEGF165 ou du VEGF164 chez les humains et les animaux et des études de pharmacologie non clinique effectuées, on a avancé l'hypothèse que le pegaptanib sodium inhibait la néovascularisation choroïdienne (NVC) pathologique, sans effet sur les aspects physiologiques du VEGF dans l'oeil ou dans la circulation générale. On s'attendait à ce que le pegaptanib inhibant spécifiquement le VEGF165 soit utilisé pour traiter la DMLA exsudative, ce qui devrait prévenir la détérioration relative de l'acuité visuelle. Le plan des études cliniques prévoyait des évaluations des caractéristiques des lésions de la DMLA avant et après le traitement au pegaptanib sodium.

3.3.3 Pharmacocinétique

La pharmacocinétique (PK) du pegaptanib chez les humains a été caractérisée dans le plasma seulement et n'était donc pas entièrement caractérisée. La cinétique plasmatique du pegaptanib a été caractérisée après l'administration IVT d'une dose unique et de doses multiples chez des patients atteints de DMLA. Pour plus d'information sur les plans d'étude, voir la Section 3.3.1Pharmacologie humaine. La dose de 3 mg/oeil, qui est 10 fois plus forte que la dose thérapeutique proposée, a été utilisée pour la détermination des paramètres PK; les doses inférieures à 3 mg/oeil ont entraîné des concentrations plasmatiques proches ou au-dessous de la limite de dosage. Une méthode validée de double hybridation conforme aux Bonnes pratiques de laboratoire (BPL) a été utilisée pour doser les concentrations plasmatiques de pegaptanib sauf dans l'étude NX-109-01 où une méthode validée mais non conforme aux BPL a été employée.

Absorption

Dans les études EOP1000, 1001 et 1006, les paramètres PK plasmatiques étaient similaires après l'administration IVT d'une dose unique ou de doses multiples de 3 mg/oeil de pegaptanib. D'après ces études, la Cmax moyenne globale était de 76 ng/mL (variation des valeurs individuelles de 19 à 136 ng/mL, Tmax moyen de 1 à 2,5 jours) et de 77 ng/mL (variation des valeurs individuelles de 27 à 200 ng/mL, Tmax moyen de 1 à 2,5 jours) après la première dose et après la troisième ou quatrième dose, respectivement. De même, l'intervalle des valeurs individuelles de l'ASC inf était de 4 à 49 µg·h/mL (moyenne de 25 µg·h/mL) après la première dose, et l'intervalle des valeurs individuelles de l'ASC tau était de 13 à 41 µg·h/mL (moyenne de 25 µg·h/mL) entre la deuxième et la troisième dose et entre la troisième et la quatrième dose.

Ces résultats démontrent que le pegaptanib ne risque pas de s'accumuler dans le plasma après des doses répétées (administration IVT, toutes les 4 ou 6 semaines pendant 12 ou 24 semaines, respectivement) de 3 mg/oeil. Surtout, les résultats de l'étude EOP1004 prouvent qu'il n'y a pas d'accumulation dans le plasma après l'administration de la dose thérapeutique proposée de 0,3 mg/oeil toutes les 6 semaines pendant une période pouvant atteindre 42 semaines; 100 % des patients (n = 64) ne présentaient aucune concentration plasmatique mesurable de pegaptanib dans leurs échantillons au taux sérique le plus faible (limite de dosage (LD) de 8 ng/mL; échantillons prélevés environ 6 semaines après l'injection IVT).

La biodisponibilité générale/plasmatique absolue du pegaptanib après une administration IVT n'a pu être évaluée vu qu'il n'y avait aucune étude clinique portant sur l'administration IV. Les résultats tirés d'études animales semblent cependant indiquer que de 70 à 100 % de la dose administrée par voie intravitréenne serait absorbée dans le plasma.

Distribution

On a estimé que la demi-vie terminale était de 10 ± 4 jours chez les humains (étude EOP1006). Cette demi-vie plaide en faveur d'un lent transfert de l'oeil/corps vitré à la circulation générale, tel qu'observé chez les animaux. Pour ce qui est des données relatives aux animaux, une demi-vie moyenne de 2-5 jours a été relevée après l'administration IVT, la demi-vie terminale plus longue chez les humains peut indiquer que le passage se fait plus lentement de l'oeil à la circulation générale, que l'activité métabolique plasmatique est plus faible ou que l'élimination rénale est plus lente. Le fait que les concentrations de pegaptanib sont voisines ou au-dessous de la limite de dosage 4 semaines après l'administration IVT (3 mg/oeil) donne à penser que les concentrations résiduelles de pegaptanib sont faibles dans l'oeil/corps vitré à la fin de l'intervalle posologique proposé (6 semaines) et dose (0,3 mg/oeil). Néanmoins, on ne peut exclure la possibilité d'une accumulation du pegaptanib ou d'un de ses métabolites dans l'oeil. Compte tenu du profil d'innocuité non clinique et clinique favorable du pegaptanib, l'accumulation potentielle de petites quantités de pegaptanib ou de ses métabolites ne semble pas poser de problème.

L'information provenant d'une étude de distribution du pegaptanib dans les tissus de lapin, même si elle portait sur un petit nombre d'animaux (n = 1/prélèvement ponctuel d'échantillons; 5 prélèvements d'échantillons en 42 jours), a montré que le pegaptanib était distribué dans les organes bien irrigués (foie, rein, ganglion lymphatique, rate, moelle osseuse).

Métabolisme

On croit que le pegaptanib est métabolisé par des endonucléases et des exonucléases pour former de petites amorces (« shortmers ») et/ou des nucléotides. Aucun dosage des métabolites du pegaptanib n'a été effectué dans le corps vitré, le plasma et l'urine des patients. Le métabolisme du pegaptanib assuré par les nucléases chez les humains est corroboré par la présence de la 2'-fluoro-désoxyuridine, un nucléotide modifié du pegaptanib qu'on retrouve également dans le plasma et l'urine des lapins traités au pegaptanib. De même, les données in vitro ont montré que le pegaptanib peut être métabolisé par des nucléases dans le plasma humain (étude 400014), mais que la vitesse du métabolisme dans le plasma humain semble être beaucoup plus lente que chez d'autres espèces (chiens et lapins). Le fomivirsen, un oligodésoxynucléotide, était métabolisé par des nucléases dans le corps vitré humain in vivo. La possibilité que le pegaptanib (un oligonucléotide modifié pégylé) puisse être métabolisé dans le corps vitré/oeil humain ne peut être exclue.

Élimination

L'excrétion du pegaptanib et de ses produits de dégradation n'a pas été évaluée chez les humains. Une étude chez le lapin indique cependant que l'excrétion urinaire constitue la principale voie d'élimination. Le fait que la clairance rénale influe sur l'ASC et la Cmax fournit une preuve de l'excrétion rénale du pegaptanib chez les humains.

Populations particulières

Les sujets qui ont fait l'objet d'une mesure des paramètres PK (études EOP1000, 1001 et 1006) étaient des personnes âgées (âge moyen variant entre 75,7 et 78,3; intervalle global de 53 à 92), surtout de sexe féminin (64 % de l'ensemble des sujets), qui étaient atteintes de DMLA. L'étude EOP1006 a porté sur certains sujets déjà traités par thérapie photodynamique (TPD) ou ayant suivi une TPD pendant l'étude. L'étude EOP1001 a porté sur des sujets qui devaient subir un traitement par TPD au cours de l'étude. Il y avait un nombre limité de patients qui avaient moins de 60 ans et plus de 85 ans (EOP1006). Dans l'ensemble, les données n'ont pas démontré que les paramètres PK plasmatiques étaient significativement influencés par le sexe, l'âge ou la TPD.

Chez le lapin, le pegaptanib et la 2'-fluoro-désoxyuridine (un nucléotide et un métabolite du pegaptanib) ont été éliminés surtout par le rein/urine. Les résultats de l'étude EOP1006 ont montré que la fonction rénale peut influer sur les paramètres PK du pegaptanib. Ces changements dans la PK du pegaptanib étaient jugés sans effet clinique car la variation dans les concentrations plasmatiques causées par l'insuffisance rénale ne dépassait pas les concentrations atteintes avec une dose de 3 mg/oeil, dose qui était 10 fois plus élevée que la dose thérapeutique proposée et qui s'est avérée sûre dans les études animales et humaines. Les patients dont la clairance créatinique était inférieure à 20 mL/min n'ont pas été étudiés.

Études sur les interactions médicamenteuses

Aucune étude pharmacocinétique sur les interactions médicamenteuses n'a été effectuée. On ne dispose d'aucune information indiquant que des oligonucléotides sont métabolisés par le système cytochrome P450 (CYP450). Après l'administration IVT, seules de faibles concentrations de pegaptanib transitent par le foie, ce qui rend peu probable une interaction médicament-médicament classique par le biais des enzymes du métabolisme hépatique. En outre, même si plusieurs oligonucléotides antisens ont été spécifiquement conçus pour inhiber des enzymes CYP450, des oligonucléotides de contrôle non spécifiques se sont révélés sans effet.

Les interactions/liaisons potentielles des protéines plasmatiques avec le pegaptanib n'ont pas été étudiées. Une interaction médicamenteuse associée au déplacement des protéines plasmatiques est peu probable, compte tenu de la faible exposition générale après une administration IVT. En outre, la liaison des protéines plasmatiques ne serait pas importante car les résultats font ressortir l'absence d'effet d'un plasma à 50 % sur la CI50 du pegaptanib in vitro.

3.3.4 Efficacité clinique

Six études ont été soumises à l'appui de l'utilisation de Macugen pour le traitement de la DMLA exsudative. La description de leur plan est fournie à la Section 3.3.1Pharmacologie humaine. Les deux études pivots (EOP1003 et EOP1004) devaient durer 2 ans. La présente présentation renferme des données pour la première année seulement. Les deux études ont un plan identique sauf que l'EOP1004 comportait des évaluations des dosages de la concentration plasmatique du médicament et le questionnaire sur le fonctionnement visuel (VFQ 25) du National Eye Institute.

Les deux études cliniques pivots ont été bien menées. Une étude a été effectuée dans plusieurs pays, dont le Canada et les É.-U. Parmi les principales variables de l'efficacité utilisées, la dernière observation reportée prospectivement pour estimer les données pour les valeurs manquantes peut poser un problème dans le cas d'une affection s'accompagnant d'une détérioration de la vision. La faible proportion des patients qui se sont retirés des études atténue grandement le problème. Il semblait difficile sur le plan éthique d'empêcher l'administration aux patients du traitement approuvé, soit la thérapie photodynamique (TPD). La TPD a été administrée à la discrétion des chercheurs, ce qui faussait l'analyse des données concomitantes sur la TPD et le pegaptanib (non communiquées). De plus, la sélection du groupe témoin présentait des difficultés en raison du caractère effractif de la méthode d'administration, l'injection intravitréenne. Une injection simulée a donc été utilisée comme témoin. Le problème avec le traitement simulé est que ni l'effet de l'injection ni celui du médicament ou du solvant ne peuvent être distingués dans les résultats relatifs à l'efficacité/aux événements indésirables. En outre, l'injection peut à elle seule entraîner certains types de réactions de l'organisme qui ne seront pas pris en compte dans la simulation.

En général, la population étudiée reflétait les caractéristiques démographiques de la DMLA. Les antécédents médicaux et chirurgicaux témoignaient de l'âge de la population atteinte de DMLA; les troubles vasculaires les plus courants étaient l'hypertension, les troubles cardiaques et les troubles musculosquelettiques. La tonométrie par aplanissement effectuée au départ a révélé que les patients présentaient une pression intraoculaire normale ou contrôlée médicalement de 15,2 (ET 2,9) mmHg. La distribution des troubles oculaires était similaire dans les différents groupes. Le nombre de patients qui avaient déjà reçu un traitement par TPD était distribué de façon similaire mais la proportion dans l'étude 1004 (simulation 11 %, 0,3 mg 13 %, 1 mg 14 % et 3 mg 14 %) était plus importante que dans l'étude 1003 (simulation 3 %, 0,3 mg 4%, 1 mg 6 % et 3 mg 4 %). La majorité des patients (80 %) avait une acuité visuelle de 20/30 à 20/100. Toutes les lésions avaient une taille ≤ 12 surfaces de disque. Les groupes étudiés comptaient une proportion similaire de patients atteints des trois sous-types de DMLA. Chez environ 25 % de la population, les lésions étaient de type « exclusivement classique ». Des proportions similaires de patients présentaient des lésions de type « minimalement classique » et « exclusivement occulte ». Les études ne visaient pas à analyser les données sur l'efficacité pour chacun des sous-types de DMLA.

Dans les deux études pivots, le paramètre primaire de l'efficacité était la proportion de répondeurs, définis comme étant les patients qui avaient perdu moins de 15 lettres pour la meilleure acuité visuelle (AV) corrigée dans l'oeil étudié entre le point de départ et la 54e semaine, le tableau de l'Early Treatment Diabetic Retinopathy Study à 2 mètres étant utilisé. Cette mesure est considérée comme la mesure la plus significative et la plus pertinente du point de vue clinique de l'évolution de l'acuité visuelle chez les patients souffrant de DMLA exsudative. Les paramètres d'efficacité secondaires étaient : i) la proportion de patients ayant regagné au moins 15 lettres d'acuité visuelle entre le début de l'étude et la 54e semaine; ii) la proportion de patients ayant regagné au moins 0 lettre d'acuité visuelle entre le début de l'étude et la 54e semaine et iii) le changement dans l'AV moyenne entre le début de l'étude et la 6e, la 12e et la 54e semaine.

Les deux études pivots ont montré que Macugen est efficace chez les patients souffrant de NVC sous-fovéale associée à une DMLA telle qu'évaluée par les résultats pour les variables primaires et secondaires. La proportion de patients qui avaient perdu < 15 lettres à la 54e semaine dans le groupe ayant reçu 0,3 mg de Macugen était statistiquement beaucoup plus élevée comparativement au groupe ayant reçu une injection simulée dans les deux études (étude EOP1003 : 0,3 mg de Macugen 73 % c. injection simulée 59 %, valeur p = 0,0105; étude EOP1004 : 0,3 mg de Macugen 67 % c. injection simulée 52 %, valeur p = 0,0031). Les résultats ont montré que la proportion de patients ayant perdu moins de 15 lettres à la 54e semaine était similaire peu importe les caractéristiques initiales, notamment le sous-type de lésions, le recours antérieur à la TPD, l'acuité visuelle, la taille des lésions, le sexe, la pigmentation de l'iris et l'âge, tels qu'évalués par la similitude des résultats (examen de visu) et non pas par des analyses statistiques. Le gain thérapeutique calculé (patients traités moins ceux qui ont reçu une injection simulée) dans le groupe ayant reçu 0,3 mg était d'environ 15 %. On peut en conclure que l'administration de 0,3 mg de Macugen sur une période d'un an a réduit le risque de perte de la vision chez les patients souffrant de NVC sous-fovéale associée à une DMLA. Toutefois, le bienfait par rapport à l'injection simulée n'était que d'environ 15 %.

Des variables secondaires ont démontré que les patients ayant reçu soit 0,3 mg de Macugen ou une injection simulée continuaient de perdre leur acuité visuelle, mais que Macugen ralentissait la progression de la maladie, évaluée d'après le nombre de lettres que les patients pouvaient lire durant la période d'étude d'un an. De plus, la proportion de patients souffrant d'une perte visuelle grave durant l'étude, définie comme une perte de ≥ 30 lettres sur l'échelle d'AV en 54 semaines, était réduite de plus de la moitié dans le groupe traité par Macugen (10 % des patients ont connu une perte grave de la vision) par rapport à ceux qui ont reçu une injection simulée (22 % des patients).

3.3.5 Innocuité clinique

Le programme clinique consistait en six études sur la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), qui ont toutes évalué l'innocuité du pegaptanib sodium. Deux études (EOP1003 et EOP1004) ont été classées comme des études pivots et devaient durer deux ans. Les données fournies pour cette présentation prioritaire portait sur la première année. L'étude EOP1006 visait à évaluer plus à fond l'innocuité. Le plan d'étude de ces essais est décrit à la Section 3.3.1 Pharmacologie humaine.

La population examinée pour l'innocuité dans les deux études pivots, EOP1003 et EOP1004, était constituée de 612 et de 578 patients, respectivement, qui ont reçu au moins un traitement. Moins de 14 % des patients se sont retirés des études au cours de la première année et environ 90 % des patients ont reçu de 8 à 9 traitements (données regroupées des deux études). Les patients étaient pour la plupart de race blanche, avaient un âge médian de 75 ans et étaient de sexe féminin, ce qui était représentatif de la population générale atteinte de la DMLA. Les différents groupes (groupes traités par Macugen et groupes recevant l'injection simulée) présentaient une distribution similaire pour ce qui est du sexe, de l'âge, de la race, de la performance, de la taille et du poids. Les groupes étaient également bien équilibrés sur le plan des antécédents ophtalmiques, médicaux et chirurgicaux. Les troubles les plus fréquents au début de l'étude étaient l'hypertension non spécifiée (NS, 48-54 %), l'arthrite NS (19-21 %), l'hypercholestérolémie (18-23 %) et l'hypersensibilité aux médicaments (16-23 %). Il n'y avait pas de déséquilibre relativement à la médication initiale entre les groupes de traitement : près de 85 % ont reçu des médicaments agissant sur les organes sensoriels (surtout des anticholinergiques), de 64 à 72 % ont reçu des médicaments contre les troubles cardio-vasculaires (surtout des inhibiteurs de l'HMGCoA) et de 52 à 59 % ont reçu des médicaments agissant sur le tube digestif et le métabolisme (vitamines et calcium). Aucun patient ne présentait des signes cliniquement révélateurs aux électrocardiographies (ECG) initiales.

Les deux études n'ont fait ressortir aucun déséquilibre cliniquement significatif entre les différents groupes pour ce qui est des antécédents ophtalmiques. Les sous-types des lésions au départ étaient classés d'après leur aspect à l'angiographie à la fluorescéine, de 38 à 40 % ayant une DMLA classique de 0 % (occulte), de 34 à 38 % ayant une DMLA classique de 1 à 49 % (minimalement classique) et de 24 à 27 % ayant une DMLA classique de ≥ 50 % (à prédominance classique). Pour ce qui est des antécédents oculaires initiaux en général, de 12 à 14 % des patients dans les différents groupes de traitement avaient déjà reçu une TPD par la vertéporfine (8 semaines d'intervalle par rapport au premier traitement) et de 5 à 6 % avaient reçu un traitement général antérieur pour la DMLA. Des hémorragies sous-rétiniennes ont été observées au départ chez 71 à 73 % des patients (69 % dans l'EOP1003; 75 % dans l'EOP1004 de la population visée par les études d'innocuité qui incluaient tous les groupes de traitement).

Le taux d'abandon du traitement était faible. La raison le plus souvent invoquée pour arrêter le traitement était la « demande du patient » (5 %), les événements indésirables (1 %) et le décès (2 %). De tels décès étaient à prévoir dans ce groupe d'âge; aucun n'était associé au traitement.

Des événements indésirables ont été signalés chez presque tous les patients (de 95 à 100 % des patients dans l'étude EOP1003 et 99 à 100 % des patients dans l'étude EOP1004). La proportion de patients ayant connu au moins 1 événement indésirable grave (EIG) était de < 20 % et seulement 1-2 % des EIG ont mené à l'abandon du traitement.

Il convient de rappeler que Macugen devait être administré par voie intravitréenne (IVT) à une dose de 0,3 mg, 1 mg, 3 mg par oeil dans un volume total de 90 µL toutes les 6 semaines durant 1 an. Neuf injections IVT étaient prévues. Comme nous l'avons mentionné précédemment, 8 a 9 injections étaient administrées à environ 90 % des patients. Le groupe témoin (injection simulée) n'a pas reçu d'injections IVT mais a été soumis à toutes les interventions précédentes et a reçu une injection IVT simulée. Ses membres ne savaient pas s'ils avaient reçu l'injection ou non. Les événements indésirables, qui ont été provoqués différemment dans le groupe ayant reçu une injection simulée et les groupes traités au Macugen, pouvaient être associés à l'injection IVT ou au médicament (pegaptanib sodium). Il est difficile de distinguer les événements liés à l'injection de ceux liés au médicament; c'est une carence de l'étude, qui est cependant acceptée à cause des considérations éthiques.

Événements oculaires indésirables

La majorité de tous les événements indésirables (EI) étaient des troubles oculaires (82-88 % dans l'étude EOP1003 et 92-97 % dans l'étude EOP1004). Les EI généraux étaient peu fréquents, ce qui est à prévoir dans le cas d'un traitement administré localement.

Environ 90 % des patients ont fait état d'EI oculaires dans l'oeil étudié; la majorité des événements étaient bénins à modérés. À quelques exceptions près, les EI oculaires ont été similaires dans les trois groupes de traitement actif (0,3 mg, 1 mg, 3 mg par oeil), ce qui semble indiquer une relation avec la méthode d'injection plutôt qu'avec le médicament comme tel1. Les EI oculaires qui semblaient être liés à la dose de Macugen étaient l'oedème cornéen, la cataracte, l'oedème de la conjonctive et l'oedème de la paupière, mais l'incidence dans le groupe ayant reçu 0,3 mg était similaire ou plus faible que dans le groupe ayant reçu une injection simulée.

Les données sur l'innocuité décrites ci-dessous résument l'expérience vécue par 295 patients exposés pendant une période pouvant atteindre un an (nombre total d'injections = 2478, nombre moyen d'injections/patient = 8,4) à la dose recommandée de 0,3 mg.

 

Incidence (%)
Terme recommandé selon MedDRA Pegaptanib sodium
à 0,3 mg
n = 295
Injection
simulée
n = 298
Douleur oculaire 34 29
Kératite ponctuée 33 27
Corps flottants dans le vitré 31 8
Perte d'acuité visuelle 28 28
Cataracte 22 23
Opacités dans le vitré 19 10
Inflammation de la chambre antérieure 16 6
Pression intraoculaire accrue 14 3
Troubles de la vision non spécifiés 14 13
Écoulement oculaire 11 8
OEdème cornéen 9 7
Vision trouble 9 5
Larmoiement accru 8 10
Dégénérescence maculaire 8 12
Hémorragie de la conjonctive 8 6
Sensation anormale dans l'oeil 8 10
Irritation oculaire 7 7
Photophobie 7 8
Blépharite 7 6
Prurit oculaire 7 8
Rougeur oculaire 7 7
Photopsie 7 3
Trouble du vitré non spécifiés 6 2
Trouble de l'épithélium cornéen 4 6
Sécheresse oculaire non spécifiée 6 5
Inconfort oculaire 6 4
Hémorragie rétinienne 5 10
Conjonctivite 5 3
Décollement du vitré 4 5
OEdème de la conjonctive 4 4
Anomalie de l'épithélium cornéen 3 5
OEdème palpébral 2 4
Hyperémie de la conjonctive 2 3
Hémorragie vitréenne 2 0
Endophtalmie 2 0
Exsudat rétinien 2 2
Hémorragie oculaire non spécifiée 2 0
Hématome périorbitaire 2 2
Kératite 1 3
Hypertension oculaire 1 2
Dystrophie cornéenne 1 1
Ptose palpébrale 1 2
Prurit palpébral 1 0
Mydriase 1 0
Enflure des yeux 1 0
Orgelet interne 1 0
Conjonctivite allergique 1 0
Dégénérescence rétinienne 1 0
Altération du réflexe pupillaire 1 2
Embolie de l'artère rétinienne 1 1
Inflammation oculaire non spécifiée 1 0
Abrasion cornéenne 1 0

Les effets oculaires indésirables suivants ont été signalés dans l'un des groupes traités au Macugen et considérés comme graves : endophthalmie (12 cas, 1 %), décollement de la rétine (4 cas, < 1 %), hémorragie rétinienne (3 cas, < 1 %), cataracte (3 cas, < 1 %), cataracte traumatique (3 cas, < 1 %), hémorragie vitréenne (2 cas, < 1 %), glaucome non spécifié (1 cas, < 1 %), uvéite non spécifiée (1 cas, < 1 %), élévation de la pression intraoculaire (1 cas, < 1 %).

Les événements graves qui pourraient être prévenus ou contrôlés de près sont l'endophthalmie et les cataractes traumatiques associées à l'injection intravitréenne. L'incidence de l'endophthalmie a été réduite lorsqu'on a amélioré les conditions d'asepsie, sans toutefois être éliminée. Il convient de souligner l'importance de l'adhésion à des techniques strictes d'asepsie de même que du suivi des patients durant la première semaine suivant toute injection. Les signes et symptômes d'endophthalmie devraient être clairement indiqués dans la monographie de produit et l'on devrait fournir une description de l'injection IVT avant et après l'intervention. Pour éviter les cataractes traumatiques, on devrait mentionner dans la monographie que les médecins devraient éviter de toucher au cristallin avec l'aiguille de la seringue.

D'après l'expérience acquise avec des agents à action générale qui inhibent le VEGF, les EI oculaires susceptibles d'être associés à une inhibition indésirable du VEGF dans l'oeil sont les événements thromboemboliques ou hémorragiques. L'hémorragie vitréenne était le seul événement à survenir chez une plus grande proportion de membres du groupe traité par Macugen que du groupe ayant reçu une injection simulée. L'incidence de l'hémorragie vitréenne n'a pas cependant augmenté avec la dose de pegaptanib sodium et ne s'est pas reproduite chez 15 des 16 patients comme une inhibition chronique du VEGF aurait pu le laisser présager. L'angiographie à la f luorescéine n'a révélé aucune anomalie vasculaire rétinienne non prévue dans l'histoire naturelle de la DMLA exsudative. On n'a noté aucun délai appréciable dans le temps de transit artérioveineux, aucune anomalie de l'irrigation choroïdienne ni d'occlusions artériolaires.

Le risque qu'une hémorragie oculaire soit exacerbée ou causée par des médicaments administrés simultanément, tels que des anticoagulants ou des inhibiteurs de l'agrégation plaquettaire, a retenu l'attention. Les résultats d'études n'ont mis en évidence aucune augmentation du risque d'hémorragie vitréenne chez les patients traités par Macugen qui serait associée à l'administration concomitante d'anticoagulants, d'inhibiteurs plaquettaires ou d'anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Événements indésirables généraux

Des EI non oculaires associés à l'inhibition générale du VEGF n'étaient pas prévus dans le programme relatif au pegaptanib sodium à cause de la spécificité de ce dernier au VEGF165 et de l'exposition générale faible ou non détectable liée à l'administration intravitréenne. De plus, l'évaluation préclinique du pegaptanib sodium n'a mis en évidence aucun changement physiologique ou effet toxique qui pourrait être considéré comme étant raisonnablement lié à l'inhibition du VEGF, soit dans l'organisme entier ou dans l'oeil. Les expositions précliniques par les voies intraveineuse ou intravitréenne ont entraîné des expositions beaucoup plus fortes que celles subies par les humains qui avaient reçu 3 mg dans un oeil. Les études de toxicité et les études pharmacologiques sur l'innocuité n'ont pas mis en évidence une hypertension, une protéinurie ni des événements thromboemboliques ou hémorragiques.

Les EI généraux étaient peu fréquents dans les études sur l'innocuité. Les types et l'incidence des EI généraux étaient à prévoir chez une population âgée, et l'incidence de la plupart des événements était la même dans tous les groupes de traitement. Les événements les plus fréquents dans le groupe ayant reçu 0,3 mg étaient l'hypertension (14/295, 4,7 %), la rhinopharyngite (19/295, 6,4 %), les céphalées (19/295, 6,4 %) et la bronchite (16/295, 5,4 %). Le taux d'incidence de l'arthralgie et des nausées ainsi que celui des infections des voies respiratoires supérieures était de 4 % chacun.

Les EIG hémorragiques et cardio-vasculaires/pulmonaires thrombotiques généraux étaient rares et leur incidence était similaire dans les différents groupes traités par Macugen et le groupe ayant reçu une injection simulée. Un examen des notes relatives à l'innocuité pour ces patients a révélé que tous ces cas sauf un présentaient des facteurs de risque préexistants importants de troubles cardiaques thromboemboliques et de troubles du système nerveux central (SNC), notamment une hypertension ou une maladie vasculaire occlusive préexistante. Rien n'indique que l'hypertension ou l'élévation de la pression artérielle et l'infarctus du myocarde (IM) soient associés à un effet anti-VEGF. Le traitement anti-VEGF pourrait peut-être inhiber/retarder la récupération après un IM, freinant le développement de collatérales associé à l'IM ou à un accident vasculaire cérébral, provoquant ou accélérant l'angine. Aucun paramètre temporel pour les traitements anti-VEGF ne pouvait être donné si les patients avaient eu récemment un épisode d'IM/accident vasculaire cérébral.

3.4 Évaluation des avantages / risques et recommandation

3.4.1 Évaluation des avantages / risques

Cette présentation de drogue nouvelle (PDN) prioritaire renferme des données à l'appui d'un nouveau composé, Macugen (pegaptanib sodium), pour le traitement de la néovascularisation choroïdienne sous-fovéale associée à la dégénérescence maculaire liée à l'âge (NVC sous-fovéale-DMLA). Dans le passé, le traitement de la NVC sous-fovéale-DMLA n'était applicable qu'aux sous-groupes de patients atteints d'une DMLA exsudative présentant l'angiographie par la fluorescéine des caractéristiques lésionnelles à prédominance classique. Il n'existait aucun traitement efficace pour les patients souffrant d'autres types de lésions liées à la DMLA exsudative telles que les lésions de type minimalement classique ou exclusivement occulte.

Il a été établi que le pegaptanib se liait avec une grande spécificité et une grande sensibilité à l'isoforme 165 du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF165), qui semblerait contribuer à l'angiogenèse et à l'augmentation de la perméabilité des nouveaux vaisseaux sanguins qui se développent dans la région maculaire de la rétine. Il est possible que ce mécanisme n'en soit qu'un parmi d'autres à accroître la perméabilité des vaisseaux sanguins pour tous les sous-types de lésions, toutes les caractéristiques démographiques et lésionnelles. Le pegaptanib sodium a réduit systématiquement la perte modérée et grave de la vision dans la population examinée dans les deux grandes études pivots.

Du point de vue de l'innocuité, le pegaptanib sodium était toléré à toutes les doses étudiées et seuls quelques patients se sont retirés des études à cause d'événements indésirables. Les événements oculaires indésirables étaient fréquents et, sauf les événements rares liés à l'injection intravitréenne, ils étaient bénins à modérés et ont disparu avec le temps.

Le risque d'événements oculaires graves était faible (3 %). La majorité des événements oculaires graves (endophthalmie, cataracte traumatique et décollement de la rétine) étaient liés à l'injection intravitréenne plutôt qu'à la substance médicamenteuse. Ces événements sont donc compréhensibles, prévisibles et leur incidence peut en pratique être réduite. La technique d'asepsie contribue grandement à réduire l'incidence de l'endophthalmie.

L'injection intravitréenne du pegaptanib sodium était associé au risque d'élévation de la pression intraoculaire (PIO). Les augmentations légères et transitoires de la PIO étaient traitables et n'ont pas nécessité d'intervention dans la majorité des cas. Certains patients (9 %) ont présenté cependant une PIO très élevée. Une surveillance est donc nécessaire durant la première semaine qui suit l'injection.

Une hémorragie vitréenne a été détectée chez 2 % des patients traités par Macugen. Il est possible que chez de nombreux patients, elle soit secondaire à un processus de DMLA sous-jacent, mais elle peut avoir été liée à la méthode d'injection. Dans la plupart des cas, l'hémorragie vitréenne est disparue sans séquelle.

Le taux élevé d'achèvement du traitement dans les études montre que la population de patients est capable de tolérer des traitements prolongés comportant des injections intravitréennes selon le régime prescrit malgré l'inconfort et les inconvénients associés à la préparation à ces injections et aux modes d'administration de ces dernières.

Le profil des avantages/risques de Macugen s'est avéré favorable. Les avantages associés au traitement l'emportaient sur les risques liés à la méthode d'injection.

3.4.2 Recommandation

Après avoir examiné les données sur la qualité, l'innocuité et l'efficacité de ce produit, Santé Canada estime que Macugen a un profil avantages/risques favorable pour le traitement de la néovascularisation choroïdienne sous-fovéale secondaire à une dégénérescence maculaire liée à l'âge. La présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1; par conséquent, Santé Canada a accordé l'avis de conformité prévu par l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues.

4 Étapes importantes de la présentation

Étapes importantes de la présentation: Macugen

Étape importante de la présentationDate
Réunion préalable à la présentation:2004-02-09
Demande de traitement prioritaire
Déposée:2004-08-13
Approuvée par le directeur:2004-09-14
Dépôt de la Présentation:2004-09-16
Examen préliminaire 1
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire:2004-11-10
Examen 1
Évaluation clinique terminée:2005-04-15
Évaluation de la qualité terminée:2005-04-06
Examen de l'étiquetage terminé:2005-04-13
Délivrance de l'AC par le directeur général:2005-05-02