Sommaire des motifs de décision portant sur Radicava

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.

Les sommaires des motifs de décision (SMD) présentent des renseignements sur l'autorisation initiale d'un produit. Le SMD portant sur Radicava est accessible ci-dessous.

Activité récente relative à Radicava

Les SMD relatifs aux médicaments autorisés après le 1er septembre 2012 seront mis à jour afin d'inclure des renseignements sous forme de tableau des activités postautorisation (TAPA). Le TAPA comprendra de brefs résumés d'activités telles que la présentation de demandes de nouvelles utilisations, ainsi que les décisions de Santé Canada (positives ou négatives). Les TAPA seront mis à jour régulièrement en ce qui a trait aux activités postautorisation tout au long du cycle de vie du produit.

Sommaire des motifs de décision (SMD) portant sur Radicava

SMD émis le : 2019-02-07

L'information suivante concerne la présentation de drogue nouvelle pour Radicava.

Édaravone
30 mg/100 mL, solution, intraveineuse

Identification(s) numérique(s) de drogue(s):

  • 02475472

Mitsubishi Tanabe Pharma Corporation

Présentation de drogue nouvelle, numéro de contrôle : 214391

Le 3 octobre 2019, Santé Canada a émis à l'intention de Mitsubishi Tanabe Pharma Corporation un avis de conformité pour le produit pharmaceutique Radicava.

L'autorisation de mise sur le marché s'appuie sur l'information sur la qualité (chimie et fabrication), ainsi que les études non cliniques (pharmacologie et toxicologie) et cliniques (pharmacologie, innocuité et efficacité) présentées. D'après l'évaluation des données reçues effectuée par Santé Canada, le profil avantages-risques de Radicava est considéré comme étant favorable pour le traitement de la sclérose latérale amyotrophique.

1 Sur quoi l'autorisation porte-t-elle?

Radicava, un agent neuroprotecteur, a été autorisé pour le traitement de la sclérose latérale amyotrophique.

Radicava est contre-indiqué chez les patients qui présentent une hypersensibilité à ce médicament ou à tout autre ingrédient dans la formulation, y compris tout ingrédient non médicinal ou composant du contenant.

L'innocuité et l'efficacité de Radicava chez les patients pédiatriques (< 18 ans) n'ont pas été établies. Par conséquent, Radicava ne devrait pas être utilisé chez cette population de patients.

Selon les données provenant des études cliniques et de l'expérience post-commercialisation, on n'a pas observé de différence globale dans l'innocuité ou l'efficacité entre les patients gériatriques (> 65 ans) et les patients plus jeunes.

Radicava a été autorisé selon les conditions d'utilisation décrites dans sa monographie de produit, en tenant compte des risques potentiels associés à l'administration du médicament.

Radicava (30 mg/100 mL édaravone) se présente sous forme solution pour perfusion intraveineuse. En plus de l'ingrédient médicinal édaravone, la solution contient également du chlorhydrate de L-cystéine hydraté, du bisulfite de sodium, du chlorure de sodium, de l'acide phosphorique, de l'hydroxyde de sodium et de l'eau pour injection.

Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les sections Motifs d'ordre clinique, non clinique et qualitatif (caractéristiques chimiques et fabrication).

Pour obtenir des renseignements supplémentaires, consulter également la monographie de produit de Radicava approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

2 Pourquoi Radicava a-t-il été autorisé?

Santé Canada estime que Radicava a un profil avantages-risques favorable pour le traitement de la sclérose latérale amyotrophique (SLA).

La sclérose latérale amyotrophique est une maladie neurodégénérative progressive qui affecte les cellules nerveuses dans le cerveau et la moelle épinière. La progression rapide des symptômes résulte directement de la dégénérescence des neurones moteurs causant la perte de la fonction motrice. La plupart des patients auront éventuellement besoin d'aide pour effectuer les activités de la vie quotidienne et la progression subséquente de la maladie mènera à une dysfonction de la respiration et à une éventuelle insuffisance respiratoire; ce qui est la première cause de décès des patients atteints de SLA. Le temps de survie moyen est de deux à trois ans suivant le diagnostic.

L'étiologie de la SLA demeure inconnue. Les chercheurs ont proposé plusieurs hypothèses, y compris la participation des acides aminés excitateurs, les radicaux libres et une infection virale.

Le seul médicament indiqué spécifiquement pour le traitement de la SLA est le riluzole, qui a été approuvé au Canada en 2000. Par contre, le riluzole a seulement démontré un effet sur le prolongement de l'intervalle avant que les patients ne nécessitent une trachéotomie aux fins de soutien ventilatoire et il n'a pas démontré d'avantages dans la prolongation de la survie ou de l'amélioration de la force musculaire ou de la fonction neurologique. D'autres traitements pour la SLA sont symptomatiques et visent à traiter les complications liées au déclin de la fonction motrice. La médication, la physiothérapie et l'ergothérapie peuvent fournir un soulagement des symptômes, y compris les crampes et les spasmes musculaires, la constipation, la fatigue, la salivation excessive, la douleur, la dépression, les troubles du sommeil et les crises incontrôlées de rires ou de pleurs.

Radicava est un agent d'épuration des radicaux libres qui a d'abord été approuvé en avril 2001 au Japon pour le traitement de l'accident ischémique cérébral. L'édaravone (l'ingrédient médicinal dans Radicava) empêche la formation de peroxyde lipidique, diminue la concentration des radicaux hydroxyles et on croit qu'il protège les cellules neuronales à l'emplacement de l'ischémie ou près de celle-ci. Selon le mécanisme d'action de l'édaravone, on a émis l'hypothèse qu'il pourrait être efficace contre la SLA, considérant son étiologie potentiellement associée au stress oxydatif causé par des radicaux libres.

Radicava s'est révélé efficace pour le ralentissement du déclin des fonctions dans les activités quotidiennes chez les patients atteints de SLA qui vivaient de façon autonome. L'autorisation de commercialisation s'appuie sur une étude pivot de six mois randomisée, contrôlée par placebo et à double insu (étude MCI186-19). Le principal paramètre d'efficacité était la comparaison des changements entre les groupes de traitement dans les scores totaux de l'échelle révisée de cotation fonctionnelle de la SLA (STERCFSLA) entre le niveau de base et la semaine 24. Le STERCFSLA est une échelle de cotation qui consiste en 12 questions qui évaluent la motricité fine, la motricité grossière, les fonctions bulbaires et les fonctions respiratoires des patients atteints de la SLA. Chaque article sur l'échelle est noté de 0 à 4, et les notes plus élevées représentent une plus grande capacité fonctionnelle. Selon le STERCFSLA, les résultats obtenus à la suite de l'étude MCI186-19 montrent que le déclin des STERCFSLA par rapport au niveau de base était beaucoup plus faible chez les patients traités à l'aide de Radicava que chez ceux traités à l'aide d'un placebo.

En termes d'innocuité, on n'a décelé aucun signal d'innocuité au cours des études cliniques. La majorité des patients dans le programme Radicava ont signalé des événements indésirables, mais un grand nombre de ces derniers représentaient une aggravation de la maladie. De plus, la fréquence des événements indésirables graves était faible et généralement comparable entre le groupe traité à l'aide de Radicava et celui traité à l'aide d'un placebo. Les incidents de spontanément rapportés suivant l'approbation au Japon incluaient des cas de réactions d'hypersensibilité et d'anaphylaxie liés à l'administration de Radicava. Ces risques sont indiqués dans la monographie de produit de Radicava.

Mitsubishi Tanabe Pharma Corporation a présenté à Santé Canada un plan de gestion des risques (PGR) relativement à Radicava. Après examen, ce PGR a été jugé acceptable. Le PGR est destiné à décrire les problèmes d'innocuité connus ou possibles, à présenter le plan de surveillance prévu et, le cas échéant, à décrire les mesures qui seront mises en place pour réduire les risques liés au produit.

Les étiquettes interne et externe, la notice d'accompagnement et la section des renseignements pour les patients sur les médicaments de la monographie de produit de Radicava qui ont été présentées répondent aux exigences réglementaires relatives à l'étiquetage, à l'utilisation d'un langage clair et aux éléments de conception.

On a effectué une évaluation d'une marque de commerce à présentation et à consonance semblables et le nom proposé Radicava a été accepté.

Dans l'ensemble, les avantages thérapeutiques du traitement à l'aide de Radicava observés au cours de l'étude pivot sont positifs et l'emportent sur les risques potentiels. Radicava a un profil d'innocuité acceptable selon les données non cliniques et les études cliniques. Les enjeux d'innocuité indiqués peuvent être gérés au moyen de l'étiquetage et d'une surveillance adéquate. Les mises en garde et précautions appropriées sont en place dans la monographie de produit de Radicava pour faire face aux préoccupations en matière d'innocuité indiquées.

Cette présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1; par conséquent, Santé Canada a émis l'avis de conformité prévu à l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les sections Motifs d'ordre clinique, non clinique et qualitatif (caractéristiques chimiques et fabrication).

3 Quelles sont les étapes qui ont mené à l'autorisation de Radicava?

La présentation de drogue pour Radicava a été examinée conformément à la Politique sur l'évaluation prioritaire. On a fourni suffisamment de données démontrant que Radicava a démontré une augmentation importante de l'efficacité avec un profil avantages-risques amélioré comparativement aux traitements existants pour la sclérose latérale amyotrophique, une maladie qui n'est pas traitée de manière adéquate par un médicament commercialisé au Canada.

Étapes importantes de la présentation: Radicava

Étape importante de la présentationDate
Réunion préalable à la présentation :2017-09-07
Demande de traitement prioritaire
Déposée :2017-08-16
Approuvée par le directeur, Bureau des sciences médicales :2018-02-09
Dépôt de la présentation :2018-03-09
Examen préliminaire
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire :2018-04-06
Examen
Évaluation clinique terminée :2018-09-14
Évaluation du plan de gestion des risques terminée :2018-09-18
Évaluation de la qualité terminée :2018-09-27
Examen de l'étiquetage terminé, comprenant l'évaluation des marques nominatives à présentation et à consonance semblables :2018-09-28
Évaluation médicale terminée :2018-10-01
Délivrance de l'Avis de conformité par le directeur général/la directrice générale, Direction des produits thérapeutiques/Direction des produits biologiques et des thérapies génétiques :2018-10-03

La décision réglementaire canadienne portant sur l'examen clinique et non clinique de Radicava est fondée sur une évaluation critique du dossier soumis à Santé Canada. Les rapports d'évaluation produits par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis et l'organisme de réglementation japonais ont été utilisés comme référence supplémentaire.

Pour de plus amples renseignements sur le processus de présentation de drogue, consulter la Ligne directrice de l'industrie : gestion des présentations de drogues.

4 Quelles mesures de suivi le promoteur prendra-t-il?

Les exigences en matière d'activités post-commercialisation sont décrites dans la Loi sur les aliments et drogues et le Règlement connexe.

6 Quels sont les autres renseignements disponibles à propos des médicaments?

Pour obtenir des renseignements à jour sur les produits pharmaceutiques, veuillez suivre les liens suivants :

7 Quelle est la justification scientifique sur laquelle s'est fondé Santé Canada?
7.1 Motifs cliniques de la décision

Pharmacologie clinique

Le mécanisme par lequel l'édaravone (l'ingrédient médicinal de Radicava) exerce son effet thérapeutique chez les patients atteints de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) est inconnu.

Cinq études de pharmacocinétique ont été effectuées chez des volontaires sains, trois chez des sujets japonais et deux chez des Caucasiens. Comme on l'a observé dans les études animales, l'édaravone est métabolisé en conjugués de sulfate et de glucuronide. Le taux de fixation de l'édaravone aux protéines sériques humaines est d'environ de 91 % à 92 %. Le taux de fixation aux protéines du sulfate et du glucuronide était de 99 % et de 36 % à 39 %, respectivement. L'édaravone est rapidement éliminé, principalement par l'excrétion rénale. La demi-vie terminale de l'édaravone était d'environ 4,5 à 6 heures.

Aucun ajustement du dosage n'est nécessaire selon les facteurs intrinsèques ou extrinsèques; pourtant, il est possible que l'exposition à l'édaravone augmente chez les patients atteints d'insuffisance hépatique. Aucun ajustement des doses n'est requis pour les patients atteints d'insuffisance hépatique légère ou modérée. Par contre, on ne peut fournir aucune recommandation de dosage précise pour les patients atteints d'insuffisance hépatique grave.

En ce qui concerne l'innocuité, il n'y a pas eu de signaux préoccupants au cours des études cliniques de phase I et de phase II. Le potentiel d'interactions entre les médicaments et l'édaravone est considéré comme étant faible et l'édaravone ne semble pas avoir de potentiel d'abus ou induire une dépendance physique.

Pour obtenir des renseignements supplémentaires, consulter la monographie de produit de Radicava approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

Efficacité clinique

L'efficacité de Radicava pour le traitement de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) était fondée sur une seule étude de phase III (MCI186-19) menée chez des patients japonais atteints de la SLA. Une analyse supplémentaire d'un sous-groupe provenant d'une étude antérieure négative de phase III (MCI186-16) a également été examinée puisqu'elle contenait des données favorables pour l'efficacité.

Étude MCI186-19

L'étude MCI186-19 était une étude de six mois de phase III randomisée, à double insu et contrôlée par placebo effectuée chez des patients japonais atteints de la SLA qui vivaient de façon indépendante. L'étude avait 69 patients inscrits dans le groupe traité à l'aide de Radicava et 68 dans le groupe traité à l'aide d'un placebo. Les caractéristiques de base étaient semblables entre ces groupes, avec plus de 90 % des patients de chaque groupe traité à l'aide du riluzole.

L'étude comprenait deux périodes de traitement : une « période à double insu » de six cycles (Radicava par rapport au placebo) suivie par une « période de traitement actif » de six cycles, où tous les patients ont reçu Radicava. La période à double insu a été le principal fondement de l'évaluation de l'efficacité. La persistance de l'efficacité a été évaluée de manière descriptive au cours de la période de traitement actif, où aucune analyse statistique n'a été effectuée.

Radicava a été administré par perfusion intraveineuse de 60 mg donné au cours d'une période de 60 minutes selon le calendrier suivant :

  • Un cycle de traitement initial avec un dosage quotidien pendant 14 jours suivi d'une période de 14 jours sans médicament (cycle 1).
  • Les cycles de traitement subséquents comportaient un dosage quotidien pendant 10 jours sur une période de 14 jours, suivi par des périodes sans médicament de 14 jours (cycles 2 à 6).

Au cours de la « période à double insu », le changement (ou le déclin) de score total de l'échelle révisée de cotation fonctionnelle de la SLA (STERCFSLA) a été le principal paramètre d'efficacité et il a été évalué comme étant la différence par rapport au niveau de base au cycle 1 jusqu'à la fin du cycle 6 (ou jusqu'à l'interruption). Les résultats fondés sur le principal paramètre d'efficacité (le STERCFSLA) ont démontré que le déclin des STERCFSLA par rapport au niveau de base était beaucoup plus faible chez les patients traités à l'aide de Radicava (changement moyen de - 5,01 ± 0,64) comparativement à ceux traités à l'aide du placebo (-7,50 ± 0,66). La différence entre les groupes de 2,49 ± 0,76 (p = 0,00013) a été considérée comme étant cliniquement importante, puisque chaque changement de score d'un point indique un changement fonctionnel. Ces résultats ont ensuite été appuyés par des analyses de sensibilité préplanifiées. En ce qui concerne l'effet de Radicava sur la mortalité, ce paramètre n'a pu être évalué puisqu'aucun décès n'est survenu dans les deux groupes.

La « période de traitement actif » a évalué la persistance de l'efficacité sur 48 semaines (groupe Radicava-Radicava) et l'efficacité pour les patients qui ont reçu un placebo pendant 24 semaines avant de se voir administrer Radicava (groupe placebo-Radicava). Seuls les résumés descriptifs ont été compilés pour les résultats de la « période de traitement actif », car aucune analyse statistique n'a été effectuée. Les deux groupes ont présenté un déclin progressif des paramètres fonctionnels. Par contre, dans le groupe placebo-Radicava, la pente du changement en fonction du temps dans la « période de traitement actif » a été moindre que ce qui a été observé chez des patients recevant le placebo au cours de la période à double insu et était similaire à celle observée dans le groupe Radicava-Radicava. La différence entre les deux groupes était de 2,8 en faveur de Radicava pour les six premiers cycles (du niveau de base au cycle 1 au niveau de base au cycle 7) alors qu'il était de 2,9 pour toute la période de 12 cycles (du niveau de base au cycle 1 à la fin du cycle 12). Ces résultats suggèrent qu'une tendance similaire peut être observée lorsque le traitement par Radicava est commencé à un stade relativement précoce de l'apparition de la SLA avec sévérité légère et lorsque le traitement par Radicava est commencé six mois plus tard. Pour cette raison, il a été considéré comme justifié de ne pas restreindre le traitement par Radicava seulement aux patients qui en sont au stade précoce de la SLA.

Étude de soutien

Étude MCI186-16

L'étude MCI186-16 a été conçue pour démontrer l'efficacité de Radicava dans un sous-ensemble de patients atteints de la SLA au cours de la phase initiale de la progression de la maladie. Le principal paramètre d'efficacité était le même que celui stipulé dans l'étude MCI186-19. Bien que les résultats fondés sur le STERCFSLA aient démontré un léger avantage pour les patients traités à l'aide de Radicava (changement moyen de - 5,70 points) comparativement au placebo (changement moyen - 6,35 points), la différence entre les deux groupes de 0,65 point n'était pas statistiquement significative. Par conséquent, un résultat négatif de l'efficacité a été démontré dans le cadre de cette étude.

Le promoteur a entrepris une analyse a posteriori de l'étude négative afin d'évaluer deux sous-populations. D'après les premières analyses de la sous-population, on a observé une tendance bénéfique avec Radicava chez les patients qui avaient conservé une fonctionnalité dans la plupart des activités de la vie quotidienne ainsi qu'une fonction respiratoire normale. Cette sous-population a été nommée « sous-population avec efficacité attendue » (SPEA). Le changement moyen du STERCFSLA observé dans le groupe de la SPEA était de - 4,85 points chez les patients traités à l'aide de Radicava et de - 7,06 points dans le groupe traité à l'aide d'un placebo. La différence observée entre les deux groupes était de 2,20 points et elle a été considérée comme étant statistiquement significative (p = 0,0360) en faveur du groupe de traitement à l'aide de Radicava. On a également évalué un sous-groupe de patient dans le groupe de la SPEA. Ce sous-groupe de la SPEA a eu un diagnostic de SLA « déterminée ou probable » et n'était à pas plus de deux ans de l'apparition des symptômes de la SLA. Cette sous-population a été nommée « SLA déterminée ou probable/SPEA/2ans ». Le changement moyen observé dans le groupe « SLA déterminée ou probable/SPEA/2ans » était de - 4,58 points chez les patients traités à l'aide de Radicava et de - 7,59 points dans le groupe traité à l'aide d'un placebo. La différence entre les deux groupes était de 3,01 points, ce qui a également été considéré comme étant statistiquement significatif (p = 0,0270) en faveur du groupe traité à l'aide de Radicava.

En somme, les deux analyses de la sous-population (SPEA et « SLA déterminée ou probable/SPEA/2ans ») ont démontré une différence statistiquement significative en faveur du groupe traité à l'aide de Radicava. Pour cette raison, ces données ont été considérées comme des éléments de preuve en faveur de l'efficacité tel que constaté dans l'étude MCI186-19.

Indication

La Présentation de drogue nouvelle relative à Radicava a été initialement déposée par le promoteur pour l'indication suivante :

  • Radicava (édaravone) est indiqué pour le traitement de la sclérose latérale amyotrophique.

  • Patients pédiatriques (< 18 ans) : L'innocuité et l'efficacité de Radicava chez les patients pédiatriques n'ont pas été établies.

  • Patients gériatriques (> 65 ans) : Les données probantes provenant des études cliniques et de l'expérience suggèrent que l'utilisation au sein de la population gériatrique n'est pas associée à des différences au niveau de l'innocuité ou de l'efficacité.

Santé Canada a approuvé l'indication suivante :

  • Radicava (édaravone) est indiqué pour le traitement de la sclérose latérale amyotrophique.

  • Patients pédiatriques (< 18 ans) : Aucune donnée n'est disponible à Santé Canada. Par conséquent, Santé Canada n'a pas autorisé d'indication pour usage pédiatrique.

  • Patients gériatriques (> 65 ans) : Les données probantes provenant des études cliniques et de l'expérience suggèrent que l'utilisation au sein de la population gériatrique n'est pas associée à des différences au niveau de l'innocuité ou de l'efficacité.

Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit de Radicava approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

Innocuité clinique

Le profil d'innocuité de Radicava comparativement au placebo a été évalué au cours de trois études cliniques :

  • Deux études à double insu, randomisées et contrôlées par placebo effectuées chez des patients atteints de SLA de stade 1 à 2 (classement de gravité japonais), avec un total de 343 patients inscrits. Ces deux études (MCI186-19 et MCI186-16) ont déjà été décrites dans la section Efficacité clinique.
  • Une étude à double insu, randomisée et contrôlée par placebo a été menée auprès de patients atteints de la SLA de stade 3, avec un total de 25 patients inscrits. Cette étude (MCI186-18) a été conçue comme une étude exploratoire visant à évaluer l'efficacité et l'innocuité chez un nombre limité de patients atteints de SLA plus avancée (stade de gravité 3). Aucun paramètre primaire d'efficacité n'a été défini dans le cadre de cette étude, et elle n'était pas destinée à détecter une différence statistique entre le placebo et Radicava. Pour cette présentation de drogue nouvelle, seuls les résultats d'innocuité de cette étude sont considérés.

Selon les études cliniques menées, on n'a décelé aucun signal d'innocuité important. La majorité des patients de ces études ont signalé des événements indésirables, mais un grand nombre de ces derniers représentaient une aggravation de la maladie. De plus, la fréquence des événements indésirables graves était également faible et généralement comparable entre le groupe traité à l'aide de Radicava et celui traité à l'aide d'un placebo.

Les événements indésirables les plus communs qui sont survenus chez ≥ 10 % des patients traités à l'aide de Radicava étaient des contusions (Radicava = 15 %; placebo = 9 %), des troubles de la démarche (Radicava = 13 %; placebo = 9 %) et des maux de tête (Radicava = 10 %; placebo = 6 %).

L'expérience post-commercialisation suivant l'approbation au Japon a révélé des cas de réactions d'hypersensibilité (rougeur, papules et érythème polymorphe) et d'anaphylaxie (urticaire, baisse de la tension artérielle et dyspnée) liés à l'utilisation de Radicava. Ces risques sont indiqués dans la monographie de produit de Radicava. L'expérience post-commercialisation à la suite du traitement de patients atteints d'un accident ischémique a indiqué des événements indésirables hépatiques et rénaux comme préoccupations supplémentaires potentielles en matière d'innocuité. Cependant, on n'a décelé aucun signal d'innocuité au cours du programme clinique sur la SLA. Par conséquent, le profil d'innocuité de Radicava est jugé acceptable et le rapport entre les avantages et les risques de Radicava pour le traitement de la SLA est considéré comme étant positif.

Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit de Radicava approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

7.2 Motifs non cliniques de la décision

Un examen du rapport d'évaluation non clinique de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a été effectué et accepté pour enrichir l'examen des données non cliniques de Santé Canada. En bref, les études pharmacocinétiques chez les souris, les rats, les chiens et les singes ont démontré un transport à travers la barrière hémato-encéphalique, une accumulation abondante dans l'aorte (probablement en raison de liaison aux protéines), et une accumulation importante dans le rein. La principale voie d'élimination est par excrétion rénale.

Les études de toxicité de l'édaravone ont démontré des signes transitoires au niveau du système nerveux central (p. ex., la sédation et l'hypoactivité) et une diminution du gain de poids à des doses modérées à la suite de l'administration du bolus intraveineux ou d'une courte perfusion (c'est-à-dire ≤ 4 h) chez le rat et le chien. La perfusion en continu a été associée à des signes hématologiques d'anémie régénératrice et de dégénérescence des nerfs périphériques. La dégénérescence était habituellement limitée aux axones et pourrait être partiellement réversible. On n'a pas complètement trouvé une explication mécanistique pour cette dégénérescence, mais on a suggéré qu'une déficience en vitamine B6 pouvait y jouer un rôle. Il est intéressant de mentionner que cette dégénérescence nerveuse dépendait de la dose et de la durée, et n'a été observée qu'au cours de perfusions intraveineuses continues (24 heures) à des doses élevées et qu'elle n'a pas été observée à des doses plus faibles. Aucun cas de dégénérescence nerveuse n'a été signalé chez les humains depuis l'approbation de l'édaravone pour le traitement des accidents ischémiques aigus en 2001.

On a observé une toxicité rénale post-commercialisation chez des patients traités à l'aide de l'édaravone pour les accidents ischémiques aigus au Japon. On n'a pas observé de toxicité rénale au cours des études toxicologiques chez les animaux. Par contre, les études mécanistiques chez le rat ont suggéré que l'édaravone pourrait augmenter l'exposition rénale aux céphalosporines dans des conditions expérimentales de déshydratation. Il semblerait que des doses plus élevées d'édaravone, comparativement aux doses cliniques, pourraient favoriser une insuffisance rénale lorsque des antibiotiques de la classe des céphems sont utilisés de façon concomitante dans des conditions de privation d'eau dans un modèle animal d'accident vasculaire cérébral. Puisque le promoteur considère que la déshydratation et les troubles rénaux subséquents causés par l'interaction entre les céphems et l'édaravone sont propres aux patients atteints d'un accident ischémique aigu, il ne recommande pas d'inclure l'interaction dans la monographie de produit de Radicava. Après la discussion interne à Santé Canada, il a été convenu qu'il était peu probable que l'édaravone cause un dysfonctionnement rénal chez les patients atteints de SLA, donc on n'a demandé aucune révision de la monographie de produit.

Pour cette présentation, le promoteur n'a pas effectué d'étude de cancérogénicité. À ce titre, le potentiel cancérigène d'édaravone n'a pu être évalué correctement. Toutefois, à l'heure actuelle, il y a un engagement post-commercialisation d'effectuer une étude de cancérogénicité de 26 semaines sur des souris transgéniques d'ici octobre 2020 et une étude de cancérogénicité de deux ans chez les rats d'ici février 2022. Étant donné l'absence de données probantes jusqu'à maintenant sur des effets cancérigènes chez la population ayant eu un accident vasculaire cérébrale, le manque de données probantes dans les études non cliniques déjà réalisées et le fait que la durée de vie prévue est habituellement de deux à quatre ans après le diagnostic, l'engagement post-commercialisation à effectuer des études de cancérogénicité chez ces deux espèces est considéré comme étant suffisant pour l'approbation en ce moment.

Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit de Radicava approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

7.3 Motifs d'ordre qualitatif

Les renseignements sur la chimie et la fabrication présentés pour Radicava ont démontré que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux caractéristiques approuvées. On a effectué les études d'élaboration et de validation appropriées et les contrôles adéquats sont en place pour les processus commerciaux. Les changements apportés au procédé de fabrication et à la formulation tout au long de l'élaboration du produit pharmaceutique sont considérés comme étant acceptables après examen. D'après les données présentées sur la stabilité, la durée de conservation proposée de 36 mois est acceptable lorsque le produit pharmaceutique est entreposé à la température de la pièce (de 15 ºC à 30 ºC) et à l'abri de la lumière.

Les limites proposées des impuretés liées au médicament sont considérées comme étant adéquatement qualifiées (c'est-à-dire dans les limites de l'International Council for Harmonisation [ICH] et elles sont qualifiées à partir d'études toxicologiques).

Tous les sites participant à la production sont conformes aux bonnes pratiques de fabrication.

Tous les ingrédients non médicinaux (décrits précédemment) présents dans le produit pharmaceutique sont autorisés en vertu du Règlement sur les aliments et drogues pour usage dans les médicaments.