Sommaire des motifs de décision portant sur Belsomra
Décisions d'examen
Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).
Type de produit:
- Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.
Les sommaires des motifs de décision (SMD) présentent des renseignements sur l'autorisation initiale d'un produit. Le SMD portant sur Belsomra est accessible ci-dessous.
Activité récente relative à Belsomra
Les SMD relatifs aux médicaments autorisés après le 1er septembre 2012 seront mis à jour afin d'inclure des renseignements sous forme de tableau des activités postautorisation (TAPA). Le TAPA comprendra de brefs résumés d'activités telles que la présentation de demandes de nouvelles utilisations, ainsi que les décisions de Santé Canada (positives ou négatives). Les TAPA seront mis à jour régulièrement en ce qui a trait aux activités postautorisation tout au long du cycle de vie du produit.
Le tableau suivant décrit les activités postautorisation menées à l’égard de Belsomra, un produit dont l’ingrédient médicinal est suvorexant. Pour en savoir plus sur le type de renseignements présentés dans les TAPA, veuillez consulter la Foire aux questions : Phase II du projet de sommaires des motifs de décision (SMD) et à la liste des abréviations qui se trouvent dans les TAPA.
Pour de plus amples renseignements sur le processus de présentation de drogues, consultez le document intitulé Gestion des présentations et des demandes de drogues.
Mise à jour : 2023-02-28
Identification numérique de drogue (DIN) :
- DIN 02483505 – 5 mg suvorexant, comprimé, administration orale
- DIN 02483513 – 10 mg suvorexant, comprimé, administration orale
- DIN 02483521 – 15 mg suvorexant, comprimé, administration orale
- DIN 02483548 – 20 mg suvorexant, comprimé, administration orale
Tableau des activités postautorisation (TAPA)
Type et numéro d'activité ou de présentation | Date de présentation | Décision et date | Sommaire des activités |
---|---|---|---|
SPDN No 244781 | 2020-10-09 | Délivrance d’un AC 2021-03-05 | Présentation déposée en tant que Niveau II – Supplément (innocuité) afin de mettre à jour la MP en ajoutant de nouveaux renseignements sur l'innocuité. La présentation a été examinée et est considérée acceptable. A cause du SPDN, des modifications ont été effectuées aux sections suivantes de la MP : Mises en gardes et précautions, et Effets indésirables. Des modifications correspondantes ont été effectuées à la partie III intitulée Renseignements pour les patients sur les médicaments. Un AC a été délivré. |
DINs 02483513, 02483521, 02483548 annulés (après commercialisation) | Sans objet | Date de cessation : 2020-05-14 | Le fabricant a avisé Santé Canada que la vente du médicament a été suspendue après la mise sur le marché. Santé Canada a annulé les DINs conformément à l’alinéa C.01.014.6(1)a) du Règlement sur les aliments et drogues. |
SPDN No 227283 | 2019-04-29 | Lettre d’annulation reçue 2019-12-03 | Présentation déposée en tant que Niveau I – Supplément afin de mettre à jour la MP avec de nouvelles informations concernant la dose recommandée pour les patients atteints de la maladie d'Alzheimer légère à modérée. Le promoteur a annulé la présentation avant que Santé Canada ne termine l'examen. |
PM No 232257 | 2019-10-04 | Délivrance d’une LNO 2019-11-29 | Présentation déposée en tant que Niveau II (90 jours) - Préavis de modification afin de mettre à jour la MP. A cause du PM, des modifications ont été effectuées à la partie III intitulée Renseignements pour les patients sur les médicaments. La présentation a été examinée et est considérée acceptable. Une LNO a été délivrée. |
SPDN No 229178 | 2019-06-26 | Délivrance d’un AC 2019-09-17 | Présentation déposée en tant que Niveau I – Supplément pour réviser la MP afin de supprimer le comprimé de 5 mg et, par conséquent, de recommander aux patients utilisant des inhibiteurs modérés du CYP3A de ne pas utiliser Belsomra. La présentation a été examinée et est considérée acceptable. Un AC a été délivré. |
DIN 02483505 annulé (avant commercialisation) | Sans objet | Date de cessation : 2019-07-11 | Le fabricant a avisé Santé Canada que la vente du médicament a été suspendue avant la mise sur le marché. Santé Canada a annulé le DIN conformément à l’alinéa C.01.014.6(1)a) du Règlement sur les aliments et drogues. |
PM No 224763 | 2019-02-15 | Délivrance d’une LNO 2019-04-23 | Présentation déposée en tant que Niveau II (90 jours) - Préavis de modification afin de mettre à jour la MP en ajoutant de nouveaux renseignements sur l'innocuité. A cause du PM, des modifications ont été effectuées à la section Effets indésirables de la MP. Des modifications correspondantes ont été effectuées à la partie III intitulée Renseignements pour les patients sur les médicaments. La présentation a été examinée et est considérée acceptable. Une LNO a été délivrée. |
Avis de mise en marché d’un produit pharmaceutique (DINs 02483513, 02483521, 02483548) | Sans objet | Date de la première vente : 2019-04-18 | Le fabricant a informé Santé Canada de la date de la première vente conformément à la disposition C.01.014.3 du Règlement sur les aliments et drogues. |
PDN Nº 196367 | 2016-07-05 | Délivrance d’un AC 2018-11-29 | Délivrance d’un AC relatif à une Présentation de drogue nouvelle. |
Sommaire des motifs de décision (SMD) portant sur Belsomra
SMD émis le : 2019-05-16
L'information suivante concerne la présentation de drogue nouvelle pour Belsomra.
Suvorexant
Identification(s) numérique(s) de drogue(s):
- DIN 02483505 - 5 mg, comprimé, voie orale
- DIN 02483513 - 10 mg, comprimé, voie orale
- DIN 02483521 - 15 mg, comprimé, voie orale
- DIN 02483548 - 20 mg, comprimé, voie orale
Merck Canada Inc.
Présentation de drogue nouvelle, numéro de contrôle : 196367
Le 29 novembre, 2018, Santé Canada a émis à l'intention de Merck Canada Inc. un avis de conformité pour le produit pharmaceutique Belsomra.
L'autorisation de mise sur le marché s'appuie sur l'information sur la qualité (chimie et fabrication), ainsi que les études non cliniques (pharmacologie et toxicologie) et cliniques (pharmacologie, innocuité et efficacité) présentées.
D'après l'évaluation des données reçues effectuée par Santé Canada, le profil avantages-nocivités-incertitudes de Belsomra est considéré comme étant favorable pour le traitement de l'insomnie, caractérisée par des difficultés à s'endormir ou à maintenir le sommeil.
Santé Canada a formulé des mises en garde importantes relativement à l'indication. Comme les troubles du sommeil peuvent être la manifestation d'une affection physique ou psychiatrique, il est fortement recommandé de réaliser une évaluation minutieuse et approfondie du patient avant de prendre la décision d'amorcer ou non un traitement symptomatique de l'insomnie. De plus, les études cliniques qui soutiennent les données d'efficacité de Belsomra duraient jusqu'à trois mois chez les adultes et chez les patients de 65 ans et plus.
1 Sur quoi l'autorisation porte-t-elle?
Belsomra, un hypnotique, a été autorisé pour le traitement de l'insomnie, caractérisée par des difficultés à s'endormir ou à maintenir le sommeil.
Santé Canada a formulé des mises en garde importantes relativement à l'indication. Comme les troubles du sommeil peuvent être la manifestation d'une affection physique ou psychiatrique, il est fortement recommandé de réaliser une évaluation minutieuse et approfondie du patient avant de prendre la décision d'amorcer ou non un traitement symptomatique de l'insomnie. De plus, les études cliniques qui soutiennent les données d'efficacité de Belsomra duraient jusqu'à trois mois chez les adultes et chez les patients de 65 ans et plus.
Le traitement avec Belsomra n'est pas recommandé chez les enfants (de 18 ans ou moins), car son innocuité et son efficacité n'ont pas été établies chez cette population de patients.
Chez les personnes âgées (de 65 ans ou plus), aucune difference d'importance clinique n'a été observé quant à l'innocuité et à l'efficacité par rapport aux patients plus jeunes, aux doses recommandées.
Belsomra est contre-indiqué chez :
- Les patients qui présentent une hypersensibilité au suvorexant ou à l'un des ingrédients de la formulation de ce dernier, incluant les ingrédients non médicinaux, ou à un composant du contenant.
- Les patients atteints de narcolepsie.
Belsomra a été autorisé selon les conditions d'utilisation décrites dans sa monographie de produit, en tenant compte des risques potentiels associés à l'administration du médicament.
En plus de l'ingrédient médicinal, les comprimés contiennent de la croscarmellose sodique, du lactose monohydraté, du stéarate de magnésium, de la cellulose microcristalline et du polyvinylpyrrolidone/copolymère d'acétate de vinyle (copovidone). L'enrobage par film du comprimé renferme les ingrédients inactifs suivants : hypromellose, lactose monohydraté, dioxyde de titane et triacétine. L'enrobage par film du comprimé à 5 mg renferme également de l'oxyde de fer jaune et de l'oxyde de fer noir, et l'enrobage par film du comprimé à 10 mg contient également de la laque d'aluminium FD & C bleu no 1/laque d'aluminium bleu brillant FCF et de l'oxyde de fer jaune.
Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les sections Motifs de décision d'ordre clinique, non clinique et qualitatif (caractéristiques chimiques et fabrication).
Pour obtenir des renseignements supplémentaires, consulter également la monographie de produit de Belsomra approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.
2 Pourquoi Belsomra a-t-il été autorisé?
Santé Canada estime que Belsomra a un profil avantages-nocivités-incertitudes favorable pour le traitement de l'insomnie, caractérisée par des difficultés à s'endormir ou à maintenir le sommeil.
Santé Canada a formulé des mises en garde importantes relativement à l'indication. Comme les troubles du sommeil peuvent être la manifestation d'une affection physique ou psychiatrique, il est fortement recommandé de réaliser une évaluation minutieuse et approfondie du patient avant de prendre la décision d'amorcer ou non un traitement symptomatique de l'insomnie. De plus, les études cliniques qui soutiennent les données d'efficacité de Belsomra duraient jusqu'à trois mois chez les adultes et chez les patients de 65 ans et plus.
L'insomnie se caractérise par une insatisfaction liée à la qualité ou à la quantité de sommeil. Les symptômes comprennent de la difficulté à s'endormir et à rester endormi (p. ex., des réveils fréquents, de la difficulté à se rendormir après les réveils nocturnes), et un réveil matinal précoce avec une incapacité à se rendormir. Les perturbations de sommeil entraînent un état de détresse et un dysfonctionnement marqués sur le plan clinique. Elles surviennent au moins trois fois par semaine, elles durent au moins trois mois, et elles se produisent malgré la possibilité de dormir.
L'insomnie chronique touche de 5 à 10 % de l'ensemble de la population adulte, et elle est associée à une prévalence plus élevée chez la population âgée, estimée environ à 25 %. D'après de nombreuses enquêtes, la prévalence serait de 13 à 24 % au Canada.
Les options de traitement de l'insomnie comprennent le zolpidem, la zopiclone et l'eszopiclone (groupe de médicaments appelés les Z ou z-drugs) ainsi que les benzodiazépines. Ces médicaments sont approuvés uniquement dans le cadre de traitements à court-terme en raison des risques de développer une tolérance et une dépendance. Les benzodiazépines et le zolpidem sont des substances réglementées en vertu de l'Annexe IV de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
La doxépine, un antidépresseur tricyclique, est indiquée pour l'insomnie caractérisée par une difficulté à rester endormi. Ce médicament n'a pas été associé au développement de tolérance ou de dépendance. Toutefois, il est contre-indiqué chez les patients atteints d'un glaucome à angle fermé non traité ou souffrant de rétention urinaire grave en raison de ses effets anticholinergiques.
Tous les hypnotiques autorisés au Canada sont accompagnés d'une mise en garde concernant les troubles psychomoteurs du lendemain attribuables aux effets dépresseurs résiduels sur le SNC, et d'une mise en garde quant à la classe de médicaments concernant les comportements complexes durant le sommeil. Les comportements complexes durant le sommeil sont des comportements et des activités que l'on observe chez les patients durant la nuit, alors qu'ils ne sont pas complètement éveillés, et dont ils ne se souviennent généralement pas.
Belsomra cible le système orexinergique en inhibant les effets des orexines favorisant l'état de veille. Ce mode d'action contraste avec celui des hypnotiques actuellement approuvés, lesquels accroissent les effets favorisant le sommeil entraînés par la transmission de l'acide gamma-aminobutyrique (GABAergique) ou par la transmission histaminergique.
Un avis d'insuffisance (ADI) a été émis à l'endroit de la présentation de drogue nouvelle (PDN) initiale pour Belsomra (numéro de contrôle 160233) en raison de problèmes d'innocuité. La présentation a ensuite été retirée par le promoteur. La PDN a été soumise à nouveau (numéro de contrôle 196367) avec des rapports d'événements indésirables tirés de 2,5 années d'expérience post-commercialisation d'autres pays. Un deuxième ADI a été émis à l'endroit de ce produit, puisque les données post-commercialisation n'étaient pas considérées comme suffisantes pour répondre aux préoccupations en matière d'innocuité. Le promoteur a soumis une réponse à l'ADI pour donner suite aux résultats non cliniques qui laissaient d'abord croire que le suvorexant était associé à la cataplexie chez le chien, et pour explorer davantage les données dégagées de 3,5 années d'expérience post-commercialisation, principalement au Japon et aux États-Unis, et aussi en Australie. Après examen, l'information a été jugée acceptable, et un avis de conformité (AC) a été émis.
Les données issues de deux études pivots de phase III, soit l'étude 1 (PN028) et l'étude 2 (PN029), ont été soumises pour appuyer l'innocuité et l'efficacité de Belsomra. Les deux études étaient contrôlées par placebo, à double insu, avec répartition aléatoire et menées auprès de patients souffrant d'insomnie, laquelle se caractérise par une difficulté d'endormissement et (ou) de maintien du sommeil. Les deux études comportaient une phase de traitement à double insu d'une durée de trois mois. L'étude 1 comprenait également une phase de prolongation optionnelle de trois mois pour les patients qui avaient terminé la phase de traitement de trois mois. La polysomnographie et la consignation de données par le patient dans un journal électronique (servant respectivement de mesures objectives et subjectives) ont été utilisées pour évaluer le délai d'endormissement et le maintien du sommeil.
L'objectif principal des deux études était de démontrer l'efficacité d'une dose élevée de Belsomra, soit 30 mg pour les patients âgés et 40 mg pour les patients adultes non âgés. L'efficacité d'une faible dose, soit 15 mg pour les patients âgés et 20 mg pour les patients adultes non âgés, était également évaluée en tant que paramètre secondaire (faisant appel à la multiplicité des tests) dans le cadre de l'étude 1, et comme paramètre exploratoire dans le cadre de l'étude 2. Pour chaque étude, les patients étaient répartis de façon aléatoire dans les trois groupes : le groupe recevant une forte dose du suvorexant, celui recevant une faible dose, et le groupe placebo. Le traitement à l'insu (suvorexant ou placebo) a été administré une fois par jour, de cinq à dix minutes avant le coucher, ou environ 30 minutes avant le coucher les nuits où les mesures polysomnographiques étaient prises.
L'efficacité a été évaluée en fonction de la variation liée au délai d'endormissement et au maintien du sommeil par rapport au début de l'étude à des intervalles prédéterminés, et ce, pour les deux études. Les données polysomnographiques ont été évaluées à la nuit 1, au mois 1 et au mois 3. Les données consignées dans le journal du patient ont été évaluées à la semaine 1, au mois 1 et au mois 3.
Dans les études 1 et 2, des améliorations statistiquement significatives du délai d'endormissement et du maintien du sommeil ont été observées dans les groupes ayant reçu une forte dose par rapport aux groupes placebo. Dans l'étude 1, des améliorations statistiquement significatives ont été observées chez les patients ayant reçu une faible dose par rapport à ceux recevant le placebo, relativement à l'évaluation objective et subjective du maintien du sommeil pour tous les points temporaux et au paramètre d'endormissement objectif au mois 1, selon la méthode d'analyse faisant appel à la multiplicité des tests. Des résultats similaires en faveur du suvorexant à faible dose comparativement au placebo ont été observés dans l'étude 2. Toutefois, aucune inférence statistique ne pouvait être faite, puisque les analyses effectuées d'une faible dose ne faisaient pas partie de la stratégie de multiplicité des tests.
Bien que ces études aient principalement été conçues pour évaluer les doses de 30 et de 40 mg, l'ensemble des données issues des deux études est jugé suffisant pour démontrer l'efficacité des doses de 15 et de 20 mg. Les doses de 30 et de 40 mg n'ont pas été approuvées en raison de problèmes d'innocuité. Les doses de 15 et de 20 mg ont été approuvées, mais elles ne doivent pas être administrées comme doses initiales. La dose de 10 mg a donné des résultats significatifs relativement à l'évaluation objective du maintien du sommeil au cours d'une petite étude de phase II, laquelle appuyait la recommandation d'une dose initiale de 10 mg.
L'innocuité du produit a été évaluée dans le cadre d'un programme clinique auquel ont participé 922 sujets répartis dans des essais de phase I, et 2 027 patients souffrant d'insomnie primaire répartis dans des essais de phases II et III. Au total, 1 784 patients ont reçu, au cours des essais de phase III, une dose quotidienne de Belsomra. Parmi ces patients, 1 218 ont été traités pendant au moins trois mois (290 patients ont reçu une faible dose), 507 ont été traités pendant six mois ou plus (42 patients ont reçu une faible dose) et 160 ont été traités pendant 12 mois ou plus (tous ont reçu une forte dose de suvorexant).
L'effet indésirable le plus fréquent était la somnolence, dont l'incidence était plus élevée dans les groupes de traitement que dans le groupe placebo. Le suvorexant a également été associé à des manifestations liées à la dose administrée, notamment des idées suicidaires et une somnolence excessive durant le jour. Quelques rares cas de paralysie du sommeil et d'hallucinations hypnagogiques et hypnopompiques ont été signalés dans les groupes recevant du suvorexant, mais aucun dans le groupe placebo. Deux cas de comportements complexes durant le sommeil ont été observés dans le groupe ayant reçu une forte dose de suvorexant (0,2 %). Un cas de faiblesse musculaire dans les jambes déclenché par le rire a également été rapporté dans le groupe ayant reçu une forte dose de suvorexant (0,1 %). Un comité d'experts indépendants ayant procédé à une évaluation en aveugle a déterminé que ce cas n'était pas dû à une cataplexie.
L'évaluation clinique initiale a permis de conclure que les doses de suvorexant de 30 mg et de 40 mg ne pouvaient être autorisées en raison des risques inacceptables d'effets indésirables graves, comme le suicide, une somnolence excessive durant le jour et les troubles psychomoteurs, les comportements complexes durant le sommeil et les symptômes ressemblant à ceux de la cataplexie.
Les symptômes ressemblant à ceux de la cataplexie et les comportements complexes durant le sommeil étaient particulièrement préoccupants en raison de leur survenue soudaine et de leurs conséquences potentiellement graves. Ces événements n'ont été observés que chez les patients ayant reçu des doses de 30 ou de 40 mg. Cependant, le nombre de patients et la durée d'exposition au traitement étaient inférieurs chez ceux exposés aux doses de 15 ou de 20 mg (faible dose), par rapport à ceux ayant reçu des doses de 30 ou de 40 mg (forte dose). En raison du peu de données dont on disposait sur les faibles doses dans la PDN initiale, il n'était pas possible de déterminer s'il était plus sûr d'administrer une faible dose qu'une forte dose, et un ADI a été émis en novembre 2013.
Le promoteur a ensuite fourni des données portant sur l'expérience post-commercialisation de Belsomra pendant environ 3,5 ans, principalement au Japon et aux États-Unis. L'évaluation a permis de conclure que l'ensemble des données probantes disponibles appuyait l'approbation de Belsomra, considérant la mention appropriée des risques dans le libellé du produit et la surveillance continue des données post-commercialisation.
Une contre-indication pour les patients atteints de narcolepsie, une mise en garde concernant la paralysie du sommeil, d'hallucinations hypnagogiques et hypnopompiques et des symptômes ressemblant à ceux de la cataplexie, ainsi qu'une mise en garde étendue sur les comportements complexes durant le sommeil incluant les facteurs de risque généralement associés aux parasomnies ont été ajoutées à la monographie de produit.
Les stratégies de réduction des risques associées à Belsomra comprennent l'administration de la dose efficace la plus faible comme dose initiale, jusqu'à un maximum de 20 mg.
Il a été recommandé d'inclure une section intitulée Information à transmettre aux patients dans la monographie de produit, pour s'assurer que les prescripteurs discutent des risques associés au suvorexant avec leurs patients, prodiguent des conseils aux patients quant à l'utilisation adéquate de Belsomra, et avisent les patients de signaler tout effet indésirable, comme une faiblesse musculaire temporaire, une paralysie du sommeil, des comportements complexes durant le sommeil, une somnolence excessive durant le jour et l'aggravation de la dépression ou des idées suicidaires.
Merck Canada Inc. a présenté à Santé Canada un plan de gestion des risques (PGR) relativement à Belsomra. Après examen, ce PGR a été jugé acceptable. Le PGR est destiné à décrire les problèmes d'innocuité connus ou possibles, à présenter le plan de surveillance prévu et, le cas échéant, à décrire les mesures qui seront mises en place pour réduire les risques liés au produit.
Les étiquettes interne et externe, la notice d'accompagnement et la section des renseignements pour les patients sur les médicaments de la monographie de produit de Belsomra qui ont été présentées répondent aux exigences réglementaires relatives à l'étiquetage, à l'utilisation d'un langage clair et aux éléments de conception. Après évaluation des marques nominatives à présentation et à consonance semblables, le nom proposé de Belsomra a été accepté.
Les avantages associés à Belsomra comme traitement de l'insomnie chez les adultes l'emportent sur les risques liés au médicament lorsque le produit est utilisé conformément aux conditions d'utilisation figurant dans la monographie de produit approuvée de Belsomra.
Cette présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1; par conséquent, Santé Canada a émis l'avis de conformité prévu à l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les sections Motifs de décision d'ordre clinique, non clinique et qualitatif (caractéristiques chimiques et fabrication).
3 Quelles sont les étapes qui ont mené à l'autorisation de Belsomra?
La PDN initiale pour Belsomra a été déposée en novembre 2012 (numéro de contrôle 160233). Un avis d'insuffisance (ADI) a été émis à l'endroit de cette présentation en raison de problèmes d'innocuité associés aux doses de 30 et de 40 mg, et de l'insuffisance des données cliniques permettant d'évaluer si les doses de 15 et de 20 mg pouvaient être autorisées. Cette PDN a ensuite été retirée par le promoteur.
Une nouvelle PDN a été soumise en juin 2016 (numéro de contrôle 196367), incluant des rapports d'événements indésirables signalés après la commercialisation, regroupant des données du Japon et des États-Unis. Les préoccupations liées aux symptômes ressemblant à ceux de la cataplexie et aux comportements complexes durant le sommeil sont demeurées sans réponse, et il n'a pas été possible de déterminer les facteurs de risques ou les populations vulnérables afin d'appuyer l'élaboration de stratégies de réduction des risques. Un deuxième ADI a été émis à l'endroit de ce médicament en juin 2017.
Une réponse à cet ADI a été déposée en décembre 2017 afin de donner suite aux préoccupations non résolues en matière d'innocuité. En s'appuyant sur les renseignements disponibles au moment de l'évaluation (y compris environ 3,5 années de données post-commercialisation sur les effets indésirables), Santé Canada a déterminé que les risques associés à Belsomra pouvaient être réduits avec un libellé approprié du produit et une surveillance continue des données post-commercialisation.
Étapes importantes de la présentation: Belsomra
Étape importante de la présentation | Date |
---|---|
Présentation de drogue nouvelle, numéro de contrôle : 160233 | |
Réunion préalable à la présentation : | 2012-10-11 |
Dépôt de la Présentation de drogue nouvelle : | 2012-11-16 |
Examen préliminaire | |
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire : | 2013-01-11 |
Examen | |
Évaluation de la qualité terminée : | 2013-11-01 |
Évaluation clinique/médicale terminée : | 2013-11-04 |
Évaluation du plan de gestion des risques terminée : | 2013-08-14 |
Avis d'insuffisance (ADI) émis par le directeur général, Direction des produits thérapeutiques (problèmes d'innocuité) : | 2013-11-06 |
Présentation annulée par le promoteur : | 2014-02-05 |
Présentation de drogue nouvelle, numéro de contrôle : 196367 | |
Réunion préalable à la présentation : | 2015-09-30 |
Dépôt de la Présentation de drogue nouvelle : | 2016-07-05 |
Examen préliminaire 1 | |
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire : | 2016-08-26 |
Examen 1 | |
Évaluation de la qualité terminée : | 2017-06-16 |
Évaluation clinique/médicale terminée : | 2017-06-21 |
Évaluation du plan de gestion des risques terminée : | 2017-07-11 |
Avis d'insuffisance (ADI) émis par le directeur général, Direction des produits thérapeutiques (problèmes d'innocuité) : | 2017-06-22 |
Réponse déposée : | 2017-12-21 |
Examen préliminaire 2 | |
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire : | 2018-02-02 |
Examen 2 | |
Évaluation clinique/médicale terminée : | 2018-11-29 |
Évaluation du plan de gestion des risques terminée : | 2018-12-18 |
Examen de l'étiquetage terminé, comprenant l'évaluation des marques nominatives à présentation et à consonance semblables : | 2018-10-16 |
Délivrance de l'Avis de conformité par le directeur général, Direction des produits thérapeutiques : | 2018-11-29 |
La décision réglementaire canadienne portant sur l'examen des données cliniques et non cliniques et de la qualité de Belsomra était fondée sur une évaluation critique de l'ensemble des données soumises à Santé Canada. Les rapports d'examen de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis ainsi que les données post-commercialisation du Japon, des États-Unis et de l'Australie sur les effets indésirables ont été consultés dans le cadre de l'évaluation de Belsomra.
Pour de plus amples renseignements sur le processus de présentation de drogue, consulter la Ligne directrice de l'industrie : gestion des présentations de drogues.
4 Quelles mesures de suivi le promoteur prendra-t-il?
Les exigences en matière d'activités post-commercialisation sont décrites dans la Loi sur les aliments et drogues et le Règlement connexe.
6 Quels sont les autres renseignements disponibles à propos des médicaments?
Pour obtenir des renseignements à jour sur les produits pharmaceutiques, veuillez suivre les liens suivants :
- Consulter MedEffet Canada pour connaître les derniers avis, mises en garde et retraits concernant les produits commercialisés.
- Voir la Base de données des avis de conformité (AC) pour accéder à la liste des dates d'autorisation de tous les médicaments ayant reçu un AC depuis 1994.
- Consulter la Base de données sur les produits pharmaceutiques (BDPP) pour obtenir la dernière monographie de produit. La BDPP contient des renseignements précis sur les médicaments dont l'utilisation a été approuvée au Canada.
- Voir l'Avis de conformité avec conditions (AC-C) et les documents connexes pour les produits ayant reçu un AC en vertu de la Ligne directrice sur les avis de conformité avec conditions (AC-C), le cas échéant. En cliquant sur les liens correspondant au nom du produit (selon le cas), vous pouvez accéder la fiche de renseignements, partie III - Renseignements pour les patients sur les médicaments, l'avis d'admissibilité, et/ou la « Lettre aux professionnels de santé ».
- Consulter le Registre des brevets pour obtenir la liste des brevets déposés relativement à des ingrédients médicinaux, le cas échéant.
- Consulter le Registre des drogues innovantes pour obtenir la liste des drogues admissibles à la protection des données en vertu de l'article C.08.004.1 du Règlement sur les aliments et drogues, le cas échéant.
7 Quelle est la justification scientifique sur laquelle s'est fondé Santé Canada?
7.1 Motifs cliniques de la décision
Pharmacologie clinique
Le suvorexant, l'ingrédient médicinal de Belsomra, est un antagoniste des récepteurs des orexines. Le système de signalisation de l'orexine, un neuropeptide, est un système central favorisant l'état de veille. Les orexines sont sécrétées par les corps cellulaires des neurones qui logent dans l'hypothalamus, lesquels communiquent avec les neurones cérébraux. La liaison des orexines aux récepteurs d'orexine de ces neurones favorise l'état de veille. Le suvorexant se lie de façon réversible aux récepteurs d'orexine en inhibant la liaison des orexines, favorisant ainsi le sommeil.
En raison du mode d'action du suvorexant, bon nombre des effets indésirables potentiels sont également des symptômes associés à la narcolepsie. La narcolepsie est associée à une diminution de la neurotransmission orexinergique chez l'animal et l'humain. Les symptômes sont notamment une somnolence excessive durant le jour, des hallucinations hypnagogiques ou hypnopompiques, la paralysie du sommeil et la cataplexie.
Les principaux paramètres pharmacocinétiques de l'absorption, de la distribution, du métabolisme et de l'élimination du suvorexant ont été caractérisés chez des patients et des volontaires en bonne santé. Des profils pharmacocinétiques semblables ont été observés chez les sujets sains et chez les patients souffrant d'insomnie. L'augmentation de l'exposition est moins que proportionnelle à la dose, pour des doses allant de 10 mg à 80 mg, puisque l'absorption du suvorexant a diminué lors de l'administration de fortes doses. Le suvorexant est métabolisé principalement par le cytochrome P450 (CYP) 3A et, dans une moindre mesure, par le CYP 2C19. Le suvorexant est principalement éliminé dans les fèces : 66 % de la dose administrée se retrouve dans les fèces, et 23 % dans l'urine. La demi-vie (t½) moyenne du suvorexant est d'environ 12 heures.
Bien qu'au cours des études pivots, une dose moins élevée ait été administrée aux sujets âgés comparativement aux adultes non âgés, les données sur la pharmacocinétique et l'innocuité indiquent qu'il n'est pas nécessaire de modifier la posologie uniquement en fonction de l'âge du patient. La dose initiale recommandée est de 10 mg pour les patients âgés et pour les patients adultes non âgés (ou de 5 mg pour les patients prenant conjointement des inhibiteurs modérés du CYP3A). Si la dose est bien tolérée, mais qu'elle n'est pas efficace, elle peut être augmentée de façon progressive.
Le profil pharmacodynamique du suvorexant a également été défini au moyen de plusieurs études. La capacité à conduire le lendemain matin a été évaluée chez les sujets âgés et chez les adultes non âgés en bonne santé, neuf heures après l'administration du suvorexant. On a observé une diminution cliniquement significative de la capacité à conduire chez des sujets qui ont reçu 20 ou 40 mg après une nuit de traitement, et chez des sujets qui ont reçu 40 mg après huit nuits de traitement. Aucune différence statistiquement significative n'a été observée dans la capacité à conduire des sujets âgés, tant après une nuit qu'après huit nuits de traitement à raison de 15 mg ou de 30 mg de suvorexant. Les patients doivent être avisés d'attendre de connaître la façon dont le suvorexant les affecte le lendemain avant de conduire une automobile, de faire fonctionner des machines ou d'effectuer d'autres activités exigeant une entière vigilance. On a observé une diminution du rappel de mot retardé, 11 heures après l'administration de la dose, chez les sujets en bonne santé le matin suivant l'administration d'une dose de 40 mg de suvorexant, ainsi que des effets sur l'équilibre le lendemain matin de la prise d'une dose de 20 mg ou de 40 mg de suvorexant. Aucun effet dépresseur sur la fonction respiratoire n'a été observé chez les adultes en bonne santé après une nuit de traitement à 40 ou à 150 mg. Les prescripteurs doivent tenir compte des effets du suvorexant sur la fonction respiratoire si le médicament est prescrit à des patients dont la fonction respiratoire est altérée. Le suvorexant n'entraîne aucun allongement de l'intervalle QT cliniquement significatif.
Pour obtenir des renseignements supplémentaires, consulter la monographie de produit de Belsomra approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.
Efficacité clinique
L'efficacité de Belsomra a été démontrée principalement dans le cadre de deux études pivots de phase III : l'étude 1 (PN028) et l'étude 2 (PN029). Les deux études étaient contrôlées par placebo, à double insu, avec répartition aléatoire et menées auprès de patients souffrant d'insomnie, laquelle se caractérise par une difficulté d'endormissement et (ou) de maintien du sommeil. La durée des deux études était de trois mois. L'étude 1 comprenait une phase de prolongation optionnelle de trois mois pour les patients qui avaient terminé la phase de traitement initiale de trois mois. Le délai d'endormissement et le maintien du sommeil ont été évalués objectivement par la polysomnographie, et subjectivement à partir des données consignées par les patients dans un journal électronique.
L'objectif principal des deux études pivots était de démontrer l'efficacité d'une dose élevée de Belsomra, soit 30 mg pour les patients âgés et 40 mg pour les adultes non âgés. Une faible dose de 15 mg pour les patients âgés et de 20 mg pour les adultes non âgés a également été évaluée dans les deux études. Les patients âgés et les patients non âgés étaient répartis de façon aléatoire dans les trois groupes : le groupe recevant une forte dose du suvorexant, celui recevant une faible dose, et le groupe placebo. Le traitement à l'insu (suvorexant ou placebo) a été administré une fois par jour, de cinq à dix minutes avant le coucher, ou environ 30 minutes avant le coucher les nuits où les mesures polysomnographiques étaient prises.
L'efficacité a été évaluée en fonction de la variation liée au délai d'endormissement et au maintien du sommeil par rapport au début de l'étude à des intervalles prédéterminés, et ce, pour les deux études. Les données polysomnographiques ont été évaluées à la nuit 1, au mois 1 et au mois 3. Les données consignées dans le journal du patient ont été analysées à la semaine 1, au mois 1 et au mois 3.
Dans les études 1 et 2, des améliorations statistiquement significatives du délai d'endormissement et du maintien du sommeil ont été observées dans les groupes ayant reçu une forte dose par rapport aux groupes placebo. Dans l'étude 1, des améliorations statistiquement significatives ont été observées chez les patients ayant reçu une faible dose par rapport à ceux recevant le placebo, relativement à l'évaluation objective et subjective du maintien du sommeil pour tous les points temporaux et au paramètre d'endormissement objectif au mois 1, selon la méthode d'analyse faisant appel à la multiplicité des tests. Des résultats similaires privilégiant le suvorexant à faible dose ont été observés dans l'étude 2; cependant, aucune inférence statistique ne pouvait être faite, puisque les analyses effectuées d'une faible dose ne faisaient pas partie de la stratégie de multiplicité des tests.
Bien que ces études aient principalement été conçues pour évaluer les doses de 30 et de 40 mg, l'ensemble des données issues des deux études est jugé suffisant pour démontrer l'efficacité des doses de 15 et de 20 mg. Les doses de 30 et de 40 mg n'ont pas été approuvées en raison de problèmes d'innocuité. Les doses de 15 et de 20 mg ont été approuvées, mais elles ne doivent pas être administrées comme doses initiales. La dose de 10 mg a donné des résultats significatifs relativement à l'évaluation objective du maintien du sommeil au cours d'une petite étude de phase II, laquelle appuyait la recommandation d'une dose initiale de 10 mg.
Indication
L'indication proposée par le promoteur | L'indication approuvée par Santé Canada |
Belsomra (suvorexant) est indiqué pour le traitement de l'insomnie, caractérisée par des difficultés à s'endormir ou à maintenir le sommeil. | Les perturbations du sommeil peuvent être la manifestation initiale d'une affection physique ou psychiatrique. Par conséquent, la décision d'amorcer ou non un traitement symptomatique de l'insomnie ne devrait être prise qu'après une évaluation minutieuse du patient. Belsomra (suvorexant) est indiqué pour le traitement de l'insomnie, caractérisée par des difficultés à s'endormir ou à maintenir le sommeil. Les études cliniques qui supportent les données d'efficacité de Belsomra duraient jusqu'à trois mois chez les adultes et chez les patients de 65 ans et plus. |
Des doses de 30 et de 40 mg avaient été proposées à l'origine par le promoteur comme doses initiales recommandées, avec l'option de diminuer la dose pour administrer 15 ou 20 mg si les doses plus fortes n'étaient pas bien tolérées. Cependant, les doses de 30 et de 40 mg n'ont pas été approuvées en raison de leur profil d'innocuité inacceptable. Les doses de 15 et de 20 mg ont été approuvées, mais elles ne doivent pas être administrées comme doses initiales. Pour Belsomra, Santé Canada recommande une dose initiale de 10 mg, avec l'option d'augmenter la dose pour administrer 15 ou 20 mg si la dose précédente est tolérée, mais inefficace. De façon générale, il est conseillé aux patients de prendre la dose efficace la plus faible, et de ne pas excéder la dose maximale recommandée de 20 mg. Pour les patients qui prennent Belsomra conjointement avec des inhibiteurs modérés du CYP3A, la dose initiale recommandée est de 5 mg, et la dose maximale est de 10 mg.
Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit de Belsomra approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.
Innocuité clinique
L'innocuité du produit a été évaluée dans le cadre d'un programme clinique auquel ont participé 922 sujets répartis dans des essais de phase I, et 2 027 patients souffrant d'insomnie primaire répartis dans des essais de phases II et III. Au total, 1 784 patients ont reçu, au cours des essais de phase III, une dose quotidienne de Belsomra. Parmi ces patients, 1 218 ont été traités pendant au moins trois mois (290 patients ont reçu une faible dose), 507 ont été traités pendant six mois ou plus (42 patients ont reçu une faible dose) et 160 ont été traités pendant 12 mois ou plus (tous ont reçu une forte dose de suvorexant).
Les deux études pivots de phase III décrites dans la section Efficacité clinique (étude 1 et étude 2) évaluaient l'innocuité et l'efficacité d'une forte dose (30 mg pour les patients âgés et 40 mg pour les adultes non âgés) et d'une faible dose (15 mg pour les patients âgés et 20 mg pour les adultes non âgés). Le nombre de patients et la durée du traitement étaient plus élevés dans les groupes recevant une forte dose du médicament. L'évaluation clinique de Belsomra comprenait également un examen des résultats issus des études d'appoint, soit l'étude 3 (PN006) et l'étude P009. L'étude 3 était une étude croisée de phase IIb contrôlée par placebo, à double insu, avec répartition aléatoire et comprenant deux périodes de quatre semaines. L'innocuité, la tolérabilité et l'efficacité de quatre concentrations (10 mg, 20 mg, 40 mg et 80 mg) ont été évaluées chez les adultes non âgés. L'étude P009 était une étude d'innocuité à long terme de phase III visant à évaluer l'innocuité et la tolérabilité des doses de 30 et de 40 mg de Belsomra sur 12 mois de traitement.
Deux ADI ont été émis pour ce produit avant la délivrance de l'AC. Les deux ADI ont été émis en raison de problèmes d'innocuité. Le promoteur a soumis des données additionnelles pour répondre à ces préoccupations, et les risques associés à Belsomra sont maintenant considérés comme gérables au moyen d'un libellé approprié du produit et de la surveillance continue des données post-commercialisation.
Le suvorexant cible le système orexinergique en inhibant les effets des orexines favorisant l'état de veille. Une diminution de la neurotransmission orexinergique est à l'origine de la narcolepsie chez l'animal et l'humain. Par conséquent, des symptômes semblables à ceux de la narcolepsie font partie des effets indésirables potentiels du suvorexant. La narcolepsie est un trouble neurologique caractérisé par une somnolence excessive durant le jour, des intrusions récurrentes d'éléments du sommeil paradoxal dans des périodes de transition sommeil-veille (hallucinations liées au sommeil et paralysie du sommeil). La narcolepsie est également souvent associée à la cataplexie. On pense que la cataplexie se manifeste seulement après une perte importante de neurones à orexine chez les patients atteints de narcolepsie, possiblement déclenchée par un mécanisme auto-immun.
Des événements d'intérêt clinique ont été sélectionnés dans le cadre du programme clinique relativement aux problèmes d'innocuité soulevés d'autres hypnotiques commercialisés et aux considérations théoriques portant sur l'innocuité du suvorexant. Pour les études de phase III, ces événements comprenaient : des idées et des comportements suicidaires, des comportements complexes durant le sommeil, des hallucinations hypnagogiques et hypnopompiques, une somnolence excessive durant le jour, une paralysie du sommeil, une cataplexie, des chutes et des événements indésirables associés à des accidents de la route. Les effets indésirables évocateurs d'une cataplexie et tous les cas de chute ont été soumis à un comité d'experts externes pour fins d'évaluation dans le but de déterminer s'ils étaient vraiment dus à une cataplexie.
Au cours des études de phase III, l'effet indésirable le plus fréquemment observé était la somnolence, dont l'incidence était plus élevée dans les groupes de traitement que dans le groupe placebo (11 % dans le groupe ayant reçu une forte dose, 7 % dans le groupe ayant reçu une faible dose, et 3 % dans le groupe placebo). De plus, certains sujets ont présenté des idées suicidaires, soit 0,4 % des patients ayant reçu une forte dose, 0,2 % des patients ayant reçu une faible dose, et 0,1 % des sujets du groupe placebo. Deux cas de comportements complexes durant le sommeil ont été observés dans le groupe ayant reçu une forte dose de suvorexant. Quelques rares cas de paralysie du sommeil et d'hallucinations hypnagogiques et hypnopompiques sont survenus dans les groupes de traitement, mais aucun dans le groupe placebo. Un cas de faiblesse musculaire temporairement associé avec le rire a été rapporté dans le groupe ayant reçu une forte dose de suvorexant. Le comité d'experts externes a déterminé que ce cas n'était pas dû à une cataplexie. D'autres cas de faiblesse musculaire ont été signalés, mais en raison des caractéristiques incompatibles avec la cataplexie (la durée de l'événement, l'absence d'un élément déclencheur potentiel), ils n'ont pas été soumis au comité pour fins d'évaluation.
Le programme de développement clinique pour Belsomra avait pour objectif principal d'appuyer la recommandation des doses de 30 et de 40 mg. Toutefois, d'importants problèmes d'innocuité associés à ces doses ont été soulevés pendant l'évaluation clinique initiale, et les doses de 30 et de 40 mg de suvorexant n'ont pu être autorisées en raison des risques inacceptables d'effets indésirables graves, comme le suicide, une somnolence excessive durant le jour et des troubles psychomoteurs, des comportements complexes durant le sommeil et des symptômes ressemblant à ceux de la cataplexie.
Les symptômes ressemblant à ceux de la cataplexie et les comportements complexes durant le sommeil étaient particulièrement préoccupants en raison de leur survenue soudaine et de leurs conséquences potentiellement graves. Ces événements n'ont été observés que chez les patients ayant reçu des doses de 30 ou de 40 mg. Cependant, en raison du peu de données dont on disposait sur les faibles doses, il n'était pas possible de déterminer s'il était plus sûr d'administrer une faible dose qu'une forte dose, et un ADI a été émis. La présentation a ensuite été retirée par le promoteur.
La PDN a été déposée à nouveau, incluant cette fois des rapports d'événements indésirables signalés après la commercialisation et regroupant des données d'autres pays recueillies pendant 2,5 ans. Après un examen des données soumises, il n'était pas possible de déterminer les facteurs de risques ou les populations vulnérables, lesquels étaient nécessaires à l'élaboration de stratégies de réduction des risques associés aux symptômes ressemblant à ceux de la cataplexie et aux comportements complexes durant le sommeil. Un deuxième ADI a été émis à l'endroit de Belsomra.
Le promoteur a soumis une réponse à l'ADI pour donner suite aux résultats non cliniques qui laissaient d'abord croire que le suvorexant était associé à la cataplexie chez le chien, et pour explorer davantage les données dégagées de 3,5 années d'expérience post-commercialisation, principalement au Japon et aux États-Unis, et aussi en Australie. L'évaluation a permis de conclure que l'ensemble des données probantes disponibles appuyait l'approbation de Belsomra, considérant la mention appropriée des risques dans le libellé du produit et la surveillance continue des données post-commercialisation.
Une contre-indication pour les patients atteints de narcolepsie, une mise en garde concernant les symptômes ressemblant à ceux de la cataplexie et d'autres événements liés au sommeil paradoxal, ainsi qu'une mise en garde sur les comportements complexes durant le sommeil incluant les facteurs de risque généralement associés aux parasomnies ont été ajoutées à la monographie de produit.
Les stratégies de réduction des risques associées à Belsomra comprennent l'administration de la dose efficace la plus faible comme dose initiale, jusqu'à un maximum de 20 mg.
Il a été recommandé d'inclure une section intitulée Information à transmettre aux patients dans la monographie de produit, pour s'assurer que les prescripteurs discutent des risques associés au suvorexant avec leurs patients, prodiguent des conseils aux patients quant à l'utilisation adéquate de Belsomra, et avisent les patients de signaler tout effet indésirable, comme une faiblesse musculaire temporaire, une paralysie du sommeil, des comportements complexes durant le sommeil, une somnolence excessive durant le jour et l'aggravation de la dépression ou des idées suicidaires.
En s'appuyant sur les renseignements disponibles au moment de l'évaluation, Santé Canada a déterminé que les risques associés à Belsomra pouvaient être réduits grâce à un libellé approprié du produit et à la surveillance post-commercialisation continue des effets indésirables.
Santé Canada a conclu que des mesures appropriées de gestion des risques étaient en place pour répondre aux préoccupations soulevées en matière d'innocuité pour Belsomra, et pour assurer une utilisation sûre et efficace du médicament. Dans l'ensemble, le profil avantages-nocivités-incertitudes de Belsomra est favorable pour l'indication approuvée. Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit de Belsomra approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.
7.2 Motifs non cliniques de la décision
Les données non cliniques soumises pour Belsomra sont jugées adéquates. Un problème mineur a été relevé dans la PDN originale en ce qui concerne le calcul des marges de sécurité relatives à la toxicité aiguë. Ce problème était résolu dans la nouvelle PDN, dans laquelle toutes les marges de sécurité figurant dans la monographie de produit avaient été modifiées afin d'être conformes à la dose maximale recommandée de 20 mg.
Le suvorexant, l'ingrédient médicinal de Belsomra, était associé à une augmentation de la fréquence des cas d'atrophie rétinienne chez le rat Sprague-Dawley après neuf mois et 12 mois de traitement, et chez le rat Long-Evans, après 12 mois de traitement. L'atrophie rétinienne est apparue plus tard chez le rat Long-Evans que chez le rat Sprague-Dawley. La fréquence et le degré de gravité de l'atrophie étaient moindres chez le rat Long-Evans, ce qui indique que la pigmentation pourrait ralentir le développement de l'atrophie rétinienne.
Un examen toxicologique avait été effectué dans le cadre de la PDN originale pour Belsomra (numéro de contrôle 160233). Des études de toxicologie ont révélé que des cas de cataplexie étaient observés chez le chien après qu'on lui ait présenté de la nourriture, sans toutefois avoir recours à la méthode d'évaluation normalisée, le Food Elicited Cataplexy Test (FECT - test de stimulation alimentaire pour évaluer la cataplexie). Par conséquent, il n'était pas possible de déterminer de manière concluante si les événements observés après l'administration du suvorexant dans le cadre de ces études étaient dus à la cataplexie. Le promoteur a soumis des études de suivi en réponse à l'ADI, utilisant d'autres antagonistes de l'orexine et des méthodes d'évaluation plus précises, y compris le FECT et la polysomnographie avec une stimulation alimentaire. En s'appuyant sur cette évaluation, le promoteur a réaffirmé qu'aucun cas de cataplexie n'avait été observé dans le cadre des études précliniques. Compte tenu des limites des données disponibles, les descriptions des comportements associés au suvorexant figureront dans la monographie de produit de Belsomra jusqu'à ce que des données concluantes concernant la prise de suvorexant et la cataplexie soient disponibles.
Des données probantes tirées de la documentation scientifique indiquent que les antagonistes de l'orexine exacerbent la cataplexie chez les animaux atteints de narcolepsie. Bien qu'il soit peu probable que l'on prescrive un hypnotique à des patients atteints de narcolepsie, le promoteur a ajouté, dans la monographie de produit de Belsomra, que le suvorexant était contre-indiqué chez les patients souffrant de narcolepsie, ce qui a été jugé acceptable.
Les résultats des études non cliniques ainsi que les risques potentiels chez l'humain figurent dans la monographie de produit de Belsomra. Compte tenu de l'utilisation prévue de Belsomra, il n'y a aucun problème d'ordre pharmacologique ou toxicologique dans cette présentation qui fait obstacle à l'autorisation du produit.
Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit de Belsomra approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.
7.3 Motifs d'ordre qualitatif
L'information soumise sur es caractéristiques chimiques et la fabrication de Belsomra montre que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications convenues. Des études de développement et de validation appropriées ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour la commercialisation. Après examen, les changements apportés au procédé de fabrication et à la formulation du produit sont jugés acceptables. À la lumière des données sur la stabilité, la durée de conservation proposée de 36 mois est jugée acceptable lorsque le médicament est conservé à la température de la pièce (entre 15 ºC et 30 ºC) dans son emballage original, à l'abri de la lumière et de l'humidité.
Toutes les installations participant à la production du médicament sont conformes aux bonnes pratiques de fabrication.
Tous les ingrédients non médicinaux contenus dans le médicament sont autorisés par le Règlement sur les aliments et drogues. Le lactose monohydraté, un excipient contenu dans les comprimés de Belsomra, est d'origine animale. Le lactose monohydraté utilisé dans la production de Belsomra ne représente aucun risque d'encéphalopathie spongiforme bovine ou d'encéphalopathie spongiforme transmissible (ESB ou EST).