Sommaire des motifs de décision portant sur Ruzurgi

Décisions d'examen

Le sommaire des motifs de décision explique les raisons pour lesquelles un produit a reçu une autorisation de vente au Canada. Le document comprend les considérations portant sur la réglementation, l’innocuité, l’efficacité et la qualité (sur le plan de la chimie et de la fabrication).


Type de produit:

Médicament
  • Ce document est une traduction française du document anglais approuvé.

Les sommaires des motifs de décision (SMD) présentent des renseignements sur l'autorisation initiale d'un produit. Le SMD portant sur Ruzurgi est accessible ci-dessous.

Activité récente relative à Ruzurgi

Les SMD relatifs aux médicaments autorisés après le 1er septembre 2012 seront mis à jour afin d'inclure des renseignements sous forme de tableau des activités postautorisation (TAPA). Le TAPA comprendra de brefs résumés d'activités telles que la présentation de demandes de nouvelles utilisations, ainsi que les décisions de Santé Canada (positives ou négatives). Les TAPA seront mis à jour régulièrement en ce qui a trait aux activités postautorisation tout au long du cycle de vie du produit.

Tableau des activités postautorisation (TAPA) portant sur Ruzurgi

Mise à jour :

2023-01-24

Le tableau suivant décrit les activités postautorisation menées à l’égard de Ruzurgi, un produit dont l’ingrédient médicinal est amifampridine. Pour en savoir plus sur le type de renseignements présentés dans les TAPA, veuillez consulter la Foire aux questions : Phase II du projet de sommaires des motifs de décision (SMD) et à la liste des abréviations qui se trouvent dans les TAPA.

Pour de plus amples renseignements sur le processus de présentation de drogues, consultez le document intitulé Gestion des présentations et des demandes de drogues.

Identification numérique de drogue (DIN) :

  • DIN 02503034 – 10 mg amifampridine, comprimé, administration orale

Tableau des activités postautorisation (TAPA)

Type et numéro d'activité ou de présentationDate de présentationDécision et dateSommaire des activités
Communication des risques pour les professionnels de la santéSans objetPubliée
2023-01-20

Communication des risques pour les professionnels de la santé publiée (Ruzurgi [amifampridine] – Statut d’autorisation), présentant des renseignements actualisés à l’intention des professionnels de la santé.

PDN Nº 2346552019-12-20Délivrance d'un AC
2023-01-10

Conformément à la décision de la Cour d'appel fédérale dans l'affaire A-78-22, la décision du 24 juin 2021 du ministre sur l'application des dispositions relatives à la protection des données a été rétablie et un nouvel AC a été délivré.

DIN 02503034 réémisSans objet
2023-01-10

Conformément à la décision de la Cour d'appel fédérale dans l'affaire A-78-22, la décision du 24 juin 2021 du ministre sur l'application des dispositions relatives à la protection des données a été rétablie et le DIN a été réémis.

Communication des risques liés aux produits de santéSans objetPubliée
2022-03-11
Communication des risques liés aux produits de santé publiée, présentant des renseignements actualisés sur le retrait du produit, à l’intention des professionnels de la santé.
DIN 02503034 annuléSans objet
2022-03-11
Santé Canada a annulé le DIN à la suite du jugement de la Cour fédérale dans l'affaire T-1047-21 (dispositions relatives à la protection des données).
AC invalideSans objet
2022-03-10
L’AC est invalide conformément au jugement de la Cour fédérale dans l'affaire T-1047-21 (dispositions relatives à la protection des données).
Retraite de marché d'une drogue publiéeSans objetPubliée
2021-09-09
Retraite de marché d’une drogue publiée sur le site Web Canadiens en santé, à l’intention de Grand public, professionnels de la santé, et hôpitaux.
Avis de mise en marché d'un produit pharmaceutique (DIN 02503034)Sans objetDate de la première vente :
2021-06-25
Le fabricant a informé Santé Canada de la date de la première vente conformément à la disposition C.01.014.3 du Règlement sur les aliments et drogues.
Lettre à l'intention des professionnels de la santéSans objetPubliée
2021-06-25
Avis aux professionnels de la santé publiée, présentant des renseignements sur le retrait du produit, à l'intention des professionnels de la santé.
PDN Nº 2346552019-12-20Délivrance d'un AC
2021-06-24
À la suite d'une ordonnance de la Cour fédérale demandant une nouvelle détermination, Santé Canada a rendu une décision sur la protection des données avec un nouvel AC.
DIN 02503034 émisSans objet
2021-06-24
À la suite d'une ordonnance de la Cour fédérale demandant une nouvelle détermination, Santé Canada a rendu une décision sur la protection des données avec un nouvel AC et a réémis le DIN 02503034.
Lettre à l'intention des professionnels de la santéSans objetPubliée
2021-06-10
Avis aux professionnels de la santé publiée, présentant des renseignements sur le retrait du produit, à l'intention des professionnels de la santé.
DIN 02503034 annuléSans objet
2021-06-01
Santé Canada a annulé le DIN à la suite du jugement de la Cour fédérale dans l'affaire T-984-20 (dispositions relatives à la protection des données).
AC invalideSans objet
2021-05-31
L'AC est invalide conformément au jugement de la Cour fédérale dans l'affaire T-984-20 (dispositions relatives à la protection des données).
Avis de mise en marché d'un produit pharmaceutique (DIN 02503034)Sans objetDate de la première vente :
2020-09-24
Le fabricant a informé Santé Canada de la date de la première vente conformément à la disposition C.01.014.3 du Règlement sur les aliments et drogues.
PDN Nº 2346552019-12-20Délivrance d'un AC
2020-08-10
Délivrance d'un AC relatif à une Présentation de drogue nouvelle.
Sommaire des motifs de décision (SMD) portant sur Ruzurgi

SMD émis le : 2020-10-22

L'information suivante concerne la présentation de drogue nouvelle pour Ruzurgi.

Amifampridine

Identification(s) numérique(s) de drogue(s):

  • DIN 02503034 - 10 mg amifampridine, comprimé, administration orale

Medunik Canada

Présentation de drogue nouvelle, numéro de contrôle : 234655

Le 10 août, 2020, Santé Canada a émis à l'intention de Medunik Canada un avis de conformité (AC) pour le produit pharmaceutique Ruzurgi. Cet AC était invalide conformément au jugement de la Cour fédérale dans l'affaire T-984-20 rendu le 31 mai 2021 (dispositions relatives à la protection des données). Le 24 juin 2021, à la suite d'une ordonnance de la Cour fédérale pour une nouvelle détermination, une décision relative à la protection des données a été rendue avec un nouvel AC pour Ruzurgi. Cet AC est invalide conformément au jugement de la Cour fédérale dans l'affaire T-1047-21 rendu le 10 mars 2022 (dispositions relatives à la protection des données). Conformément à la décision de la Cour d'appel fédérale dans l'affaire A-78-22, la décision du 24 juin 2021 du ministre sur l'application des dispositions relatives à la protection des données a été rétablie et un nouvel AC a été délivré le 10 janvier 2023.

L'autorisation de mise en marché s'appuie sur l'information portant sur la qualité (chimie et fabrication), ainsi que les études non cliniques (pharmacologie et toxicologie) et cliniques (pharmacologie, innocuité et efficacité) présentées. D'après l'évaluation des données reçues effectuée par Santé Canada, le profil avantages-effets nocifs-incertitudes de Ruzurgi est considéré comme étant favorable pour le traitement du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton (SMLE) symptomatique chez les patients âgés de 6 ans et plus.

Le syndrome myasthénique de Lambert-Eaton doit être diagnostiqué par un professionnel de la santé qui possède de l'expérience et des connaissances sur les caractéristiques cliniques de cette maladie.

Ruzurgi ne doit être prescrit que par des professionnels de la santé qui ont de l'expérience dans le traitement d'un SMLE, connaissent le profil d'efficacité et d'innocuité de ce médicament et peuvent discuter des avantages et des risques du traitement avec les patients.

1 Sur quoi l'autorisation porte-t-elle?

Ruzurgi, un inhibiteur des canaux potassiques, a été autorisé pour le traitement du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton (SMLE) symptomatique chez les patients âgés de 6 ans et plus.

Le syndrome myasthénique de Lambert-Eaton doit être diagnostiqué par un professionnel de la santé qui possède de l'expérience et des connaissances sur les caractéristiques cliniques de cette maladie.

Ruzurgi ne doit être prescrit que par des professionnels de la santé qui ont de l'expérience dans le traitement d'un SMLE, connaissent le profil d'efficacité et d'innocuité de ce médicament et peuvent discuter des avantages et des risques du traitement avec les patients.

L'innocuité et l'efficacité de Ruzurgi chez les patients de moins de 6 ans n'ont pas été étudiées. Par conséquent, Ruzurgi n'est pas indiqué pour cette population de patients.

Dans le cadre d'essais cliniques contrôlés et de programmes d'accès pour des raisons humanitaires, 106 patients atteints d'un SMLE âgés de 65 ans et plus ont reçu un traitement par Ruzurgi. D'après ces données, il n'y a pas de différence significative en matière d'innocuité et d'efficacité entre les personnes âgées et les adultes plus jeunes. Cependant, en raison de la fréquence accrue d'une diminution de la fonction hépatique, rénale ou cardiaque, et de maladie concomitante ou d'autre traitement médicamenteux chez les personnes âgées, Ruzurgi doit être instauré chez la population gériatrique à la dose la plus faible de la plage posologique, suivi d'un ajustement plus lent de la dose.

Ruzurgi est contre-indiqué chez les patients qui :

  • présentent une hypersensibilité à ce médicament ou à l'un des ingrédients de la formulation de ce dernier, incluant les ingrédients non médicinaux, ou à un composant du contenant;
  • présentent un antécédent de convulsions;
  • prennent d'autres formes d'amifampridine ou d'autres aminopyridines.

Ruzurgi a été autorisé selon les conditions d'utilisation décrites dans sa monographie de produit, en tenant compte des risques potentiels associés à l'administration du médicament.

Ruzurgi (10 mg amifampridine) se présente sous forme d'un comprimé. En plus de l'ingrédient médicinal, le comprimé contient du dioxyde de silicium colloïdal, du phosphate de calcium dibasique dihydraté, du stéarate de magnésium, de la cellulose microcristalline, et du glycolate d'amidon de sodium.

Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les sections Motifs d'ordre clinique, non clinique et qualitatif (caractéristiques chimiques et de fabrication).

Pour obtenir des renseignements supplémentaires, consulter également la monographie de produit de Ruzurgi approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

2 Pourquoi Ruzurgi a-t-il été autorisé?

Santé Canada estime que Ruzurgi a un profil avantages-effets nocifs-incertitudes favorable pour le traitement du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton (SMLE) symptomatique chez les patients âgés de 6 ans et plus.

Le syndrome myasthénique de Lambert-Eaton doit être diagnostiqué par un professionnel de la santé qui possède de l'expérience et des connaissances sur les caractéristiques cliniques de cette maladie.

Ruzurgi ne doit être prescrit que par des professionnels de la santé qui ont de l'expérience dans le traitement d'un SMLE, connaissent le profil d'efficacité et d'innocuité de ce médicament et peuvent discuter des avantages et des risques du traitement avec les patients.

Le syndrome myasthénique de Lambert-Eaton est un trouble présynaptique très rare qui nuit à la transmission neuromusculaire. Il peut se présenter comme un trouble auto-immun ou se développer en raison d'un cancer sous-jacent (de type paranéoplasique). Dans le type auto‑immun, des autoanticorps se développent contre les canaux calciques voltage-dépendants présynaptiques, causant une diminution du niveau d'ions calcium dans la terminaison présynaptique et entraînant une diminution du niveau d'acétylcholine présent à la jonction neuromusculaire. Ce qui nuit à la transmission neuromusculaire et à la contraction musculaire subséquente. Parmi les conséquences attendues, il y a une faiblesse progressive des muscles proximaux, comme les muscles du bassin et ceux assurant la mobilité des patients. Les patients atteints de SMLE éprouvent des difficultés à se lever d'un lit ou d'une chaise, à marcher, à monter des escaliers et à accomplir d'autres tâches semblables liées au mouvement. Dans le cas du SMLE de type paranéoplasique, une tumeur maligne sous-jacente (principalement un cancer pulmonaire à petites cellules) mène au développement d'autoanticorps contre les canaux calciques voltage-dépendants dans la cellule présynaptique, entraînant une faiblesse progressive des mêmes muscles au fil du temps.

Le syndrome myasthénique de Lambert-Eaton commence généralement vers l'âge de 60 ans; toutefois, certains patients reçoivent un diagnostic entre 40 et 60 ans. Il a une prévalence de 2,3 cas par million et une incidence annuelle d'environ 0,5 cas par million. Cette maladie survient extrêmement rarement dans la population pédiatrique, qui représente environ 5 % des cas. Des estimations approximatives révèlent qu'il pourrait y avoir environ 70 à 100 patients atteints de SMLE au Canada.

À l'heure actuelle, il n'existe aucun remède pour le LEMS. Au moment de l'autorisation de Ruzurgi, il n'y avait qu'un seul autre traitement approuvé pour le LEMS au Canada. Chez les patients dont le SMLE est associé à une tumeur maligne sous-jacente, on peut utiliser à la fois une chimiothérapie et une variété de thérapies immunosuppressives. Parmi les autres traitements, mentionnons les inhibiteurs de l'acétylcholinestérase, comme le bromure de pyridostigmine, ainsi que les inhibiteurs des canaux potassiques (p. ex. la guanidine). Toutefois, ces médicaments, en particulier la guanidine, ont d'importants effets secondaires, notamment l'aplasie médullaire fatale et l'insuffisance rénale.

L'amifampridine, ingrédient médicinal du Ruzurgi, est un inhibiteur des canaux potassiques. Il agit sur des canaux potassiques voltage-dépendants dans la membrane présynaptique, ce qui prolonge la phase de dépolarisation du potentiel d'action, allongeant le temps d'ouverture des canaux calciques voltage-dépendants. Ce qui augmente la quantité d'acétylcholine disponible à la jonction neuromusculaire et peut accroître la force des contractions musculaires.

Il a été démontré que Ruzurgi était efficace pour le traitement symptomatique du SMLE chez les patients âgés de 6 ans et plus. L'efficacité clinique de Ruzurgi chez les adultes était principalement fondée sur un essai de retrait pivot, contrôlé et randomisé (DAPPER), auquel ont participé 32 patients adultes atteints de SMLE, qui avaient reçu de l'amifampridine, l'ingrédient médicinal de Ruzurgi, pendant au moins 90 jours avant le début de l'étude. Ces patients ont été répartis aléatoirement soit afin de maintenir leur dose habituelle d'amifampridine, soit de la diminuer graduellement en vue de prendre un placebo pendant 3 jours. En utilisant le paramètre d'efficacité principal, à savoir le degré de changement du 3TUG (Triple Timed Up and Go test, test chronométré du lever de chaise de Mathias), on a observé une détérioration significative de la fonction à la suite du retrait de l'amifampridine, par rapport à la moyenne appariée dans le temps. La fonction a été rétablie chez les patients après le rétablissement de leur schéma posologique d'amifampridine. Les résultats du paramètre principal ont été appuyés par le paramètre secondaire clé, la modification de l'auto‑évaluation de la note de faiblesse liée au SMLE (W‑SAS) après le retrait de l'amifampridine, par rapport au niveau de référence.

Au cours des 27 dernières années, on estime que plus de 600 patients atteints de SMLE ont reçu de l'amifampridine dans le cadre de divers programmes d'accès pour des raisons humanitaires, y compris le cadre du Programme d'accès spécial de Santé Canada. L'innocuité à long terme du traitement Ruzurgi chez les patients atteints de SMLE est établie par une base de données de 162 patients traités par l'amifampridine pendant de longues périodes. Parmi les événements indésirables signalés au cours d'une utilisation à long terme, mentionnons la paresthésie, l'hypoesthésie, une douleur abdominale, une infection, des chutes, une dyspepsie, des nausées, une pneumonie et une arythmie. Un des principaux problèmes d'innocuité associés à l'utilisation de l'amifampridine est l'apparition de convulsions. Parmi les plus de 600 patients qui ont reçu de l'amifampridine, des convulsions ont été rapportées chez 26 patients. Cinq de ces patients ont présenté des convulsions au cours de l'utilisation à long terme, dont trois prenaient de l'amifampridine 60 à 80 mg/jour et n'avaient pas d'antécédents de convulsions. Par conséquent, Ruzurgi est contre-indiqué chez les patients qui présentent un antécédent de convulsions et devrait être utilisé avec prudence en concomitance avec des médicaments connus pour abaisser le seuil épileptogène.

On a également signalé des événements cardiaques pendant le traitement par l'amifampridine. Parmi plus de 600 patients traités à l'amifampridine dans le cadre de divers programmes d'accès pour des raisons humanitaires, 57 ont connu un ou plusieurs événements cardiaques, y compris le prolongement de l'intervalle QT. Selon une base de données composée de 234 patients prenant de l'amifampridine sur de longues périodes, 25 patients ont connu des événements indésirables cardiaques, comme la fibrillation auriculaire, l'arrêt cardiaque, la tachycardie et les palpitations. Ce point a également été soutenu par une étude croisée à double insu, randomisée, contrôlée par placebo et par traitement actif (JPC 3,4‑DAP.TQT) portant sur 52 sujets en bonne santé pour lesquels le prolongement de l'intervalle QTcF (intervalle QT corrigé pour la fréquence cardiaque suivant la formule de Fridericia) et une réduction de la fréquence cardiaque ont été observés après le traitement par l'amifampridine. Par conséquent, la prudence est de mise lorsque Ruzurgi est administré aux patients qui présentent des facteurs de risque de torsade de pointes. L'hypokaliémie, l'hypocalcémie et l'hypomagnésémie doivent être corrigées avant l'instauration ou la poursuite du traitement par Ruzurgi.

Le syndrome myasthénique de Lambert-Eaton est d'une extrême rareté chez les enfants. Il n'y a que 24 patients pédiatriques ayant reçu un vrai diagnostic de SMLE dans le monde. Par conséquent, il est difficile d'obtenir des données sur l'innocuité et l'efficacité pour cette population. Cette présentation ne contenait aucune donnée contrôlée sur l'innocuité, l'efficacité ou la pharmacocinétique/l'exposition chez les patients pédiatriques atteints d'un SMLE. Pour appuyer l'indication chez les enfants âgés de 6 ans et plus, l'efficacité et l'innocuité cliniques de Ruzurgi ont été évaluées chez 7 patients pédiatriques (< 18 ans) atteints de SMLE qui ont été traités avec Ruzurgi dans le cadre de divers programmes d'accès pour des raisons humanitaires. Une amélioration de la fonction a été signalée et l'étiologie, les signes cliniques, la physiopathologie et la progression ont semblé semblables à ce qui a été observé chez les patients adultes atteints de SMLE. Même si une amélioration de la fonction a été signalée, six des sept patients ont également connu divers événements indésirables semblables à ceux observés chez les adultes, dont un cas de palpitations. Aucun événement grave n'a été signalé. De plus, les voies métaboliques et la clairance de l'amifampridine semblent atteindre la maturité à l'âge de 4 à 5 ans et sont les mêmes pour la population pédiatrique et la population adulte. L'efficacité de Ruzurgi chez les patients âgés de 6 à 17 ans a été confirmée par des études pharmacocinétiques, de modélisation et de simulation de la population selon lesquelles l'exposition et la dose chez la population pédiatrique étaient prévues au moyen de l'échelle allométrique en fonction du poids basée sur l'exposition des adultes et les données d'efficacité.

Dans l'étude approfondie sur l'allongement de l'intervalle QT, JPC 3,4-DAP.TQT, les patients classés comme « acétyleurs lents », en raison du génotypage des variantes du gène de la N‑acétyltransférase 2 (NAT2), étaient plus susceptibles de subir des événements indésirables pendant le traitement à l'amifampridine que les acétyleurs intermédiaires ou rapides. Ce point a également été appuyé par une étude de phase I, randomisée, à double insu, contrôlée par placebo et à groupes parallèles (JPC 3,4-DAP.PK1), portant sur des sujets sains, où les acétyleurs lents avaient une concentration plasmatique maximale moyenne (Cmax) à peine deux fois plus élevée par rapport aux acétyleurs intermédiaires à jeun, et entre 2 à 4 fois plus élevées par rapport aux acétyleurs rapides après un repas. Ruzurgi devrait être instauré à la dose initiale la plus faible recommandée chez les patients qui sont connus pour être des acétyleurs lents par la NAT2 tout en surveillant les événements indésirables.

Ruzurgi n'a pas fait l'objet d'études cliniques contrôlées menées auprès de patients ou de volontaires atteints d'insuffisance hépatique ou rénale. La monographie de produit du Ruzurgi contient des recommandations posologiques, des mises en garde et des précautions.

Medunik Canada a présenté à Santé Canada un plan de gestion des risques (PGR) relativement à Ruzurgi. Après examen, ce PGR a été jugé acceptable. Le PGR est destiné à décrire les problèmes d'innocuité connus ou possibles, à présenter le plan de surveillance prévu et, le cas échéant, à décrire les mesures qui seront mises en place pour réduire les risques liés au produit.

Les étiquettes interne et externe, la notice d'accompagnement et la section des renseignements pour les patients sur les médicaments de la monographie de produit de Ruzurgi qui ont été présentées répondent aux exigences réglementaires relatives à l'étiquetage, à l'utilisation d'un langage clair et aux éléments de conception.

Après évaluation des marques nominatives à présentation et à consonance semblables, le nom proposé de Ruzurgi a été accepté.

Dans l'ensemble, Ruzurgi a démontré avoir un profil avantages-effets nocifs-incertitudes favorable selon les études non cliniques et cliniques. Des mises en garde et des précautions appropriées sont en place dans la monographie de produit de Ruzurgi afin de répondre aux préoccupations signalées en matière d'innocuité.

Cette présentation de drogue nouvelle répond aux exigences des articles C.08.002 et C.08.005.1; par conséquent, Santé Canada a émis l'avis de conformité prévu à l'article C.08.004 du Règlement sur les aliments et drogues. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les sections Motifs d'ordre clinique, non clinique et qualitatif (caractéristiques chimiques et de fabrication).

3 Quelles sont les étapes qui ont mené à l'autorisation de Ruzurgi?

La présentation de drogue pour Ruzurgi a été examinée conformément à la Politique sur l'évaluation prioritaire. Des éléments de preuve suffisants ont été présentés pour démontrer que Ruzurgi a fourni un traitement efficace d'une maladie gravement débilitante pour laquelle aucun médicament n'est actuellement commercialisé au Canada.

Étapes importantes de la présentation: Ruzurgi

Étape importante de la présentationDate
Demande de traitement prioritaire
Déposée2019-11-05
Approuvée par le directeur, Bureau des sciences médicales2019-12-05
Dépôt de la présentation2019-12-20
Examen préliminaire
Avis d'insuffisance émis lors de l'examen préliminaire2020-01-21
Réponse déposée2020-01-27
Lettre d'acceptation à l'issue de l'examen préliminaire2020-02-21
Examen
Évaluation biostatistique terminée2020-07-14
Évaluation de la qualité terminée2020-07-22
Évaluation du plan de gestion des risques terminée2020-07-30
Examen de l'étiquetage terminé, comprenant l'évaluation des marques nominatives à présentation et à consonance semblables2020-07-30
Évaluation clinique/médicale terminée2020-08-04
Délivrance de l'Avis de conformité par le directeur général, Direction des produits thérapeutiques2020-08-10

La décision réglementaire canadienne portant sur l'examen clinique et non clinique de Ruzurgi est fondée sur une évaluation critique du dossier soumis à Santé Canada. L'examen effectué à l'étranger par la Food and Drug Administration des États-Unis a servi de référence supplémentaire.

Pour de plus amples renseignements sur le processus de présentation de drogue, consulter la Ligne directrice de l'industrie : gestion des présentations de drogues.

4 Quelles mesures de suivi le promoteur prendra-t-il?

Les exigences en matière d'activités post‑commercialisation sont décrites dans la Loi sur les aliments et drogues et le Règlement connexe.

6 Quels sont les autres renseignements disponibles à propos des médicaments?

Pour obtenir des renseignements à jour sur les produits pharmaceutiques, veuillez suivre les liens suivants :

7 Quelle est la justification scientifique sur laquelle s'est fondé Santé Canada?
7.1 Motifs cliniques de la décision

Pharmacologie clinique

Le mécanisme par lequel l'ingrédient médicinal de Ruzurgi (amifampridine) exerce son effet thérapeutique chez les patients atteints de SMLE n'a pas été totalement élucidé. L'amifampridine est un inhibiteur des canaux potassiques à large spectre. Il agit sur des canaux potassiques voltage-dépendants dans la membrane présynaptique, ce qui prolonge la phase de dépolarisation du potentiel d'action, allongeant le temps d'ouverture des canaux calciques voltage-dépendants. Ce qui augmente la quantité d'acétylcholine disponible à la jonction neuromusculaire et peut accroître la force des contractions musculaires.

Les paramètres pharmacocinétiques du Ruzurgi ont été évalués dans une étude de phase I, randomisée, à double insu, contrôlée par placebo et à groupes parallèles (JPC 3,4-DAP.PK1), portant sur des volontaires sains de sexes masculins et féminins. Les sujets ont été choisis aléatoirement pour recevoir 20 mg de Ruzurgi, 30 mg de Ruzurgi, ou un placebo. Le premier jour de l'étude, une seule dose a été administrée dans des conditions de jeûne. Le deuxième jour de l'étude, la même procédure a été répétée après un repas (riche en calories et en matières grasses).

L'état d'équilibre a généralement été atteint dans la journée suivant l'administration. Pour l'amifampridine et son métabolite, la 3‑N‑acétyl amifampridine (3‑AC), les paramètres pharmacocinétiques ont semblé changer proportionnellement à la dose. La clairance orale apparente de l'amifampridine était de 149 à 214 l/h et la demi-vie d'élimination (t1/2) moyenne était de 3,6 à 4,2 heures. La t1/2 moyenne de la 3‑AC était de 4,1 à 4,8 heures. La majorité (> 65 %) de l'amifampridine a été excrétée dans l'urine sous forme de composé d'origine, ou de 3‑AC. La nourriture n'a pas modifié de façon significative la quantité de médicament excrétée dans l'urine ni n'a eu d'incidence pertinente sur t1/2, la concentration sérique maximale moyenne (Cmax), ou l'exposition globale. Ruzurgi peut être pris avec ou sans nourriture. Cependant, la nourriture peut atténuer la paresthésie et l'inconfort abdominal.

L'amifampridine est principalement métabolisé par la N‑acétyltransférase 2 (NAT2) au métabolite inactif 3‑AC. L'amifampridine peut aussi être métabolisé par la N‑acétyltransférase 1 (NAT1), mais à un rythme beaucoup plus lent. Des variantes génétiques dans le gène de la NAT2 affectent la vitesse et l'ampleur du métabolisme de l'amifampridine. Les sujets ayant le phénotype d'acétyleur lent avaient une Cmax à peine deux fois plus élevée par rapport aux sujets ayant un acétyleur intermédiaire à jeun, et entre 2 à 4 fois plus élevées par rapport à ceux qui avaient un phénotype d'acétyleur rapide après un repas.

Aucune étude clinique dans un cadre contrôlé portant sur les interactions médicamenteuses n'a été effectuée avec Ruzurgi; cependant, les médicaments ayant des effets sur le métabolisme de la NAT2 peuvent avoir une incidence sur la pharmacocinétique de l'amifampridine.

L'effet de l'amifampridine sur le prolongement de l'intervalle QTc a été étudié dans le cadre d'une étude randomisée à double insu et contrôlée par placebo et par traitement actif (JPC 3,4‑DAP.TQT) menée chez 52 sujets sains (dont 23 sujets ayant un phénotype de l'acétyleur par la NAT2 lent). Les participants de l'étude ont reçu 120 mg d'amifampridine sur une journée, fractionnés en 4 doses égales de 30 mg à des intervalles de 4 heures. L'amifampridine a été associé à un prolongement de l'intervalle QTcF (intervalle QT corrigé pour la fréquence cardiaque suivant la formule de Fridericia) de 1 à 24 h après l'administration. Une différence maximale de la variation moyenne de l'intervalle QTcF de référence par rapport au placebo était de 6,14 ms (intervalle de confiance [IC] à 90 % : 4,03, 8,25) après la dose de 15 h. Dans le sous-groupe d'acétyleurs lents, la différence maximale de la variation moyenne de l'intervalle QTcF de référence par rapport au placebo était de 8,29 ms (IC à 90 % : 5,10, 11,49) après la dose de 13,5 h. Aucun sujet individuel n'a connu une augmentation de l'intervalle QTcF > 30 ms.

Le traitement par l'amifampridine a été associé à une réduction de la fréquence cardiaque, avec une différence maximale de la variation moyenne du rythme cardiaque de référence par rapport au placebo de ‑3,15 battements par minute (bpm) (IC à 90 % : ‑4,81, ‑1,50) après la dose de 13 h. Dans le sous-groupe d'acétyleurs lents, la différence maximale de la variation moyenne du rythme cardiaque de référence par rapport au placebo était de ‑5,91 bpm (IC à 90 % : ‑8,35, ‑3,48) après la dose de 12,5 h.

Il convient de souligner qu'après l'administration de la première dose de 30 mg, la Cmax moyenne de l'amifampridine était de 113 ng/ml (24,5 % de coefficient de variation [CV]) chez les acétyleurs lents, 52,4 ng/ml (54,4 % de CV) chez les acétyleurs intermédiaires et 20,9 ng/ml (7,0 % de CV) chez les acétyleurs rapides.

La pertinence clinique de ces constatations liées au cœur ressort dans l'analyse de plus de 600 patients recevant l'amifampridine grâce à divers programmes d'accès pour des raisons humanitaires (voir Innocuité clinique). Des mises en garde et des précautions appropriées sont en place dans la monographie de produit de Ruzurgi afin de répondre aux préoccupations en matière d'innocuité déterminées.

En général, les données pharmacologiques cliniques appuient l'utilisation de Ruzurgi pour l'indication recommandée.

Pour obtenir des renseignements supplémentaires, consulter la monographie de produit de Ruzurgi approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

Efficacité clinique

L'efficacité clinique de Ruzurgi (amifampridine) chez les adultes (≥ 18 ans) atteints du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton (SMLE) a été évaluée principalement dans le cadre d'une petite étude de retrait, pivot, randomisée, à double insu, contrôlée par placebo et enrichie, appelée DAPPER. Les deux tiers des patients étaient des femmes, 90 % d'entre eux étaient caucasiens et l'âge moyen était de 56 ans (fourchette : 23 à 83 ans). Tous les patients admissibles devaient avoir reçu un diagnostic clinique de SMLE et recevoir un traitement stable d'amifampridine depuis au moins 90 jours avant leur inclusion à l'étude (phase I). Au cours de la phase II de l'étude, 32 patients au total ont été répartis aléatoirement pour poursuivre leur traitement par l'amifampridine (groupe de traitement continu par Ruzurgi; nombre de patients [n] = 14) ou pour passer graduellement de l'amifampridine au placebo, sur 3 jours, avec un maximum de 16 heures supplémentaires sans médicament actif (groupe de passage progressif au placebo; n = 18).

Le paramètre principal de l'efficacité était la catégorisation de l'ampleur du changement (p. ex. détérioration de plus de 30 %) du 3TUG (Triple Timed Up and Go test, test chronométré du lever de chaise de Mathias) après le retrait de Ruzurgi, par rapport à la moyenne appariée dans le temps des résultats du 3TUG réalisé au début de l'étude. Le 3TUG est un indicateur permettant de mesurer le temps qu'il faut à une personne pour se lever d'une chaise, marcher 3 mètres, et revenir à la chaise pendant 3 tours consécutifs sans pause. Plus le score du 3TUG est élevé, plus le handicap présenté par le patient est important. Le paramètre secondaire de l'efficacité était le changement du score d'auto-évaluation de la faiblesse liée au SMLE (W‑SAS) à la fin de la phase II. Les patients devaient faire l'évaluation W‑SAS trois fois par jour.

Les résultats montrent que 72 % des patients du groupe de passage progressif au placebo ont présenté une détérioration de > 30 % au test final 3TUG après le retrait de Ruzurgi, comparativement à 0 % à ceux dans le groupe de traitement continu par Ruzurgi. Parmi les patients du groupe de passage progressif au placebo, 2 ont présenté une détérioration > 200 % et 1 a présenté une détérioration de > 100 % à 200 %. Ces résultats ont été soutenus par le paramètre secondaire W‑SAS. Même s'il y a une nette séparation significative sur les plans clinique et statistique entre les groupes de traitement par Ruzurgi et par placebo, les trois mises en garde suivantes doivent être reconnues. Tout d'abord, il s'agissait d'une petite étude à laquelle ont participé très peu de patients choisis aléatoirement dans les deux groupes. Ensuite, cette étude a été conçue comme un essai avec retrait et enrichi sans patients naïfs à l'amifampridine, ce qui signifie que, pour être admissibles à participer à la phase II, les patients devaient présenter une réponse adéquate à l'amifampridine pendant la phase I. Enfin, la phase II de cette étude était assez courte (environ 5 jours). Ainsi, il n'existe pas de données solides sur l'efficacité dans un milieu contrôlé au-delà de quelques jours de traitement.

Une indication pédiatrique (< 18 ans) était également recherchée pour Ruzurgi. En raison de l'extrême rareté du SMLE dans la population pédiatrique, il n'y a pas d'essais cliniques contrôlés de l'amifampridine dans ce groupe d'âge. Des rapports isolés sur l'efficacité chez les enfants recevant de l'amifampridine dans le cadre de divers programmes d'accès pour des raisons humanitaires sont disponibles. Au total, 7 patients pédiatriques atteints de SMLE (groupe d'âge : 9,6 à moins de 18 ans) ont reçu de l'amifampridine (durée totale : 23,6 années-patients). Une amélioration de la fonction a été signalée et l'étiologie, le tableau clinique, la physiopathologie et la progression ont semblé semblables à ceux observés chez les patients adultes atteints de SMLE. De plus, la voie du métabolisme et la clairance de l'amifampridine semblent atteindre la maturité vers l'âge de 4 à 5 ans et sont les mêmes pour les populations pédiatrique et adulte. L'efficacité de Ruzurgi chez les patients âgés de 6 à 17 ans a ensuite été appuyée par des études de modélisation et de simulation pharmacocinétiques de la population dans lesquelles l'exposition et la dose chez la population pédiatrique a été prédite à l'aide de l'échelle allométrique de se basant sur l'exposition et les données d'efficacité des adultes.

Compte tenu de l'ensemble des données probantes et du fait que les patients atteints de SMLE sont habituellement sous la surveillance étroite d'un spécialiste, Santé Canada a approuvé l'utilisation de Ruzurgi chez les patients âgés de 6 ans et plus.

Indication

L'indication proposée par le promoteurL'indication approuvée par Santé Canada
Ruzurgi (comprimés d'amifampridine) est indiqué pour le traitement du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton (SMLE) chez les patients âgés de 6 ans et plus. Ruzurgi (amifampridine) est indiqué pour le traitement du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton (SMLE) symptomatique chez les patients âgés de 6 ans et plus.

Le syndrome myasthénique de Lambert-Eaton doit être diagnostiqué par un professionnel de la santé qui possède de l'expérience et des connaissances sur les caractéristiques cliniques de cette maladie.

Ruzurgi ne doit être prescrit que par des professionnels de la santé qui ont de l'expérience dans le traitement d'un SMLE, connaissent le profil d'efficacité et d'innocuité de ce médicament et peuvent discuter des avantages et des risques du traitement avec les patients.

Afin d'assurer l'utilisation sûre et efficace de Ruzurgi dans le traitement symptomatique du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton, Santé Canada a inclus des énoncés de réserve dans l'indication relative au diagnostic de cette maladie et à l'instauration du traitement par Ruzurgi.

Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit de Ruzurgi approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

Innocuité clinique

L'effet de Ruzurgi sur le prolongement de l'intervalle QTc a été étudié dans le cadre d'une étude randomisée à double insu et contrôlée par placebo et par traitement actif (JPC 3,4-DAP.TQT), qui a porté sur des sujets adultes sains (voir Pharmacologie clinique). Dans cette étude, les réactions indésirables survenues pendant le traitement par Ruzurgi et avec une incidence d'au moins 2 % supérieure à celle du traitement par placebo étaient la dysesthésie, la douleur abdominale, la dyspepsie, les étourdissements, les nausées, la dorsalgie, les contractures musculaires, l'hypoesthésie, la diarrhée, la gêne thoracique, des extrémités douloureuses, la dysgueusie, la paresthésie, le hoquet, les bouffées de chaleur et l'hypotension.

Au cours des 27 dernières années, au Canada et aux États-Unis, plus de 600 patients ont reçu de l'amifampridine pour des raisons humanitaires. La principale source de données à l'appui de l'innocuité à long terme de Ruzurgi chez les patients adultes atteints de SMLE est l'examen rétrospectif de pharmacovigilance mené auprès de 162 patients atteints d'un SMLE (don 54 % étaient des femmes) qui ont été traités par Ruzurgi dans le cadre de programmes d'accès pour des raisons humanitaires. Chez les patients pour lesquels on disposait de données relatives à l'exposition (n = 158), la durée médiane du traitement était de 1,7 an (moyenne : 4,85 ans; plage allant de 1 jour à 27,6 ans), pour un total de 766,4 années-patients. L'âge moyen au moment de l'instauration du traitement était de 58,7 ans (fourchette : 21 à 84 ans). La médiane et la moyenne de la dose quotidienne totale maximale étaient de 75,0 mg/jour et de 68,3 mg/jour, respectivement.

En général, les réactions indésirables les plus couramment observés étaient semblables à ceux observés lors de l'étude sur l'allongement de l'intervalle QT mettant en cause des sujets sains. De plus, les réactions indésirables suivants ont été signalés chez ≥ 5 % des patients : chutes, pneumonie, dyspnée, arthralgie, asthénie, dépression, dysphagie, céphalées, insomnie, vision trouble, anémie, anxiété, constipation, sensation d'avoir froid, reflux gastro-œsophagien pathologique et douleur. Il est à noter que ces réactions ont été relevées rétrospectivement à partir de programmes d'accès pour des raisons humanitaires, et qu'il n'est donc pas possible d'estimer de façon fiable leur fréquence en lien avec l'utilisation de Ruzurgi ou d'établir un lien de causalité entre ceux-ci et l'exposition au médicament.

Un des principaux problèmes d'innocuité associés à l'utilisation de l'amifampridine est l'apparition de convulsions. Parmi les plus de 600 patients qui ont reçu de l'amifampridine, des convulsions ont été rapportées chez 26 patients. Cinq de ces patients ont présenté des convulsions au cours de l'utilisation à long terme, dont trois prenaient de l'amifampridine 60 à 80 mg/jour et n'avaient pas d'antécédents de convulsions. Même si des cas de convulsions ont été signalés à diverses doses d'amifampridine, les données laissent entendre qu'ils sont liés à la dose. Ruzurgi est contre-indiqué chez les patients ayant des antécédents de convulsions et doit être utilisé avec prudence en association avec des médicaments qui causent l'abaissement du seuil épileptogène.

On a également signalé des événements cardiaques pendant le traitement par l'amifampridine. Parmi les plus de 600 patients traités à l'amifampridine dans le cadre de divers programmes d'accès pour des raisons humanitaires, 57 ont connu un ou plusieurs événements cardiaques, y compris le prolongement de l'intervalle QT. Selon une base de données composée de 234 patients participant à des programmes d'accès pour des raisons humanitaires, 25 patients ont connu des événements indésirables cardiaques, comme la fibrillation auriculaire, l'arrêt cardiaque, la tachycardie et les palpitations. Les médicaments qui causent un prolongement de l'intervalle QTc augmentent le risque de torsade de pointes, une tachyarythmie ventriculaire polymorphe. La prudence est de mise lorsque Ruzurgi est administré aux patients qui présentent des facteurs de risque de torsade de pointes. L'hypokaliémie, l'hypocalcémie et l'hypomagnésémie doivent être corrigées avant l'instauration ou la poursuite du traitement par Ruzurgi.

L'innocuité de Ruzurgi a été évaluée chez 7 enfants (< 18 ans) atteints d'un SMLE, ayant été traités à l'amifampridine dans le cadre de programmes d'accès pour des raisons humanitaires. Les réactions indésirables signalés chez ces patients étaient semblables à ceux observés chez les patients adultes atteints d'un SMLE et inclus un patient avec des palpitations.

Les patients classés comme des acétyleurs lents d'après le génotypage pour les variantes du gène NAT2 étaient plus susceptibles de présenter des réactions indésirables pendant le traitement par Ruzurgi que les acétyleurs intermédiaires ou rapides. Ruzurgi devrait être instauré à la dose initiale la plus faible recommandée chez les patients qui sont connus d'être des acétyleurs lents par la NAT2 tout en surveillant les réactions indésirables.

L'amifampridine est métabolisée par le foie et son métabolite inactif (3‑AC) est largement excrété par les reins. Il n'existe pas de données contrôlées sur les effets de l'amifampridine chez les patients atteints d'insuffisance rénale ou hépatique. Par conséquent, la monographie de produit de Ruzurgi contient des recommandations posologiques spécifiques pour les patients atteints d'insuffisance rénale ou hépatique, fondées sur des renseignements limités disponibles.

Compte tenu de l'ensemble des données probantes et du fait que les patients atteints de SMLE sont habituellement sous la surveillance étroite d'un spécialiste, Santé Canada a approuvé l'utilisation de Ruzurgi chez les patients âgés de 6 ans et plus.

Des recommandations posologiques, des mises en garde et des précautions appropriées sont en place dans la monographie de produit de Ruzurgi afin de répondre aux préoccupations signalées en matière d'innocuité.

Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit de Ruzurgi approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

7.2 Motifs non cliniques de la décision

Les données non cliniques démontrent que l'amifampridine est un inhibiteur des canaux potassiques voltage-dépendants qui montre une inhibition relativement faible de la concentration dans la plage de concentration maximale inhibitrice à 50 % (CI50) de 187,6 à 1 575,1 µm. À la jonction neuromusculaire, il a été démontré que l'amifampridine augmente la libération d'acétylcholine évoquée par stimuli (fourchette : 0,25 à 6), le mécanisme par lequel on pense que l'inhibition des canaux potassiques conduit à la stimulation du muscle au plateau vertébral.

Dans les études menées sur la souris, le rat et le chien, l'absorption de l'amifampridine après administration orale était rapide et augmentait avec la dose. Il a été clairement démontré que l'amifampridine est métabolisé par la NAT2 au métabolite 3‑AC chez les souris, les rats et les hépatocytes humains. Cette voie métabolique est absente chez les chiens.

La toxicité générale de l'amifampridine a été caractérisée principalement chez les rats et les chiens après l'administration de l'amifampridine pour une durée maximale de 6 mois et 9 mois, respectivement. Dans le cadre d'une étude par voie alimentaire de 6 mois avec une période de rétablissement de 1 mois menée chez des rats, l'amifampridine a été administré par voie orale à des doses cibles de 15, 45 et 135 mg/kg/jour. Les doses sans effet nocif observable (DSENO) étaient de 100,72 mg/kg/jour (Cmax = 475 ng/ml) chez les rats mâles, et de 42,74 mg/kg/jour (Cmax = 21,5 ng/ml) chez les rats femelles. Dans le cadre d'une étude de toxicité de 9 mois avec une période de rétablissement de 28 jours menée chez des chiens, l'amifampridine a été administré sous forme de capsules orales à des doses de 0,13, 0,52, 1,04 et 2,10 mg/kg/jour. Les DSENO étaient de 0,52 mg/kg/jour (Cmax = 108 ng/ml) chez les chiens mâles et de 1,04 mg/kg/jour (Cmax = 215 ng/ml) chez les chiens femelles.

Dans les deux études, on a observé des événements indésirables, notamment une diminution du gain de poids et des effets sur le système nerveux central (SNC) à des doses supérieures aux DSENO. La réduction du gain de poids était liée à une réduction de la consommation d'aliments, et le rétablissement est survenu lors de la période de 1 mois sans administration du médicament. Les événements indésirables liés au SNC à la suite de l'administration orale de l'amifampridine se sont généralement produits à Cmax et comprenaient des convulsions et une respiration irrégulière chez les rats à 70 mg/kg/jour, et des convulsions prolongées, une incoordination et une activité accrue chez les chiens à 2,10 mg/kg/jour. Quatre chiens ont dû être euthanasiés au jour 1 de l'étude alors qu'ils étaient moribonds en raison de convulsions prolongées suivant l'administration de la deuxième dose. La majorité des animaux restants dans le groupe posologique ont également montré plusieurs signes cliniques liés aux médicaments au jour 1 de l'étude, mais ont récupéré dès le jour suivant. Aucun décès lié au médicament n'a été observé dans l'étude sur le rat.

La marge de sécurité par rapport à l'exposition plasmatique à l'amifampridine aux DSENO et au niveau d'exposition auquel les événements indésirables sur le SNC ont été observés, est assez faible, à environ deux fois. Ces constatations ont été étayées par des observations provenant d'une étude d'Irwin sur un rat dans le cadre de laquelle de l'amifampridine a été administrée par voie intraveineuse. Des convulsions soutenues, une ataxie et une augmentation du réflexe de sursaut et de l'hypersensibilité ont eu lieu presque immédiatement après l'administration de la dose la plus élevée testée (6 mg/kg). Il est à noter que chez les chiens, les événements indésirables du SNC se sont multipliés par 4 à 8 fois l'exposition plasmatique clinique moyenne à la dose de 30 mg. Comme l'amifampridine n'est pas métabolisé en 3‑AC chez les chiens, on déduit que les gains de poids et les effets indésirables sur le SNC sont induits par le composé d'origine. Cela appuie également la mise en garde concernant les différences dans les taux de N‑acétylation (lents par rapport à rapides) constatés chez les patients et le potentiel de toxicité relative au SNC.

Des études de génotoxicité menées avec l'amifampridine démontrent que l'amifampridine ne posera pas de risque significatif de mutagénicité chez patients.

Au moment de la présentation, aucune étude n'a été réalisée pour caractériser les risques potentiels de cancérogénicité et de toxicité pour la reproduction et le développement, y compris la toxicité sur des sujets jeunes. En raison de la nature très rare du SMLE et du fait que l'amifampridine a été administré à au moins 600 patients au cours des 27 dernières années, une fois l'examen de la présentation terminé, il a été déterminé que les résultats de ces études n'étaient pas essentiels à l'approbation. Le promoteur s'est engagé à mener d'autres études et à remettre à Santé Canada des rapports d'études terminés lorsqu'ils seront disponibles. Même s'ils ne sont pas essentiels à l'autorisation de mise sur le marché, des renseignements sur l'innocuité du sel phosphate d'amifampridine, accessibles au public, sont inclus dans la monographie de produit afin de s'assurer qu'elle contient des renseignements connus pouvant être pertinentes pour l'utilisation optimale, sécuritaire et efficace de Ruzurgi.

Des mesures adéquates de précaution et des mises en garde ont été incluses dans la monographie de produit de Ruzurgi afin de répondre aux préoccupations soulevées en matière d'innocuité.

Pour de plus amples renseignements, consulter la monographie de produit de Ruzurgi approuvée par Santé Canada et accessible par l'intermédiaire de la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

7.3 Motifs d'ordre qualitatif

L'information soumise sur les caractéristiques chimiques et la fabrication de Ruzurgi montre que la substance médicamenteuse et le produit pharmaceutique peuvent être fabriqués de façon à répondre systématiquement aux spécifications approuvées. Des études appropriées au développement et à la validation ont été menées, et des contrôles adéquats sont en place pour les procédés commerciaux. Les modifications apportées au procédé de fabrication et à la formulation et effectuées tout au long du développement du produit pharmaceutique ont été examinées et jugées acceptables. D'après les données sur la stabilité soumises, la durée de conservation proposée de 3 mois est jugée acceptable lorsque le produit est entreposé entre 20 ºC et 25 ºC et protégé contre l'humidité.

On estime que les limites proposées concernant les impuretés liées au médicament ont été raisonnablement qualifiées, c'est-à-dire qu'elles se situent dans les limites établies par l'International Council for Harmonisation et/ou qu'elles sont qualifiées à partir d'études toxicologiques.

Toutes les installations participant à la production sont conformes aux bonnes pratiques de fabrication.

Tous les ingrédients non médicinaux (décrits précédemment) présents dans le produit pharmaceutique sont autorisés en vertu du Règlement sur les aliments et drogues pour usage dans les médicaments.

Aucun excipient d'origine humaine ou animale n'est utilisé pour la fabrication du produit pharmaceutique.