Résumé de l'examen de l'innocuité - Inhibiteurs de la sérotonine (antagonistes de la sérotonine) ALOXI ® (palonosétron), ANZEMET ® (dolasétron), KYTRIL ® (granisétron) et ses équivalents génériques, et ZOFRAN ® (ondansétron) et ses équivalents génériques - syndrome sérotoninergique

Décisions d'examen

Un resumé de l’examen de l'innocuité complète d'autres informations liées à l'innocuité afin d'aider les Canadiens à prendre des décisions éclairées au sujet du l'utilisation des produits de santé. Chaque résumé présente les données évaluées dans le cadre de l’examen de Santé Canada, les conclusions et les mesures prises par Santé Canada, le cas échéant.


Émis le : 2014-05-14

Enjeu

Santé Canada a terminé son examen de l'innocuité du dolasétron (anciennement vendu sous le nom de marque ANZEMET® et récemment retiré du marché par son fabricant), du granisétron (KYTRIL®1 et ses équivalents génériques), de l'ondansétron (ZOFRAN®2 et ses équivalents génériques) et du palonosétron (ALOXI®3), qui sont des inhibiteurs de la sérotonine (antagonistes de la sérotonine). Ces médicaments sont utilisés dans le traitement des nausées et des vomissements associés au traitement du cancer. L'examen a permis d'identifier un risque potentiel de syndrome sérotoninergique4. Le syndrome sérotoninergique est dû à l'accumulation excessive de sérotonine dans l'organisme.

L'examen a été entrepris à la suite de la parution d'un article dans le bulletin pharmaceutique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2012. Selon cet article, l'association d'ondansétron et d'autres médicaments modifiant les taux de sérotonine (médicaments sérotoninergiques) peut contribuer à l'apparition du syndrome sérotoninergique chez les patients vulnérables5.

Contexte

Utilisation approuvée des inhibiteurs de la sérotonine (antagonistes des récepteurs 5-HT3) au Canada

Ces médicaments sont indiqués dans le traitement des nausées et des vomissements associés au traitement du cancer chez l'adulte. Cependant, chacun des médicaments de cette classe a des indications qui lui sont propres (veuillez consulter les monographies de produit canadiennes1,2,3 pour ces médicaments pour plus de détails).

Comment les inhibiteurs de la sérotonine réduisent-ils les nausées et les vomissements?

Les cellules qui font partie des intestins contiennent environ 90 % de la sérotonine de l'organisme6. Le traitement du cancer peut endommager l'intestin et déclencher la libération de sérotonine7. La sérotonine ainsi libérée peut causer des nausées et des vomissements. Les inhibiteurs de la sérotonine (antagonistes des récepteurs 5-HT3) servant à traiter les nausées et les vomissements en bloquant l'action de la sérotonine.

Syndrome sérotoninergique

Le syndrome sérotoninergique est dû à l'accumulation excessive de sérotonine, une substance chimique naturellement présente dans l'organisme. Il survient généralement lorsque certains médicaments modifiant les taux de sérotonine sont utilisés ensemble, mais il peut aussi être causé par un seul médicament.

Il est très important de diagnostiquer rapidement le syndrome sérotoninergique, qui peut être fatal en l'absence de traitement. Les symptômes du syndrome sérotoninergique peuvent comprendre toute combinaison des éléments suivants : la confusion, l'agitation, la nervosité, les contractions et les raideurs musculaires, la fièvre, l'augmentation de la transpiration, l'accélération du rythme cardiaque, les variations de la pression artérielle, la dilatation des pupilles, les nausées et/ou les vomissements, les pertes de conscience et le coma8,9. Le syndrome malin des neuroleptiques est une affection potentiellement fatale qui touche le système nerveux, le système musculaire et l'appareil cardiovasculaire. Il est souvent associé à l'utilisation d'antipsychotiques et de médicaments qui augmentent les niveaux de dopamine10,11et présente des caractéristiques cliniques similaires à celles du syndrome sérotoninergique. La dopamine est une autre substance chimique naturellement présente dans l'organisme. Le syndrome malin des neuroleptiques se développe différemment du syndrome sérotoninergique. Cependant, les deux syndromes soulèvent un problème diagnostique pour le professionnel de la santé. Comme ils peuvent être confondus l'un avec l'autre, il est important que les patients qui présentent un des symptômes ci dessus consultent un professionnel de la santé sur le champ.

Objectif

Évaluer les données disponibles concernant le risque de développer un syndrome sérotoninergique à la suite de la prise d'inhibiteurs de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements. Les données probantes examinées comprennent les déclarations de patients canadiens, la littérature scientifique et médicale, ainsi que d'autres données accessibles au public sur l'utilisation de ces médicaments aussi bien au Canada qu'à l'étranger. L'examen a permis d'évaluer le risque et d'établir des moyens de le réduire.

Constatations à l’issue de l’examen de l’innocuité

Utilisation des inhibiteurs de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements au Canadai

  • Santé Canada estime que le nombre de prescriptions d'inhibiteurs de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements est passé d'environ 165 000 en 2007 à environ 260 000 en 2012.

Cas de syndrome sérotoninergique signalés au Canada et à l'étranger ayant été associés à l'utilisation d'inhibiteurs de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements

  • Au 30 septembre 2012, deux cas canadiens de syndrome sérotoninergique associé à l'utilisation d'inhibiteurs de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements avaient été déclarés à Santé Canada. La première déclaration décrivait un syndrome sérotoninergique chez un homme de 30 ans traité avec de l'ondansétron et d'autres médicaments. La deuxième déclaration décrit la survenue de syndrome sérotoninergique et de syndrome malin des neuroleptiques chez un garçon de 12 ans ayant reçu du granisétron et de l'olanzapine. Les 2 patients se sont rétablis.
  • Des cas de syndrome sérotoninergique associé à l'utilisation d'inhibiteurs de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements ont aussi été signalés dans d'autres pays.

Rapports scientifiques

  • L'examen de Santé Canada a identifié dans la littérature scientifique 14 cas liés au syndrome sérotoninergique. Dans plusieurs cas, le médicament soupçonné était un inhibiteur de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements. Certains auteurs ont suggéré que l'utilisation de ces médicaments en association avec d'autres médicaments modifiant les taux de sérotonine pouvait augmenter la stimulation des récepteurs de la sérotonine intervenant dans le syndrome sérotoninergique.
  • Plusieurs articles visés par l'examen de Santé Canada, notamment des rapports de synthèse sur la sérotonine, mentionnent les inhibiteurs de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements parmi les médicaments pouvant causer le syndrome sérotoninergique. Il est important de souligner qu'un syndrome sérotoninergique ne se produit qu'à la suite de l'utilisation de médicaments, et ne peut pas survenir sans leur utilisation.
  • Les données probantes de la littérature indiquent un risque de syndrome sérotoninergique lié aux inhibiteurs de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements, particulièrement s'ils sont utilisés en association avec d'autres médicaments modifiant les taux de sérotonine.

Conclusions et mesures à prendre

  • Le rapport d'examen de Santé Canada indique que si les inhibiteurs de la sérotonine sont utilisés tel qu'indiqué dans le traitement des nausées et des vomissements, il est peu probable qu'ils causent à eux seuls le syndrome sérotoninergique. Cependant, s'ils sont utilisés en association avec d'autres médicaments modifiant les taux de sérotonine, leur façon de fonctionner ensemble dans l'organisme pourrait expliquer la survenue d'un syndrome sérotoninergique.

    Santé Canada a demandé aux fabricants de mentionner le risque de syndrome sérotoninergique dans les sections des Mises en garde et précautions ainsi que des Renseignements pour le consommateur des monographies de produit canadiennes pour les médicaments en question. Les monographies de produit canadiennes pour ALOXI®, KYTRIL® et ZOFRAN® contiennent maintenant ces nouveaux renseignements en matière d'innocuité. ANZEMET® a récemment été retiré du marché canadien par son fabricant. Les fabricants des équivalents génériques de ces médicaments vont eux aussi mettre à jour leurs monographies de produit. Le 14 mai 2014, Santé Canada a aussi émis à l'intention du public une mise à jour sur le risque de syndrome sérotoninergique associé aux inhibiteurs de la sérotonine servant à traiter les nausées et les vomissements.

    Rapport complet d'examen

    Les rapports complets d'examen sont disponibles sur demande à la Direction des produits de santé commercialisés. Ces rapports sont soumis au retrait des informations personnelles et confidentielles.

Références

  1. Hoffman-La Roche Ltée. Monographie de produit canadienne pour KYTRIL® (date de révision : 13 décembre 2013).
  2. GlaxoSmithKline Inc. Monographie de produit canadienne pour ZOFRAN® et ZOFRAN® ODT (date de révision : 13 septembre 2013).
  3. Eisai Ltée. Monographie de produit canadienne pour ALOXI® (date de révision : 25 novembre 2013).
  4. Boyer EW, Shannon M. Current concepts: The serotonin syndrome. N Engl J Med. 2005; 352(11):1112-1120.
  5. WHO Pharmaceuticals Newsletter. Ondansetron and serotonin syndrome. 2012; 3:16-21.
  6. Kovac AL. Prophylaxis of postoperative nausea and vomiting: Controversies in the use of serotonin 5-hydroxytryptamine subtype 3 receptor antagonists. J Clin Anesth. 2006; 18(4):304-318.
  7. Feyer P, Jordan K. Update and new trends in antiemetic therapy: The continuing need for novel therapies. Ann Oncol. 2011; 22(1):30-38.
  8. Isbister GK, Bowe SJ, Dawson A, Whyte IM. Relative toxicity of selective serotonin reuptake inhibitors (SSRIs) in overdose. J Toxicol Clin Toxicol. 2004; 42(3):277-285.
  9. Lane R, Baldwin D. Selective serotonin reuptake inhibitor-induced serotonin syndrome: Review. J Clin Psychopharmacol. 1997;17(3):208-221.
  10. Moscovich M, Nóvak FTM, Fernandes AF, Bruch T, Tomelin T, Nóvak EM, et al. Neuroleptic malignant syndrome. Arq Neuropsiquiatr. 2011; 69(5):751-755.
  11. Perry PJ, Wilborn CA. Serotonin syndrome vs neuroleptic malignant syndrome: A contrast of causes, diagnoses, and management. Ann Clin Psychiat. 2012; 24(2):155-162.

Notes de bas de page

  1. Données sur l'utilisation d'IMS fournies par : IMS Health Canada Inc. Aucune partie externe ne peut citer ni utiliser les données d'IMS, qui ont été produites par Santé Canada, en l'absence d'une entente de tierce partie.