Résumé de l'examen de l'innocuité - Inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération (anastrozole, exémestane, létrozole) - Évaluation du risque potentiel de troubles tendineux

Décisions d'examen

Un resumé de l’examen de l'innocuité complète d'autres informations liées à l'innocuité afin d'aider les Canadiens à prendre des décisions éclairées au sujet du l'utilisation des produits de santé. Chaque résumé présente les données évaluées dans le cadre de l’examen de Santé Canada, les conclusions et les mesures prises par Santé Canada, le cas échéant.


Émis le : 2023-01-17

Produit

Inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération (produits contenant de l'anastrozole, de l'exémestane et du létrozole)

Problème d'innocuité potentiel

Troubles tendineux, plus particulièrement, inflammation du tendon (tendinite), inflammation de la gaine du tendon (ténosynovite) et déchirures du tendon (rupture du tendon).

Messages clés

  • Les inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération sont autorisés au Canada pour le traitement du cancer du sein chez les femmes ménopausées.
  • Santé Canada a examiné le risque de troubles tendineux associés à l'utilisation des inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération. Cet examen a été entrepris en raison d'une mise à jour par l'Agence européenne des médicaments (EMA) de l'information sur l'innocuité du létrozole afin d'y inclure les risques de tendinite et de rupture du tendon.
  • Au moment de l'examen, les monographies de produits canadiennes liées aux inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération comprenaient de l'information sur le risque de ténosynovite de la main.
  • L'examen de Santé Canada a permis de conclure qu'il existe un lien probable entre l'utilisation des inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération et les risques de tendinite et de ténosynovite. Il n'a pas été possible d'exclure un lien avec la rupture du tendon.
  • Santé Canada collabore avec les fabricants d'inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération pour mettre à jour l'information sur l'innocuité du produit dans les monographies de produits canadiennes afin d'y inclure ces risques. Santé Canada informera également les professionnels de la santé de cette mise à jour au moyen d'une communication d'InfoVigilance sur les produits de santé.

Enjeu

Santé Canada a examiné les éléments de preuve étayant les risques de tendinite, de ténosynovite et de rupture du tendon associés à l'utilisation des inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération afin de déterminer si des mesures réglementaires seraient requises au Canada. L'examen de l'innocuité a été entrepris en raison d'une mise à jour en Europe de l'étiquetage du létrozole de façon à y inclure les risques de tendinite et de rupture du tendon. Bien que l'évaluation de l'innocuité de l'EMA se soit limitée au létrozole, elle n'a pas exclu la possibilité que le risque de troubles tendineux soit associé à tous les inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération.

Au moment de l'examen, les monographies de produits canadiennes des inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération comprenaient des renseignements sur le risque de ténosynovite de la main.

Un tendon est un tissu fibreux en forme de corde qui attache le muscle à l'os. Une fine gaine fibreuse entoure le tendon. Les troubles du tendon comprennent l'inflammation du tendon (tendinite), les déchirures du tendon (rupture du tendon) et l'inflammation de la gaine du tendon (ténosynovite). Les troubles du tendon peuvent entraîner de graves limitations physiques et, dans certains cas, nécessiter une intervention chirurgicale.

Utilisation au Canada

  • Les inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération sont des médicaments d'ordonnance dont la vente est autorisée au Canada pour traiter le cancer du sein chez les femmes ménopausées.
  • Il y a actuellement 3 inhibiteurs de l'aromatase sur le marché canadien : Arimidex (anastrozole), Aromasin (exémestane) et Femara (létrozole). Des versions génériques de ces 3 inhibiteurs de l'aromatase sont disponibles au Canada.
  • Entre juin 2015 et mai 2021, le nombre total annuel moyen d'ordonnances (y compris les nouvelles ordonnances et les renouvellements) remplies par les pharmacies de détail canadiennes à des femmes de 40 ans ou plus s'établissait comme suit : 247 271 d'ordonnances pour l'anastrozole, 243 238 d'ordonnances pour le létrozole et 39 048 d'ordonnances pour l'exémestane.

Constatations à l'issue de l'examen de l'innocuité

  • Santé Canada a examiné des renseignements tirés d'études en population publiées et non publiées et de déclarations de cas chez des patients distincts. Des renseignements ont été obtenus auprès des fabricants de médicaments et au moyen de recherches dans les bases de données étrangères sur la littérature publiée ainsi que dans la base de données de Canada Vigilancea.
  • Santé Canada a examiné 5 essais contrôlés randomisés (ECR) qui ont porté sur un total de 28 873 patients. Les événements signalés de tendinite et de ténosynovite, qui étaient peu fréquents (moins de 1 %), étaient probablement liés à l'utilisation d'inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération. Un lien avec la rupture du tendon, dont l'occurrence était rare (moins de 0,1 %), n'a pu être exclu.
  • Santé Canada a également examiné 25 déclarations de cas (2 au Canada et 23 à l'étranger) de rupture de tendon (10 cas) et de tendinite (15 cas). Santé Canada n'a pas examiné les déclarations de cas de ténosynovite, car l'information dans ces rapports était insuffisante pour distinguer la ténosynovite des autres effets indésirables indiqués sur l'étiquette touchant les muscles et les os. Sur les 10 cas signalés de rupture du tendon, 4 étaient liés à l'utilisation de l'anastrozole, 4 du létrozole et 2 de l'exémestane (1 au Canada). Sur les 15 cas de tendinite signalés, 7 étaient liés à l'utilisation de l'anastrozole (1 au Canada), 4 du létrozole et 4 de l'exémestane. Dans l'ensemble des cas évalués, la tendinite et la rupture du tendon touchaient à la fois les membres supérieurs et inférieurs.
  • Ces 25 déclarations de cas englobaient d'autres médicaments et/ou troubles qui auraient pu contribuer aux événements indésirables signalés. À partir de ces déclarations de cas, un lien entre le risque de rupture du tendon et de tendinite et l'utilisation d'un inhibiteur de l'aromatase de troisième génération n'a pu être exclu.

Conclusions et mesures à prendre

  • Après avoir examiné les monographies de produits canadiennes et les rapports de cas disponibles, Santé Canada a conclu qu'il existe un lien probable entre l'utilisation des inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération et les risques de tendinite et de ténosynovite, qui sont toutefois peu fréquents. Il n'a pas été possible d'exclure un lien avec la rupture du tendon, dont l'occurrence est rare.
  • Santé Canada collabore avec les fabricants d'inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération pour mettre à jour les monographies de produits canadiennes afin d'y inclure ces risques. Sante Canada informera également les professionnels de la santé de ces mises à jour au moyen d'une communication d'InfoVigilance sur les produits de santé.
  • Santé Canada encourage les consommateurs et les professionnels de la santé à déclarer au Programme Canada Vigilance tout effet secondaire associé à l'utilisation d'inhibiteurs d'aromatase et de tout autre produit de santé.
  • Santé Canada continuera de surveiller les données sur l'innocuité des inhibiteurs de l'aromatase, comme il le fait à l'égard de tous les produits de santé sur le marché canadien, afin de cerner et d'évaluer les dangers potentiels. Santé Canada prendra les mesures qui s'imposent, en temps opportun, si de nouveaux risques pour la santé sont portés à son attention.

Renseignements supplémentaires

Les données analysées aux fins de cet examen de l'innocuité proviennent de documents scientifiques et médicaux, des renseignements recueillis au Canada et ailleurs dans le monde et des connaissances acquises au sujet de l'utilisation des inhibiteurs de l'aromatase de troisième générations tant au Canada qu'à l'étranger.

Pour d'autres renseignements, veuillez communiquer avec la Direction des produits de santé commercialisés.

Notes de bas de page

  1. Les cas déclarés au Canada peuvent être consultés dans la base de données en ligne des effets indésirables de Canada Vigilance.