Sommaire de décision réglementaire portant sur Veklury

Décisions d'examen

Le sommaire de décision réglementaire explique la décision de Santé Canada face au produit pour lequel une autorisation de mise en marché est demandée. Le sommaire de décision réglementaire comporte le but de la présentation et le motif de la décision.


Type de produit:

Médicament

Ingrédient(s) médicinal(aux):

Remdésivir

Classe thérapeutique :

Promédicament nucléotidique

Type de présentation :

Supplément à une présentation de drogue nouvelle

Numéro de contrôle :

250151
Quel était l'objet de la présentation?

L’objectif initial de cette présentation supplémentaire de drogue nouvelle (SPDN) était d’élargir l’indication de Veklury (remdésivir) pour le traitement de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) afin d’inclure les adultes hospitalisés qui ont une pneumonie et qui n’ont pas besoin d’un soutien d’oxygène. Toutefois, un avis d’insuffisance a été émis le 16 novembre 2021 en raison de l’insuffisance de données probantes sur l’efficacité pour cette population de patients. Après examen de la réponse à l’avis d’insuffisance, l’indication pour les adultes non hospitalisés qui ont obtenu un résultat positif à un test de dépistage du coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS-CoV-2) et qui sont à risque élevé de progression vers une forme sévère de COVID-19, y compris l’hospitalisation ou le décès, a été autorisée.

Pourquoi la décision a-t-elle été rendue?

L’indication thérapeutique de Veklury pour le traitement d’adultes non hospitalisés qui ont obtenu un résultat positif à un test de dépistage du coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS-CoV-2) et qui sont à risque élevé de progression vers une forme sévère de COVID-19, y compris l’hospitalisation ou le décès, a été appuyée par les données sur l’efficacité et l’innocuité provenant de l’étude GS-US-540-9012 de phase 3 randomisée, à double insu et contrôlée par placebo. Cette étude a inclus 562 patients atteints d’une infection confirmée au SRAS-CoV-2 (présentant des symptômes de la COVID-19 depuis 7 jours ou moins) et ayant au moins un facteur de risque pouvant mener à une progression vers l’hospitalisation. Les facteurs de risque pour la progression vers une forme sévère de la maladie incluaient une maladie pulmonaire chronique, l’hypertension, une maladie cardiovasculaire ou cérébrovasculaire, le diabète sucré, l’obésité, un état d’immunodépression, une maladie rénale chronique légère ou modérée, une maladie chronique du foie, un cancer, la drépanocytose ou être âgé de 60 ans et plus. Les patients ont été randomisés (1:1) et stratifiés selon la résidence dans un établissement de soins infirmiers qualifié (oui/non), l’âge (moins de 60 ans par rapport à 60 ans et plus) et la région (États-Unis par rapport à l’extérieur des États-Unis) pour recevoir du Veklury (n = 279; 200 mg une fois par jour pour une journée suivi de 100 mg une fois par jour pendant 2 jours) ou un placebo (n = 283), en plus la norme de soins. Au départ, l’âge moyen était de 50 ans (avec 30 % des patients âgés de 60 ans et plus); 52 % étaient des hommes, 80 % étaient des Blancs, 8 % étaient des Noirs et 2 % étaient des Asiatiques; 44 % étaient des Hispaniques ou des Latino-Américains. L’indice de masse corporelle médian était de 30,7 kg/m2. Les participants à cet essai clinique n’étaient pas vaccinés. Les comorbidités les plus courantes étaient le diabète sucré (62 %), l’obésité (56 %) et l’hypertension (48 %). La durée médiane (Q1, Q3) des symptômes avant le traitement était de 5 jours (3, 6); et la charge virale médiane de départ était de 6,3 log10 copies/ml. Les données démographiques de référence et les caractéristiques de la maladie étaient bien équilibrées entre les groupes Veklury et placebo.

Le principal paramètre d’efficacité était la proportion de patients hospitalisés en raison de la COVID-19 (au moins 24 heures de soins actifs) ou la mortalité toutes causes confondues jusqu’au jour 28. Des événements se sont produits chez 2 (0,7 %) patients traités avec Veklury comparativement à 15 (5,3 %) patients ayant reçu le placebo, ce qui démontre une réduction relative de 87 % de l’hospitalisation liée à la COVID-19 ou de la mortalité toutes causes confondues au jour 28 comparativement au placebo (rapport de risque : 0,134 ; [IC à 95 % : 0,031 à 0,586]; p = 0,0076). Aucun décès n’a été observé jusqu’au jour 28. Des réactions indésirables (toutes catégories) ont été signalées chez 34 (12 %) patients du groupe Veklury et chez 25 (9 %) patients du groupe placebo. La nausée était la réaction indésirable la plus fréquente chez au moins 5 % des patients du groupe Veklury (6 %). Il n’y a eu aucune réaction indésirable grave ou réaction indésirable entraînant l’arrêt du traitement dans l’un ou l’autre des groupes de traitement.

L’exposition pharmacocinétique du remdésivir et de ses métabolites chez les patients non hospitalisés atteints de la COVID-19 correspondait à celle de participants en bonne santé à qui on a administré une dose initiale de 200 mg le jour 1 suivie de doses quotidiennes de 100 mg pendant 5 à 10 jours.

D’après les données examinées ci-dessus, on considère que le profil avantages-risques-incertitudes de Veklury est favorable pour le traitement des adultes non hospitalisés qui ont obtenu un résultat positif au test de dépistage du SRAS-CoV-2 et qui présentent un risque élevé de progression vers une forme sévère de la COVID-19, y compris l’hospitalisation ou le décès. La monographie de produit mise à jour et approuvée comprend des renseignements sur l’utilisation recommandée de Veklury pour cette population de patients. Comme l’étude GS-US-540-9012 a inclus seulement huit patients pédiatriques (âgés de 12 ans et plus et pesant au moins 40 kg), ces patients ne sont pas inclus dans l’indication autorisée pour les patients non hospitalisés.

Selon les données présentées dans le présent SPDN, Santé Canada n’a pas été en mesure de déterminer les avantages du Veklury dans le traitement de la COVID-19 chez les adultes hospitalisés qui ont une pneumonie ne nécessitant pas de soutien en oxygène. Plus précisément, on a noté ce qui suit :

  • Le risque de biais n’a pas pu être exclu dans l’étude clé de phase 3 GS-US-540-5774 (Simple modéré ; Partie A) en raison du protocole ouvert de cet essai et des changements reliés au critère d’efficacité primaire qui ont été apportés lorsque l’essai était déjà en cours. De plus, il n’y avait aucune raison plausible pour laquelle un traitement au remdésivir de 10 jours donnerait des résultats pires qu’un traitement de 5 jours par rapport au paramètre d’efficacité principal (état clinique évalué au moyen d’une échelle ordinale de 7 points au jour 11), en tenant compte du fait que l’exposition médiane au remdésivir était semblable dans les deux groupes de traitement, c.-à-d. 5 jours par rapport à 6 jours. De plus, le remdésivir n’a pas démontré d’effet statistiquement significatif sur d’autres paramètres d’efficacité comme la durée de l’hospitalisation, le temps nécessaire à l’amélioration clinique de 2 points ou plus, le temps nécessaire à l’amélioration clinique de 1 point ou plus, le temps nécessaire au rétablissement ou le décès.
  • Dans l’étude de soutien GS-US-540-5776 (ACTT-1), le nombre de patients atteints d’une pneumonie causée par la COVID-19 qui n’avaient pas besoin de soutien en oxygène (sous-groupe de la maladie légère/modérée ; 55 dans le groupe du remdésivir et 50 dans le groupe du placebo) était trop faible pour qu’une analyse significative de l’efficacité soit effectuée. De plus, dans ce groupe de patients, le remdésivir n’a pas démontré d’effet statistiquement significatif sur le paramètre d’efficacité primaire au moment du rétablissement (le temps médian avant le rétablissement était de 5 jours dans les groupes remdésivir et placebo) ou sur le critère secondaire clé des chances d’amélioration de l’état clinique au jour 15.

Par conséquent, l’indication pour le traitement de la COVID-19 chez les adultes hospitalisés atteints d’une pneumonie et qui n’ont pas besoin de soutien en oxygène n’a pas été autorisée.

Décision rendue

Approuvé; un avis de conformité a été délivré en vertu du Règlement sur les aliments et drogues.